M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
1957 Le pere Pozzi a la galerie de Florence
Vous diries qu’il veut occuper toute la salle et en chasser tous ces gens la[1].
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1958 Le moindre frere j. avoit l’habit du pere Le Tellier et il falloit compter avec luy : Basrjac ne disoit-il pas nous sommes venus icy de notre chef[1].
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1959 Je disois ceux qui pour contenir les jesuites les obligerent à tenir toujours un des leurs a la cour ne connoissoit guêres la cour ny les jesuites, puisqu’ils crurent qu’ils les abaisseroient par la.
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1960 A monsieur Domville[1].
Vous me demandez, monsieur, ce que je pense de de la durée du gouvernement anglais et de predire quelles pouront etre les suites de sa corruption vous me donnez la un sujet {f.258r} donnez la un sujet bien dificile à traiter. Peut etre que ma qualité d’etranger m’en rend plus capable qu’un autre, par ce que je n’ay ny tant de terreur, ny tant d’esperance, mais je ne sçais s’il est de l’interest de votre nation, s’il est necesaire qu’on sache bien au juste ces choses. Il seroit bon que le prince crut que votre gouvernement ne doit jamais finir, et que le peuple crut que les fondemens sur lesquels il est etabli peuvent etre ebranlés, le prince renonceroit a l’idée d’augmanter son aucthorité, et le peuple songeroit a conserver ses loix. Je crois monsieur, que ce qui conservera votre gouvernement, c’est que dans le fond le peuple à plus de vertu que ceux qui le representent, je ne sçais si je me trompe, mais je crois avoir vu cela. Dans votre nation le soldat vaut mieux que ses officiers, et le peuple vaut mieux que ses magistrats et ceux qui le gouvernent. Vous avez donné à vos troupes une paye si haute {f.258v} qu’il semble que vous aiez voulu corompre vos officiers et il y à tant de moyens de faire fortune dans votre gouvernement, par le gouvernement, il semble que vous aiez voulu corompre et vos magistrats et vos representans, il n’en est pas de même du corps entier du peuple, et je crois y avoir remarqué un certain esprit de liberté qui s’alume toujours et n’est pas prest a s’eteindre, et quand je pense au geni de cette nation, il me semble qu’elle me parait plus asservie qu’elle ne l’est, parce que ce qu’il y à de plus asservi s’y montre dans un plus grand jour et que ce qu’il y à de plus libre dans un moindre je ne dis pas que dans les elections des membres du parlement la corruption ne se soit aussi glissée, mais permetez moy de faire quelques reflexions c’est la plus vile partie de la nation que l’on corompt, et si dans un bourg ou une comtée il y a quelques principaux qui corompent parce qu’ils sont corompus eux mêmes, et quelques gens {f.259r} viles qui soient corompus, on peut dire pourtant que l’etat moyen ne l’est pas, et que l’esprit de liberté y regne encore[2]. Je vous prie de faire reflexion sur le genre particulier de corruption que l’on emploie dans ces assemblées particulieres, ce sont des repas, des assemblées tumultueuses, des liqueurs ennivrantes, des ligues, des parties, des haines, ou des piques, des moyens exposés au grand jour, la corruption la plus dangereuse c’est celle qui est sourde, celle qui se cache, celle qui affecte l’ordre, celle qui parait regle, celle qui va ou elle ne parait pas viser. Rapelez vous je vous prie la corruption de Rome et vous verrez qu’elle etoit de toute une autre espece.
1º Le peuple formoit un corps unique, et le peuple une fois corompu la corruption avoit immanquablement son effet, que l’on corompe un de vos bourgs, les autres bourgs ne seront pas pour cela corompus, {f.259v} on à elu un mauvais membre du parlement, les vrays patriotes restent toujours pour en elire quelques jours un melieur.
2º La corruption qu’on exerce dans vos elections particulieres ne peut aller que sur une chose passagere, je veus dire l’election d’un membre du parlement, elle ne peut porter que sur une chose claire, je veus dire l’election d’un membre du parlement.
Toutes les fausetées, toutes les profondeurs de la corruption en Angleterre ne portent donc que sur le parlement, et ce parlement peut bien manquer de probité, mais il ne manque pas de lumieres, de sorte que la corruption ne laisse pas que d’etre embarassée, parce qu’il est dificile de mettre un voile. Hors il n’y a guères de fripon qui ne desire de tout son coeur etre fripon, et de passer d’ailleurs pour homme de bien.
{f.260r} Je dis donc que dans votre peuple l’etat moyen aime encore ses loix, et sa liberté, je dis plus ceux qui trahisent leur devoir esperent que le mal qu’ils font n’ira pas aussi loin que les gens du parti contraire veulent leur faire creindre.
Je dis donc que tandis que les gens mediocres conserveront leurs principes il est dificile que votre constitution soit renversée.
Ce sont vos richesses qui font votre corruption, ne comparés point vos richesses avec celles de Rome, ny avec celles de vos voisins, mais comparés les sources de vos richesses avec les sources des richesses de Rome, et les sources des richesses de vos voisins. Dans le fond les sources de vos richesses sont le commerce et l’industrie, et ces sources sont de telle nature que celuy qui y puise ne peut s’enrichir sans en enrichir beaucoup d’autres. Les sources des richesses de Rome {f.260v} etoient le gain dans la levée des tributs, et le gain dans le pilage des nations soumises. Hors ces sources de bien ne peuvent enrichir un particulier sans en enrichir apauvrir une infinité d’autres, d’ou il arive qu’il n’y eut dans cet etat et dans tous ceux qui luy resembleront a cet egard que des gens extremement riches, et des gens extremement miserables, il ne pouvoit point y avoir de gens mediocres comme parmi vous, ny d’esprit de liberté comme parmi vous, il ne pouvoit y avoir qu’un esprit d’ambition d’un coté et un esprit de desespoir de l’au l’autre et par consequant plus de liberté.
Je feray icy une reflexion. Ciceron parlant de l’etat de la republique parle de ces gens mediocres, qui-est ce qui forme le bon parti dit-il sont-ce les gens de la campagne et les negotians eux pour qui tous les gouvernemens sont egaux des lors qu’ils sont tranquiles[3], cecy n’est point du tout applicable au gouvernement d’Angleterre, et quoy que l’esprit naturel de {f.261r} ces professions porte a la tranquilité par sa nature comme je l’ay dit dans mon livre des loix sur la nature du terrain, cependant ce que dit icy Ciceron n’à de raport qu’à un inconvenient particulier du gouvernement de Rome dont il faut que je parle icy. Lorsque Rome sous Sylla commenca à tomber dans l’anarchie, les generaux donnerent a leurs soldats le pillage des villes et les biens de la campagne, il n’y avoit qu’un gouvernement tranquile qui put assurer la proprieté des biens, et sitot qu’une guerre civile commancoit à naitre, les proprietaires de fonds de terre et les commercans devoient tomber dans le desespoir. D’ou vient cela c’est que les richesses natureles de l’etat devoient ceder aux richesses acquises par les pillages des grands, et les vexations des traitans dont nous venons de parler tout à l’heure. Ce qui soutiendera[4] {f.261v} donc votre nation, c’est lorsque les sources des grandes richesses seront les mêmes et ne seront pas taries par des sources plus grandes d’autres richesses. La sagesse de votre etat consiste donc en ce que les grandes fortunes ne sont pas tirées de la levée des tributs, et vos loix seroientnt assurées lorsqu’elles ne seront pas tirées des emplois militaires, et que celles tirées de l’etat civil seront dans la moderation.
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1957 |
n1. |
Montesquieu reprend une formulation proche de celle de ses notes de voyage (Voyages, p. 580) ; il a vu l’autoportrait du peintre jésuite Andrea Pozzo (et non « Pozzi ») (1642-1709) lors de son séjour à Florence, du 1er décembre 1728 au 15 janvier 1729, dans la galerie du Grand-Duc, aujourd’hui des Offices (Autoritratto col modello su tela per la cupola di Sant’Ignazio a Roma, Corridor de Vasari), et le mentionne ici comme allégorie de la volonté hégémonique de son ordre. L’artiste jésuite avait exalté l’œuvre ignatienne par des prouesses de perspective dans la fausse coupole et la voûte de l’église de Saint-Ignace à Rome, dont le modèle sur toile est désigné par l’artiste dans cet autoportrait. |
1958 |
n1. |
La remarque vise ceux qui se prévalent de leur proximité avec le pouvoir, comme les jésuites profitant de l’influence du père Le Tellier, confesseur de Louis XIV. Selon Soulavie, Barjac, premier valet de chambre du cardinal Fleury, prenait le ton d’un homme important et parlait des affaires de son maître à la première personne : voir [Soulavie], Mémoires du Maréchal Duc de Richelieu, Londres – Marseille – Paris, J. de Boffe – Mossy – Buisson, 1790, t. IV, p. 49-50. |
1960 |
n1. |
Projet de réponse à une lettre de William Domville, un ami anglais de Montesquieu et de Bulkeley (sur cette amitié, voir la lettre de Montesquieu à Domville du 4 mars 1749, Masson, t. III, p. 1195). Domville qui s’était chargé de faire insérer des errata dans la traduction anglaise par Thomas Nugent de L’Esprit des lois, interrogea l’auteur, dans une lettre du 4 juin 1749, sur sa prédiction pessimiste concernant la liberté anglaise : Montesquieu, bien qu’il louât le système anglais comme le plus libre du monde, écrivait en effet que l’Angleterre finirait par perdre sa liberté (EL, XI, 6). La brève réponse que Montesquieu donnera finalement à la question de son correspondant apparaît comme une dérobade (lettre à Domville du 22 juillet 1749, Masson, t. III, p. 1245), comparée aux réflexions insérées ici ; elles ont été commentées par Donald Desserud (« Commerce and Political Participation in Montesquieu’s Letter to Domville », History of European Ideas, vol. 25, nº 3, 1999, p. 135-151). |
1960 |
n2. |
Montesquieu exprime ici, sur la corruption, une opinion plus nuancée que dans ses Notes sur l’Angleterre (Voyages, p. 498 et 501). |
1960 |
n3. |
Cf. EL, XVIII, 1 ; Montesquieu traduit librement le texte cicéronien : « ego quos tu bonos esse dicas non intellego. […] an fæneratores, an agricolas quibus optatissimum est otium ? » (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, 7, dans Correspondance, J. Bayet (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres, t. V, p. 67). |
1960 |
n4. |
Lire : soutiendra. |
1961 |
n1. |
« En matiere de poids, se dit d’une chose qui emporte par sa pesanteur celle contre laquelle elle est pesée » (Académie, 1694, art. « Trébucher »). |
1961 |
n2. |
Le moine anonyme de l’abbaye de Saint-Denis, auteur d’une biographie de Dagobert Ier éditée par André Du Chesne, considérait que les aumônes du roi et ses libéralités en faveur de l’Église lui auront valu le pardon de Dieu (Historiæ Francorum scriptores coætanei ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Gesta Dagoberti Domni, p. 579 C, § 23 – Catalogue, nº 2932). Sur les débauches de Dagobert, voir nº 1941. |