M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume II
1184
{f.84r} Remarques sur l’histoire du conmte de Boulainviliers Boulainvilliers[1]
Boulainvilliers Il paroit que l’usage d’Angleterre que chacun doit être jugé par ses pairs qu’on nomme jurés
Jurés Ces chartes accordées a divers seigneurs et païs sont encore au tresor de chartres et entraue autres celle appellée chartre normande la plus fâcheuse pour les rois[5]. Il en reste huit, elles furent données aprés qu’on eut envoyé des commissaires dans les provinces pour reparer le grief qui avoit donné lieu aux observations {f.84v} associations faites contre Philippes le Bel et il paroit que le principal but du roy êtoit de retirer l’original de ces associations et celles qui sont au trésor des chartes sont celles qui furent retirées pour lors le comte de Boulainvilier dit que ces pieces sont le principal monument de notre liberté et l’auroient conservée sans la continuelle inattention de nôtre nation. Voyés ce qu’il dit ch. 2. p. 97[6]. Il paroit encore qu’il fit davantage dit le comte, Nicole Giles[7] nous apprend dit il, que le Hutin rendit outre ce une declaration par laquelle il reconnut tant pour lui que pour ses successeurs qu’il ne pourroit lever aucuns deniers sans le consentement des trois êtats qui en feroient eux mêmes l’employ et le recouvrement. Il y a des auteurs, dit le comte, qui revoquent en doute cette declaration parce qu’elle ne se trouvent pas au tresor des chartes, mais il est clair qu’elle a êté le fondement de l’autorité que les trois estats ont prise depuis ce tems là, outre qu’elle est si relative aux chartes susdites que sans cela elles ne {f.85r} pourroient subsister. Le roy y declare qu’il renonce à imposer aucune taille ou aide sans une evidente necessité ou une evidente utilité or cela ne seroit il pas vain s’il avoit êté seul juge de l’un et de l’autre voyés cette histoire du gouvernement par le comte p. 127. 128. 129.
On se prepare a faire des associations contre Philippe de Valois comme on avoit fait contre Philippe le Bel. Les Normands plus lents à prendre leur parti furent les plus lents aussi à s’accomoder. Ils obtinrent la confirmation de la charte accordée par le Huttin avec declaration qu’il ne seroit rien permis d’imposer sans le consentement des etats[8]. Cette fermeté fut commune à tout le royaume. Nicole Gisles et le Rosier de France[9] disent qu’en cette année 1338 et 1339 avant Pâque il fut arrêté devant les trois êtats present le roy que l’on ne pourroit imposer taille en France ni lever si urgente necessité ou evidente utilité ne le requeroit de la part desdits états voyés le même auteur p 185. 186. 187.
{f.85v} J’ajouterai et je remarqueray icy quelque chose de singulier tandis que tout se souleve â l’occasion des impots que les rois veulent établir ce qui marque qu’on connoissoit les droits de la liberté on voit d’un autre côté des coups de cruauté et de barbarie faits par les rois qui ne font pas le moindre bruit dans la nation Philipe de Valois fait en un jour arrêter quatorze seigneurs de Bretagne et de Normandie a qui il fait couper la tête sans aucune forme de procés sur ce qu’il les soubpçonne de tenir le parti de Jean de Montfort et cela quoiqu’ils fussent sous la sauvegarde d’un tournoy ou ils avoient êté invités. Le roi Jean son fils commence son regne par faire enlever le comte d’Eu connétable de France la fleur de la chevalerie de ce tems la et le fait decapiter en sa presence sans formalité de justice[10]. Je dis qu’il faut que ces choses ne fissent pas tant d’impression dans ce tems là ou les seigneurs eux mêmes êtoient accoutumés à faire des coups pareils d’autorité contre leurs vassaux ou autres qu’il leur plairoit comme il {f.86r} paroit par mille exemples et entre autres par l’exemple du desmélé d’Anguerran de Couci et de st Loüis que ce roi fit prendre et juger pour avoir fait pendre sans formalité de justice trois Flamands chasseurs dans la forest de Couci[11].
Je diray ensuite que les chartes raportées par Boulainviliers sont curieuses en ce qu’elles nous donnent idée de l’origine de notre droit françois et de la forme de la justice royale et des seigneurs et des changemens qui s’y sont faits, et par quelle voye on est venu a ces changemens. Ainsi il faut les voir j’en ferai l’extrait.
Il faut remarquer que les rois ne s’eleverent principalement que par les profits immenses qu’ils firent sur la monnoye
Monnoye
J’ay cité Budée dans le Spicilege ou il reproche a notre nation sa continuele inatention.[12]
François inattentifs - - - - - |
Main principale E |
1185
[Passage à la main M] Ce qui fait que les princes ont ordinairement une idée tres fausse de leur grandeur, c’est que ceux qui les elevent en sont ebloüis eux memes ils sont les premieres dupes et les princes ne le sont qu’apres. Le marechal de Villeroy[1] parloit toujours au roy de ses sujets jamais de ses peuples
Education des princes - - - - - |
Passage de la main E à la main M |
1186 Je disois ceux qui ont peu de vanité sont plus pres de l’orgueuil que les autres :
- - - - - |
Main principale M |
1187
{f.87r} [Passage à la main E] Les
Ame, sensations On fera sentir à un homme le chatouillement d’un rapport faux a force de le renouveller et d’y acoutumer l’ame : tout cela n’êtant qu’habitude[6] :
- - - - - Mais si ce que je viens de dire est bien vray, pourquoy les bêtes ne raisonnent elles pas comme les hommes ?
|
Passage de la main M à la main E |
1188
{f.89r} Je disois il y a si peu de mauvaises actions qu’un homme qui a trente mille livre de rente ait interêt de les commettre que je ne puis pas concevoir comme on les fait.
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Main principale E |
1184 |
n1. |
Montesquieu paraphrase et commente des passages du tome II de l’Histoire de l’ancien gouvernement de la France de Boulainvilliers (La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727 – Catalogue, nº 2912). La pagination mentionnée est celle de cette édition. |
1184 |
n2. |
Le jugement par les pairs, vassaux qui assistaient le seigneur dans ses jugements concernant l’un d’entre eux, remplacés progressivement par les baillis, est évoqué au livre XXVIII de L’Esprit des lois (27, 42, 43) ; sur le lien établi entre jugement par les pairs et liberté, voir EL, XI, 6 : Derathé, t. I, p. 175-176. |
1184 |
n3. |
En butte à la révolte des ligues baronniales, Louis X le Hutin concéda au printemps 1315 des privilèges aux Bourguignons, aux Champenois, aux Normands et aux Picards, avant d’étendre ces dispositions à l’ensemble du royaume. Ces chartes prévoyaient notamment que les nobles seraient jugés par leurs pairs, et non par les officiers royaux. Voir Boulainvilliers, Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 97-129. En s’étendant sur les concessions faites par Louis X le Hutin à l’aristocratie et aux provinces qui souhaitaient récupérer les droits et prérogatives perdus sous le règne de son père Philippe IV le Bel, Boulainvilliers justifiait la limitation du pouvoir royal au profit de celui de la noblesse. |
1184 |
n4. |
Voir Henri de Boulainvilliers, Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 113. |
1184 |
n5. |
Henri de Boulainvilliers, Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 122. |
1184 |
n6. |
Les requêtes des associations de provinces à Louis X le Hutin, qualifiées par Boulainvilliers de « derniers titres de notre liberté », seraient demeurées, selon lui, le fondement de leurs privilèges et droits « s’il était d’usage en France de faire attention au passé » (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 94 et 98). |
1184 |
n7. |
Nicole Gilles (?-1503), secrétaire de Louis XII et contrôleur de son Trésor, auteur des Très élégantes, très véridiques et copieuses Annales des très preux, très nobles, très chrétiens et très excellents modérateurs des belliqueuses Gaules […] (Paris, Galliot-Dupré, 1525 – Catalogue, nº 2950-2951). Boulainvilliers y fait référence à la page 128 du tome II de son ouvrage. |
1184 |
n8. |
Formule reprise à Boulainvilliers (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 186). |
1184 |
n9. |
Le Rozier historial de France (Paris, 1523), attribué à Louis XI, à Pierre Choinet et à Étienne Porchier. |
1184 |
n10. |
Ces deux épisodes sont racontés par Boulainvilliers aux pages 188-189 et 196 du tome II de son ouvrage (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727). |
1184 |
n11. |
Enguerrand IV de Coucy fut condamné à mort puis finalement gracié par Louis IX, sur les instances de la noblesse ; voir Boulainvilliers, Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. II, p. 27-29). |
1184 |
n12. |
Montesquieu mentionne Budé à l’article nº 671 du Spicilège sur un sujet différent. |
1185 |
n1. |
Voir nº 1167. |
1187 |
n1. |
Sur la dynamique fibrillaire et le sensualisme de Montesquieu, voir Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 219-245 ; Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 754-768. |
1187 |
n2. |
L’exemple du carré, présent chez Malebranche pour souligner que seul l’entendement pur permet d’acquérir les connaissances des propriétés universelles d’une figure géométrique (De la recherche de la vérité, liv. III, 2e partie, chap. VI, § 439), est ici repris pour montrer le rôle des sens, de la mémoire et de l’imagination dans cette acquisition : voir Céline Spector, « Montesquieu et la métaphysique dans les Pensées », RM, nº 7, 2004, p. 129-131. Sur la critique de la vision en Dieu de Malebranche, cf. nº 157. |
1187 |
n3. |
Ce lien entre sentiment, perception et idée est développé dans l’Essai sur le goût, OC, t. 9, p. 490, l. 97-101. |
1187 |
n4. |
Sur le rôle de la comparaison dans le raisonnement, voir l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 249, l. 512-513. |
1187 |
n5. |
Locke utilise l’exemple d’un triangle pour expliquer la perception des rapports et l’idée de convenance (Essai philosophique concernant l’entendement humain, liv. IV, chap. I, § 2). Voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 788-790. |
1187 |
n6. |
Le rôle des habitudes dans la formation des idées et des jugements est illustré dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (OC, t. 9, p. 261-262). |