M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
1968 La rigidité de nos douanes ecrase beaucoup notre commerce. On exige une declaration juste dans les lettres de voiture et si a dix pour cent pres il se trouve que le poids soit plus grand ou soit moindre que l’on a declaré on est censé en fraude. Voicy une histoire que j’ay ouy faire. Un marchand envoia dix quintaux de regelisse[1] a un banquier de Paris nommé Le Couteux[2], il se trouva environ trente pour cent de poids plus que la declaration on arrete la regelisse, Le Couteux ecrit a son corespondant sur l’infidelité de la declaration, le corespondant ecrit {f.277r} qu’il est en regle, Le Couteux retourne au bureau on repese la regelisse c’etoit dans un tems sec elle pese dix huit pour cent moins que la declaration et il dit vous avez volé ma regelisse.
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Main principale P |
1969 La devotion a des cotés favorits la duchesse de Brissac[1] etalant au sermon dit a la personne qui etoit aupres d’elle « Si l’on preche sur la Magdelaine vous me reveillerez, si l’on preche sur la nécessité du salut vous me laisserez dormir [»]
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Main principale P |
Main principale P |
1971 On gagne beaucoup dans le monde, on gagne beaucoup dans son cabinet, dans son cabinet on aprend à ecrire avec ordre, avec precision a raisonner juste et à bien former les raisonemens le silence ou l’on est fait qu’on peut donner de la suite a ce qu’on pense, dans le monde au contraire on aprend a imaginer, on heurte tant de sujets dans les conversations que l’on imagine des choses on y voit les hommes comme agreables et comme gays, on y est pensant par la raison qu’on ne pense pas, c’est a dire que l’on à les idées du hazard qui sont souvent les bonnes ; l’es
{f.278r} L’esprit de conversation est un esprit particulier qui consiste dans des raisonemens et des deraisonemens courts.
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Main principale P |
1972
[Passage à la main M] Voicy le texte d’une d’un ecript fait par une femme de seize ans c’est la feu marquise de Gontaut[1] je n’ay pas vu la piece qui estoit le caractere de la princesse de Cleves mais j’en ay oui raporter cette pensée
Les coeurs faits pour l’amour ne s’engagent pas aisement
Je concois que cette pensée est vraye :
Le prince de Cleves estoit aimable il fallut attendre le duc de Nemours. Un coeur fait pour l’amour ne s’engage pas aisement parce qu’un coeur qui peut estre touché par tout ce qui sera aimable n’est point fait pour l’amour mais pour une passion comune une femme qui pourroit s’engager a un des vingt homes aimables a qui on pourroit la lier et s’y engager quel qu’il fut des vingt n’a point un coeur fait pour l’amour : un coeur fait pour l’amour se rend a un assemblage de qualités aimables qui repondent a l’assemblage des sienes qui forme une combinaison particuliere qui ne se trouve point {f.278v} ailleurs parce que c’est un cas particulier d’une infinite de combinaisons inf c’est pour lors qu’un coeur est fait pour l’amour parce que l’objet qu’il aime n’a pu, ne peut, et ne pourra jamais estre suppléé pour lors la perte de l’amant est sentie comme la perte de l’amour l’univers n’est plus qu’un homme et un homme est l’univers : le coeur a qui n’a rien senti se trouve si etoné de sentir c’est un bien qu’il decouvre dans la nature c’est un nouvel estre que l’on prend ou que l’on trouve : c’est un aussi grand etonement a l’ame de trouver tout a coup un ordre de sentimens qu’elle ne conoissoit pas que si elle decouvroit un nouvel ordre de conoissances tout a coup : excepté qu’ayant deja connu l’un n’est qu’[u]ne acquisition pour elle mais les nouveaux sentimens sont une creation dans elle
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Passage de la main P à la main M |
1968 |
n1. |
Lire : réglisse. |
1968 |
n2. |
Probablement un représentant de la dynastie Le Couteulx, à la tête d’une des plus anciennes et importantes banques parisiennes : voir Michel Zylberberg, Capitalisme et catholicisme dans la France moderne : la dynastie Le Couteulx, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 111. |
1969 |
n1. |
Parmi plusieurs duchesses de Brissac qui ont vécu aux XVIIe et XVIIIe siècles, Saint-Simon a souligné l’esprit de deux d’entre elles : sa sœur, Marie-Gabrielle Louise de Saint-Simon (1646-1684), et la seconde épouse de son beau-frère, Élisabeth de Verthamon (?-1721) ; Saint-Simon, t. I, p. 80-81 et 575. |
1970 |
n1. |
Pierre Nicole, Traité de la grâce générale, s. l., 1715, 2 vol., t. I, 2de partie, 1re section, p. 96 : « […] les livres n’étant que des amas de pensées, chaque livre est en quelque sorte double, et imprime dans l’esprit deux sortes d’idées. Car il y imprime un amas de pensées formées, exprimées et conçues distinctement. Et outre cela il y en imprime un autre composé de vues et de pensées indistinctes, que l’on sent et que l’on aurait peine à exprimer ; et c’est d’ordinaire dans ces vues excitées et non exprimées que consiste la beauté des livres et des écrits ». Sur la formule de Montesquieu et l’influence de Nicole, voir Céline Spector, « L’Essai sur le goût de Montesquieu : une esthétique paradoxale », CM, nº 9, 2005, Montesquieu, œuvre ouverte ? (1748-1755), p. 212-214 ; sur l’implicite dans sa théorie esthétique, voir Carole Dornier, « Esthétique de l’écriture et économie de la pensée chez Montesquieu », dans Du goût à l’esthétique : Montesquieu, J. Ehrard et C. Volpilhac-Auger (éd.), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 114-118. |
1972 |
n1. |
Antoinette-Eustochie Crozat du Chastel, marquise de Gontaut (1728-1747). |