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Pensées 1542 à 1546

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1542

{f.243v} [Passage à la main L] Voy. la p 34
A mesure qu’on a plus exigé des autheurs on a moins exigé des critiques.
Il ne faut point critiquer les poetes par les defauts de la poësie ni les metaphisiciens par les difficulté de la metaphisique ne les phisiciens par les incertitudes de la phisîque, ni les geometres par la secheresse de la geometrie

Critique

.
Chacun aujou prend part aujourd’hui aux tresors

Tresors

qui etoient autrefois a peu de personnes mais avec cette petite partie on croit avoir le tout : un scrupule[1] d’or a parü la piere philosophale ; avec des richesses partagées, chose admirable, tout le monde se crut trop riche. La repub. des lettres a êté comme celle d’Athenes où les pauvres etoient plus considérés que les riches
{f.244r} On dedeigne pour faire paroitre de l’esprit pourquoy l’esprit que vous avez est il une preuve que les autres n’en ont point

Dédain

? Quoy votre gout sera toujours infalible et l’esprit des autres leur manquera toujours ? Comment ce partage si different que vous jugez toujours bien sans exception, et que sans exception ils pensent toujours mal? Vous etes libre, soyez le donc de rendre justice aux autres (2) voyes la p 243

- - - - -

Passage de la main M à la main L

1543

La patrie croit avoir perdü son pere chaque citoyen son ami chaque infortuné son protecteur[1].

- - - - -

Si vous n’avez pas reparés tout le mal vous avez du moins fait que ceux qui viendront aprés vous seront obligés de chercher à finir ce que vous avez commencé où de renoncer a la gloire

- - - - -

{f.244v} Vos graces et vos refus êtoient toujours en faveur de la patrie, vous refusiez comme un pere de famille refuse à ses enfans ; vous refusiez comme un pere et vous accordiez comme un ami

- - - - -

Main principale L

1544

Inconveniens arrivés a la Chine par l’introduction des sectes de Foë et de Laochium[1] les gueres et les executions sanglantes qui en naquirent, un empereur de la Chine fut obligé de faire mourir à la fois cent mille bonzes

Bonzes

 ; le peuple chinois vivoit sous une morale la plus parfaites et la plus pratique qu’aucun peuple qu’il y eut dans cette partie de la terre : on l’alla entêtter lui et ses empereurs des illusions d’un quietisme et d’une metempsicose qui defendoit de faire mourir jusqu’aux criminels mêmes, et faisoit consister tous les devoirs de la morale a nourrir des bonses.

- - - - -

Main principale L

1545

{f.245r} [Passage à la main M] Je voulois mettre sur un pyramide après le gain de mon procés  contre les jurats[1]

Deo terminali

Recto, justo,

Semper vigilanti,

Semper clamanti

Testi, indici, judici

Perpetuo

Sacrum[2]

- - - - -

Sur le revers

Finibus dinastiæ defensis

{f.245v} Calumniis litium repressis

Hoc

Hoc Galici senatus æquitatis monumentum

Carolus

In rei memoriam erexit[3]

- - - - -

Sur l’autre revers

Stet lapis hic, donec fluctus Girunda recuset

Oceano regi, generosaque vina Britannis[4]

Voy p 198v

- - - - -

Passage de la main L à la main M

1546

{f.246r} [Passage à la main L] J’ai vü rapidement une partie d’un manuscrit qu’on attribue a Frapaolapolo[1] : qui contient des avis sur le gouvernement de Venise

Venise

à lui a lui demandés par quelque officier principal de cette republique sur les moyens d’en perpetuer la gloire. Il la divise en trois parties ; ce qui regarde le souverain ce qui regarde l’etat, c’est a dire les sujets et la maniere de se conduire avec les etrangers[2]. Il trouve que le grand conseil etant composé d’un tres grand corps de noblesse sans choix a trop d’authorité il voudroit qu’on augmentât celle du senat et du Conseil des Dix qui sont choisis par leur merite[3] et il croit que la vogadore[4] magistrat qui peut apeller le senat et le Conseil des Dix devant le grand conseil est une magistrature {f.246v} qu’il faudroit restreindre et qu’il faudroit prendre pour cette magistrature des gens qui n’auroient point trop de credit, ou meme qui auroient quelque tache, afin qu’ils fussent retenüs par la crainte du senat ou du Conseil des Dix[5].
* Il est certain que le Conseil des Dix et le senat apartiennent à l’aristocratie et le grand conseil à l’oligarchie ; on n’y vient point par la vertu mais par la naissance.
Frapaolao desireroit que les senateurs fussent choisis pour plus d’un an[6] et en cela il a raison, cela etoit ainsi a Rome et a Lacedemone.
* Les inquisiteurs d’etat jugent sans formalité et peuvent faire mourir le doge meme s’ils sont tous trois du meme avis[7], mais le Conseil des Dix a des formalités.

- - - - -

Passage de la main M à la main L


1542

n1.

« Le plus petit des poids dont se servoient les Anciens » (Furetière, 1690, art. « Scrupule »).

1543

n1.

Cf. nº 303. Il s’agit des fragments d’une harangue : voir nº 1015, 1281, 1505.

1544

n1.

Cf. EL, XXIV, 11, note (a). Montesquieu développe un commentaire qu’il avait déjà fait à propos de l’histoire de la Chine dans son extrait de la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise du père Du Halde (Geographica, p. 204-205, l. 1836-1840), source essentielle de sa documentation sur les sectes de Bouddha, dit « Foë », et de Lao-tseu (« Laochium »), mentionnées à de nombreuses reprises et présentées plus en détail dans l’extrait du troisième tome de l’ouvrage (Geographica, p. 259-262 ; cf. nº 374) ; sur les « torts prodigieux » de la secte de « Lao Kium », voir ibid., p. 176.

1545

n1.

Cf. nº 1386.

1545

n2.

« […] temple au dieu des Frontières, droit et juste, qui veille toujours, qui crie toujours, témoin, preuve et juge sans cesse » (nous traduisons).

1545

n3.

« Charles a érigé en souvenir ce monument de l’équité du Parlement de France pour avoir défendu les limites de son domaine et avoir réprimé les procès intentés par chicane » (nous traduisons).

1545

n4.

« Que cette pierre se dresse jusqu’à ce que la Gironde refuse ses flots au roi Océan et ses vins de bon cru aux Anglais » (nous traduisons).

1546

n1.

Paolo Sarpi (1552-1623), dit « Fra Paolo », théologien de la république de Venise, auteur d’une Histoire du concile de Trente (Catalogue, nº 142-143). Selon le traducteur de la version française, l’abbé François-Marie de Marsy, le manuscrit en question, considéré comme apocryphe (A. Bianchi-Giovini, Biografia di frà Paolo Sarpi, teologo e consultore di stato della Repubblica Veneta, Bâle, 1847, vol. II, p. 479), a circulé en Italie sous divers titres (Opinioni di Fra-Paolo, Servita ; Ricordi di Fra-Paolo ; Sentimenti di Fra-Paolo ; voir BIU Sorbonne, ms 1020) et a été publié sous le titre Opinione del Padre Paolo, Servita […] à Venise, chez Robert Meietti, en 1681 (Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, avertissement, p. iij-v). Nous renvoyons à la version française (Berlin, 1751), postérieure à la lecture du manuscrit par Montesquieu.

1546

n2.

Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, p. 3-4 ; le premier article traite des moyens de « tenir en exercice les Nobles et les Sujets », le deuxième traite du « Gouvernement de l’Etat de Terre-Ferme », le troisième de « la forme de traiter avec les Puissances ».

1546

n3.

Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, p. 31-35.

1546

n4.

L’avogador, dont la fonction essentielle est de faire observer les lois, a le droit de s’opposer aux délibérations de tous les tribunaux, y compris celles du Sénat et du Conseil des Dix, qui sont nulles en l’absence de ce magistrat ; il intervient dans toutes les affaires criminelles et joue le rôle d’accusateur (Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, p. 36).

1546

n5.

L’auteur conseille de prendre pour la fonction une personne « d’un génie médiocre, ou d’une réputation mauvaise » afin que dans les deux cas elle ne puisse « prendre à partie les Grands » (Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, p. 37).

1546

n6.

Le Prince de Fra-Paolo, ou Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise, par le père Paul Sarpi, consulteur d’État, et théologien de la République de Venise, Berlin, 1751, p. 35. L’allongement du mandat des sénateurs, pris parmi les patriciens, amoindrirait la « tyrannie des petits », c’est-à-dire celle du Grand Conseil.

1546

n7.

Ces trois inquisiteurs d’État sont des membres du Conseil des Dix. La remarque est empruntée à Amelot de La Houssaye (Histoire du gouvernement de Venise, Paris, F. Léonard, 1677, 2nde partie, « Du Conseil des Dix », p. 321 – Catalogue, nº 3084) ; cf. nº 48.