M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
2246 {f.475r} Materiaux divers
[Passage à la main V] Monsr Rollin m’avoit prié de luy faire une epitre dedicatoire pour Mr le Duc de Richelieu[1], je fis celle cy mais comme elle n’etoit pas assés respectueuse je ne la luy donnay pas.
Je voudrois dedier mon ouvrage a un grand homme, ce n’est point a celuy qui scut assurer la liberté d’une republique alliée[2], ny a celuy qui rappella a Fontenoy la victoire, qui alloit s’egarer, ny a celuy, qui envoyé dans le Languedoc fut le conciliateur de tous les esprits ; encore moins a celuy [à] qui comme on l’a dit dans nos provinces une fée qui presidoit [une lettre biffée non déchiffrée] a sa naissance defendit d’aimer et ordonna de plaire mais a celuy qui connoit et protége les sciences et les arts[3] et qui accorde au mien[4] une faveur particuliere. Puisse-t-il jetter sur moy quelque regard favorable. Je lisois dans les poëtes que les dieux quelquefois descendoient sur la terre et se communiquoient aux mortels.
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Passage de la main Q à la main V |
2247
{f.475v} [Passage à la main S] Il y a en France trois opinions sur la bulle[1] la premiere est celle de ceux qui la croyent une loi de l’eglise et de l’etat[2] la 2de de ceux qui regardent la bulle comme une regle de foi et lui donnent la plus grande autorité qu’il y ait sur la terre. La 3e de ceux qui la regardent comme un decret mauvais en soi, qui condamne des choses bonnes en elles meme. La Ire opinion est celle de presque tous les magistrats et des theologiens sages et eclairés ceux qui tiennent les deux autres opinions certainement ne se rencontreront pas {f.476r} et ce sont les gens qui combattent depuis 40 ans et qui vont gemir sous la loi du silence[3].
On dit aux Irs combattans la bulle n’est point une regle de foi parce qu’un decret ne peut avoir plus d’autorité que le legislateur n’a voulu lui en donner lui meme ce n’est pas par un defaut de pouvoir dans le legislateur qu’elle n’est point une regle de foi mais parce que la nature de la chose y resiste. On dit aux seconds il n’est point douteux que l’eglise ne puisse otter des mains des fideles un livre qu’elle juge dangereux et il n’est pas impossible que des verités ne puissent {f.476v} etre placées dans un livre avec un tel art qu’elles conduisent a des erreurs
Ces deux partis ont combattu a outrance et ce qui a fait le mal ce sont les champions invisibles qui sont entré dans la lice et il y a bien des Rogers qui ont combattu sous les armes de Leon[4].
Aujourd’hui les theologiens semblent se quitter[5] la question change ce qui agitoit depuis 40 ans n’agite plus. Il n’est question depuis un an que de la competence peut etre est-il heureux que cela se tourne {f.477r} de ce coté la et qu’il est plus aisé de decider cette dispute que l’autre parce que cette dispute concerne moins le dogme que les formalités
- - - - - Les theologiens sont come ces oisea oiseaux qu’on envoye pecher on et a qui apres avoir le poisson arreté dans leur gozier par un anneau on substitue un goujon[6]
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Passage de la main V à la main S |
2248
{f.477v} Il paroit visible par les Mille et une nuit. tom 4. hist. de Ganem fils d’Abou Ajoub, surnommé l’esclave d’amour p. 364 qu’en Orient la jalousie est peu offensée de ce qu’une fem̃e aimeroit quelqu’un qu’elle auroit vu et qu’elle n’est offensée que de l’insulte que feroit un hom̃e en jouissant de la feme ou de la maitresse d’un autre ici Tourmente se contente de justifier Ganem qui l’avoit respecté et avoit dit que ce qui est au maitre est sacré pour l’esclave {f.478r} Apres quoi sans que le Calife le lui demande elle lui dit qu’elle avoit conçu de l’amour pour Ganem ce que le Calife ne desapprouve pas et pardonne a Ganem et dit a Tourmente qu’il veut le lui faire epouser[1]
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Main principale S |
2249 Lettres persanesLorsque cet ouvrage parut on ne le regarda pas comme un ouvrage serieux. Il ne l’etoit pas. On pardonna deux ou trois temerités en faveur d’une conscience qui etoit toute a decouvert qui portoit la critique sur tout et le venin sur rien {f.478v} tout lecteur se rendit temoignage a lui-meme : il ne se souvint que de sa gayeté. L’on se fachoit autrefois com̃e on se fache aujourd’hui mais on savoit mieux autrefois quand il falloit se facher
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Main principale S |
2250 Traité du beauVitruve dit que les affaires publiques et particulieres occupent si fort le monde a Rome qu’il y a peu de personnes qui ayent le loisir de lire un livre s’il n’est bien court[1].
{f.479r} Je pourrois dire que dans notre capitale chacun est si fort occupé par la multitude des amusemens qu’on n’y a pas le tems de lire
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Main principale S |
2246 |
n1. |
Sur Joseph Raulin, voir nº 2091. L’épître dédicatoire adressée à « Monseigneur le duc de Richelieu et de Fronsac, pair et maréchal de France » en tête de ses Observations de médecine (Paris, Moreau et Delaguette, 1754, p. iii-iv) faisait allusion aux mêmes titres de gloire du dédicataire que dans cette ébauche mais elle était plus « respectueuse », en omettant d’évoquer ses talents de séducteur (« defendit d’aimer et ordonna de plaire »). En effet, ce mécène, soutien de Voltaire, était surnommé « l’Alcibiade français » pour sa réputation d’homme à bonnes fortunes, qui alimentera des mémoires apocryphes : voir l’introduction de Benedetta Craveri à la Vie privée du maréchal de Richelieu, Paris, Desjonquères, 1993, p. 7-14. Cette épître dédicatoire se trouve dans des Pièces variées contenues dans le carton VI des manuscrits conservés à La Brède (BM Bordeaux, ms 2506/1) ; voir CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 150-151. |
2246 |
n2. |
Gênes, que le maréchal délivre de l’occupation autrichienne en 1747. |
2246 |
n3. |
Lieutenant général et commandant du Languedoc, il fut chargé par le roi, en 1752, d’engager les évêques de la province à adopter une attitude modérée à l’égard des protestants nouvellement convertis (John Pappas, « La répression contre les protestants dans la seconde moitié du siècle », Dix-huitième siècle, nº 17, 1985, p. 111-128). |
2246 |
n4. |
La médecine. |
2247 |
n1. |
Voir nº 1226, 2158, 2164 ; sur cette « petite synthèse sur la question de l’Unigenitus », voir Catherine Maire, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Constitution Unigenitus » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=389]. |
2247 |
n2. |
Expression récurrente dans la lettre de Montesquieu du 9 juillet 1753 à « l’un des MM. du Parlement exilés à Bourges », le président Durey de Meinières ; voir nº 2164, note 2 et Masson, t. III, p. 1466-1467. |
2247 |
n3. |
La bulle Unigenitus, publiée par le pape Clément XI le 8 septembre 1713, fut reçue en France par l’ordonnance du 14 février 1714. La référence aux « 40 ans » de divisions autour de la bulle, répétée plus bas, se retrouve dans la lettre à Durey de Meinières ; voir note précédente, nº 2164, note 2 et Masson, t. III, p. 1466. Cet article est transcrit par le secrétaire Fitz-Patrick en 1754. |
2247 |
n4. |
Roger, personnage du Roland furieux de l’Arioste, sauvé par son rival Léon, fils de l’empereur de Byzance, accepte par gratitude de combattre Bradamante, qu’il aime et qui devra épouser son vainqueur, sous le nom et les armes de Léon. |
2247 |
n5. |
Au sens de se tenir quitte, se faire grâce ; voir Académie, 1740, art. « quitter ». |
2247 |
n6. |
Cf. nº 2176. |
2248 |
n1. |
Les Mille et une nuit [sic], contes arabes, traduits en françois par M. Galland [1704], Paris, Compagnie des libraires, 1747, t. IV, p. 364-368. |
2250 |
n1. |
Vitruve, De l’architecture, V, « Introduction », 3. |