M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
356 Pensées qui n’ont pu entrer dans mon dialogue de Xantipe :En verité Gilipe si les dieux ne m’avoint mis sur la terre que pour y mener une vie voluptueuse je croirois qu’ils m’auroint doné en vain une ame grande et immortelle ; joüir des plaisirs des sens est une chose dont touts les homes sont capables et si les dieux ne nous ont faits que pour cela ils ont fait un ouvrage plus parfait qu’ils n’ont voulu, et ils ont plus executé qu’entrepris[1].
Cet article est dans le dialogue de Lisimaque. |
Main principale M |
357 Sparte
Sparte |
Main principale M |
358
{p.347} Je n’aime que ma patrie je ne creins que les dieux je n’espere que la vertu.
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Main principale M |
359 Fragmans
Fragmens d’une tragedie Pompée me dit Je te quitte dit il mais je seray fidelle Je vole ou le destein du monde entier m’apelle Mais je te laisse un fils le fruit de nos amours L’image d’un epoux qui t’adore toujours Il partit et bientost les discordes civiles Desolerent les champs renverserent les villes Et dans Pharsale enfin Cæsar victorieux Vit rougir les mortels des caprices des dieux ……………………………………………..
Songe Une nuit que j’estois dans cet estat tranquile Ou notre esprit plus libre et moins apesanti A l’empire des sens n’est point assujeti ………………………………………………
Britomare dit J’ai couru mile fois après ma liberte Mais ne pouvant eteindre un feu qui me devore Je n’ay pu m’empecher d’aimer ce que j’adore
{p.348} ………............................
Le sang dont vous sortes Touts les rois touts les cœurs qui vous rendent homage Et la divinité peinte dans son ouvrage …………………………
Mais bien loin que j’eteigne une flame si belle Touts mes efforts ne font que la rendre æternelle ………………………………………..
Helas il faloit donc derober a ma vüe Les celestes atraits dont vous estes pourvüe Tel est cet art puissant qu’ils ont de nous charmer Comencer a vous voir c’est comencer d’aimer Un moment a vu naitre une flame æternelle Chaque instant qui le suit vous presente plus belle Il me fait decouvrir mille nouveaux atraits Je voy touts les amours dans un seul de vos traits Si l’on est criminel allors qu’on vous adore Je seray touts les jours plus criminel encore Mais pourquoy mon amour seroit il odieux Les adorations n’offensent point les dieux ………………………………………………..
Ah ne m’imputes point la fureur de mes armes, Tout mon crime est d’avoir ignoré tant de charmes Pourquoy me cachiés vous l’eclat de vos beaux yeux J’aurois cedé madame a ces rois a ces dieux J’aurois emprunté d’eux les foudres redoutables J’aurois emprunté d’eux les traits inevitables {p.349} Et marchant sur vos pas combatant sous vos loix J’aurois su tout sommettre a ces dieux a ces roix ………………………………………………….
Que vos ressentimens tombent avec vos chaines Et dans le rang supresme ou vous ont mis les dieux Venés madame apprendre a pardoner come eux …………………………………………………..
Tigrane dit Ma moindre passion est toute violante C’est une orage affreux d’une ame turbulante La raison ne voit rien dans cette epaisse nuit …………………………………………..
Un aman plus hureux qui porteroit mes cheines Dans ce raport confus de plaisirs et de peines Tantost plus languissant tantost plus animé Jouiroit du plaisir d’aimer et d’estre aimé …………………………………………….
Elise dit Dans l’estat ou je suis helas puis je te dire Et pourquoy je me trouble et pourquoy je soupire Si Mars et ses fureurs me donent de l’effroy Ou quelque dieu plus fort qui veut regner sur moy Je me sens toutte emüe et peut estre Phoedime Que cette emotion est elle meme un crime ………………………………………………..
Quand un coeur pour hair se contraint et se gesne Ges Il trouve que l’amour est bien pres de la haine ………………………………………………………
L’amour portant ses droits sur tout ce qui respire {p.350} De la terre et du ciel ne forme qu’un empire …………………………………………………..
Je n’ay plus d’enemi quand je n’ay plus d’egal ……………………………………………………
Elise a Tigrane Non tu fais naitre seul toutes mes passions Mon coeur tout plein de toy se ferme a tout le reste Si tu scavois cruel combien je te deteste ……………………………………………………
Je ne vous ecoutois pas quand vous estiés couvert de gloire Croyes vous que Je vous entende mieux de l’abisme ou vous estes : ……………………………………………………..
Je ne scay si dans les transports dont je suis agité Vous verrés mon amour ou ma temerité ………………………………………………
Vous avés scu me veincre apres tant de combats En un mot je vous aime et je n’en rougis pas Il faloit en rougir quand mon ame insensée En osa concevoir la premiere pensée Il faloit en rougir quand le cruel poison Laissoit a mon esprit un reste de raison Que tantost abatüe et tantost triumphante Je deffendois encor ma liberté mourante Mais sans faire aujourd’hui des efforts superflus J’aime j’ose le dire et je n’en rougis plus ………………………………………………..
Phraate de Britomare Un seul de ses regards m’intimide et m’acable {p.351} Je ne puis soutenir son superbe maintien L’astre qui le vit naitre est plus fort que le mien Au funeste recit de ses faits magnanimes Je le croy voir armé pour punir touts mes crimes Et ce heros terrible a mon esprit confus Montre autant d’enemis qu’il fait voir de vertus. ………………………………………………………...
Tigrane dit Dieux C’est vous qui n’avés mis le sceptre dans mes mains Que pour faire d’un roy le dernier des humains Je n’acuse que vous d’un dessein si sinistre Et Britomare encore enfin n’en est que le ministre Vous n’aurés plus de droits sur un infortuné Je vous rends jusqu’au jour que vous m’avés doné …………………………………………………….
Britomare dit un grand coeur Ne veut point eluder l’arrest des destinées Toujours sans s’emouvoir il attend le trepas Et lors que le ciel parle il ne l’en dedit pas ………………………………………………
Tigrane dit Qu’entends je est il bien vray quelles douceurs secretes Les dieux sont apaisés madame si vous l’estes. ……………………………………………….
Elise dit La mort est un cruel tourment Qui pour adorer Britomare Ne me laisse plus qu’un moment {p.352} Phraate dit Lors que je me beignois dans le sang de mes freres Les dieux les justes dieux ne m’estoint point contraires Dans un calme profond ils me laissoint regner Un si grand criminel se faisoit epargner Ceux mesmes dont le sang fut versé par mes crimes Pour apaiser le ciel me servoint de victimes Ce ciel qui n’osant plus foudroyer icy bas Sembloit creindre un mortel qui ne le creignoit pas Mais depuis que perdant mon audace premiere Arbate j’ay voulu faire un pas en arriere Depuis que la vertu s’est montrée a mes yeux Que j’ai quité le crime et respecté les dieux Depuis ce temps fatal ma funeste innocence N’a fait pleuvoir sur moy que heine et que vengence Et dans le precipice Sans cesse malhureux toujours persecuté J’ay senti tout le poids de la divinité : |
Main principale M |
360 On dit qu’a Venise depuis les l’acomodement avec Paul V les eclesiastiques ne peuvent plus faire d’acquisitions nouvelles mais sont obliges de porter leur argent a une banque ou on leur paye l’interest de facon qu’avec les nouveaux capitaux ils payent les interets des anciens[1] je voudrois qu’en France on en usat de meme a peu pres pour les nouvelles acquisitions et qu’on obligeat le clerge de vendre la motié de ses fonds en contrats sur l’hotel de ville[2] ensuitte on vendroit augmenter augmentroit il est bon que le clergé ait ses fonds en argent car il augmente toujours en Europe : il est bon que le fonds soit dans la main du prince :
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Main principale M |
356 |
n1. |
Cf. Lysimaque [1751], OC, t. 9, p. 420, l. 26-31. Dans l’opuscule publié, Gilipe est devenu Lisimaque dont l’interlocuteur est Calisthene. |
359 |
n1. |
Cléopâtre, publiée en 12 volumes entre 1647 et 1658, est l’un des quatre romans de La Calprenède que possédait Montesquieu (Catalogue, nº 2234) : il lui emprunte les noms de ses personnages. |
359 |
n2. |
Montesquieu aurait ébauché cette tragédie lors de ses études chez les oratoriens de Juilly (Jean Tarraube, Montesquieu auteur dramatique, Paris, Lettres Modernes Minard (Archives des Lettres Modernes), 1982). |
360 |
n1. |
Deux lois de la république de Venise (1604 et 1605) soumettaient toute construction de nouveau couvent à l’autorisation de l’État et interdisaient l’extension des biens ecclésiastiques par donation ou par vente, conduisant à un conflit avec Paul V (Camillo Borghese), pape de 1605 à 1621. Une réconciliation publique eut lieu (1607) avec levée des censures épiscopales (Dictionnaire historique de la papauté, P. Levillain (dir.), Paris, Fayard, 1994, art. « Paul V »). Sur les biens ecclésiastiques, cf. nº 273. |
360 |
n2. |
Voir nº 274, note 19. |