M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
1963
[Passage à la main M] J’estois avec milord Bath[1] ches madame d’Eguillon[2] et je disois que lorsque j’avois harangué le roy[3] j’avois esté fort deconcerté. Mad d’Eguillon dit [:] et milord qui a tant parlè au parlement d’Angleterre n’estoit jamais deconcerté ; il est plus aisé repondis je de parler contre un roy que de parler a un roy :
|
Passage de la main P à la main M |
1964
{f.271r} Je disois on scait qu’il n’a tenu qu’a feu Mr le duc de faire epouser sa seur au roy on voit par les memoires de l’abbé de Mongon qu’il avoit consenti que la branche d’Espagne succedat a la courone au prejudice de la ligne d’O[r]leans et par consequent celle de Bourbon[1] eh bien il a scu faire cela eh bien et le sot s’est donné la reputation d’estre un marchand de bled :
eh bien il ne s’est pas donné la reputation d’home magnanime et le sot parce qu’il estoit un sot il s’est donné la reputation d’un d’estre un marchand de bled - - - - - |
Main principale M |
1965
[Passage à la main P] Le 20 xbre 1749 voicy les reflexions que j’ay faites Mr de La Insenada[1] est un ministre d’Espagne qui a de grandes vües. Il a fait plusieurs operations en voicy une. On scait qu’il venient[2] des Indes des piastres destinées a circuler en Espagne et qu’il y en a d’autres dont on permet l’extraction et sur lesquelles les negotians gagnent cinq pour cent plus ou moins, Mr de La Insenada a jugé a propos de faire ce profit {f.271v} il a refusé l’extraction a nos marchands a envoié des commis dans les pays etrangers et s’est fait banquier luy même, il fait sortir les piastres, les envoie a ses commis qui les vendent aux marchands, moienan de certaines lettres de change paiables a des termes courts apres et quand il est paié il fait remettre son argent a Madrid, ce qu’il peut faire ou en especes ou en ch change ou en marchandises.
En especes cela est dificile, tant mieux s’il le faisoit en marchandises, mais il luy convient mieux de le faire par change.
Voicy ce qu’il auroit falu faire pour interompre son operation suposant qu’il eut a faire remettre a Madrid dix douze quinze millions monoye de France {f.272r} on pouvoit luy oter son profit en faisant baisser le change ce qui pouvoit se faire aisement par le roy en perdant cent ou deux cent mille ecus ce qui est une operation facile. Quand le ministre d’Espagne auroit vu que toute son operation luy auroit produit peu de profit car il ne laise[3] pas d’y avoir des depenses a faire en commis, transport de piastres &c. le jour qu’il auroit recu son memoire il n’y avoit qu’a luy faire presenter une reqte par nos marchands, et luy demander l’extraction moyenan deux pour cent de profit pour le roy, il est certain qu’il auroit accepté ce benefice clair, net et sans peine a une operation moins lucrative, plus couteuse, et plus penible, moyenen quoy {f.272v} il abandonnoit son projet.
On dit qu’il en à un autre c’est de rendre l’Espagne entierement maitresse du commerce de Cadix et d’envoier elle meme sans l’intervention des etrangers les marchandises dans les Indes, tant celles qu’il tirera des manufactures d’Espagne faites ou à faire que de celles qu’il acheptera en France ou en Alemagne, et pour rendre le commerce de Cadix plus independant des etrangers il prete aux Espagnols l’argent necesaire pour faire leurs envois et leur fait des avances, et cet argent qu’ils etoient obligés d’emprunter des etrangers a de groses usures leur donne la facilité de faire leur commerce et les etrangers sont encore privés de ce benefice qui etoit tres {f.273r} considerable, tout le commerce se fairoit donc directement de l’Espagne aux Indes d’autant plus que les etrangers se trouveroient privés des matieres premieres soient laines, argent, l’Espagne jouiroit d’une grande navigation &c.
Pour croiser tout cela voicy ce qu’il fauderoit[4] faire, il n’est point question de faire des representations par des ministres ou embassadeurs chacun est le maitre chez soy, faites des plaintes on vous faira des reponses d’oracles, on aleguera les anciennes loix d’Espagne, autres choses &c. nous avions autre fois un fameux consul a Cadix, qui disoit toujours aux negotians, messieurs, ne me faites point faire de plaintes, mais faites qu’on m’en fasse contre vous. Je seray fort {f.273v} si l’on se plaint de vos contrebandes, des coups de baton que vous aurez donné pour empescher qu’on ne vous visite, mais si vous vous plaignez des injustices qu’on vous aura fait je suis foible, pour revenir a notre propos sans se plaindre des nouveaux reglemens il n’y auroit qu’a permettre secretement à nos negotians d’envoier des vaisseaux bien armés moitié guerre moitié marchandises sur les cotes d’Espagne et et leur dire de penser surtout a n’etre pas pris, ils vienderoit[5] d’abord des plaintes en France nous ne sçavons ce que c’est dirions nous, il faut que ce soit quelques marchands qui ne pouvant plus negocier a Cadix, s’est imaginé de faire la {f.274r} contrebande, nous examinerons cela, mais si vous vouliés faire cesser tous les obstacles que vous metez au commerce generale de l’Europe nous nous en trouverions mieux vous et nous.
On concoit aisement que nos marchands qui enverroient directement des ports de France leurs marchandises a l’Amerique gagneroient 1º la navigation 2º les depenses pour porter dechar decharger, recharger leurs marchandises a Cadix. 3º Les droits du roy d’Espagne. 4º Les longueurs 5º les formalitez tant dans l’alée qu’apres les retours. 6º La facilité de vendre et de vendre a sa fantaisie
- - - - - |
Passage de la main M à la main P |
1966
{f.275r} Les Anglais voiant qu’ils ne peuvent plus obtenir de privilege exclusif en Espagne si ce n’est des dedomagemens pour ce qui leur restoit a jouir de leurs anciens traitez[1] cse sont me semble tournés d’un autre coté ils ont negotié avec le Portugal et ont songé a nous exclure de ce commerce, et outre cela a mettre a terre celuy que nous faisons avec l’Espa l’Espagne, ils ont obtenu des loix somptuaires par lesquelles toutes les modes et bijouteries sont deffendues[2], et tous les draps excepté le drap noir, et les draps etoff c’est a dire qu’ils ont fait en sorte que le Portugal ne prit rien de nous de tous nos draps il n’y avoit que les draps noirs que nous fournissions et pour d’autres marchandises nous ne fournissions que les modes et bijoux[3].
{f.275v} Ce n’est pas tout, ils ont fait en sorte que le Portugal a obtenu des permissions pour envoier des vaisseaux directement aux Indes, et comme le Portugal ne peut pas faire luy seul, ny toute la navigation ny ses envois il se trouve que c’est les Anglois qui le font sous le nom et sous le pretexte des Portugais[4] et que les Français [lettres biffées non déchiffrées] se trouvent exclus sans qu’il paraise qu’on veuille les exclure
- - - - - |
Main principale P |
1967
Nous avons
Nous avons fait cette année 1749. en France une bonne operation nous avons oté les droits de sortie sur la plus part de nos manufactures, mais comme ce que l’on appelle les modes[1], chifons bijoux, se font par une infinité de petits ouvriers, on à laissé ces petits articles qui {f.276r} en font un tres grand, on les a laissé di-je soumis aux mêmes droits qu’auparavant, et le mal reste toujours a cet egard[2].
De plus on a laissé un droit considerable d’entrée sur les matieres premieres[3], et quoyque ce droit soit tres petit c’est toujours un grand desavantage en concurrence ce n’est rien sur une aune, c’est beaucoup sur un gros envoie, et l’etranger qui peut envoier les matieres premieres dans un lieu ou il ne paie rien du tout peut le preferer a l’envoier dans un lieu ou il paie quelque chose, dans la speculation une difference du profit determine à envoier dans un lieu plutot que dans un autre et c’est beaucoup que de mettre quelque obstacle si petit {f.276v} soit-il a l’envoie des matieres premieres
- - - - - |
Main principale P |
1963 |
n1. |
Voir nº 593. |
1963 |
n2. |
Voir nº 1370. |
1963 |
n3. |
Voir nº 1281. |
1964 |
n1. |
Le duc de Bourbon, lors de son ministériat durant la minorité de Louis XV, fit renvoyer en Espagne l’infante, qui devait épouser le roi. On l’accusa de vouloir précipiter une autre union, de crainte, en cas de décès du jeune monarque, d’une transmission de la couronne à la branche d’Orléans. Pâris-Duverney et Mme de Prie, la maîtresse du duc, songèrent à la sœur de ce dernier, Henriette Louis Marie Françoise Gabrielle de Bourbon, dite Mlle de Vermandois (Mémoires de M. l’abbé de Montgon publiés par lui-même, s. l., 1748, t. I, p. 93 ; Saint Simon, t. VII, p. 93 et notes 6 et 7). |
1965 |
n1. |
Zenón de Somodevilla y Bangoechea, marquis de la Ensenada (1702-1781), principal ministre de Ferdinand VI d’Espagne, entreprit entre 1743 et 1754 une série de réformes visant à moderniser l’économie espagnole ; voir Stanley J. Stein et Barbara H. Stein, Silver, Trade and War : Spain and America in the Making of Early Modern Europe, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2000, p. 234-249. Montesquieu l’a probablement rencontré, d’après la conversation avec « M.r de Baranachea » rapportée dans le Spicilège (nº 446). |
1965 |
n2. |
Lire : vient. |
1965 |
n3. |
Lire : laisse. |
1965 |
n4. |
Lire : faudrait. |
1965 |
n5. |
Lire : viendrait. |
1966 |
n1. |
En vertu de l’Assiento (ou Asiento ou Assiente), l’Angleterre, depuis le traité d’Utrecht (1713), bénéficiait, pour trente ans, de l’exclusivité de la traite négrière vers les États du roi d’Espagne en Amérique et de la permission d’envoyer là-bas chaque année un navire de 500 tonneaux (650 les dix premières années), le vaisseau de permission, chargé de marchandises qui pouvaient être librement vendues aux foires de Porto Bello et de Veracruz ; voir nº 2047. Le traité avait été rompu en 1739 avec les débuts de la guerre dite « de l’oreille de Jenkins » (voir nº 1886), alors qu’il devait s’appliquer jusqu’en 1743. Les quatre ans qui restaient furent rendus par la paix de 1748 ([Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. I, art. « Assiente », p. 96). C’est donc entre cette date et la fin de l’intervention du secrétaire P (1750) qu’il faut situer cette remarque. |
1966 |
n2. |
Ces interdictions concernant « la dorure en habits & en meubles, les broderies en soie et les dentelles » sont évoquées dans l’article « Lisbonne », rédigé entre 1755 et 1762, du Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce ([Jean Paganucci], Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. II, p. 289) ; dans le vocabulaire du commerce, les modes désignent tout ce qui se vend pour les « ajustemens des Dames » : voir ibid., t. II, p. 427 (sens non attesté dans les dictionnaires de langue avant Académie, 1835). |
1966 |
n3. |
Par le traité de Methuen (1703), le Portugal, qui avait interdit l’entrée des étoffes de laine étrangères, autorisa celles de Grande-Bretagne et obtint en contrepartie l’exportation de ses vins vers ce pays, ce qui mit fin à la position commerciale dominante de la France au Portugal ; voir [Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. III, p. 522-523. |
1966 |
n4. |
Le commerce du Brésil était réservé aux vaisseaux portugais mais les Anglais, pour les cargaisons au départ de Lisbonne et de Porto, se servaient de prête-noms ([Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. II, p. 739) ; sur cette pratique pour contourner l’exclusif, voir nº 169-170. |
1967 |
n1. |
Sur le sens de ce pluriel, voir nº 1966, note 2. |
1967 |
n2. |
La franchise de droits de sortie pour les étoffes des manufactures du royaume passant directement à l’étranger avait été confirmée par un arrêt du premier juillet 1749 (Tarif des droits d’entrée et de sortie des cinq grosses fermes […], Rouen, Les Libraires associés, 1758, t. I, p. 63-64). |
1967 |
n3. |
L’arrêt du 12 novembre 1749 affranchissait pourtant de tout droit à toutes les entrées du royaume un certain nombre de matières premières textiles (laines non filées, cotons en laine, chanvre et lin non apprêtés, poils de chameaux, chèvres et chevreaux) : voir Tarif des droits d’entrée et de sortie des cinq grosses fermes […], Rouen, Les Libraires associés, 1758, t. I, p. 342 ; [Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. II, p. 388-389 ; Montesquieu ou bien écrit juste avant cet arrêt, ou bien pense aux matières exclues de la mesure, comme les soies et les métaux. |