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Pensées 1493 à 1497

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1493

{f.223r} Cy gist
Sur L’abbé du Vaubrun[1]
Celui qui Avec un caractere grave et un air serieux il fut l’homme de son siécle le plus frivole.
Il n’eut aucune des singularités qui font plaisir mais tous les ridicules qui font pitié.
Avec le corps d’un homme difforme il eut toutes les flatteries d’une femme.
Idoiote Idiote dans la loüange et dans le blame, impertinent dans l’admiration.
Sa vanité lui donna des prétentions à la fortune, et cette même vanité les manqua toutes. Il partit, et quoiqu’il eût pris le chemin le plus facile il n’arriva jamais.
On pourroit avilir l’esprit au point de dire qu’il en avoit, mais il est impossible de dégrader le bon sens

Degrader le bon sens

jusqu’au point de lui en croire.
Avec tout cela admirable dans la societé

Société

, parce qu’il avoit peu de vices, et qu’il n’avoit point de vertus.
Il eut la faveur d’une petite cour, et il fut le seul qui ne fut pas soupçonné d’en avoir la confidence.

- - - - -

Main principale F

1494

{f.223v} Je ne doute en aucune maniere que dans une petite republique

Petite republique

on ne pût donner une education telle qu’elle fût toute composée d’honnêtes gens.
Les loix font les bons et les mauvais citoyens

Loix font les citoyens

 : le même esprit de timidité qui fera un homme exact à ses devoirs dans une republique, fera un homme ruse dans une autre. Le même esprit de hardiesse qui fera un homme qui aime sa patrie et qui se sacrifiera pour elle dans un état, fera un voleur de grand chemin dans un autre.
Je suppose qu’un homme qu’un homme sauvage qui n’a jamais vêcu que dans les forêts, rencontre pour la premiere fois de sa vie un autre homme de même espece que lui, et qu’ils ne puissent fuir ni l’un ni l’autre, le hazard fondé sur le moindre geste, sur un maintien, fera que ces deux hommes chercheront à s’entredétruire ou à se préter secours ; aussi la moindre circonstance fera t’elle d’abord un peuple antropophage, ou un {f.224r} peuple qui aura des mœurs.
Ce qui fait la plupart des méchans hommes

Mechans

, c’est qu’ils se trouvent dans des circonstances où ils se trouvent sont plus frappés de la gloire ou de l’utilité de faire des crimes, que de la honte ou du péril de les commettre. De bonnes loix

Loix

peuvent rendre ces circonstances rares, de mauvaises loix les multiplient ; des loix indifferentes laissent toutes celles que le hazard peut produire.

- - - - -

Main principale F

1495

Surprendre des camps

Il y a des choses qui pouvoient se faire autrefois, et qui à present ne se font plus. Par exemple, Titus Martius en Espagne surprit dans la même nuit deux camps des ennemis, l’un après l’autre[1]. Le bruit de la mousqueterie et du canon ne le permettroit plus.

- - - - -

Main principale F

1496

Vegece a trés bien remarqué que les armées licentieuses[1] sont mutines, sa raison[2]... * Il y en a une autre, c’est qu’elles sont moins accoutumées au commandement.

- - - - -

Main principale F

1497

{f.224v} Comme les Suisses

Suisses

nous ont donné l’art de la guerre en formant notre infanterie[1] ; il n’est pas étonnant que les Romains eussent fait autrefois de même.

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Main principale F


1493

n1.

Nicolas Guillaume de Bautru, abbé de Vaubrun (1662-1746), espion du cardinal de Bouillon, exilé de 1700 à 1710, devint, selon Saint-Simon, l’âme damnée du duc et de la duchesse du Maine ; selon la même source il était nain et boiteux (Saint-Simon, t. I, p. 726-727 ; t. III, p. 1033-1034).

1495

n1.

Lucius Martius, en 212 av. J.-C., s’empare en une nuit de deux camps carthaginois (Tite-Live, XXV, 39).

1496

n1.

« Qui prend trop de liberté et de licence » (Furetière, 1690, art. « Licencieux »).

1496

n2.

Végèce, De re militari (III, 4 – Catalogue, nº 1742 et 1743 : éd. de 1553 et 1606-1607) ; l’auteur y invoque les durs travaux qui rebutent les troupes ayant vécu dans leurs quartiers « dans l’oisiveté et la mollesse ». Cf. nº 1527-1528.

1497

n1.

Les fantassins suisses, habiles aux techniques du combat à la pique ou à l’arbalète, ont été utilisés comme instructeurs par Louis XI et recrutés comme mercenaires par diverses puissances européennes dès le XVe siècle. L’analogie entre les méthodes de combat des légions romaines et celles des troupes helvétiques inspira les réformateurs de l’infanterie à la Renaissance et ceux qui, comme Machiavel, dans son Art de la guerre (Paris, C. Chappelain, 1614 – Catalogue, nº 2402), aspiraient à un renouveau de l’éthique militaire ; voir Thomas F. Arnold, Les Guerres de la Renaissance, XVe-XVIe siècles, Paris, Autrement (Atlas des guerres), 2002.