M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume II
1273 Des dignités.Un autre changement arrivé de nos jours, c’est l’avilissement des dignités
Dignités Dés que Loüis 14 fut mort la jalousie parut contre dles rangs. Le peuple ajoûta à ce que l’autorité royale avoit déjà fait on voulut bien s’avilir devant le ministre du prince, mais on ne voulut rien ceder à l’officier de la Couronne et on regarda avec indignation toute subordination qui n’êtoit pas une servitude[1].
Les grands étonnés ne trouverent d’egards nulle part ; toute dignité devint pesante et au lieu de l’honneur qui y êtoit attaché, il n’y eut que du ridicule à prétendre.
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Main principale E |
1274 {f.130v} De la raillerie[1]Raillerie Sur ce pied là il n’y a rien de si mince que ce qui sépare un railleur de profession d’un sot ou d’un impertinent.
Cependant il y a de certaines regles que l’on peut observer dans la raillerie qui bien loin de rendre le personnage d’un railleur odieux peuvent le rendre trés aimable.
Il ne faut toucher que certains defauts que l’on n’est pas faché d’avoir ou qui sont recompensés par de plus grandes vertus.
On doit repandre la raillerie egalement sur tout {f.131r} le monde pour faire sentir qu’elle n’est que l’effet de la gayeté ou nous sommes et non d’un dessein formé d’attaquer quelqu’un en particulier.
Il ne faut point faire de raillerie trop longue et qui revienne tous les jours ; car on est censé mepriser un homme de cela seul qu’on lui a donné sur tous les autres la preference continuelle de recevoir les saillies qui viennent.
Enfin il faut avoir pour but de faire rire celui qu’on raille et non pas un tiers.
Il ne faut pas se refuser a la plaisanterie car souvent elle egaye la conversation ; mais aussi il ne faut pas avoir la bassesse de s’y livrer trop et être comme le but ou tout le monde tire.
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Main principale E |
1275
La ga
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Main principale E |
1276 A l’egart des grands autrefois, on n’avoit qu’a conserver la liberté ; aujourd’huy il est difficile d’allier la familiarité ou tout le monde vit avec les egards qu’il faut faire sortir de cette familiarité :
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Main principale E |
1277 Des conversations[1]Les inconveniens dans lesquels on a coutume de tomber {f.132r} dans les conversations
Conversations La 1ere que nous parlons devant des gens qui ont de la vanité tout comme nous et que la leur souffre à mesure que la nôtre se satisfait.
La seconde qu’il y a peu de verités assés importantes pour qu’il vaille la peine de mortifier quelqu’un et le reprendre pour ne les avoir pas connues.
Et enfin que tout homme qui s’empare de toutes les conversations est un sot, ou un homme qui seroit heureux de l’être.
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Main principale E |
1273 |
n1. |
Sous Louis XIV, les honneurs et distinctions accordés aux bâtards du roi, le choix des ministres, révocables, dans la robe (voir ci-après : « s’avilir devant le ministre du prince »), et la montée en puissance, dans les provinces, des intendants (nº 977), à côté des gouverneurs choisis parmi les princes et les grands, étaient considérés par les partisans du pouvoir nobiliaire comme autant de signes de « l’avilissement des dignités ». Vestiges du pouvoir de la haute noblesse dans les institutions monarchiques, les grands offices de la couronne étaient inamovibles et certains restaient dans la possession des princes du sang ou des plus grands seigneurs du royaume (Condé, Bouillon, Guise…) ; voir DAR, art. « Grands Officiers de la Couronne ». En 1717, un parti de la noblesse se forma contre les prérogatives des princes du sang et des ducs et pairs, que Saint-Simon jugeait manipulé par les bâtards légitimés et par le Parlement (Saint-Simon, t. VI, p. 246-265). |
1273 |
n2. |
La noblesse « titrée » ou noblesse de dignité désigne les princes, ducs, comtes, marquis, vicomtes et barons, dont le titre est attaché à une terre, en vertu de lettres patentes d’érection. |
1273 |
n3. |
La maison de Montmorency est la première de France, dans la hiérarchie des barons grands feudataires du royaume, ce qui valait aux aînés les titres de premier baron de France et premier baron chrétien (Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, Paris, l’auteur – A. Bertrand – Treuttel et Wurtz, 1822, t. II, « De Montmorency », p. 1-2). Les ducs de Châtillon, l’une des branches de la maison de Montmorency, étaient issus des ducs de Montmorency-Luxembourg (père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des pairs […], Paris, Compagnie des libraires, 1728, t. III, p. 591). Sur les prétentions généalogiques de MM. de Laval-Montmorency et de Châtillon, à la tête du parti de la noblesse qui s’opposait aux prérogatives et distinctions des ducs en 1717, voir Saint-Simon, t. VI, p. 249-250 et 267-274. |
1274 |
n1. |
Si l’article nº 309 affirme la malveillance de la raillerie, Montesquieu définit ici, comme dans les traités et les romans du XVIIe siècle, un bon usage de cette pratique, conçue comme un agrément de la conversation ; sur cet article et son contexte, voir Carole Dornier, « Des dangers de la raillerie et de la corruption des mœurs », dans Le Rire ou le Modèle ? Le dilemme du moraliste, J. Dagen et A.-S. Barrovecchio, Paris, H. Champion, 2010, p. 521-537. |
1275 |
n1. |
Dans L’Esprit des lois, Montesquieu analysera le phénomène à la lumière de la typologie des gouvernements et de la notion de mœurs et d’esprit général : la galanterie caractérise l’éducation des monarchies (IV, 2) ; elle est corruptrice dans les républiques (VII, 8) ; composante de l’esprit de la nation française, elle est source de richesses (XIX, 5) ; son origine en souligne l’aspect civilisateur (XXVIII, 22) ; voir Carole Dornier, « Montesquieu et l’esthétique galante », RM, nº 5, 2001, p. 5-21 [en ligne à l’adresse suivante : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article327]. |
1277 |
n1. |
Cf. nº 1014 et 1285. Théorisé avec brio par Madeleine de Scudéry (voir « De la conversation », Conversations sur divers sujets [1680], dans L’Art de la conversation, J. Hellegouarch (éd.), Paris, Garnier, 1997, p. 103-114), topos des traités relatifs à l’art de plaire (voir nº 1270, note 2), objet d’attention des moralistes comme La Rochefoucauld (« Réflexions diverses », IV, dans Maximes, J. Truchet (éd.), Paris, Garnier frères, 1967, p. 191-194) et La Bruyère (« De la société et de la conversation », dans Les Caractères, R. Garapon (éd.), Paris, Garnier frères, 1962, p. 152-179), l’art de la conversation détermine la qualité des cercles intellectuels et mondains du temps, comme celui de Mme de Lambert ou de Mme de Tencin, fréquentés par Montesquieu : voir Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation [1re éd. en italien 2001], Paris, Gallimard, 2002, p. 276-308. |