Mémoire

« Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis sept mille ans qu'il y a des hommes qui pensent. » : placer cette citation de La Bruyère en tête d'un séminaire intitulé « Littérature et mémoire » donne tout de suite idée de la perspective dans laquelle nous abordons cette question. Ce n'est pas ici la perspective créatrice qui nous retient, ou plus exactement, il ne peut y avoir de création que dans le réaménagement de processus constitués, voire figés en procédés, dans la redistribution, créatrice d'effets nouveaux, d'éléments qui en eux-mêmes sont déjà connus, et qu'il s'agit de reconnaître, ou dont il s'agit d'empêcher la reconnaissance, afin d'entraver le caractère prévisible de la catégorisation, de permettre des recatégorisations. La question de la mémoire doit alors être envisagée dans d'autres perspectives que strictement culturelles. Évidemment, la littérature, parce qu'elle est représentation indirecte d'une époque et de sa langue, parce qu'elle est jeu direct sur un héritage culturel, met en jeu, thématiquement, et formellement, la question du souvenir : mais avant même d'envisager la mémoire comme thème, ou comme forme, il est bon de l'envisager comme processus cognitif qui structure l'usage de la langue, comme la perception des textes. Ce séminaire pluridisciplinaire, qui s'est tenu dans le cadre des activités du pôle Identité/mémoire de la MRSH de Caen, et plus particulièrement de l'axe 3, « Aspects formels de la construction de la mémoire », avait pour but de présenter certaines problématiques mises en jeu par la mémoire en philosophie, en linguiste, en neuropsychologie, en littérature, et a donné lieu à un ensemble de six communications, dont quatre sont aujourd'hui mises en ligne.

Sommaire