Trebius1L’emploi du terme trebius
pour désigner un poisson résulte d’un contresens sur le texte de
Pline. En fait, Trebius Niger est le nom d’un écrivain auquel Pline
se réfère plusieurs fois et qui constitue une de ses sources. Il
devient un poisson, le trebius, évidemment
noir (niger), pourvu des diverses
caractéristiques des animaux qu’il a décrits : murex, mendole, phycis, espadon – au prix de quelques
contradictions. et tructa [la truite2L’identification de la tructa (Salmo trutta Linné, 1758) ne pose
pas de problème. Il s’agit de la truite. Voir Kitchell & Resnick
1999, 1704 et n. 316 ; D’Arcy Thompson 1947, 271-272. Cependant, ce
terme n’apparaît que dans la latinité tardive. ] [+][VB 17,
97 De trebio
et tructa [-]][+]
Trebius et tructa [+][VB 17, 97 De trebio et tructa2truta VBd
ut semper. [-]][+]
Renvois internes : Tructa : cf. Trittae, ch. 96.
Lieux parallèles : Trebius dans TC, De
trebio (7, 83) ; AM, [Trebius] (24,
128 (58)).
Tructa dans TC, De truitis (7,
84) ; AM, [Trutha] (24, 129 (59)).
[1] [•] VB 17, 97, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 7, 83Le trebius est un poisson noir, qui
ne fait qu’un pied de long, mais avec cinq doigts d’épaisseur.
Pline raconte qu’il a la vertu suivante : un morceau de ce poisson
conservé dans le sel attire, si on l’en approche, et fait flotter
l’or tombé dans les puits les plus profonds. Le trebius perd sa couleur blanche en hiver, et il
noircit en été. Il est le seul de tous les poissons qui se
construise un nid d’algues et qui dépose ses œufs dans un nid. Il
y a dans l’océan un trebius qui perce les
navires de son rostre dur.
[1] [•] VB 17, 97, 1Ex Libro de naturis3natura VB.
rerum4Vincent de
Beauvais suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, sans
préciser cependant que celui-ci tire ses informations de
Pline. Il n’omet que la courte dernière phrase : Sed illi permaximi sunt, qui in occeano
sunt.. [•] TC 7, 83Trebius est piscis niger, pedalis5pedali 1536.
tantum in6in om. 1536. longitudine, habens tamen
quinque digitos in crassitudine. Hanc ei vim inesse Plinius7D’après Plin. nat. 9,
80-81 (au sujet du murex, puis de la
mendole et du phycis) : Trebius Niger pedalem esse et crassitudine quinque
digitorum, naues morari ; praeterea hanc esse uim eius adseruati
in sale ut aurum quod deciderit in altissimos puteos admotus
extrahat. Mutant colorem candidum menae et fiunt aestate
nigriores. Mutat et phycis, reliquo tempore candida, uere uaria.
Eadem piscium sola nidificat ex alga atque in nido parit. recitat, ut pars ejus in sale servata aurum quod in
altissimos puteos deciderit admota extrahat ac fluctuare faciat.
Hic colorem candidum in hieme mutat et aestate nigrior fit. Solus
inter omnes pisces ex alga nidificat et ova in nido parit. Trebius8Voir
Plin.
nat. 32, 15 : Trebius Niger xiphian, id est
gladium, rostro mucronato esse ; ab hoc naues perfossas
mergi. est in oceano qui duro naves perforat
rostro.
[2] [•] VB 17, 97, 2L’auteur. [•] VB 17, 97,
2La truite est bigarrée à l’extérieur, comme la petica3Ce nom de poisson est un hapax dans l’Hortus sanitatis : faut-il lire perca, qui serait ici la perche de rivière
(Perca fluviatilis Linné, 1758),
étudiée dans l’Hortus sanitatis au
chapitre 67 ? Les éléments caractéristiques de ce poisson sont en
faveur de cette hypothèse. Ceux-ci lui avaient valu son nom de uarius, tandis que tructa était apparu tardivement, au IVe siècle, chez Ambroise (Ambr. hex. 5, 3, 7) d’après le grec
τρώκτης. Voir André 1986, 185, n. 333., mais rouge à
l’intérieur. À ce qu’on rapporte, aussi longtemps qu’elle est
jeune et petite, elle se nourrit seulement dans les eaux douces,
et on la nomme truite. Quand elle a grandi et que, étant descendue
jusqu’à l’embouchure, elle a absorbé de l’eau salée, elle devient
un saumon – ce que tous les auteurs cependant ne tiennent
pas pour vrai. Ces deux poissons sont délicieux et
savoureux.
[2] [•] VB 17, 97, 2Actor9autor 1536.. [•] VB 17, 97,
2Tructa10truta
VB ut saepe. exterius quidem
varia11post varia hab. est VB., sicut et petica12pertica
VB., sed interius rubea. Quae
quidem, ut fertur, quamdiu minoris aetatis et corporis existit, in
aquis tantum dulcibus nutritur, et tructa vocatur. Cum autem excreverit et descendens13excendentes 1491. usque ad confinia maris de
salsedine illius biberit, salmo efficitur. Quod tamen verum esse nequaquam ab
omnibus asseritur. Est autem uterque piscis deliciosus et
sapidus.
[3] [•] VB 17, 97, 3D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 7, 84La truite est un poisson habitant dans les rivières d’eau
douce qui dévalent des montagnes impétueusement. Elle a des
écailles comme le saumon, une chair tout à fait semblable, mais bien plus
digeste, et cela en été seulement, du mois de juillet jusqu’en
novembre. L’hiver, sa chair est blanche, comme les autres
poissons, et de saveur moins agréable. Elle présente sur le dos
des taches orange et rouge sang.
[3] [•] VB 17, 97, 3Ex Libro de naturis rerum14Vincent de Beauvais
suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, sans préciser
que celui-ci dit s’inspirer d’Isidore de Séville. Il reprend
en effet à Isidore de Séville l’indication qui concerne les
couleurs du poisson (Isid. orig. 6,
12, 6 : Uarii a uarietate, quos uolgo
tructas appellant).. [•] TC 7, 84Tructa piscis est habitans in fluviis dulcibus qui magno
impetu currunt de montibus. Squamas habet ut salmo carnesque simillimas sed multo esibiliores et hoc
in aestate tantum a mense Julio usque ad Novembrem. Hieme vero
carnes habet albas ut ceteri pisces minorisque saporis. Maculas
habet in dorso croceas15crocias 1536.
atque sanguineas.
~
1L’emploi du terme trebius
pour désigner un poisson résulte d’un contresens sur le texte de
Pline. En fait, Trebius Niger est le nom d’un écrivain auquel Pline
se réfère plusieurs fois et qui constitue une de ses sources. Il
devient un poisson, le trebius, évidemment
noir (niger), pourvu des diverses
caractéristiques des animaux qu’il a décrits : murex, mendole, phycis, espadon – au prix de quelques
contradictions.
2L’identification de la tructa (Salmo trutta Linné, 1758) ne pose
pas de problème. Il s’agit de la truite. Voir Kitchell & Resnick
1999, 1704 et n. 316 ; D’Arcy Thompson 1947, 271-272. Cependant, ce
terme n’apparaît que dans la latinité tardive.
3Ce nom de poisson est un hapax dans l’Hortus sanitatis : faut-il lire perca, qui serait ici la perche de rivière
(Perca fluviatilis Linné, 1758),
étudiée dans l’Hortus sanitatis au
chapitre 67 ? Les éléments caractéristiques de ce poisson sont en
faveur de cette hypothèse. Ceux-ci lui avaient valu son nom de uarius, tandis que tructa était apparu tardivement, au IVe siècle, chez Ambroise (Ambr. hex. 5, 3, 7) d’après le grec
τρώκτης. Voir André 1986, 185, n. 333.
~
1caput 92 1536.
2truta VBd
ut semper.
3natura VB.
4Vincent de
Beauvais suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, sans
préciser cependant que celui-ci tire ses informations de
Pline. Il n’omet que la courte dernière phrase : Sed illi permaximi sunt, qui in occeano
sunt.
5pedali 1536.
6in om. 1536.
7D’après Plin. nat. 9,
80-81 (au sujet du murex, puis de la
mendole et du phycis) : Trebius Niger pedalem esse et crassitudine quinque
digitorum, naues morari ; praeterea hanc esse uim eius adseruati
in sale ut aurum quod deciderit in altissimos puteos admotus
extrahat. Mutant colorem candidum menae et fiunt aestate
nigriores. Mutat et phycis, reliquo tempore candida, uere uaria.
Eadem piscium sola nidificat ex alga atque in nido parit.
8Voir
Plin.
nat. 32, 15 : Trebius Niger xiphian, id est
gladium, rostro mucronato esse ; ab hoc naues perfossas
mergi.
9autor 1536.
10truta
VB ut saepe.
11post varia hab. est VB.
12pertica
VB.
13excendentes 1491.
14Vincent de Beauvais
suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, sans préciser
que celui-ci dit s’inspirer d’Isidore de Séville. Il reprend
en effet à Isidore de Séville l’indication qui concerne les
couleurs du poisson (Isid. orig. 6,
12, 6 : Uarii a uarietate, quos uolgo
tructas appellant).
15crocias 1536.