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Pensées 233 à 237

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

233

Il n’y a que les mariages qui peuplent. On les decourage en France 1º en ce que {p.250}

Mariage

les loix donnent de si grands avantages nuptiaux aux femmes que chacun craint de se marier, de maniere qu’on se croit voit ruiné si on survit a sa femme, ou qu’on voit ses enfans ruinés si on ne lui survit pas. Ce sont les hommes qu’il faut encourager aux mariages et non pas les filles par ce que la situation ou elles sont les porte assés au à se marier l’honneur ne leur permettant de goûter des plaisirs qu’en commençant par le mariage.
Les peres sont egalement assés portés a se defaire de faire cesser l’etat perilleux de leurs filles.
Des loix sages devroient favoriser les secondes nôces, les notres les decouragent, il y a encor parmi nous ce malheur que la condition des gens qui ne sont pas mariés est la plus favorable, ils jouissent de toute la faveur des loix sans avoir les charges de la republique, le mariage est d’ailleurs defavorable en ce qu’il decide des rangs et borne les conditions

- - - - -

Main principale D

234

{p.251}

Population de la Chine

Ce que j’ai dit de la depopulation de l’univers demande demande quelque modification a l’egard de la Chine qui semble etre dans un cas particulier[1] quoiqu’ils tuent tuent leurs enfans[2]

La population de la Chine 1º il n’y a point d’eunuques [...]

Il faut que la constitution du climat de ce pays favorise la generation[4] a quoi on peut ajoûter la douceur et la justice du gouvernement[5], l’abondance generale de toutes les choses necessaires a la vie[6]

Ris cause de la population de la Chine[7] et des autres pais ou il en vient :

, l’impuissance ou sont les Chinois d’avoir la guerre avec leurs voisins excepté les Tartares, leur pays etant entierement separé des autres. Ce pays ne doit pas etre si peuplé a present que le disent les anciennes relations a cause des guerres des Tartares et de l’introduction de la secte de Foë[8] &c.

Durée de l’empire chinois

La merveille de la durée de l’empire chinois s’evanoûit lorsqu’on en approche de prés, ce n’est pas plus le même empire que celui de Perse est le même que celui de Cyrus, et que {p.252} le gouvernement d’Europe est le même que du tems de Cesar, la Chine etant separée des autres nations on l’a toujours regardée comme un empire particulier quelque revolution qu’elle ait subi[9].
Les Chinois quoiqu’on en

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Main principale D

235

Les Chinois quoi qu’on en dise etoient des peuples barbares, ils ont mangé de la chair humaine &c. Ce fait est je croy faux quoy que raporté par la relation des deux voyageurs arabes[1]

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Main principale D

236

Ce

Huguenots

qui soutint le parti huguenot dans la guerre civile qui se fit en Poitou et provinces de dela la Loire sous Charles neuf fut la vente qui fut faite par les chefs des huguenots des biens ecclesiastiques[1], les huguenots de ces contrées y employant hardiment ce qu’ils avoient a cause du bon marché et de l’esperance qu’on leur donnoit que l’autorité du roi ni la religion catholique ne rentreroit jamais dans sces ces contrées.

Main principale D

237

{p.253} Je ne ferai point d’epitre dedicatoire, ceux qui font profession de dire la verité ne doivent point esperer de protection sur la terre[1].
J’entreprens un ouvrage de longue haleine, l’histoire de la societé est plus feconde en grands evenemens que celle des nations les plus belliqueuses ; on y trouve une grande compagnie[2] dans une guerre continuelle contre un monde d’ennemis, attaquer et se deffendre avec le même succés, to courage, toujours obstinée dans les bons et dans les mauvais succés, elle profite des uns par son adresse et sçait reparer les autres par sa fermeté. C’est sous l’etendart de la religion que l’on combat pour des interêts purement humains et qu’on travaille a s’entredetruire : les princes qui sont amenés sur la scene augmentent le trouble bien loin de l’appaiser, et au lieu de se porter pour mediateurs, ils deviennent eux mêmes chefs de parti.

Main principale D


234

n1.

Montesquieu a exploré les causes physiques et morales de la dépopulation du monde dans les Lettres persanes (LP, 108-118 [112-122]), croyance fondée sur les estimations d’Isaac Vossius, discutées par Bayle (Dictionnaire historique et critique, 1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, p. 431, note 2). Dans le sombre tableau d’un monde épuisé, la Chine fait figure d’exception par son « peuple si prodigieux » (ibid., p. 453). Cet article est un jalon dans une réflexion reprise au livre XXIII de L’Esprit des lois ; voir Céline Spector, Montesquieu et l’émergence de l’économie politique, Paris, H. Champion, 2006, p. 306-337. Montesquieu tire ses informations de Renaudot, des Quelques remarques sur la Chine […], mémoire attribué à Fréret (1719-1720 ; Geographica, p. 113-130), implicitement des Lettres édifiantes (voir ci-après) et, pour la première note ajoutée en marge, des entretiens à Rome en 1729 avec Mgr Fouquet. Transcrit par le secrétaire D, le premier jet est antérieur à avril 1728 ; les biffures et ajouts, comme au nº 235, témoignent d’une reprise de la réflexion après les voyages. Sur les rapports de l’auteur à ce pays, voir l’ouvrage de Jacques Pereira, Montesquieu et la Chine, Paris, L’Harmattan, 2008.

234

n2.

Les infanticides chinois sont mentionnés chez La Loubère et Renaudot (Geographica, p. 80, 96-97). Cf. EL, XXIII, 16.

234

n3.

Spicilège, nº 483, p. 435. Montesquieu critiquera Du Halde pour n’avoir pas relevé cette cause et l’abondance de riz comme les « deux seules bonnes raisons » de la multitude des habitants en Chine (Geographica, p. 208). Contrairement à cette note, la conversation du 1er février 1729 avec Mgr Fouquet signale la présence des eunuques auprès de l’empereur (Spicilège, ibid.), fait qui ne cadre pas avec le rôle attribué par l’auteur à la castration, au monachisme et au célibat des prêtres dans la dépopulation de l’univers (LP, 113 [117]).

234

n4.

L’explication climatique de la fécondité chinoise deviendra prégnante dans L’Esprit des lois (VIII, 21 ; XXIII, 16).

234

n5.

Ce facteur de fécondité avait été signalé dans les Lettres persanes (LP, 118 [122], p. 461, l. 1-2 ; voir aussi EL, XXIII, 11). La première rédaction partage la vision des missionnaires jésuites sur le régime chinois, en particulier celle des lettres du père Contancin, écrites en 1725 et 1727 : voir Lettres édifiantes et curieuses de Chine par des missionnaires jésuites (1702-1776), I. et J.-L. Vissière (éd.), Paris, Desjonquères, 2001, p. 143-167. Les Quelques remarques sur la Chine […] évoquent une tyrannie et une justice sanguinaire (Geographica, p. 124-125) ; sur les illusions des missionnaires, voir EL, VIII, 21.

234

n6.

Mêmes idée et expression (« abondance […] de toutes les choses necessaires a la vie ») chez Renaudot (Geographica, p. 100).

234

n7.

Voir Geographica, p. 156.

234

n8.

Voir nº 1544.

234

n9.

L’allusion au célibat des moines de la secte de Foë, l’impression de durée de l’Empire chinois liée à sa séparation d’avec « tout le reste du monde », le parallèle avec l’Empire perse sont tirés des Quelques remarques sur la Chine […] (Geographica, p. 113, 124).

235

n1.

L’addition biffée, comme les commentaires des Geographica (p. 87, l. 3 ; p. 95, l. 209), témoigne des doutes de Montesquieu à l’égard des Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans de Renaudot (Paris, J.-B. Coignard, 1718).

236

n1.

L’évocation de cette vente de 1578 est empruntée à Mézeray (Histoire de France, depuis Faramond jusqu’à maintenant, Paris, M. Guillemot, 1643-1651, 3 vol., t. II, « Charles IX », année 1568, p. 1004 – Catalogue, nº 3012). Voir nº 214.

237

n1.

Cf. LP, p. 137, l. 1-2.

237

n2.

Le terme de compagnie semble renvoyer aux jésuites.