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Pensées 167 à 171

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

167

{p.139}

Egyptiens

Quand on dit que les Egyptiens ont pris les coutumes des Hebreux c’est comme si on me disoit que les François ont pris des Irlandois jacobites leur maniere de parler et de se mettre[1].

- - - - -

Main principale D

168

Dixit

Athéisme

insipiens in corde suo non est deus[1], cela cela ne s’applique aux athées que dans un sens etendu, cela veut dire dans le sens litteral non est Jehova, il est parlé la des nations qui meprisoient le dieu d’Israel et qui disoient qu’il etoit un dieu imaginaire ; les Caldéens n’etoient point sujets a l’atheisme et il n’est parlé en aucun endroit de l’ecriture de cet enorme attentat.

- - - - -

Main principale D

169

[Passage à la main M]

Cette idée pourroit estre bonne cependant je doute et peut estre qu’il vaut mie [...]

Je suis persuadé que la deffence que font les Espagnols aux estrangers de faire le comerce des Indes est tres prejudiciable a leur puissance[1]
S’ils pouvoint le faire

Espagne

eux memes et si ce n’estoit point seulement sous leur non qu’on {p.140} le fit les etrangers ne le faisoint pas sous leur nom leur politique seroit bonne mais cette deffence est derisoire[2]
Elle est prejudiciable en ce que les etrangers font il faudroit D’ailleurs les memes etrangers ne fissent pas font ce comerce par leurs interlopes[3] ce qui detruit le comerce de Cadis[4], sans compter que le comerce en fraude est toujours ruineux a la nation contre qui il est fait parce que’il pour y trouver son compte il faut vendre a un haut prix ruine ses douanes de maniere que la nation souffrante ne tire paye les marchandises tres cher et ne tire aucun avantage de ses douanes[5]

Com<m>erce libre

Le commerce libre feroit que touttes les nations de l’Europe se nuiroint les unes les autres l’abondance des denrées qu’elles enverroint les tiendroint a bon marché c’est a dire {p141} y feroint [mot biffé non déchiffré] hausser augmenteroint le prix de l’or et de l’argent et des autres marchandises du pais

Espagne

Le roy d’Espagne auroit son quint franc[6] et des somes immences en douanes sur les autres denrées du pais
Les depenses qu’il fait contre les filibustiers[7] ne le regarderoint cesseroint et ce seroit aux autres nations d’Europe a les faire en tout ou en partie
L’Espagne seule ne seroit pas chargée de peupler touts les vastes continents[8].
Le roy metteroit a sa fantaisie des droits sur les marchandises d’Europe et d’Amerique et plus il y auroit d’habitans plus les droits seroint grands
On pourroit bien s’assurer des contre les trahisons et les entreprises des etrangers et meme leurs {p.142} contoirs seroint garans des avanies qu’ils pourroint faire
Le roy d’Espagne pourroit affermer a des compagnies particulieres ses douanes et touttes les nations de l’Europe deviendroint ses tributaires
Il seroit facille d’empecher que les relligions etrangeres ne corrompissent la purete de la relligion dominante.
Les Espagnols sont si bien etablis depuis la longue possession ou ils sont que quelques marchands etrangers ou naturalises ne sont pas a creindre
En un mot lors qu’une nation seule ne peut pas faire un comerce il faut qu’elle souffre que les autres le fassent a son plus grand avantage
Ce qui fit faire d’abort cette deffence c’est que les Espagnols creignoint d’estre troublés dans leurs {p.143} conquetes ainsi ils deffendirent sous peine de la vie aux etrangers d’y voyager

- - - - -

Passage de la main D à la main M

170

Remarqués que la bonne foy des Espagnols[1] a ruiné leur comerce et l’a transporté aux etrangers qui le font sans aucune creinte sous le nom d’un Espagnol

- - - - -

Main principale M

171

J’aime les querelles sur les ouvrages des anciens et des modernes elles prouvent qu’il y a d’excellens autheurs parmi les anciens et les modernes.

Voy p 119[1]

- - - - -

Main principale M


167

n1.

Pour Huet, selon la thèse du plagiat, les croyances égyptiennes étaient toutes inspirées des livres de Moïse (Demonstratio Evangelica, Paris, 1672 ; voir nº 78, note 6). L’addition du terme « jacobite » (secrétaire E, 1734-1739) explicite la comparaison entre la diaspora irlandaise installée en France, à la suite de la défaite de Jacques II contre Guillaume d’Orange en 1690 (bataille de la Boyne), et les Hébreux vivant en Égypte, comparaison qui ridiculise la thèse de l’antériorité et de l’influence mosaïques.

168

n1.

« L’insensé a dit dans son cœur ; il n’y a point de Dieu » (Psaumes, XIV (Vulgate, XIII), 1 ; La Bible, Le Maître de Sacy (trad.), Paris, R. Laffont, 1990, p. 661). Le passage a été fréquemment invoqué par les prédicateurs, comme Bossuet et Bourdaloue, pour fustiger l’athéisme. Montesquieu, qui récuse ici une interprétation contredisant l’Histoire et le texte biblique, n’adhère pas pour autant à la thèse du consentement universel ; voir Pensées, nº 64.

169

n1.

Vers 1727-1728, période de transcription de ce fragment, Montesquieu rédige les Considérations sur les richesses de l’Espagne (OC, t. 8, p. 595-623), qui expliquent la décadence de cette nation. Cette analyse des rapports entre puissance et commerce sera ensuite étendue aux autres États dans les Réflexions sur la monarchie universelle en Europe [env. 1733-1734]. Un ensemble d’articles concernant les relations diplomatiques, les instruments de l’expansion commerciale et de la prospérité économique, amenant des comparaisons entre les États européens, témoigne de cette réflexion amorcée avant les voyages (nº 145, 146, 152, 153, 154, 161, 169, 177, 178).

169

n2.

Le commerce avec les « Indes » occidentales ne pouvait légalement être fait que par les Espagnols (voir nº 87, note 5). Les Hollandais, Français et Anglais utilisaient des prête-noms (Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 915-916, art. « Commerce d’Espagne »).

169

n3.

Un interlope est un navire qui trafique en fraude, en particulier avec les colonies d’une autre puissance, en violation du monopole de l’exclusif (Bernard Lavallé, L’Amérique espagnole, de Colomb à Bolivar, Paris, Belin, 1993, p. 127).

169

n4.

Lire : Cadix.

169

n5.

Une importante contrebande se faisait par la mer du Sud, les côtes de la mer du Nord et à l’intérieur du continent américain. Le monopole espagnol s’oppose au modèle anglais évoqué dans l’article nº 153.

169

n6.

Le quint royal (quinto real) correspond au cinquième des métaux précieux produit par le Nouveau Monde, perçu par la couronne d’Espagne.

169

n7.

Les flibustiers (« filibustiers »), mot employé dans la Caraïbe de préférence à corsaires, désignent ceux qui pratiquent la course avec une commission royale (Bernard Lavallé, L’Amérique espagnole, de Colomb à Bolivar, Paris, Belin, 1993, p. 134).

169

n8.

Sur l’impact migratoire du monopole, voir nº 87, note 8.

170

n1.

Qualité proverbiale, qui permet aux négociants étrangers de vendre leurs marchandises en Amérique sous le nom d’un Espagnol, sans crainte d’être trahis (voir nº 169 : Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 915-916, art. « Commerce d’Espagne ») ; cf. Pensées, nº 323 ; EL, XIX, 10.

171

n1.

Cf. nº 111.