Pensées, volume II

Quand on voit dans l’antiquité le cas infini qu’on faisoit d’un philosophe celebre ou d’un sçavant et comme quoy on venoit l’entendre de toutes parts on diroit que nous n’avons plus nul le meme amour pour les sciences, c’est que les livres et les biblioteques êtant rares on l’estimoit plus la science de ceux qui êtoient des livres vivans. Il sçait l’histoire mais j’ay l’histoire c’est la decouverte de l’imprimerie qui a changé cela. Autrefois on estimoit les hommes a present les livres.

[Passage à la main M] Maxime admirable de ne plus parler des choses apres qu’elles sont faites :

{f.11v} L’empire de la mer a toujours donné aux peuples qui l’ont possedé une insolence fierté naturelle parce que se sentant capables d’insulter par tout, ils croyent que leur pouvoir n’a pas plus de bornes que l’ocean^[1] :

Les moines : genus hominum quod damnabitur semper et semper retinebitur^[1] :

Ce ne sont pas les philosophes qui troublent les estats mais ceux qui ne le sont pas asses pour conoitre leur bonheur et pour en jouir^[1]