Celethy [les sélaciens1Celethy est un terme
générique qui désigne l’ensemble des sélaciens. Selon Kitchell &
Resnick 1999, 1677, c’est une corruption du grec σελάχη. Albert le
Grand précise : Genus est animalis multas sub se
continens species (AM 24, 35 (25)), « C’est un genre d’animal
qui compte de nombreuses espèces ». Les observations sur la
reproduction viennent de ce que les sélaciens mettent au monde des
petits vivants après avoir été ovipares intérieurement (voir Galata, ch. 38).] et ceruleo2Cet animal est fantaisiste. Le texte de Pline a
été déformé à tel point au fil de sa transmission qu’il est
impossible de proposer une identification pour l’animal décrit dans
l’Hortus sanitatis. De Saint-Denis 1947,
15-16, assimile le caeruleus au glaucus (Prionace glauco Linné, 1758) à
cause de la similitude de couleur, caeruleus
signifiant bleu foncé et glaucus bleu vert,
mais cela ne paraît pas justifié ici. On trouvera les
identifications possibles pour ce poisson (congre, murène, sangsue)
dans De Saint-Denis 1955, 111, n. 2. [+][VB 17, 104 De celethy ac ceruleo [-]][+]
Celethy et ceruleo2ceruleus
1536. [+][VB 17, 104 De celethi ac ceruleo [-]][+]
Renvois internes : Celethy : cf. Galata, ch. 38.
Lieux parallèles : Celethy dans TC, De celethi
(6, 11) ; AM, [Celethi] (24, 35
(25)).
Ceruleo dans TC, De ceruleo (6,
14) ; AM, Caeruleum (24, 38 (26)).
[1] [•] VB 17, 104, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 6, 11Le celethy, selon Aristote, est un
animal marin qui, contrairement à ce que font les autres, produit
dans sa matrice des œufs dont sortent au moment voulu, après
l’incubation, des embryons. Une fois mis au monde, ceux-ci
deviennent, en un temps incroyablement court, des animaux achevés
semblables à leurs parents. Cet animal a un gros cœur, et
cependant il est très craintif. Il a le sommeil lourd au point
qu’on peut l’attraper à la main.
[1] [•] VB 17, 104, 1Ex Libro de naturis3natura VB2. rerum4Les informations données par Vincent de
Beauvais se retrouvent chez Thomas de Cantimpré, mais le texte
présente un grand nombre de différences dans l’ordre des
phrases et des mots.. [•] TC 6, 11Celethy5celethi
VBd ut semper.
secundum Aristotelem est animal marinum quod praeter6propter 1536. morem aliorum ova in matrice sua
generat. Quibus illic debito tempore fotis7fortes 1491 Prüss1 1536.8L’auteur de l’Hortus
sanitatis a confondu fotis et fortes et écrit : Quibus
illic debito tempore fortes exeunt vermes ex illis. Si fortes peut, par le sens, être associé à vermes, on ne peut plus en revanche donner de
fonction à illis ; pour cette raison, nous
avons décidé de corriger le texte. exeunt vermes ex illis. Quos cum pepererint9peperint 1491 Prüss1 VB2.,
incredibili celeritate fiunt animalia perfecta parentibus similia.
Cor habet magnum, et tamen est valde timorosum. Grauiter dormit,
ita ut manu capi possit10D’après Arist. HA 537 a 31-32 MS : Celeti vero dormit graviter, quod potest capi
manu..
[2] [•] VB 17, 104, 2Aristote. [•] Arist. HA 591 b 10 MSLe celethy fait partie des animaux
carnivores. [•] Arist. HA 564 b 15-16 MS Le celethy a, à l’intérieur de son
corps, des œufs, dont chacun est complet, qu’il pond aussi à
l’extérieur. Tous les autres poissons, quant à eux, pondent à
l’extérieur des œufs incomplets, à l’exception de la baudroie. [•] Arist. HA 543 a 14 MSCes œufs, qui sont petits au départ, croissent rapidement
comme les embryons qui naissent d’un tout petit animal, puis ils
grandissent par eux-mêmes. [•] Arist. HA 489 b 30 MSLe celethy n’a pas de nageoires,
[•] Arist. ? mais il a quelque
chose qui ressemble aux racines qui poussent dans la terre. [•] Arist. HA 566 a 17 MSIl se reproduit très
souvent, c’est-à-dire tous les six mois. [•] Arist. HA 566 a 25-28 MSIl quitte les
profondeurs de la mer et pond près du rivage, et ce à cause de la
chaleur et pour que ses petits ne prennent pas peur.
[2] [•] VB 17, 104, 2Aristoteles. [•] Arist. HA 591 b 10 MS
— Et quedam
animalia comedunt carnem tantum, sicut celeki.Celethy est ex animalibus carnem comedentibus. [•] Arist. HA 564 b 15-16 MS
— Et diximus quod omnes
pisces ovant preter celeon, quod generat animal, quoniam in primo
ovat in se. Et omnes pisces nutriunt suos filios preter
ranas.Celethy quidem habet ova, unum completum intra, quod et
parit extra. Ceteri vero pisces ovant extra ova incompleta excepta
rana marina11Vincent de Beauvais et l’auteur de l’Hortus sanitatis n’ont pas compris ce passage,
et leur texte est très obscur.. [•] Arist. HA 543 a 14 MS
— Et femine huiusmodi faciunt
ova parva et post finditur et crescunt cito, sicut ova animalis
quod dicitur aburroz. Ova haec post
parvitatem cito crescunt sicut vermes quae12qui
VB. generantur ex animali parvo
valde ; deinde crescunt per se. [•] Arist. HA 489 b 30 MS
— Et quidam
piscis qui dicitur celeti non habet alas […].Celethy non habet alas ; [•] Arist. ? sed habet simile13similem 1491 Prüss1 1536. radicibus in terra
crescentibus14La
deuxième partie de la phrase de l’Hortus
sanitatis est visiblement incomplète et ne peut être
comprise. Les deux passages de la traduction latine d’Aristote qui
concernent les membres du celethy sont les
suivants : Et quidam piscis qui dicitur celeti
non habet alas sicut omne quod est de eo amplum, caudatum ut illud
quod vocatur bascheamatis et iste modus non natat nisi per
amplitudinem corporis eius (Arist. HA 489 b 30 MS) ; Omnes autem modi animalium qui dicuntur celeti
habent creationem brancorum cartilaginosam (Arist. PA 696
b 5-6 MS). Serait-ce une de ces phrases qui aurait été mal
interprétée ?. [•] Arist. HA 566 a 17 MS
— Celeti autem
generat multotiens in sex mensibus.Generat
autem multotiens, scilicet sex mensibus15Ce n’est pas ce que dit le texte grec, dont
deux indications ont donné lieu à confusion ; l’une (Arist. HA 566 a 17) : « Les sélaciens sont,
d’autre part, sujets à la superfétation et leur gestation dure au
maximum six mois » (Louis 1968, 85) ; l’autre (Arist. HA 566
a 21-22) : « les autres squales ont des petits deux fois par an, à
l’exception de la roussette » (Louis 1968, 85).. [•] Arist. HA 566 a 25-28 MS
— Et celeti exit a profundo
maris et pullificat prope terram ; et hoc facit propter calorem et
ut auferatur timor a suis pullis.Exit a
profundo maris et pullificat prope terram ; quod facit propter
calorem16colorem VBd. et ut a pullis
suis auferat timorem.
Propriétés et
indications
[3] [•] VB 17, 104, 3A. D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 6, 14Le ceruleum, monstre qui vit dans le
Gange, est, comme le cancer, pourvu de
pinces, qui font sept coudées de long et avec lesquelles il
attrape les éléphants et les noie au fond de l’eau.
[3] [•] VB 17, 104, 3A. Ex Libro de naturis rerum17Vincent de Beauvais
s’éloigne sensiblement de Thomas de Cantimpré.. [•] TC 6, 14Ceruleum est18est
om. Prüss1.
monstrum in flumine Gange instar cancri habens brachia longitudine septem cubitorum,
quibus elephantem corripit et undis submergit.
[4] [•] VB 17, 104, 4B. Pline, livre 9. [•] Plin. nat. 9,
46Statius Sebosus rapporte que dans le Gange,
en Inde, par un fait vraiment miraculeux, il existe des « vers » à deux branchies3Thomas de Cantimpré et Albert le Grand parlent
de brachia, « pinces » et non de branchiis, « branchies » ; mais l’Hortus sanitatis suit Pline, Solin et Vincent
de Beauvais, qui présentent la leçon branchiis. Le passage semble de toute façon
corrompu. Ctésias (Indica, F 45 (46)) parle
longuement de ce ver gigantesque auquel il ne donne pas de nom et
qui est selon lui le seul gros animal à vivre dans l’Indus. Élien
(Ael. NA 5, 3) reprend le récit de
Ctésias en le développant. Voir aussi Sol. coll. 53, qui reprend
Pline., qui font soixante coudées, d’un bleu céruléen, qui
tirent leur nom de leur aspect. Leur force est telle qu’ils
attrapent les éléphants qui viennent boire en les mordant par la
trompe et les entraînent au fond du fleuve.
[4] [•] VB 17, 104, 4B. Plinius libro IX19VIII 1491
Prüss1 1536.. [•] Plin. nat. 9, 46
— In eodem
esse Statius Sebosus haud modico miraculo adfert uermes, branchiis
binis, sex cubitorum, caeruleos, qui nomen a facie traxerunt. His
tantas esse uires, ut elephantos ad potus uenientes mordicus
comprehensa manu eorum abstrahant.In Gange
Indie20inde Prüss1. Statius
Sebosus21sabosus VBd. haud22aut Prüss1. modico miraculo affert vermes23vermis
1491 Prüss1. branchiis binis, LX cubitorum,
ceruleos, qui nomen a facie traxerunt24Voir aussi Isid. orig. 12, 5, 10 : Caerulei a colore appellati ; nam caeruleum est
uiride cum nigro, ut est mare. ; his tantas esse
vires ut elephantos ad potum25pocum Prüss1. venientes mordicus comprehensa
manu abstrahant in profundum.
~
1Celethy est un terme
générique qui désigne l’ensemble des sélaciens. Selon Kitchell &
Resnick 1999, 1677, c’est une corruption du grec σελάχη. Albert le
Grand précise : Genus est animalis multas sub se
continens species (AM 24, 35 (25)), « C’est un genre d’animal
qui compte de nombreuses espèces ». Les observations sur la
reproduction viennent de ce que les sélaciens mettent au monde des
petits vivants après avoir été ovipares intérieurement (voir Galata, ch. 38).
2Cet animal est fantaisiste. Le texte de Pline a
été déformé à tel point au fil de sa transmission qu’il est
impossible de proposer une identification pour l’animal décrit dans
l’Hortus sanitatis. De Saint-Denis 1947,
15-16, assimile le caeruleus au glaucus (Prionace glauco Linné, 1758) à
cause de la similitude de couleur, caeruleus
signifiant bleu foncé et glaucus bleu vert,
mais cela ne paraît pas justifié ici. On trouvera les
identifications possibles pour ce poisson (congre, murène, sangsue)
dans De Saint-Denis 1955, 111, n. 2.
3Thomas de Cantimpré et Albert le Grand parlent
de brachia, « pinces » et non de branchiis, « branchies » ; mais l’Hortus sanitatis suit Pline, Solin et Vincent
de Beauvais, qui présentent la leçon branchiis. Le passage semble de toute façon
corrompu. Ctésias (Indica, F 45 (46)) parle
longuement de ce ver gigantesque auquel il ne donne pas de nom et
qui est selon lui le seul gros animal à vivre dans l’Indus. Élien
(Ael. NA 5, 3) reprend le récit de
Ctésias en le développant. Voir aussi Sol. coll. 53, qui reprend
Pline.
~
1caput 18 1536.
2ceruleus
1536.
3natura VB2.
4Les informations données par Vincent de
Beauvais se retrouvent chez Thomas de Cantimpré, mais le texte
présente un grand nombre de différences dans l’ordre des
phrases et des mots.
5celethi
VBd ut semper.
6propter 1536.
7fortes 1491 Prüss1 1536.
8L’auteur de l’Hortus
sanitatis a confondu fotis et fortes et écrit : Quibus
illic debito tempore fortes exeunt vermes ex illis. Si fortes peut, par le sens, être associé à vermes, on ne peut plus en revanche donner de
fonction à illis ; pour cette raison, nous
avons décidé de corriger le texte.
9peperint 1491 Prüss1 VB2.
10D’après Arist. HA 537 a 31-32 MS : Celeti vero dormit graviter, quod potest capi
manu.
11Vincent de Beauvais et l’auteur de l’Hortus sanitatis n’ont pas compris ce passage,
et leur texte est très obscur.
12qui
VB.
13similem 1491 Prüss1 1536.
14La
deuxième partie de la phrase de l’Hortus
sanitatis est visiblement incomplète et ne peut être
comprise. Les deux passages de la traduction latine d’Aristote qui
concernent les membres du celethy sont les
suivants : Et quidam piscis qui dicitur celeti
non habet alas sicut omne quod est de eo amplum, caudatum ut illud
quod vocatur bascheamatis et iste modus non natat nisi per
amplitudinem corporis eius (Arist. HA 489 b 30 MS) ; Omnes autem modi animalium qui dicuntur celeti
habent creationem brancorum cartilaginosam (Arist. PA 696
b 5-6 MS). Serait-ce une de ces phrases qui aurait été mal
interprétée ?
15Ce n’est pas ce que dit le texte grec, dont
deux indications ont donné lieu à confusion ; l’une (Arist. HA 566 a 17) : « Les sélaciens sont,
d’autre part, sujets à la superfétation et leur gestation dure au
maximum six mois » (Louis 1968, 85) ; l’autre (Arist. HA 566
a 21-22) : « les autres squales ont des petits deux fois par an, à
l’exception de la roussette » (Louis 1968, 85).
16colorem VBd.
17Vincent de Beauvais
s’éloigne sensiblement de Thomas de Cantimpré.
18est
om. Prüss1.
19VIII 1491
Prüss1 1536.
20inde Prüss1.
21sabosus VBd.
22aut Prüss1.
23vermis
1491 Prüss1.
24Voir aussi Isid. orig. 12, 5, 10 : Caerulei a colore appellati ; nam caeruleum est
uiride cum nigro, ut est mare.
25pocum Prüss1.