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Pensées 891 à 895

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

891

Depuis que j’ay vu a Amstredam l’arbre qui porte la gome

Arbre qui porte la gomme

apellée sang de dragon gros come la cuisse quand il estoit auprès de l’arbre femelle, et pas plus gros que le bras quand il estoit seul, j’ay conclu que le mariage estoit une chose necessaire[1] :

- - - - -

Main principale M

892

{f.10r} On ne doit pas estre estoné de voir que les homes presque touts les peuples de l’univers

Despotisme

soyent si eloignés de la liberte qu’ils aiment, le gouvernement despotique saute pour ainsi dire aux yeux et s’establit presque tout seul come il ne faut que des passions pour le former tout le monde est bon pour cela, mais pour faire un gouvernement moderé il faut combiner les puissances les temperer, les faire agir et les regler donner pour ainsi dire un lest à l’une pour la mettre en estat de resister a une autre c’est un chef d’œuvre de legislation que le hazart fait bien rarement, et qu’on ne laisse guere faire a la prudence : voy p 17 et la p 534 du vol precedent

- - - - -

Main principale M

893

Il me semble que dans les femmes les plus jolies

Femmes jolies

il y a de certeins jours ou je voy coment elles seront, quand elles seront laides :

- - - - -

Main principale M

894

Dans les dernieres disputes des anciens et des modernes

Anciens et modernes

MrPope seul a frapé au but[1] madame Dacier ne scavoit ce qu’elle admiroit elle admiroit Homere parce qu’il avoit ecrit en grec[2] ; Mr de Lamote manquoit {f.10v} de sentiment et son esprit s’estoit retraissi par le comerce de gens qui n’avoint que de la bavardrie[3] et eux ny lui n’avoint aucun scavoir ny aucune conoissance de l’antiquité[4] pour l’abé Terrasson les cinq sens lui manquoint[5] : Boivin estoit un scavant et rien seulement[6] ; pour le poete Gacon poete Gacon c’estoit l’ignominie du Parnasse : on ne l’a jamais connu trop meprisable[7] :

- - - - -

Main principale M

895

Monsieur Pope seul a senti la grandeur d’Homere et a laissé les details et c’est de quoy il estoit question[1] il est vray que Mr de Lamote a este entrainé dans les details par madame Dacier meme qui les trouvoit touts dans Homere [un mot biffé non déchiffré] tout divins[2] :

- - - - -

Main principale M


891

n1.

Montesquieu a vu cet arbre, le « dragonnier », lors de sa visite au Jardin des plantes d’Amsterdam dans la deuxième quinzaine d’octobre 1729 (Voyages, p. 481) ; le « sang de dragon » désigne la résine rouge, issue de plusieurs espèces, qu’on faisait venir d’Inde, des Canaries et de Madagascar pour ses usages en médecine (Thomas Corneille, Le Dictionnaire des arts et des sciences, Paris, J.-B. Coignard, 1694, art. « Sang »).

894

n1.

Dès le premier cahier des Pensées (en particulier aux nº 108, 114, 123, 134) jusqu’aux tardifs extraits de lecture annotés de l’Iliade et de l’Odyssée, postérieurs à 1751 (mss 2526/2a et 2526/2b, OC, t. 17, à paraître), la convergence des jugements de Montesquieu sur Homère avec ceux de Pope est frappante : voir la Traduction de la première partie de la préface de l’Homère anglais de M. Pope [1re éd. fr. 1718-1719], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 557-578.

894

n2.

Voir Pensées, nº 116 ; BM Bordeaux, ms 2519 (LP, OC, t. 1, p. 595).

894

n3.

« Impertinence dans le discours » (Furetière, 1727, art. « Bavarderie »).

894

n4.

Le jugement de Montesquieu sur les traductions et surtout sur les commentaires de Houdar de La Motte est ici beaucoup plus sévère qu’au nº 116. Cette tendance s’accentuera dans les extraits de lecture d’Homère postérieurs à 1751 (voir ms 2526/2a, OC, t. 17, à paraître).

894

n5.

Allusion à l’approche esthétique purement rationaliste de Jean Terrasson (1670-1750), partisan des Modernes, qui publia en 1715 une Dissertation critique sur l’« Iliade » d’Homère, où, à l’occasion de ce poème, on cherche les règles d’une poétique fondée sur la raison […] (Paris, F. Fournier et A.-U. Coustelier).

894

n6.

Élu membre de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres en 1705, et de l’Académie française en 1721, auteur d’une Apologie d’Homère, et Bouclier d’Achille en 1715 (Paris, F. Jouenne), Jean Boivin (1663-1726) était réputé pour son érudition.

894

n7.

Partisan des Anciens, auteur d’un pamphlet intitulé Homère vengé, ou Réponse à M. de La Motte sur l’« Iliade » (Paris, E. Ganeau, 1715), François Gacon (1667-1725) est l’auteur d’innombrables satires et épigrammes contre des œuvres et des auteurs (d’où sans doute le jugement très sévère de Montesquieu).

895

n1.

Voir Christophe Martin, « “Nos mœurs et notre religion manquent à l’esprit poétique”. La poésie des “temps héroïques” selon Montesquieu », dans Du goût à l’esthétique : Montesquieu, J. Ehrard et C. Volpilhac-Auger (éd.), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 87 et suiv.

895

n2.

Voir nº 116.