Afficher Masquer
Passages biffés :
Sauts de pages :
Changements de mains :
Mots clés en marge
(main T) :
DistinguerIntégrer
Corrections du transcripteur :

Fermer

Accueil|Présentation du projet|Abréviations|Introductions|Texte|Index

Français|English Contacts

Volume I|Volume II|Volume III|Citer le texte et les notes| Écritures|Affichage

Pensées 137 à 141

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

Fermer

M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

Fermer

Pensées, volume I

137

Il

Peste

me semble que nous ne sommes pas en etat de en Europe de faire les observations convenables sur la peste[1] ; cette maladie qui y est transplantée ne se manifeste pas avec des simptômes naturels, elle varie plus selon la diversité des climats, sans compter que n’etant pas continuelle et se passant des siecles entiers d’intervalles on ne peut pas faire des observations continuelles[2] outre que les observateurs sont si troublés de crainte qu’ils ne sont en etat d’en faire aucune.
Mais il faudroit envoyer des observateurs bien exacts bien eclairés bien payés dans les lieux ou cette maladie est epidemique[3] et arrive tous les ans comme en Egypte et dans plusieurs endroits d’Asie {p.123} il faudroit voir quelles en sont les causes quelles saisons sont favorables ou contraires, les vents, les pluyes, la nature du climat, quels ages quels temperamens y sont les plus exposés, quels remedes

Remedes

quels preservatifs, quelles cures, quelles varietés ; avoir des observations de plusieurs lieux de plusieurs tems se servir de quelques lumieres que nous peuvent donner certains pays[4] : l’Egypte entr’autres est sujette a la peste toutes les années, et elle cesse d’abord qu’une certaine pluye qu’on apelle la goutte[5] a tombé, il faudroit examiner la nature de cette goutte et voir si avec des eolipiles[6] on ne pourroit pas produire dans les les chambres des malades une goutte artificielle comme on a imité par art tous les phenomenes de la nature. Mr Lemeri[7] ayant fait des tremblemens de terre, des bombes &c : on a trouvé des remedes dans la patrie de la verole[8] qui n’etoient point dans nos climats et on pourroit citer bien des exemples semblables.

Main principale D

138

{p.124}

Remedes

Quand on dit que la nature est si prevoyante qu’elle fait toujours trouver des remedes particuliers dans les lieux qui sont affligés de certaines maladies parce que sans cela les hommes n’y auroient pas pu subsister[1], il faut faire attention que l’on raisonne a priori quoique peut etre on feroit peut etre mieux de les raporter simplement aux differentes combinaisons : il y a de certains lieux sur la terre inhabitables d’autres qui sont habitables sans aucun inconvenient d’autres enfin qui ne seroient pas habitables a cause de certains inconveniens, s’il ne s’y etoit pas rencontré des remedes a ces inconveniens, ainsi il n’est pas je crois vrai que par une providence particuliere les remedes ayent eté etablis dans de certains lieux pour les rendre habitables[2], mais il faut dire que les remedes s’y etant trouvés, les lieux ont eté rendus habitables

- - - - -

Main principale D

139

{p.125} Sabis est un fleuve qui se jette dans le Danube selon Justin p. 232. l. 32. je ne l’ai trouvé ni dans Baudran ni Etienne de Byzance, Holstenius, Moreri, Bayle, ni Corneille[1].

- - - - -

Main principale D

140

Il

J’ay mis cela dans le Journal

seroit difficile de trouver dans l’histoire deux princes qui se soient si fort ressemblés que le roi de Suede Charles 12. et le dernier duc de Bourgogne

Journal ouvrage de l’auteur

même courage même suffisance

Parallelle de Charles XII et du der duc de Bourgogne

, même ambition même temerité même succés mêmes malheurs mêmes desseins executés dans la fleur de l’age et dans le tems que les autres princes sont encor regentés par leur gouverneur[1]. Charles 12[2]. a entreprits de detrôner le roi Auguste[3] comme il le Charolois entreprit de detrôner Loüis 11e et lorsqu’il etoit [un mot biffé non déchiffré] couvert de gloire il va perdre toute son armée devant Pultovat comme l’autre perdit la sienne devant Morat[4].

Main principale D

141

{p.126} Du 22 xbre 1722.
Il paroit ici une piece qu’on apelle la Fagonnade : une violente taxe a donné a l’auteur le feu et le fiel de Rousseau[1] ; le poëme de Racine sur la grâce est i est ici infiniment admiré et meprisé[2].

- - - - -

Main principale D


137

n1.

Une violente épidémie de peste ravagea la Provence en 1720-1721 (Spicilège, nº 316). La correspondance de Montesquieu révèle son intérêt pour la maladie (OC, t. 18, p. 34 et p. 41-42), étudiée aussi à l’académie de Bordeaux (Rebecca Kingston, « La crainte despotique de Montesquieu et sa fonction politique pour un régime modéré », dans Montesquieu, la justice, la liberté, Bordeaux, Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 2007, p. 47-66). Cf. LP, 109 (113), p. 436, l. 14-18.

137

n2.

Sur la nécessité d’observations renouvelées pour éclaircir certains phénomènes naturels, cf. l’Essai d’observations sur l’histoire naturelle (1719 ; OC, t. 8, p. 212). La communication « éternelle » des maladies, due aux transports, et leur évolution manifestent le changement continuel sur la terre (cf. nº 86, 101, 102).

137

n3.

« Mal contagieux qui court parmi le peuple » (Furetière, 1690, art. « Épidemique »). Nous utiliserions le terme endémique, puisque l’idée est de pouvoir faire des « observations continuelles ».

137

n4.

Cette liste de variables évoque le traité qu’Hippocrate adresse au médecin itinérant, dans Des airs, des eaux, des lieux, dont Montesquieu a fait un extrait de lecture (BM Bordeaux, ms 2526/6 ; Masson, t. III, p. 712-713). La question du transport des maladies (nº 86) ou du rapport entre le remède et le climat (nº 138) manifeste une même sensibilité à une médecine des lieux.

137

n5.

Montesquieu évoquera l’Égypte, « siège principal » de la peste, à propos des lois visant à empêcher sa propagation (EL, XIV, 11). Le phénomène de la goutte est décrit dans la Nouvelle relation […] d’un voyage fait en Égypte du père Johann Michael Wansleben (Paris, Michallet, 1677, p. 48-49 – Catalogue, nº 2757, éd. de 1698 ; extrait perdu, Geographica, p. 416), mentionné dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 235) ; voir aussi l’extrait des Voyages de Bernier dans les Geographica, p. 344.

137

n6.

« Petite boule de fer ou de cuivre, ayant une queue où il y a un fort petit trou pour la charger ; on la chauffe pour raréfier l’air qui est dedans, & puis on la jette dans l’eau. Il y en entre autant qu’il faut pour remplir le vuide que laisse l’air condensé par la froideur de l’eau ; & quand cette boule est derechef mise au feu, il en sort du vent avec une impétuosité & une durée qui surprennent » (Furetière, 1690, art. « Eolipile »). Sur des observations à partir de cet appareil, imaginé par Héron d’Alexandrie (Ier siècle) pour mettre en évidence la force motrice de la vapeur d’eau, voir les Expériences de physique de Pierre Polinière (Paris, J. de Laulne, 1709, p. 234-239 – Catalogue, nº 1527, éd. de 1718).

137

n7.

Nicolas Lémery (1645-1715), pharmacien et chimiste, auteur d’un Cours de chimie (Paris, J.-B. Delespine, 1713 – Catalogue, nº 1340) et d’une Pharmacopée (Paris, L. d’Houry, 1716 – Catalogue, nº 1305).

137

n8.

L’Amérique, selon le nº 216.

138

n1.

Sur l’aménagement des lieux et sur la prévoyance de la nature, voir l’Essai d’observations sur l’histoire naturelle (1719 ; OC, t. 8, p. 219-222). Montesquieu soulignera dans L’Esprit des lois, sans référence à la Providence, comment les hommes « ont rendu la terre plus propre à être leur demeure » (XVIII, 7).

138

n2.

Cf. Spicilège, nº 298. La conclusion (« mais il faut dire que […] ») est absente du Spicilège, où Montesquieu note : « il faut que je mette en œuvre ces pensées que je n’ai pas bien digerées encore ».

139

n1.

Justin mentionne la Save (« Sabi »), rivière de Pannonie, affluent du Danube (Justini historiarum ex Trogo Pompeio Lib. XLIV. Cum notis Isaaci Vossii, Leyde, Elzevir, 1640, XXXII, 3, p. 220-221 – Catalogue, nº 2845). Le Dictionnaire géographique de Baudrand comporte deux articles « Sabis », l’un pour la Sambre, l’autre pour un fleuve de Perse (Geographia ordine litterarum disposita, Paris, S. Michalet, 1682 – Catalogue, nº 2452). Montesquieu possédait une édition du fragment du dictionnaire géographique d’Étienne de Byzance, grammairien ayant vécu de la fin du Ve siècle au début du VIe siècle apr. J.-C. (Stephani Bysantini De urbibus […], [éd. grec-latin], Leyde, [F. Haaring], 1694 – Catalogue, nº 2645), sur lequel Holstenius (Lucas Holste ou Holstein, 1596-1661) a composé des remarques (Holstenii Lucae Notae et castigiones in Stephanum Bysantinum de urbibus, Leyde, [J. Hackium], 1684 – Catalogue nº 2625). Il a consulté le Grand Dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane de Moreri (Paris, J.-B. Coignard, 1704 – Catalogue, nº 2504), le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697), le Dictionnaire universel géographique et historique de Thomas Corneille (Paris, J.-B. Coignard, 1708 – Catalogue, nº 2468).

140

n1.

Cf. le premier paragraphe des Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie (env. 1731-1733, OC, t. 9, p. 51). Cet article transcrit par le secrétaire D, antérieur à avril 1728 et à sa réutilisation dans les Réflexions, est la première trace d’un projet de recueil ou d’ouvrage désigné par divers titres : Journal (nº 140, 162, 194, 318, 478), Journal espagnol (nº 472), Journaux de livres peu connus (nº 1692), Bibliothèque (nº 173), Bibliothèque espagnole (nº 524-526), Princes (nº 540, 610) ou Prince (nº 628, 640, 1565, 1631 bis), ou Traité du prince (nº 1253). Des Princes est aussi le titre d’un morceau de deux pages autographes [1725], partie de l’annexe au Traité des devoirs intitulée De la politique (OC, t. 8, p. 521-522).

140

n2.

Voir OC, t. 9, p. 51. Le personnage de Charles XII, roi de Suède, a alimenté une importante littérature dans la première moitié du XVIIIe siècle (voir l’introduction à l’Histoire de Charles XII de Voltaire, dans Œuvres complètes, G. von Proschwitz (éd.), Oxford, Voltaire Foundation, 1996, t. IV, p. 5-6 et 11-19), avant même l’ouvrage que Voltaire lui consacre (1731). En 1728, Montesquieu a pu se documenter dans la Gazette d’Amsterdam (LP, 122 [127]), dans les Voyages du sr de La Motraye en Europe, Asie et Afrique (La Haye, T. Johnson et J. Van Duren, 1727 – Catalogue, appendice 5, p. 421). Sa bibliothèque ne contient ni les livres publiés anonymement par Daniel Defoë (The History of the Wars of his Late Majesty Charles XII […] by a Scots Gentleman in the Swedish Service, Londres, A. Bell, 1715 ; Some Account of the Life […] of Georges Henry Baron of Görz, Londres, T. Bickerton, 1719), qui avaient contribué à la légende du souverain, ni l’Histoire de Suède sous le règne de Charles XII […] de Limiers (Amsterdam, Jansons, 1721), utilisée par Voltaire ; voir Diego Venturino, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Charles XII, roi de Suède » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=260]. Sur la lutte entre Louis XI et le duc de Bourgogne, Montesquieu possède les Mémoires de Philippe de Commynes (Mémoires sur les principaux faits et gestes de Louis 11e et de Charles 8e, Paris, P. Le Mur, 1615 – Catalogue, nº 2920-2922).

140

n3.

Auguste II de Pologne (1670-1733), allié du tsar, chassé du trône par Charles XII, s’y rétablit après la défaite du roi de Suède à Poltava ou Pultawa (Ukraine) devant l’armée de Pierre le Grand (8 juillet 1709), étape décisive de la guerre du Nord, qui met fin aux conquêtes fulgurantes du souverain suédois.

140

n4.

Morat (canton suisse de Fribourg), où Charles le Téméraire perd une bataille décisive devant les Suisses (22 juin 1476).

141

n1.

Selon Mathieu Marais, cette satire, attribuée par certains à Jean-Baptiste Rousseau, dont Montesquieu apprécie le style épigrammatique (voir nº 1530), serait de Guillaume Plantavit de La Pause, abbé de Margon. Elle concernait l’action de Louis Fagon (1680-1744), fils du médecin de Louis XIV, intendant des finances du Régent depuis le 27 mars 1722, qui présidait le bureau des taxes (Journal et mémoires de Mathieu Marais […] sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-1737), M.-F.-A. Lescure (éd.), Paris, Firmin-Didot, 1864, t. II, p. 381, 388-393, décembre 1722 [voir en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57244886/f398.image.r=.langFR]). Le président Barbot avait transcrit cette satire dans son Sottisier (Correspondance I, p. 48-49n).

141

n2.

Louis Racine est l’auteur d’un Poème sur la Grâce (s. l. n. d. [Paris, J.-B. Coignard, 1720]), qui défend la notion janséniste de délectation victorieuse.