M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
2091 {f.346v} [Passage à la main M] MaladiesIl est certein que l’air de la mer charge de parties salines doit crisper les fibres augmenter leur ressort[1] et diminuer dans les vaisseaux la faculté qu’ils ont de ceder au trop grand mouvement des liqueurs or lorsque l’on arrive par mer dans des climats extremement chauts ou le sang en arrivant se rarefie beaucoup les fibres roides des vaissaux ne peuvent plus se preter voila pourquoy la Martinique et Saint Domingue et les autres isles de ces parages sont si fatales aux etrangers et qu’ils y tombent d’abort dans des fievres caussees par une extreme rarefaction du sang qui ne peut estre guerie que par des s[a]ignées etonantes[2] : cela se prouve par ces circonstances on n’a plus la maladie quand on l’a eue on ne l’a pas quand on a resté q long temps sans l’avoir les gens acoutumés a la mer c’est a dire ceux a qui l’air de la mer a fait moins d’impression sur leurs fibres y sont moins sujets[3]. Enfin malgre les seignees qui semblent avoir epuisé toutes les forces elles reviennent d’abort qu’on est gueri marque certeine du ressort des fibres tout ce qui augmente le ressort des fibres come le vin est fatal[4] tout ce qui augmente leur action come les femmes y {f.347r} actes veneriens y est fatal[5], les femmes y sont moins sujettes parce que leurs fibres sont plus laches[6] et qu’elles ne font point par une retenuë naturelles les debauches qui peuvent augmenter la crispation et que par consequant l’effet de l’air de la mer est plutost reparré :
Voila pourquoy les isles dont le climat est ordinairement sain par lui meme sont si fatales quand elles sont situées dans des climats chauts et l’on ne remarque point que ceux qui arrivent par terre dans les climats chauts y contractent ces maladies de dissolution du sang telles que celles que l’on eprouve en arrivant par mer a la Martinique et autres isles Antilles au continent chaut de l’Amerique aux Indes orientales voila pourquoy lorsque l’on arrive par mer dans des climats froits come au Canada dans les establissements anglois le long du gôlphe du Mexique qui sont au nord on ne conoit point cette maladie voila pourquoy dans les maladies des Antilles l’air est tres sain pour les habitans voila pourquoy elle n’est cette fievre n’est point proprement epidemique[7] on peu voir dans Chardin la maladie de Bender Abassi qui est aussi une dissolution du sang[8], je voudrois comencer ainsi [lettres biffées non déchiffrées] une dissertation
Mr Raulin celebre medecin de Nerac dans une {f.347v} tres bonne dissertation sur les ingrediens de l’air qu’il m’a comuniquée en manuscript[9] a tres bien remarqué que les sels et autres matieres qui estoint des ingredients de l’air de la mer roidissoint les fibres &c[10] : ceci m’a fait faire les refflections suivantes…
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Passage de la main Q à la main M |
2092 Lorsqu’on lit un livre il faut estre dans la disposition de croire que l’autheur a vu les contradictions que l’on imagine au premier coup d’œil s’y rencontrer ainsi, il faut comencer par se deffier un peu de ses jujemens prompts, reprendre les passages que l’on pretend se contredire les comparer ensemble, les comparer encor avec ce qui les precede et ce qui les suit voir s’ils sont dans la meme hipotese si la contradiction est dans les choses ou seulement dans sa propre maniere de concevoir quand on a bien fait tout cela on peut prononcer en maitre il y a la de la contradiction[1]
Ce n’est pourtant pas toujours tout quand un ouvrage est systhematique il faut encor estre sur que l’on tient bien tout le sistheme[2] voyes une grande machine[3] faite pour produire un effect vous voyes des roües qui tournent en sens opposé vous croiries au premier coup d’oeil que la machine va se detruire elle meme que tout le rouage va s’empecher que la machine va s’arrester elle va toujours {f.348r} ces pieces qui paroissont d’abort se detruire s’unissent pour l’objet proposé :
* C’est ma reponse a l’ouvrage de Mr l’abbé de Laporte : |
Main principale M |
2093 Je disois de deux familles toutes deux sottes toutes les deux orgueill l’une sotte l’autre org l’une modeste, l’autre orgeuilleuse, que l’une representoit les sots tels qu’ils sont, l’autre tels qu’ils devroint estre
- - - - - |
Main principale M |
2094 Les femmes a mon advis font tres bien d’estre le moins laides qu’elles peuvent ; il seroit bon qu’elles fussent egalement laides ou egalement belles affin d’otter l’orgueuil de la beauté et le desespoir de la laideur
- - - - - |
Main principale M |
2095 On parloit de l’existance de Dieu
Dieu - - - - - |
Main principale M |
2091 |
n1. |
Sur le ressort des fibres, voir EL, XIV, 2 ; Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 354-391. |
2091 |
n2. |
On n’a pas trouvé trace de ces saignées extraordinaires et la relation de Du Tertre rapporte au contraire qu’on « y saigne fort rarement, & l’on croit que c’est exceder que de saigner cinq fois dans une fièvre violente » (Histoire générale des Antilles, Paris, T. Jolly, 1667, t. II, p. 482). Elle impute les fièvres dont souffrent les nouveaux arrivants, non à cette « raréfaction du sang », mais au « changement de Climat & de vivre, fort differens de ceux de l’Europe, qui sont cause de ce déreglement d’humeurs » (ibid., p. 478). Sur les variations organiques liées aux convenances climatiques, voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 473-479. |
2091 |
n3. |
Cf. l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 269, l. 954-956. |
2091 |
n4. |
Voir nº 86 et EL, XIV, 10. |
2091 |
n5. |
Voir nº 408 ; Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 243. |
2091 |
n6. |
Cf. Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 236-237, l. 289-290. |
2091 |
n7. |
Voir nº 137, note 2. |
2091 |
n8. |
Selon Chardin, dans la région de Bender Abbassi, ou Gomron (auj. Bandar Abbas), ville de Perse située sur le détroit d’Ormuz, entre la mer d’Oman et le golfe Persique, « [l]es maladies les plus ordinaires […], sont la dyssenterie, le flux de sang, & les fievres malignes » (Chardin, t. IX, p. 239). Le voyageur insiste sur la mauvaise qualité de l’eau et présente avec précision l’air particulièrement malsain du lieu (ibid., p. 236-238). |
2091 |
n9. |
Joseph Raulin (1708-1784), médecin qui prit ses degrés à la faculté de Bordeaux, était membre de l’académie de cette ville et médecin ordinaire de Nérac. Il avait dédié à Montesquieu son traité intitulé Des maladies occasionnées par les promptes et fréquentes variations de l’air (Paris, Huart et Moreau, 1752). Sa dissertation fut envoyée en 1752 à l’académie de Bordeaux (BM Bordeaux, ms 828, t. 105, nº 2) et publiée dans ses Observations de médecine (Paris, Moreau et Delaguette, 1754, p. 327-410). Dans la continuité d’Hippocrate et d’Arbuthnot, l’auteur insiste sur l’idée de variation de l’air comme cause des maladies. |
2091 |
n10. |
Voir LP, 117 (121), p. 456, l. 3-5, avec l’addition des cahiers de corrections intégrée à l’édition des Œuvres complètes de 1758. Sur l’influence de l’air, voir le fragment de la dissertation Sur la différence des génies (BM Bordeaux, ms 2514) dans : Catherine Volpilhac-Auger, « La dissertation Sur la différence des génies : essai de reconstitution », RM, nº 4, 2000, p. 234-235 [en ligne à l’adresse suivante : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article326]) et l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 233-236. |
2092 |
n1. |
L’abbé Joseph de La Porte (1714-1779), collaborateur de Fréron, nommé à la fin de cet article, écrivit, après la publication de la Défense de l’Esprit des lois, des Observations sur « l’Esprit des lois », ou l’art de lire ce livre, de l’entendre et d’en juger (Amsterdam, P. Mortier, 1751) ; voir nº 2057. Jugeant que l’ouvrage n’a « pas de méthode bien suivie » (ibid., p. 3), il s’attachait à proposer un ordre thématique permettant de lever ses obscurités, pointait au passage les contradictions de Montesquieu et suggèrait même une nouvelle composition (ibid., p. 14) ; sur le personnage, voir l’article que lui a consacré Anne-Marie Chouillet dans le Dictionnaire des journalistes (1600-1789), J. Sgard (dir.) [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/455-joseph-de-la-porte]. |
2092 |
n2. |
Cette justification rejoint celle de Boulenger de Rivery qui publia une Apologie de « l’Esprit des lois » ou Réponses aux « Observations » […] (Amsterdam, 1751), dans laquelle il cherchait à lever les contradictions relevées, à faire valoir un plan conforme au « dessein » de l’auteur, et se demandait si les critiques de La Porte « tombent sur une partie essentielle du systême, ou seulement sur quelques endroits de détail, indépendans du fonds même de l’Ouvrage » (ibid., p. 15). L’essentiel à ses yeux était « qu’il y ait de la méthode en grand : il peut y avoir dans le détail des choses qui paroissent détachées, & qui ne servent qu’à mieux lier tout le systême » (ibid., p. 25). |
2092 |
n3. |
Sur l’usage de cette image pour caractériser l’art de la composition, voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 863 et suiv. |