M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
74
On peut dans le monde avoir de la politesse en conservant sa liberté.
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Main principale D |
75 Quand Elisabeth donna des juges a Marie Stuart elle affoiblit dans l’esprit des Anglois l’idée de la grandeur souveraine. Il y a aparance que Cronvel n’auroit jamais immaginé de faire couper la teste a l’un si on n’avoit fait couper la teste a l’autre[1]
- - - - - |
Main principale D |
76
{p.67} On peut dire que tout est animé
Laissant la pensée a l’home il est difficille de refuser le sentiment a tout ce [...] L’organisation soit dans les plantes soit dans les animaux ne peut guere etre autre chose que le mouvement des liqueurs dans les tuyaux : des liqueurs circulantes peuvent facilement former d’autres tuyaux ou en allonger d’autres, c’est par la que les arbres viennent de bouture ; ils ne viennent de graine que par l’analogie de la bouture, la graine n’etant qu’une partie du bois.
A l’egard des animaux la circulation de la mere a l’enfant se fait bien naturellement {p.68} dans un corps comme celui de la mere ou toutes les liqueurs sont en mouvement tout ce qui s’y trouve en est penetré[3].
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Main principale D |
77 Il est etonnant que les hommes n’ayent inventé les lettres de change
Lettres de change Nous avons outre cela l’invention du linge, de plus plusieurs remedes specifiques mais nous avons aussi plusieurs maladies que les qui n’existoient pas[2]
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Main principale D |
78 Le P. Calmet raporte les raiso doute de l’existence du Sanchoniaton[1],
Sanchoniaton - - - - - |
Main principale D |
75 |
n1. |
Montesquieu compare le jugement de Marie Stuart, reine d’Écosse, par Élisabeth Ire (1586) avec celui de Charles Ier, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, par Cromwell (1649). |
76 |
n1. |
Montesquieu récuse clairement le « pur mécanisme des bêtes » de Descartes (nº 669), réaffirmé par Malebranche à propos de la sensibilité des animaux (nº 425). Il envisagera les capacités des esprits humains (Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], OC, t. 9, p. 229-232) et les facultés animales (nº 788) dans un cadre sensualiste. |
76 |
n2. |
L’usage du microscope découvre un monde animé dans l’infiniment petit, comme les « animalcules spermatiques » observés par Leeuwenhoek (voir nº 16), ou les insectes inconnus que Montesquieu observe lui-même (Essai d’observations sur l’histoire naturelle [1719], OC, t. 8, p. 195). |
76 |
n3. |
La notion d’organisation (François Duchesneau, La Physiologie des Lumières : empirisme, modèles et théories, La Haye – Boston – Londres, M. Nijhoff, 1982, p. XV-XVII ; cf. Spicilège, nº 580), est comprise ici selon un schéma fibrillaire développé dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 237-238). Le modèle de la bouture permet de penser une épigénèse mécaniste (Essai d’observations sur l’histoire naturelle [1719], OC, t. 8, p. 202-212) et peut être étendu à la formation du fœtus (nº 1241). |
77 |
n1. |
Cf. nº 280. Jacques Savary attribue aux Juifs, chassés de France en 440, 1181 et 1316, et réfugiés en Lombardie, l’utilisation de lettres pour retirer auprès de leurs amis les biens qu’ils leur avaient confiés (Le Parfait Négociant, Paris, les frères Estienne, 1753, t. II, p. 87 ; 1re éd. avec Les Parères, Paris, L. Billaine, 1679 ; cf. EL, XXI, 20). |
77 |
n2. |
L’invention est un thème de prédilection de l’histoire des sciences naissante, élaborée au sein de l’Académie royale, sous l’égide de Fontenelle, et un argument en faveur des Modernes (Simone Mazauric, Fontenelle et l’invention de l’histoire des sciences à l’aube des Lumières, Paris, Fayard, 2007, p. 272-275). L’usage des draps, serviettes, nappes et chemises en lin ou chanvre remonte à l’Antiquité (Françoise Piponnier, « Linge de maison et linge de corps au Moyen Âge », Ethnologie française, vol. 16, nº 3, 1986, p. 239). Au XVIe siècle sont introduits en Europe le quinquina, l’ipéca, le gaïac et le mercure, respectivement contre la fièvre, la dysenterie, et les maladies vénériennes. Avec les maladies nouvelles, le thème rejoint ici celui du changement continuel affectant le monde physique (LP, 109 [113], p. 435-437). Cf. nº 86-91 et nº 101. |
78 |
n1. |
Le livre de Sanchoniaton est une histoire phénicienne perdue, connue d’après un fragment de traduction grecque par Philon de Byblos, retranscrit et conservé dans la Preparatio evangelica d’Eusèbe de Césarée (I, 9, 19-55 ; I, X – Catalogue, nº 329). Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, ce texte dont on discute l’authenticité, alimente les débats sur les sources du paganisme et l’antiquité des peuples. Dans un but apologétique qui était déjà celui d’Eusèbe avant Huet désigné plus loin par le titre de « Mr. l’eveque d’Avranches », la thèse dite du plagiat considérait les mythologies païennes comme des emprunts déformés aux Écritures. Sanchoniaton, en représentant l’origine du monde en des termes très proches de ceux de la Genèse, s’en serait inspiré et accréditerait ainsi la divinité du christianisme et l’authenticité des Écritures. Si, dans sa préface au Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Dom Calmet admet l’existence de Sanchoniaton (Paris, P. Emery, 1707, t. I, « Genèse », p. 26 – Catalogue, nº 7), il insère dans le tome 11 du même ouvrage une Dissertation sur l’origine de l’idolâtrie qui considère l’érudit phénicien comme « un Auteur forgé apparemment par Porphyre, & qui n’exista jamais » (Paris, P. Emery, 1713, t. XI, p. 309-324). |
78 |
n2. |
Porphyre (234-305), platonicien qui a tenté de défendre un paganisme débarrassé des grossières superstitions, est une des cibles de la Dissertation de Dom Calmet, qui le présente d’après la Preparatio evangelica d’Eusèbe de Césarée (Augustin Calmet, Dissertation sur l’origine de l’idolâtrie, dans Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, P. Emery, 1713, t. XI, p. 310, 311, 319) et reprend les arguments de Richard Simon (Bibliothèque critique, Amsterdam, J.-L. de Lorme, 1708, t. I, chap. X, p. 131-133). Ce dernier attribue à Porphyre l’intention, par ce texte du Sanchoniaton, de rétablir le paganisme en présentant une théologie plus pure face aux objections des chrétiens. |
78 |
n3. |
Phérécyde de Syros (VIe siècle av. J.-C.), philosophe grec, auquel Théopompe, d’après Diogène Laërce, attribue le premier traité sur la nature des dieux, livre qui commence par les mots : « Zeus, Chronos et Chtonie étaient depuis toujours. Chtonie reçut le nom de terre, parce que Zeus lui donna la terre en guise de privilège » (Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Vie de Phérécyde, liv. I, 116 et 119 ; nous traduisons) ; voir Spicilège, nº 135. |
78 |
n4. |
« Les Crétois toujours menteurs, […] ventres paresseux » (nous traduisons). L’auteur serait Épiménide, poète grec, personnage mythique situé au VIe siècle avant Jésus-Christ, auquel de nombreuses éditions anciennes de l’Épître à Titus attribuaient l’expression citée par saint Paul (Tite, I, 12), que Montesquieu utilisera pour illustrer les différences de caractères et de mœurs entre nations, liées à la nature du sol et du climat. Cf. le fragment de dissertation Sur la différence des génies (nº 6n) ; CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 155, note 10. |
78 |
n5. |
Allusion à l’usage du vocabulaire de la philosophie grecque, particulièrement platonicienne, par Jean, et en particulier du mot Λόγος au sens de Verbe divin, dans le prologue de son Évangile (I Jean, I, 1-14 ; I Jean, I, 1 ; Apocalypse, XIX, 13). |
78 |
n6. |
Pierre-Daniel Huet, évêque d’Avranches, dans sa Demonstratio Evangelica (Paris, S. Michallet, 1679), prétendait que les histoires païennes fabuleuses étaient toutes inspirées des livres de Moïse. |
78 |
n7. |
Le père Louis Thomassin (1619-1695), auteur de la Méthode d’étudier et d’enseigner chrétiennement et solidement les lettres humaines par rapport aux lettres divines et aux Écritures (Paris, F. Muguet, 1681 – Catalogue, nº 2208), pour rendre compte des analogies entre la Fable et la Révélation, admet à la fois l’explication du plagiat, comme Huet, et celle d’une tradition universelle remontant aux enfants de Noë (Jean Ehrard, L’Idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle [1re éd 1963], Paris, A. Michel, 1994, p. 428). |
78 |
n8. |
Apion (début du Ier siècle apr. J.-C.), polygraphe alexandrin contemporain de Tibère, auteur d’un pamphlet contre les juifs contestant l’ancienneté assignée au peuple hébreu dans les Antiquités juives de Flavius Josèphe, qui lui répondit dans son Contre Apion, seule trace de l’écrit réfuté (Adversus Apionem, dans Flavii Josephi opera, Genève, P. de La Rovière, 1611 – Catalogue, nº 3188). |
78 |
n9. |
Flavius Josèphe, Flavii Josephi opera, Genève, P. de La Rovière, 1611, II, 15 ; II, 23-24 ; II, 10, 13. |