Pensées, volume II

[Passage à la main M] Autrefois les femmes estoint belles aujourd’ui elles sont jolies : elles estoint contreintes peu d dans leurs manieres peu de societe ne songoint qu’a leur tein n’osoint montrer le nez de peur de gater leur tein qui les tenoit en servitude des lavemens continuels cette perpetuelle attention retressissoit l’leur esprit les romans de ces temps la nous peignent toujours la beauté la majesté un nes aquilin de grands yeux ils ne peignent pas les graces aujourd’hui on ne peut pas reprocher a nos femmes qu’elles n’ayent une grande liberte dans l’esprit les manieres et les moeurs moeurs  :

{f.37v} Mad la p de Lix^[1] : m’ayant demende mon advis sur son mariage avec M^r de M :je fus d’avis d’un avis contraire au le desaprouvay je lui envoyay ces maximes

1

L’amour ne révéle jamais les choses que l’extrême amitié a fait dire

2

Tout amour qu’il est, il a ses regles ; et dans les ames bien nees nées elles sont plus fortes que ses loix

3

Le coeur est donné tout entier a l’amour ; l’ame l’ame reste pour la vertu :

Les Romains me semble n’avoint point de mot pour exprimer un petit maitre leur gravite estoit trop contraire a ce genre gravité estoit trop contraire a ce genre de personnage :

Dans les conversations il ne faut pas se croiser sans cesse, elles seroint fatigantes il faut marcher ensemble quoy qu’on ne marche pas sur de front ny sur la meme ligne on tient le meme chemin.

{f.38r} 4

Deux beautés communes

Beautés communes

se déffont ; deux grandes beautés se font valoir

5

C’est l’effect d’un merite extraordinaire d’estre dans son jour aupres d’un merite aussi grand.

6

Je disois je suis amoureux de l’amitié.

A ces vertus propres pour gouverner coment avés vous pu reunir touttes celles qu’il faut pour plaire permettes nous sire de cesser pour un moment d’estre eblouis de la majeste grandeur qui vous environe vous series le particulier du monde le plus aimable si vous n’esties pas le plus grand des roix : voy p 134 :