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Introduction
1 Objectifs et historique des recherches
Elisabeth Zadora-Rio et Henri Galinié
La fouille des abords de l’église de Rigny a été entreprise avec deux objectifs principaux :
1- Retracer la formation d’un centre paroissial dont on savait avant le début des fouilles qu’il était resté en usage du 12e siècle au moins jusqu’au milieu du 19e siècle, et en étudier les transformations. En dépit de la multiplication des fouilles d’habitats ruraux du Moyen Âge, la genèse des centres paroissiaux est mal connue parce que la plupart d’entre eux, devenus chefs-lieux de communes, se trouvent sous les villages actuels et que les superficies accessibles à la fouille y sont limitées. L’espace vide de constructions autour de l’église de Rigny était donc une opportunité à saisir.
2- Étudier la population inhumée dans le cimetière paroissial dont le mur de clôture subsistait partiellement en élévation, et analyser les transformations des pratiques funéraires du Moyen Âge à l’époque sub-contemporaine.
La fouille a fait reculer de six siècles l’origine du site en mettant au jour de vastes bâtiments du 7e et du 8e siècle et en révélant l’existence de deux églises antérieures à l’église actuelle qui date, pour ses parties les plus anciennes, de la seconde moitié du 11e siècle. Elle a permis également de retracer la genèse et les transformations topographiques du centre paroissial ainsi que les étapes de la formation du cimetière et les fluctuations de ses limites. Le nombre de sépultures mises au jour est de 1738, et leur datation va du milieu du 8e siècle à 1865.
Les résultats de la fouille ont fait l’objet de trois publications préliminaires (ZADORA-RIO, GALINIÉ et al. 1992, ZADORA-RIO, GALINIÉ et al. 1995 et ZADORA-RIO, GALINIÉ et al. 2001). L’analyse de la topographie historique à partir des sources écrites et l’étude de la population d’après les registres paroissiaux et l’État civil ont été publiés dans deux suppléments à la Revue archéologique du centre de la France (ZADORA-RIO, THOMAS, JOUQUAND 1992 ; THOMAS 1993).
La présente publication a pour but de présenter une synthèse des résultats de la fouille incluant les derniers travaux sur le mobilier et sur la chronologie des sépultures, ainsi qu’une révision de la datation de certains bâtiments telle qu’elle a été présentée dans les publications antérieures.
Elle a aussi pour but d’expérimenter une nouvelle forme de publication de fouille, fondée sur l’analyse logiciste. La justification de ce choix fait l’objet du chapitre suivant.
2 Le choix d’un format de publication logiciste
Elisabeth Zadora-Rio
La nécessité de repenser la forme des publications de fouille n’est pas une idée neuve. Elle s’inscrit dans le constat de crise des publications scientifiques dans l’ensemble des sciences et humaines et sociales, mais elle présente également des caractères spécifiques.
La surproduction des publications scientifiques
Le problème du déséquilibre croissant entre le volume des publications scientifiques et nos capacités d’assimilation a été mis en évidence depuis de nombreuses années, pour les sciences humaines et sociales comme pour d’autres disciplines telles que la biologie1 (GARDIN 1979, GARDIN 1998a, GARDIN 1999). Alors que le volume des publications augmente de manière exponentielle avec la population mondiale de chercheurs, il n’en va pas de même du temps dont nous disposons pour les lire, ni de nos aptitudes neurologiques : nous n’avons pas la capacité biologique de prendre connaissance de tout ce que nous devrions lire dans notre domaine de recherche.
Il est également reconnu depuis longtemps que faute de temps, la consultation tend à remplacer la lecture dans nos modes d’acquisition du savoir. Michel Gras écrivait déjà en 1980 dans un rapport fait à la demande de la direction des sciences humaines et sociales du CNRS : « La publication archéologique est rarement lue, presque toujours consultée » (GRAS 1983) – mais à de rares exceptions près, ce constat déjà ancien n’a guère eu d’effet sur nos écrits, que nous continuons à rédiger comme s’ils devaient être lus intégralement.
La publication de fouilles : un cas particulier
Le cas de la publication de fouilles est aggravé par la double fonction qui a longtemps été la sienne : non seulement exposer les résultats d’une recherche, mais aussi témoigner de ce qui a été détruit du fait de cette recherche, de manière à en permettre la réinterprétation éventuelle. Le caractère irréversible de la fouille et les difficultés d’accès à la documentation primaire ont conduit les archéologues à accorder beaucoup d’importance aux descriptions qui occupent une très grande place dans les publications. Or, ce n’est un secret pour personne, seule une très petite partie de celles-ci est réellement mobilisée dans les constructions interprétatives. Dès les années 1980 l’idée a été formulée que la constitution d’archives de fouilles consultables devait permettre d’alléger les publications de toutes les observations qui n’étaient pas directement utiles à l’interprétation, mais elle a buté sur l’impossibilité de donner accès à la documentation archéologique en l’absence de dépôts institutionnels comparables aux Archives départementales qui existent pour les sources écrites. Un appel d’offres intitulé « Archives de fouilles » lancé conjointement en 1987 par le CNRS, le Ministère de la culture et le Ministère de l’Enseignement supérieur dans le cadre de l’Action thématique programmée Archéologie métropolitaine avait pour but « la constitution d’archives du matériel de fouille, non imprimées mais communicables (…) Un texte de caractère synthétique, destiné à exposer les résultats neufs apportés par la fouille et l’étude du matériel, complétera ces archives et formera le couronnement du travail. Lui seul devra faire l’objet d’une publication imprimée»2 . Si cet appel d’offres n’a eu aucun effet sur les modes de publication, il a donné une impulsion certaine à l’informatisation des données de fouille, qui a été stimulée également par la généralisation de l’usage des micro-ordinateurs et par l’élargissement de l’offre logicielle. De nombreux systèmes locaux sont apparus en France à partir des années 1990 (RODIER 2016 : 31-32).
La généralisation de l’usage de l’internet est en passe de changer les conditions d’accessibilité des archives de fouilles. Au Royaume-Uni, une étape décisive a été franchie dès 1996 avec la création simultanée de la revue en ligne Internet Archaeology (http://intarch.ac.uk/), et d’Archaeology Data Service (ADS, http://archaeologydataservice.ac.uk/), qui est un centre de ressources numériques hébergé par l’université de York donnant accès à l’ensemble des archives de fouilles numérisées (bases de données, documents graphiques, photographies, rapports d’études spécialisées, littérature grise etc.). Dans les années 2000, Internet Archaeology et Archaeology Data Service (ADS) ont conduit ensemble le programme LEAP (acronyme de Linking Electronic Archives and Publications, http://intarch.ac.uk/leap) dont le but était « d’explorer de nouveaux modes de publication électronique sur internet dans le but d’assurer une large diffusion des résultats des recherches en sciences humaines et aussi de permettre au lecteur d’avoir accès aux données sous-jacentes de manière à ce qu’il puisse lui-même les examiner en profondeur pour évaluer le bien-fondé des interprétations et élaborer ses propres conclusions »3 . Dans le prolongement d’Archaeology Data Service, le consortium ARIADNE, créé par la Commission européenne dans le cadre du 7e Programme-cadre de recherche et de développement (http://www.ariadne-infrastructure.eu), a mis en place une plate-forme d’accès aux ressources et données archéologiques européennes (http://portal.ariadne-infrastructure.eu) dont l’Inrap est le seul partenaire pour la France : l’Institut y a versé l’ensemble de son catalogue de rapports de fouilles, mais la consultation publique est limitée actuellement aux notices documentaires.
Vingt ans après la création d’Archaeology Data Service, qui assure pour l’ensemble du Royaume-Uni la pérennité des archives de fouille de toute provenance, publique ou privée, une structure comparable fait toujours défaut en France. Si l’informatisation de l’enregistrement des fouilles y est devenue une pratique courante, la mise en ligne de ces bases de données numériques commence à peine. Le consortium MASA (Mémoire des archéologues et des sites archéologiques), créé en 2012, a entrepris de mettre à disposition des archives de fouilles numérisées (https://masa.hypotheses.org/). Le développement de l’interopérabilité des systèmes d’enregistrement des données via leur méta-interrogation par des ontologies est actuellement en cours (RODIER 2016 : 29-38 ; LE GOFF et al. 2015 ; MARLET et al. 2015). Des projets portant non seulement sur les archives de fouille mais aussi le raisonnement archéologique sont également à l’étude. Un modèle d’ontologie destiné à intégrer les métadonnées sur l’argumentation et les modes d’inférence dans les disciplines descriptives et empiriques (géologie, géographie, archéologie….) est en préparation au sein de l’Institute of Computer Science de la fondation FORTH, acronyme de Foundation for Research and Technology – Hellas (http://www.ics.forth.gr/isl/index_main.php?l=e&c=713), localisée à Héraklion en Crète.
En dépit de ces avancées, la transformation des modes de rédaction se fait attendre. S’il faut saluer le caractère pionnier de la revue Internet archaeology et sa volonté de rendre accessibles les données sur lesquelles se fondent les publications, force est de constater que les articles parus restent tous de facture très classique, et que seule la présence de liens hypertextes les distingue des publications sur papier. Les liens donnent accès à une documentation riche et ordonnée mais brute, dans laquelle le lecteur doit lui-même se frayer un chemin : l’articulation entre la construction cognitive et les données reste en partie implicite. Cette mise à disposition présente l’avantage immense de pérenniser les archives de fouille et de permettre leur réexamen, voire leur réinterprétation, mais elle ne constitue certainement pas une solution au problème de la surproduction des publications scientifiques par rapport à nos capacités de consommation : la lecture ne prend pas moins de temps sur écran que sur papier, et il est difficile de croire que, sauf cas exceptionnel, des lecteurs qui manquent déjà de disponibilité pour lire les publications prendront le temps de s’immerger dans les bases de données et les documents graphiques afin d’évaluer les arguments et proposer éventuellement leurs propres interprétations.
L’analyse logiciste et les innovations éditoriales en archéologie des techniques
L’analyse logiciste, élaborée par Jean-Claude Gardin dans les années 1970 dans le but de condenser et de schématiser l’architecture des écrits scientifiques, avait, dès l’origine, un objectif double. Le premier était d’ordre épistémologique : il s’agissait de rendre explicites les étapes du raisonnement en distinguant, d’une part, les données de base (ou « propositions initiales »), et d’autre part, les opérations d’inférence effectuées sur ces données pour fonder les hypothèses interprétatives, de manière à constituer une arborescence qui donne une représentation synoptique de l’argumentation et permet d’en évaluer rapidement le bien-fondé (GARDIN 1979 : 244-273). L’argumentation prend l’allure d’une suite d’opérations d’inférence de {P0} (propositions initiales) à {Pn} (propositions terminales) en passant par des propositions intermédiaires {Pi}(GARDIN et al. 1987 : 19) (Fig. 1).
Le second objectif était d’ordre éditorial. Comme toute modélisation, la structuration logiciste est une réduction, mais elle conserve la totalité des éléments constitutifs de la construction cognitive, dégagée de l’appareil rhétorique auquel font appel traditionnellement les publications. Elle constitue donc un moyen de réduire le déséquilibre constaté entre volume de production et capacités de consommation bibliographique, et ouvre la voie à une forme de publication adaptée à la prépondérance croissante de la consultation sur la lecture (GARDIN 1999).
Dans les décennies 1980-1990, l’analyse logiciste a été expérimentée dans le domaine de l’archéologie, de l’histoire de l’art et de l’histoire (GARDIN, LAGRANGE 1975 ; GARDIN et al. 1987 ; GARDIN, BORGHETTI 1995 ; GARDIN 1998b), mais sa diffusion est restée très limitée, car l’exercice a longtemps été jugé rébarbatif. Cette première phase exploratoire a montré l’intérêt épistémologique de l’analyse logiciste et souligné les homologies entre ses principes et ceux des systèmes experts, mais elle n’a guère eu d’effet concret sur les modes d’édition.
C’est le développement des technologies de l’information qui a permis d’exploiter les possibilités de lecture non-linéaire offertes par les schématisations logicistes, tout en les rendant moins ascétiques grâce à une « mise en scène » multimedia (ROUX, BLASCO 2004). La voie logiciste a conduit ainsi à des innovations éditoriales dans le domaine de l’archéologie des techniques. La première expérience, conduite par Valentine Roux (CNRS) et Philippe Blasco (Éditions Épistèmes) a porté sur la réécriture logiciste sur CD-Rom de l’ouvrage Cornaline de l’Inde. Des pratiques technique de Cambay aux techno-systèmes de l’Indus (ROUX, 2000). C’est à cette occasion que fut conçu le format SCD (acronyme de Scientific Constructs and Data), un format de structuration de documents multimédia dédié à l’édition numérique des réécritures logicistes et des données associées, qui a été utilisé également dans les trois premiers volumes de la collection Référentiels coédités par la MSH-Paris et les Éditions Épistèmes à partir de 2003 (GELBERT 2003). Consacrés à l’archéologie des techniques, ceux-ci étaient présentés sous une forme hybride, comportant, d’une part, un CD-ROM contenant les schématisations logicistes et les données, c’est-à-dire la construction cognitive, et d’autre part un volume imprimé de dimensions réduites (moins de 100 pages), présentant le contexte, c’est-à-dire les considérations historiographiques et méthodologiques et les perspectives de recherche.
C’est également sur les principes du logicisme que repose la revue en ligne Arkeotek (www.thearkeotekjournal.org), qui a été créée en 2007 par Valentine Roux et qui publie des articles consacrés à l’archéologie des techniques. Elle est le support d’un programme ambitieux qui met en œuvre une nouvelle conception des corpus archéologiques, constitués sur le modèle des « bases de connaissances » de l’intelligence artificielle, qui comprennent non seulement une « base de faits » contenant les données mobilisées par un chercheur pour aboutir à un résultat, mais aussi une « base de règles » regroupant les opérations d’inférence effectuées sur ces données (GARDIN, ROUX 2004 ; ROUX, BLASCO 2004). Les règles d’inférence, exprimées sous la forme : « Si p ALORS q » (Si p est attesté, on peut en induire ou en déduire q), peuvent être soit « locales », c’est-à-dire propres à un contexte chrono-culturel particulier, soit « universelles » (GARDIN 1989). Ces dernières sont des règles d’inférences transculturelles dont les conditions d’application sont bien définies et qui peuvent être directement transférées aux données archéologiques qui répondent aux mêmes conditions d’application (ROUX 2007). Dans le domaine de l’archéologie des techniques, la recherche de règles d’inférences transculturelles passe le plus souvent par l’établissement de référentiels expérimentaux qui permettent d’établir des corrélations entre d’une part les propriétés (chimiques, mécaniques, physiques, morphologiques…) des objets, et d’autre part les actes techniques et les gestes liés à leur production et à leur usage. Ces corrélats matériels, lorsqu’ils sont observés sur les artefacts archéologiques, permettent d’en inférer des comportements techniques, sociaux et économiques. Au-delà de l’étude des procédés de fabrication, ou de l’identification du spectre de fonctionnement des objets, ces référentiels actualistes (techniques, socio-cognitifs, économiques…) peuvent permettre d’appréhender l’organisation de la production, de reconstituer les chaînes opératoires, d’évaluer les habiletés requises et le temps d’apprentissage qu’elles impliquent, d’étudier la diffusion des innovations techniques (ROUX 2000 ; ROUX 2007 ; GALLAY 1982 ; GALLAY, de CEUNINCK 1998 ; GALLAY 2007).
La nouveauté des corpus logicistes du programme Arkeotek consiste aussi dans les procédures d’indexation et d’annotation des données et des règles, grâce à l’utilisation d’outils de traitement automatique du langage et à l’utilisation d’une ontologie du domaine (ROUX, AUSSENAC-GILLES 2013). L’objectif de cette annotation du contenu informationnel est de permettre de faire des requêtes à la fois sur les données et sur les règles d’interprétation, afin de faciliter la comparaison des opérations d’inférence conduites sur différents corpus et de favoriser la discussion sur la validité de ces règles, en créant les conditions d’un processus de cumul d’expertises — ce qui constitue, à n’en pas douter, une avancée épistémologique dans le domaine de l’archéologie, et plus généralement en sciences humaines et sociales (WALLISER 2009).
Les spécificités de la démarche cognitive de l’archéologie de terrain
Si le modèle logico-sémantique du logicisme et son intégration dans une chaîne d’édition multimédia a fait ses preuves dans le domaine de l’archéologie des techniques, son transfert à la publication de fouille ne va pas de soi.
Dans le domaine de l’archéologie des techniques, en dépit de la diversité extrême des matériaux et des produits finis, de la variété des procédés de fabrication et de l’éventail toujours plus large des méthodes d’analyse, les recherches portent toujours sur des corpus d’objets préalablement définis, et les questions auxquelles on cherche à répondre (sur l’approvisionnement en matière première, sur les modalités de production, de consommation, de diffusion, etc.) sont largement partagées. C’est grâce à ces convergences que le modèle conceptuel de l’ontologie du domaine peut inclure non seulement les caractères descriptifs mais aussi les règles d’interprétation (ROUX, AUSSENAC-GILLES 2013).
Dans le cas d’une fouille, il en va différemment. Même lorsque son emplacement est déterminé en fonction d’une problématique historique, comme dans le cas d’une fouille programmée, les résultats ne sont jamais réductibles aux questions initiales : ils peuvent n’y répondre que de façon partielle, ou pas du tout, tout en apportant des informations fondamentales sur des sujets qui n’avaient pas été envisagés au départ, mais que l’archéologue ne peut laisser de côté en raison du caractère irréversible de la fouille qui détruit son objet en l’observant. Le processus cognitif qui est mis en œuvre dans l’archéologie de terrain est donc différent de celui des recherches dans lesquelles il est possible de maîtriser à la fois la sélection et la grille d’analyse du corpus. Philippe Boissinot propose de qualifier d’agrégat l’espace (ou plutôt le volume) de la fouille, pour bien marquer « la différence essentielle qui existe avec d’autres documents, envisagés comme des touts cohérents, ce que ne sont assurément pas les agrégats » (BOISSINOT 2015 : 78). Le démontage de l’agrégat — c’est-à-dire la fouille — doit répondre selon lui à « deux questions successives : qu’est-ce qu’il y a ici ? et que s’est-il passé ici ?, la première plus spatiale, et la seconde d’ordre temporel avant tout » (BOISSINOT 2015 : 77).
Ainsi que le souligne Philippe Boissinot, le passage de la première à la seconde question ne peut être assimilé au découpage entre l’observation et l’interprétation, puisque toute description est une représentation : l’identification de « ce qu’il y a ici » passe évidemment par une série d’opérations d’inférence (BOISSINOT 2015, Fig. 6).
On ne peut pas considérer non plus que ces deux questions traduisent une opposition entre les dimensions spatiale et temporelle, puisque la question de la chronologie relative s’impose dès le stade de l’observation de terrain et que le démontage de l’agrégat consiste non seulement à mettre au jour « ce qu’il y a ici » mais aussi à établir les relations d’antériorité/postériorité qui font partie intégrante de la caractérisation de ces éléments de base de l’enregistrement que sont les unités stratigraphiques. Il serait sans doute plus juste de dire qu’elles correspondent à deux niveaux d’interprétation spatio-temporelle, la première à l’échelle des entités archéologiques, la seconde à l’échelle du site : répondre à la question « que s’est-il passé ici », c’est faire le récit chronologique de la transformation des usages du lieu, selon la périodisation adoptée, en replaçant cette trajectoire locale dans un contexte historiographique plus large et plus spéculatif.
L’identification de « ce qu’il y a ici » commence avec l’enregistrement de terrain et le regroupement des unités stratigraphiques en entités spatiales (Faits, Murs, Sépultures, Structures) hiérarchisées, et elle se poursuit avec leur mise en phase et leur interprétation en termes de fonction (dans l’acception la plus large du terme), de temps (datation, durée d’utilisation…) ou de morphologie (hypothèses de reconstitution des formes originelles à partir des vestiges mis au jour), selon une démarche empirico-inductive qui intègre les informations apportées par les données mobilières, les analyses de laboratoire, les sources écrites et iconographiques etc.
La reconfiguration logiciste suit l’ordre inverse : elle part de l’interprétation des entités pour reconstituer la chaîne des inférences qui relie les conclusions (propositions terminales {Pn}) aux données de base (propositions initiales {P0}) mobilisées dans la construction. C’est l’interprétation finale qui oriente la description de « ce qu’il y a ici » vers l’observation des corrélats matériels qui permettent de reconstituer, à travers les propriétés d’un agrégat de vestiges, les modes de vie et les pratiques sociales des hommes dont ils ont conservé les traces (Fig. 2).
En procédant dans le sens hypothético-déductif, l’analyse logiciste permet de reconstituer les étapes du raisonnement et de sélectionner, dans la masse des données disponibles, celles qui fondent la construction interprétative. L’opposition entre la démarche empirico-inductive et la démarche hypothético-déductive est cependant plus apparente que réelle : la seconde représente une formalisation de la première, et non sa validation, puisqu’elle s’applique au même jeu de données (GARDIN 1979 : 237-243).
Les propositions initiales {P0} se répartissent en trois catégories :
1) Les données d’observation qui sont sélectionnées à partir de l’enregistrement de la fouille. Ces traits descriptifs mobilisés dans l’argumentation peuvent concerner soit des propriétés intrinsèques des entités archéologiques, d’ordre « physique » (les matériaux constitutifs), « géométrique » (forme ou dimensions des vestiges), ou «sémiotique » (ornements, inscriptions…) (GARDIN 1979 : 119-143)), soit encore leur chronologie relative (relations d’antéro-postériorité).
2) Les données de comparaison ont, comme les données d’observation, le statut de propositions initiales {P0} parce que le constat de ressemblance, qui fonde le raisonnement par analogie, si courant en archéologie, n’est jamais le produit d’une procédure bien définie, mathématique ou logique. Ce constat de ressemblance, une fois déclaré, constitue le fondement de ce que J.-C. Gardin appelle le « transfert d’attribut » (« SI deux objets ou monuments X et Y sont déclarés comparables, au vu de certaines propriétés communes (formes, matériaux, décors etc.), et que Y présente par ailleurs un ou plusieurs attributs connus (date, origine, fonction), ALORS l’on est en droit de transférer à X les mêmes attributs ») (GARDIN et al. 1987 : 235).
3) Les données dites de référence correspondent à des savoirs tenus pour établis par référence au sens commun ou à des connaissances spécialisées. Entrent dans cette catégorie les analyses de laboratoire (par exemple des datations par le radiocarbone), ainsi que les datations de mobilier lorsqu’elles reposent sur une typo-chronologie établie par d’autres publications. Les données de référence sont considérées comme des données de base {P0}, au même titre que les données d’observation et les données de comparaison, parce qu’elles ne font l’objet d’aucune démonstration dans la publication, mais ce choix comporte une part d’arbitraire. Il reflète la dualité entre deux catégories d’inférences que Jean-Claude Gardin désigne par les termes de « sémantique universelle» et « sémantique locale ». La première comprend les inférences qui nous semblent si évidentes et incontestables qu’il paraît inutile de les étayer par des arguments, tandis que la seconde regroupe celles que nous jugeons au contraire plus hypothétiques, ou recevables seulement dans certains contextes, et dont nous nous sentons tenus de préciser les fondements (GARDIN 1989). Pour prendre un exemple dans cette publication, l’identification du plan des maçonneries découvertes sous l’église de Rigny à des absides de lieux de culte antérieurs a été ainsi considérée comme une proposition initiale (Section 1, P0/2) car elle paraissait s’imposer d’évidence, mais il est clair que cette évidence est propre à un univers de discours, celui des spécialistes du Moyen Âge européen. On aurait pu choisir d’en faire au contraire une proposition intermédiaire qui aurait été fondée sur plusieurs propositions initiales {P0} portant, pour chacune des deux absides superposées, sur des données descriptives (le plan semi-circulaire de l’une, et le plan trilobé de l’autre) et des données comparatives (dans chacun des cas, le corpus des églises comportant une abside d’un de ces deux types). La situation des deux absides sous l’église actuelle, et l’orientation sur un même axe des trois édifices superposés, qui suggèrent une continuité de fonction, auraient constitué des arguments d’identification supplémentaires, de même que la découverte d’une sépulture d’enfant inhumée contre le chevet de l’église la plus ancienne. C’est pour alléger la construction et privilégier la rapidité de consultation qu’on a choisi de faire de l’identification des absides une proposition initiale, mais le choix d’amputer ainsi l’argumentation à la base en la privant de la partie comparative ou classificatoire de la construction peut paraître discutable, et devrait sans doute être reconsidéré dans la perspective de la constitution d’une base de règles.
Soulignons cependant que cette dualité entre deux types d’inférences — celles qui « vont sans dire » et celles qu’on éprouve le besoin d’argumenter — se retrouve dans les publications savantes auxquelles nous sommes accoutumés, mais l’appareil rhétorique qui les enrobe rend moins pressante la nécessité de s’interroger sur le bien-fondé de ces choix.
Perspectives
La publication de la fouille de Rigny a un caractère expérimental et ses vertus éditoriales demandent à être évaluées.
Par rapport à une monographie de fouille classique, le recours à l’analyse logiciste entraîne une réduction, sans perte de contenu, du volume du texte, et fait apparaître l’enchaînement des opérations d’inférence en les dégageant de tout appareil rhétorique. La mise en évidence des arguments permet de rendre explicites les articulations du raisonnement et elle facilite la critique et la comparaison des processus interprétatifs. Elle permet aussi de pratiquer différents niveaux de lecture, depuis la prise de connaissance rapide des résultats jusqu’à l’examen des preuves, et les diagrammes logicistes, qui permettent d’accéder à l’argumentation détaillée, se prêtent bien à une consultation non-linéaire de la publication (Fig. 3).
Telle qu’elle a été mise en œuvre dans la publication, l’analyse logiciste a un rôle purement descriptif de formalisation ou de simulation du raisonnement, mais il serait sans doute possible d’aller plus loin et d’envisager la création d’une base de règles en raison du caractère standardisé des opérations d’inférences. Elles sont en effet répétitives : à tous les niveaux, depuis les propositions intermédiaires successives {P1, P2…..Pi} jusqu’aux propositions terminales {Pn}, elles consistent presque toujours à attribuer à une ou plusieurs entités une fonction, une chronologie (datation, durée…) ou une hypothèse de reconstitution morphologique.
L’intérêt d’une base de règles serait de tester le degré de généralité des opérations d’inférence, et surtout de préciser leurs conditions d’application en les soumettant à l’épreuve de nouveaux jeux de données. Il ne serait pas inutile, par exemple, de discuter et de clarifier les caractéristiques qu’on juge nécessaire pour attribuer à un bâtiment une fonction de stockage, ou d’habitation ou encore de lieu de culte, dans tel ou tel contexte chrono-culturel. Cela nécessiterait sans doute de décomposer davantage l’argumentation, notamment en présentant sous forme de règle de production ce qui a été admis comme proposition initiale comme dans le cas, évoqué ci-dessus, de l’identification à des absides de lieux de culte antérieurs des maçonneries trouvées sous l’église de Rigny.
Parmi les éléments qui demandent à être reconsidérés figure aussi la part des descriptions. Elles ont été considérablement réduites par rapport aux publications classiques, mais la place qui leur a été laissée dans cette publication est sans doute encore bien plus grande qu’il n’eût été nécessaire. C’est pour éviter une rupture trop brutale de nos habitudes que les commentaires associés aux propositions contiennent des descriptions qui ne sont pas toujours mobilisées dans l’argumentation, et qui sont parfois redondantes par rapport aux illustrations.
3 L’architecture de la publication
Elisabeth Zadora-Rio et Olivier Marlet
Conçue de manière à permettre plusieurs niveaux de lecture, de la prise de connaissance rapide des résultats à l’examen de l’argumentation, la publication comporte quatre entrées : par le récit, par les propositions logicistes, par les diagrammes et par les schémas chronologiques. Ces quatre blocs interconnectés donnent également accès à l’enregistrement de la fouille (Base de données en ligne ArSol) (Fig. 3).
Bloc 1 - Récit
Le Récit comporte quatre chapitres. Le Chapitre 1, qui porte sur le contexte environnemental du site, résume les résultats des études géomorphologiques, sédimentologiques et palynologiques réalisées par Nathalie Carcaud, Morgane Liard et Dominique Vivent, qui ont fait l’objet de publications antérieures. Les données utilisées sont présentées dans la bibliographie citée en référence, et l’argumentation de ce chapitre n’a pas fait l’objet d’une modélisation logiciste.
Le chapitre suivant (Chapitre 2) est méthodologique. Il définit les principes et les données mis en œuvre pour établir la chronologie et la périodisation du site.
Le Chapitre 3 relate de manière synthétique les résultats de la fouille — c’est-à-dire la transformation des usages du lieu, à l’échelle du site, selon le découpage, défini dans le chapitre précédent, en cinq périodes au cours desquelles l’espace fouillé occupe une place tantôt centrale, tantôt périphérique, dans le système de peuplement :
- Période 1 (600-750/800). Au centre de la colonica Riniaco, domaine rural de Saint-Martin de Tours : une église, des bâtiments résidentiels et agricoles ;
- Période 2 (750-950). À la périphérie du centre domanial, un espace funéraire diffus près de l’église ;
- Période 3 (950/1000-1100). La « paroissialisation » de l’espace funéraire (950/1000-1100) : un cimetière polarisé par l’église ;
- Période 4 (1100-1450). Le centre paroissial et villageois : la cohabitation des vivants et des morts (1100-1450) ;
- Période 5 (1450-1865). La marginalisation du centre paroissial et la spécialisation progressive des espaces (1450-1865) : la cure et le cimetière.
Ce chapitre, qui expose de façon condensée l’histoire du site, ne présente pas les fondements des interprétations mais il est étroitement articulé avec les propositions logicistes (Bloc 4), par de nombreux liens hypertextes qui permettent de consulter le détail de l’argumentation si on le souhaite. C’est ce Bloc 4 qui présente, pas à pas, les étapes du raisonnement conduisant des données initiales à l’interprétation des entités archéologiques en terme de datation, de fonction, ou d’hypothèse de reconstitution morphologique et qui permet donc d’en évaluer la validité. Ces mêmes chaînes d’inférence sont représentées graphiquement dans le Bloc 2 (Diagrammes logicistes).
Le Chapitre 4, intitulé « Gens de Rigny », est consacré aux habitants tels qu’on les perçoit à travers les données archéologiques et les sources écrites, et regroupe trois études distinctes.
La première (§ 4.1) décrit les transformations observées dans les pratiques funéraires de la population de Rigny d’une période à l’autre, depuis les premières inhumations vers le milieu du 8e siècle (Période 2) jusqu’à l’abandon du cimetière en 1865 (Période 5B), en se fondant sur la chronologie des groupes de sépultures établie dans le chapitre 2.3. Les informations sur la transformation des pratiques funéraires sont présentées de manière condensée dans deux tableaux (Fig. 24 et Fig. 28), dont le contenu est décrit, commenté et contextualisé dans le reste du chapitre.
La seconde partie (§ 4.2) est méthodologique. Elle porte sur la confrontation de la population archéologique avec les données des registres paroissiaux puis de l’état-civil dans le but d’évaluer la représentativité de la fouille du cimetière au cours de la seule période pour laquelle les limites de l’espace d’inhumation sont connues (v.1750-1865).
La troisième partie (§ 4.3) s’intéresse au mode de vie et au statut social des curés de Rigny, tels qu’on peut les appréhender, sous des angles différents à partir des sources matérielles et des sources textuelles, entre le milieu du 15e siècle et le 18e siècle.
Ces trois études n’ont pas fait l’objet d’une analyse logiciste.
Bloc 2 - Diagrammes logicistes
Les diagrammes sont engendrés automatiquement à partir des propositions logicistes (Bloc 4) et représentent graphiquement les chaînes d’inférence qui sous-tendent les résultats de la fouille présentés dans le récit (Bloc 1, chapitre 3). Comme les propositions logicistes, les diagrammes sont subdivisés en cinq sections, selon une logique essentiellement spatiale et fonctionnelle (Fig. 4), qui ne coïncide que partiellement avec la périodisation qui constitue le fil conducteur du récit.
La Section 1, qui est consacrée aux trois églises qui se sont succédé sur le même emplacement tout au long de l’occupation du site, du 7e au 19e siècle, est diachronique, de même que la Section 5, qui porte sur les fluctuations de l’espace funéraire.
La Section 2 présente la description et l’interprétation des bâtiments de la Période 1 (le centre domanial de Saint-Martin de Tours, 600-800), au nord et au sud-ouest de l’église.
La Section 3 présente la description et les transformations des bâtiments de la Période 4, tous localisés au nord de l’église (le centre paroissial et villageois, 1100-1450).
La Section 4 présente les transformations du presbytère et de ses dépendances au nord de l’église, sur l’emplacement des bâtiments de la période précédente (Période 5, 1450-1859).
La Section 5, comme la Section 1, est diachronique ; elle analyse les variations de l’emprise spatiale de la zone d’inhumation, qui a recouvert à un moment ou un autre presque tout l’espace fouillé et s’étend vers l’ouest en dehors des limites de celui-ci (Fig. 4). La Section 5 couvre les Périodes 2, 3, 4 et 5 (750 à 1865).
L’empan spatio-temporel de chacune des sections est donc défini par celui des arguments mobilisés dans l’interprétation des entités archéologiques : les transformations de l’église (Section 1) comme les fluctuations de la superficie du cimetière (Section5) devaient être abordées dans la longue durée.Les diagrammes logicistes donnent une vision synoptique de l’argumentation sous la forme d’une arborescence qui se développe de gauche à droite. Le niveau hiérarchique des propositions est marqué par la palette des couleurs, du plus clair, pour les {P0}, au plus foncé, pour les propositions terminales {Pn}. Les propositions initiales, ou {P0}, à gauche de l’écran, représentent la totalité des données de base, ou admises comme telles, sur lesquelles s’appuie la construction. Les propositions suivantes, de {P1} à {Pn}, n’introduisent pas de données nouvelles, mais représentent des opérations d’inférence fondées sur la combinaison des propositions de rang inférieur.
L’ordre de lecture peut conduire de la gauche vers la droite, dans le sens empirico-inductif, ou à l’inverse, de la droite vers la gauche, dans le sens hypothético-déductif.
Les diagrammes sont interactifs : en sélectionnant une proposition intermédiaire {Pi} ou une proposition terminale {Pn}, on sélectionne également les propositions qui la fondent. Un clic sur une des cases de l’arborescence permet d’accéder à l’argumentation détaillée présentée dans le Bloc 4 , ainsi qu’aux propositions antécédentes s’il s’agit d’une proposition intermédiaire {Pi} ou d’une proposition terminale {Pn}.
Bloc 3 – Schémas chronologiques
Le Schéma chronologique 1 représente la périodisation des changements d’usage du site et les alternances de l’occupation funéraire et des bâtiments. En cliquant sur les bâtiments qui se sont succédé, on accède aux propositions logicistes et aux illustrations qui les concernent (Bloc 4). Les phases d’inhumation (en vert) sont détaillées dans le schéma suivant.
Le Schéma chronologique 2 représente la répartition spatio-temporelle des groupes chronologiques de sépultures de part et d’autre des églises successives. La hauteur des cases affectées à chacun des groupes chronologiques représente la fourchette de datation du groupe, et le nombre de sépultures qui le composent est indiqué entre parenthèses à l’intérieur de chacune des cases. Le schéma précise également la nature des arguments de datation (stratigraphie, radiocarbone ou typochronologie), qui sont présentés de façon détaillée dans le Bloc 1 (Récit), Chapitre 2.3 et Fig. 15. En cliquant sur l’identifiant d’un groupe chronologique dans le Schéma chronologique 2, on accède à la liste des sépultures qui le composent ainsi qu’aux fiches individuelles, au mobilier funéraire et aux photos dans la base de données ArSol en ligne.
Bloc 4 - Les arguments logicistes
Le Bloc 4 développe, sous forme de propositions successives illustrées de documents et assorties de commentaires, les arguments présentés de façon lapidaire dans les diagrammes logicistes (Bloc 2). Dans chacune des cinq sections qui sous-tendent la synthèse des résultats de la fouille présentés dans le Chapitre 3 du récit, les propositions sont affichées sur un écran subdivisé en trois colonnes : dans la colonne de gauche un sommaire dynamique permet au lecteur de consulter rapidement l’ensemble des propositions, de sélectionner celles pour lesquelles il souhaite accéder à un niveau d’information plus détaillé, et de visualiser éventuellement, sur un autre écran, l’arborescence logiciste (Bloc 2). La colonne centrale permet une consultation détaillée des propositions, des documents qui les illustrent, et des commentaires qui apportent des précisions supplémentaires. Toujours dans la colonne centrale, la possibilité d’accéder, pour certaines propositions, à un niveau d’information plus détaillé est signalée par des intitulés précédés d’un astérisque et d’une croix sur laquelle on peut cliquer pour afficher de nouveaux écrans. La colonne de droite est réservée aux « antécédents » : elle reste vide jusqu’au moment où un clic sur une proposition intermédiaire {Pi} ou terminale {Pn}, entraîne l’affichage des propositions de niveau inférieur ({P0} ou {Pi} sur lesquelles elle s’appuie.
La base de données ArSol
La base de données de fouilles ArSol est accessible par des liens hypertextes qui permettent de consulter les fiches d’enregistrement de la fouille, notamment les sépultures et le mobilier.
La base de données ArSol a été conçue en 1990 sur le logiciel 4e Dimension (version 4) pour la fouille de Rigny sur le modèle d’enregistrement sur papier utilisé dans les fouilles de Tours. La saisie informatique des données a été faite au fur et à mesure de la fouille à partir de 1990 (et rétrospectivement pour les quatre campagnes de fouille précédentes, de 1986 à 1989). Cette base de données (appelée Archives du sol, puis ArSol) a été intégrée au cours des campagnes de fouilles de 1998 et 1999 dans une chaîne de traitement de l’information graphique associant les relevés numériques de terrain aux données stratigraphiques dans un système d’information géographique mis au point par Xavier Rodier sur le logiciel Mapinfo (puis ArcGis). Un deuxième module, BaDoC (Base documentaire pour la céramique), réalisé par Philippe Husi, contenant des outils d’aide à la quantification et à l’établissement de la typologie céramique lui a été associé (GALINIÉ et al. 2005 ; HUSI, RODIER 2011). Les données anthropologiques concernant la détermination de l’âge et du sexe des sépultures sont importées de la base de données anthropologique réalisée par Christian Theureau.
La base ArSol, qui a été utilisée sur diverses fouilles, à Tours et ailleurs, a été adaptée pour permettre des interrogations multi-sites. Elle est accessible en ligne depuis 2014 (HUSI, RODIER 2011 ; LE GOFF et al. 2015). La base de Rigny est consultable à l’état brut, telle qu’elle a été saisie au cours de la fouille et de l’exploitation des données dans les années 1990, à un moment où elle était destinée uniquement à un usage interne et où la mise en ligne et les interrogations multi-sites n’étaient pas du tout envisagées. Seules les tables Sépultures et Mobilier ont été révisées pour la présente publication.
Pour la céramique, les éléments datants mobilisés dans l’argumentation ont été présentés dans l’analyse logiciste (Bloc 4), sous forme de tableaux, avec les numéros des groupes techniques qui renvoient à la base de données en ligne ICERAMM (Information sur la CERAmique Médiévale et Moderne). Compte tenu du fait que la datation d’un même groupe technique peut évoluer au fur et à mesure de nouvelles découvertes, il a paru nécessaire de figer l’information à la date de la présente publication, tout en donnant accès aux révisions éventuelles publiées en ligne (iceramm.univ-tours.fr/).
1. | Pierre Joliot, professeur de bio-énergétique cellulaire au Collège de France, écrit ainsi qu’ « il faut tout d’abord souligner que les chercheurs n’ont pas attendu l’arrivée des réseaux de communication pour être submergés par un flot de publications dépassant leurs capacités d’assimilation. En se limitant aux articles publiés dans les journaux scientifiques, il est depuis longtemps impossible d’assimiler toute l’information disponible dans son propre domaine de recherche. » (JOLIOT 2001 : 88). |
2. | L’appel d’offres a été publié dans les Nouvelles de l’archéologie, 29, automne 1987 : 50-51. |
3. | The aim of the project is to investigate novel ways in which electronic publication over the Internet can provide broad access to research findings in the arts and humanities, and can also make underlying data available in such a way so that readers are enabled to ’drill down’ seamlessly into online archives to test interpretations and develop their own conclusions (http://intarch.ac.uk/leap/). |