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Pensées 76 à 80

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

76

{p.67} On peut dire que tout est animé

Laissant la pensée a l’home il est difficille de refuser le sentiment a tout ce [...]

, tout organisé, le moindre brin d’herbe fait voir des millions de cerveaux[2], tout meurt et renait sans cesse, tant d’animaux qui n’ont eté reconnus que par hazard doivent bien en faire soupçonner d’autres, la matiere qui a eu un mouvement general par lequel s’est formé l’ordre des cieux doit avoir des mouvemens particuliers qui la porte à l’organisation.
L’organisation soit dans les plantes soit dans les animaux ne peut guere etre autre chose que le mouvement des liqueurs dans les tuyaux : des liqueurs circulantes peuvent facilement former d’autres tuyaux ou en allonger d’autres, c’est par la que les arbres viennent de bouture ; ils ne viennent de graine que par l’analogie de la bouture, la graine n’etant qu’une partie du bois.
A l’egard des animaux la circulation de la mere a l’enfant se fait bien naturellement {p.68} dans un corps comme celui de la mere ou toutes les liqueurs sont en mouvement tout ce qui s’y trouve en est penetré[3].

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Main principale D

77

Il est etonnant que les hommes n’ayent inventé les lettres de change

Lettres de change
Postes.

que depuis si peu de tems quoiqu’il n’y ait rien dans le monde de si utile[1], il en est de même des postes. Par l’invention des lettres de change les juifs se sont assurés des retraites permanentes, ils ont fixé leur estat incertein, car tel prince qui voudroit se defaire d’eux ne sera pas pour cela d’humeur a se defaire de leur argent.
Nous avons outre cela l’invention du linge, de plus plusieurs remedes specifiques mais nous avons aussi plusieurs maladies que les qui n’existoient pas[2]

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Main principale D

78

Le P. Calmet raporte les raiso doute de l’existence du Sanchoniaton[1],

Sanchoniaton

et les raisons qu’il {p.69} en aporte ne peuvent faire que pitié, il dit que Porphire grand ennemi des chretiens l’a supposé afin de faire raporter aux payens tout ce que Moyse attribuë aux juifs ; il est vrai que tout ce qui part des mains de Porphire doit nous etre suspect[2], mais si l’on fait attention au recit du Sanchoniaton on le verra si different et conforme en de si petites circonstances et si peu essentielles qu’il est es qu’on ne peut se servir de cette conformité pour rejetter un auteur venerable par son antiquité et le seul qui nous represente tous les auteurs de l’histoire phenicienne, 2º si une telle raison de conformité a lieu il faudra aussi rejetter Pherecide[3] qui commence son livre comme celui de Moyse, il faudra rejetter Esope dont st Paul copie une pensée, cet autre auteur dont st Paul a pris Cretenses {p.70} semper mendaces ventres pigri[4] ; il faudra rejetter toute la secte platonicienne qui a parlé comme st Jean[5] ; il faut faire le procés a Mr l’eveque d’Avranches[6] qui a soutenu que les patriarches n’etoient point differens des heros de l’antiquité ; il faut foudroyer le P. Thomassin[7] comme un homme qui veut avilir le legislateur des juifs et regarder ces deux grands hommes comme de nouveaux Porphires. Porphire n’avoit il que ces sortes d’avantages a prendre contre les juif ce n’est pas au moins comme raisonnoit Appion[8], il alloit droit au but, il leur disoit que dans leur origine ils etoient une multitude de lepreux, que Moyse etoit un prêtre d’Heliopolis, qu’il leur donna une loi en haine des Egyptiens qu’ils avoient servi, qu’il nioit [lettres biffées non déchiffrées] il nioit ensuite {p.71} attenuoit ou expliquoit a sa fantaisie tous les miracles de l’ancienne loi[9]. Voilà quels coups il portoit et non pas de ces coups detournés qui sont toujours des coups perdus.

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Main principale D

79

Vol des oiseaux[1]

Il y a la trois choses a considerer, la pesanteur de leur corps, l’etenduë de leurs ailes et la force du muscle qui pousse l’air[2] : il faut faire plusieurs observations pour plusieurs oiseaux, voir en leur laissant autant d’ailes qu’il faut pour le vol si l’étenduë ou diametre de l’aile est proportionnée a la pesanteur, et quel raport il y a avec la force du muscle, car plus le muscle est fort plus il agit sur l’air avec vitesse ; or c’est cette vitesse qui fait la force, temoin la feüille de papier qu’une balle perce sans la faire mouvoir : il y a outre ce {p.72} l’habitude, car les oiseaux non accoutumés a voler ne peuvent plus voler ; or ce qui fait que les hommes ne peuvent je crois parvenir a voler, c’est je crois si cela est 1º leur grande pesanteur ce qui demanderoit une aile trop etendue et trop difficile a remuer sans accident.
2º le mouvement de l’epaule qui devroit suppléer a celui du muscle de l’aile qui est si fort dans les oiseaux seroit trop faible dans l’homme, sans compter qu’il faudroit que le mouvement partit du centre de gravité et ce qui ne peut etre dans l’homme : pour suppléer a cela il faudroit que les ailes regnassent tout le long du corps, et si l’on y parvient il faudra que l’on imagine quelque machine par laquelle la force du mouvement de l’epaule soit augmentée[3].
3º le danger, si l’on avoit ce qu’il faut pour voler on n’y reussiroit pas pour cela, {p.73} tout homme peut nager, mais tres peu le sçavent et reduisent en acte ce qu’ils ont en puissance[4] ; dans ce cas il faudroit etre suspendu tout le long du corps sur une corde et se faire au mouvement de remuer les ailes ; ainsi les Romains avant de mettre une flotte en mer instruisirent leurs matelots futurs en leur faisant faire la maneuvre a sur terre. Nos oiseaux de basse cour ne volent pas je croi la plupart du tems parce qu’ils n’ont pas accoutumé de voler.
On pourroit donner de la force au mouvement du bras en faisant une espece de levier apliquant le point d’apuy au milieu du bras le long bras seroit depuis le bras jusqu’au point d’appui le court depuis le point d’appui jusqu’au point ou l’aile seroit attachée[5].
On pourroit donner une tunique de plumes qui seroit ass construite de manière qu’en {p.74} agitant l’aile pour monter elles fussent colées sur le corps aprés quoi elles seroient herissées.
Il faudroit choisir de jeunes enfants, plus de hardiesse, moins de pesanteur, plus propres a instruire, et par l’habitude les muscles du bras se fortifieroient.
Ils commenceroient a se laisser tomber d’un lieu un peu elevé sur un lieu garni de paille ou de matelats.
Je crois qu’il faudroit que leurs pieds tombassent sous le ventre et qu’on leur donnât une espece de queuë, la même action qui feroit mouvoir les ailes feroit pourroit faire mouvoir cette queuë.
Le point d’appui seroit appliqué a une ceinture de fer fort mince et legere.
Il faudroit comparer l’aile de plusieurs oiseaux avec leur pesanteur, on verroit ce qui resteroit pour la force du muscle. Il faudra voir les eclaircissemens que l’on pourra tirer du traité de Borelli De motu animalium. Il y a un livre sur le vol des oiseaux in fol[6]. Il faut le voir.

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Main principale D

80

{p.75} [Passage à la main M] Pour apaiser toutes disputes de relligion en France il faudroit deffendre aux moines de recevoir dans leurs [une lettre biffée non déchiffrée] aucun novice qui n’ut fait sa philosophie et theologie dans les universités et leur deffendre d’avoir des cours de ces sciances ches eux sans cela les disputes seront æternelles chaque ordre fera une secte a part et une secte tres unie, les moines ont toujours esté de grand disputeurs pace vestrâ liceat dixissé primi omnium ecclesiam perdidistis[1] dans les premiers siecles de l’eglise que les moines travailloint encor de leurs mains les moines de Scithie ne mirent ils pas tout en combustion voy p 48 Hist des ouvr. des scav. oct. 1691 extr. du 5e vol Biblioth. ecles. de Dupin[2]. Ils firent faloit faire passer cette proposition un de la trinité a esté crucifié idem p. 156 les moines causent la dispute sur les 3 chapitres. Chaque ordre a une {p.76} bibliotheque de ses ecrivains et les particuliers n’estudient que dans cette bibliotheque.

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Passage de la main D à la main M


76

n1.

Montesquieu récuse clairement le « pur mécanisme des bêtes » de Descartes (nº 669), réaffirmé par Malebranche à propos de la sensibilité des animaux (nº 425). Il envisagera les capacités des esprits humains (Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], OC, t. 9, p. 229-232) et les facultés animales (nº 788) dans un cadre sensualiste.

76

n2.

L’usage du microscope découvre un monde animé dans l’infiniment petit, comme les « animalcules spermatiques » observés par Leeuwenhoek (voir nº 16), ou les insectes inconnus que Montesquieu observe lui-même (Essai d’observations sur l’histoire naturelle [1719], OC, t. 8, p. 195).

76

n3.

La notion d’organisation (François Duchesneau, La Physiologie des Lumières : empirisme, modèles et théories, La Haye – Boston – Londres, M. Nijhoff, 1982, p. XV-XVII ; cf. Spicilège, nº 580), est comprise ici selon un schéma fibrillaire développé dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 237-238). Le modèle de la bouture permet de penser une épigénèse mécaniste (Essai d’observations sur l’histoire naturelle [1719], OC, t. 8, p. 202-212) et peut être étendu à la formation du fœtus (nº 1241).

77

n1.

Cf. nº 280. Jacques Savary attribue aux Juifs, chassés de France en 440, 1181 et 1316, et réfugiés en Lombardie, l’utilisation de lettres pour retirer auprès de leurs amis les biens qu’ils leur avaient confiés (Le Parfait Négociant, Paris, les frères Estienne, 1753, t. II, p. 87 ; 1re éd. avec Les Parères, Paris, L. Billaine, 1679 ; cf. EL, XXI, 20).

77

n2.

L’invention est un thème de prédilection de l’histoire des sciences naissante, élaborée au sein de l’Académie royale, sous l’égide de Fontenelle, et un argument en faveur des Modernes (Simone Mazauric, Fontenelle et l’invention de l’histoire des sciences à l’aube des Lumières, Paris, Fayard, 2007, p. 272-275). L’usage des draps, serviettes, nappes et chemises en lin ou chanvre remonte à l’Antiquité (Françoise Piponnier, « Linge de maison et linge de corps au Moyen Âge », Ethnologie française, vol. 16, nº 3, 1986, p. 239). Au XVIe siècle sont introduits en Europe le quinquina, l’ipéca, le gaïac et le mercure, respectivement contre la fièvre, la dysenterie, et les maladies vénériennes. Avec les maladies nouvelles, le thème rejoint ici celui du changement continuel affectant le monde physique (LP, 109 [113], p. 435-437). Cf. nº 86-91 et nº 101.

78

n1.

Le livre de Sanchoniaton est une histoire phénicienne perdue, connue d’après un fragment de traduction grecque par Philon de Byblos, retranscrit et conservé dans la Preparatio evangelica d’Eusèbe de Césarée (I, 9, 19-55 ; I, X – Catalogue, nº 329). Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, ce texte dont on discute l’authenticité, alimente les débats sur les sources du paganisme et l’antiquité des peuples. Dans un but apologétique qui était déjà celui d’Eusèbe avant Huet désigné plus loin par le titre de « Mr. l’eveque d’Avranches », la thèse dite du plagiat considérait les mythologies païennes comme des emprunts déformés aux Écritures. Sanchoniaton, en représentant l’origine du monde en des termes très proches de ceux de la Genèse, s’en serait inspiré et accréditerait ainsi la divinité du christianisme et l’authenticité des Écritures. Si, dans sa préface au Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Dom Calmet admet l’existence de Sanchoniaton (Paris, P. Emery, 1707, t. I, « Genèse », p. 26 – Catalogue, nº 7), il insère dans le tome 11 du même ouvrage une Dissertation sur l’origine de l’idolâtrie qui considère l’érudit phénicien comme « un Auteur forgé apparemment par Porphyre, & qui n’exista jamais » (Paris, P. Emery, 1713, t. XI, p. 309-324).

78

n2.

Porphyre (234-305), platonicien qui a tenté de défendre un paganisme débarrassé des grossières superstitions, est une des cibles de la Dissertation de Dom Calmet, qui le présente d’après la Preparatio evangelica d’Eusèbe de Césarée (Augustin Calmet, Dissertation sur l’origine de l’idolâtrie, dans Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, P. Emery, 1713, t. XI, p. 310, 311, 319) et reprend les arguments de Richard Simon (Bibliothèque critique, Amsterdam, J.-L. de Lorme, 1708, t. I, chap. X, p. 131-133). Ce dernier attribue à Porphyre l’intention, par ce texte du Sanchoniaton, de rétablir le paganisme en présentant une théologie plus pure face aux objections des chrétiens.

78

n3.

Phérécyde de Syros (VIe siècle av. J.-C.), philosophe grec, auquel Théopompe, d’après Diogène Laërce, attribue le premier traité sur la nature des dieux, livre qui commence par les mots : « Zeus, Chronos et Chtonie étaient depuis toujours. Chtonie reçut le nom de terre, parce que Zeus lui donna la terre en guise de privilège » (Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Vie de Phérécyde, liv. I, 116 et 119 ; nous traduisons) ; voir Spicilège, nº 135.

78

n4.

« Les Crétois toujours menteurs, […] ventres paresseux » (nous traduisons). L’auteur serait Épiménide, poète grec, personnage mythique situé au VIe siècle avant Jésus-Christ, auquel de nombreuses éditions anciennes de l’Épître à Titus attribuaient l’expression citée par saint Paul (Tite, I, 12), que Montesquieu utilisera pour illustrer les différences de caractères et de mœurs entre nations, liées à la nature du sol et du climat. Cf. le fragment de dissertation Sur la différence des génies (nº 6n) ; CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 155, note 10.

78

n5.

Allusion à l’usage du vocabulaire de la philosophie grecque, particulièrement platonicienne, par Jean, et en particulier du mot Λόγος au sens de Verbe divin, dans le prologue de son Évangile (I Jean, I, 1-14 ; I Jean, I, 1 ; Apocalypse, XIX, 13).

78

n6.

Pierre-Daniel Huet, évêque d’Avranches, dans sa Demonstratio Evangelica (Paris, S. Michallet, 1679), prétendait que les histoires païennes fabuleuses étaient toutes inspirées des livres de Moïse.

78

n7.

Le père Louis Thomassin (1619-1695), auteur de la Méthode d’étudier et d’enseigner chrétiennement et solidement les lettres humaines par rapport aux lettres divines et aux Écritures (Paris, F. Muguet, 1681 – Catalogue, nº 2208), pour rendre compte des analogies entre la Fable et la Révélation, admet à la fois l’explication du plagiat, comme Huet, et celle d’une tradition universelle remontant aux enfants de Noë (Jean Ehrard, L’Idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle [1re éd 1963], Paris, A. Michel, 1994, p. 428).

78

n8.

Apion (début du Ier siècle apr. J.-C.), polygraphe alexandrin contemporain de Tibère, auteur d’un pamphlet contre les juifs contestant l’ancienneté assignée au peuple hébreu dans les Antiquités juives de Flavius Josèphe, qui lui répondit dans son Contre Apion, seule trace de l’écrit réfuté (Adversus Apionem, dans Flavii Josephi opera, Genève, P. de La Rovière, 1611 – Catalogue, nº 3188).

78

n9.

Flavius Josèphe, Flavii Josephi opera, Genève, P. de La Rovière, 1611, II, 15 ; II, 23-24 ; II, 10, 13.

79

n1.

Montesquieu se démarque de Jean-Baptiste Verduc, (Nouvelle ostéologie […] et une dissertation sur le […] vol des oiseaux, Paris, L. d’Houry, 1693, p. 389-390) et s’inscrit dans le cadre de la physique moderne avec la pesanteur des corps inertes (Discours sur la cause de la pesanteur des corps [1720], OC, t. 8, p. 229-233) et la mécanique des corps animés : anatomie du squelette (Spicilège, nº 328) et force des muscles (Spicilège, nº 105e ; Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], OC, t. 9, p. 266-267) sont prépondérantes. Verduc juge le vol humain impossible, même par artifice. Francis Willughby (The Ornithology, Londres, J. Martyn, 1678) imagine d’ajuster des ailes artificielles en utilisant les muscles des jambes, et non des bras. La question a passionné le chevalier de Vivens, ami de Montesquieu habitant à Clairac (voir Shackleton, p. 166-167). Il rédige une petite dissertation sur la question (« Du vol des oiseaux », étude qui daterait de 1742, reproduite dans : Mercure de France, t. CCLXIV, nº 898, 15 novembre 1935, p. 25-41).

79

n2.

Montesquieu reprend et modifie la formulation de Verduc, placée en tête du chapitre sur l’impossibilité du vol artificiel : « Il y a trois choses à remarquer dans le vol, sçavoir la force qui suspend en l’air le corps de l’animal, les instrumens propres qui sont les ailes, & enfin la resistance du corps » (Jean-Baptiste Verduc, Nouvelle ostéologie […] et une dissertation sur le […] vol des oiseaux, Paris, L. d’Houry, 1693, p. 387).

79

n3.

Selon Verduc, pour voler, l’homme devrait avoir des muscles pectoraux proportionnés à son poids et aucune machine ne permet d’obtenir artificiellement cette proportion (Jean-Baptiste Verduc, Nouvelle ostéologie […] et une dissertation sur le […] vol des oiseaux, Paris, L. d’Houry, 1693, p. 387-388).

79

n4.

Verduc remarquait que, pour nager, les hommes, contrairement aux animaux, doivent l’avoir appris. Les mouvements acquis permettent de pallier les défauts du corps humain pour se tenir dans l’eau et respirer (Jean-Baptiste Verduc, Nouvelle ostéologie […] et une dissertation sur le […] vol des oiseaux, Paris, L. d’Houry, 1693, p. 408-409).

79

n5.

« Levier » et « point d’appui » sont des termes de mécanique dont Verduc présente l’usage technique en ouverture de sa dissertation (Jean-Baptiste Verduc, Nouvelle ostéologie […] et une dissertation sur le […] vol des oiseaux, Paris, L. d’Houry, 1693, p. 308-312).

79

n6.

Giovanni Alfonso Borelli, De motu animalium […], Leyde, P. Van der Aa, 1710 (Catalogue, nº 1411, transcription secrétaire E, 1734-1739).

80

n1.

« Si vous me permettez de le dire, c’est vous les premiers artisans de la ruine de l’église » (nous traduisons). Citation empruntée à Pétrone, dans laquelle Montesquieu a substitué ecclesiam (l’église) à eloquentiam (l’éloquence) (Pétrone, Satyricon, Paris, H. Hunot, 1601, 2, 2 – Catalogue, nº 2136-2137). La formule originale était adressée aux rhéteurs, accusés d’être responsables de la dégradation de leur art par l’abus de procédés artificiels.

80

n2.

Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques […] d’Ellies du Pin (Mons, Huguetan, 1691, t. V ; extrait paru dans l’Histoire des ouvrages des savants, octobre 1691, art. VII, p. 48, 56-57).