Chapitre 17
Capitulum XVII1caput 16 1536.
Caab1Il semble bien que le caab,
dont la description pourrait certes évoquer le dugong, ne soit qu’un
monstre littéraire tiré d’une mauvaise interprétation des
informations délivrées par Aristote sur l’éléphant terrestre en Arist. HA 497 b 23-31. et canis marinus [« le chien de mer » : le squale2L’appellation « chien de mer » recouvre plus de
cent espèces de squales, par exemple Mustelus mustelus Linné, 1758.
Kitchell & Resnick 1999, 1677, n. 131, proposent de voir dans
cet animal un phoque, hypothèse que nous ne retenons pas. Dans ce
passage, Vincent de Beauvais (VB 17, 103) a repris un contresens de
Thomas de Cantimpré (TC 6, 13) sur Pline (Plin. nat. 9, 92) qui décrit des chiens
attaquant un poulpe monstrueux venu à terre.] [+][VB 17,
103 De caab et
cane marino [-]][+]
Caab et2et om. 1536. canis marinus [+][VB 17, 103 De caab et cane marino [-]][+]
Renvois internes : Canis marinus : cf.
Galata, ch. 38 ; Mustela, ch. 57.
Lieux parallèles : Caab dans TC, De caab
(6, 9) ; AM, [Cahab] (24, 33
(25)).
Canis marinus dans TC,
De canibus marinis (6, 13) ; AM, [Canes
marini] (24, 37
(26)).
[1] [•] VB 17, 103, 1 Nota HSIsidore. [•] TC 6, 9Le caab est un animal marin dont les
pattes sont petites en proportion de son corps, qui est vraiment
grand. Ses pattes ressemblent à celles d’une vache ; l’une d’entre elles est longue, cartilagineuse,
sans os ; il l’utilise comme une main pour tout ce qu’il fait. Il
s’en sert pour déraciner ce qu’il veut, pour prendre sa nourriture
et la porter à sa bouche. Et quand il nage, il respire dans
l’eau ; mais, en respirant, il aspire l’eau lorsqu’il inspire ; et
quand il en est empli, il remonte à la surface et la recrache, et
ainsi il reprend son souffle3La traduction de Michel Scot emploie très
régulièrement le terme d’origine arabe cahab pour désigner la cheville, ou plus
précisément l’astragale, l’os qui, chez l’homme, articule le tarse
avec le tibia et le péroné. C’est en particulier le cas dans la
description de l’éléphant terrestre en Arist. HA 497 b 23-31 MS, qui est la source
du passage : Et pedes eius anteriores sunt
maiores posterioribus multum, et habet quinque digitos in pedibus
posterioribus, et habet duo cahab parva respectu magnitudinis
corporis sui. Et habet calceum longum, magnum, et utitur loco
manus in hominibus, quantum per ipsum accipit cibaria et reddit
ipsa ori eius et per ipsum etiam domino suo, quod voluerit. Et per
ipsum erradicat arbores, et cum natat in aqua, inspirat eo et
eicit aquam. Et ille calceus creatur ex cartillagine, « Et
ses pattes avant sont beaucoup plus grandes que ses pattes
arrière ; il a cinq doigts aux pattes arrière et il a deux cahab [chevilles] qui sont courtes par rapport
à sa taille ; il a une trompe, longue, grande, et il l’utilise
comme les hommes utilisent leurs mains ; elle est telle qu’elle
lui permet de prendre sa nourriture, de la porter à sa bouche et
qu’il peut même apporter à son maître ce qu’il désire ; avec elle,
il arrache les arbres, et lorsqu’il nage dans l’eau, elle lui sert
à respirer et à rejeter l’eau ; et cette trompe est faite de
cartilage ». Une lecture rapide a fait de cahab / caab, mot
inconnu, le sujet du verbe habet et un nom
d’animal ; la même lecture rapide a déduit des observations sur
les capacités respiratoires de l’éléphant le fait que le caab était un animal marin..
[1] [•] VB 17, 103, 1 compil.Isidorus3isidorus non hab.
VB.4Marqueur erroné. La notice de Vincent de
Beauvais ne comporte pas de marqueur introducteur, le chapitre
précédent se concluant sur une citation de Thomas de
Cantimpré : comme déjà à plusieurs reprises, le compilateur de
l’Hortus sanitatis a attribué le
passage à Isidore de Séville sans s’imposer de vérifier
l’exactitude de cette assertion. Vincent de Beauvais suit ici
de très près Thomas de Cantimpré.. [•] TC 6, 9Caab est animal marinum5marinus 1536.
habens pedes parvos respectu sui corporis, quod utique magnum est.
Sunt autem pedibus vaccae similes. Horum unus longus est, cartilaginosus,
osse carens ; quo utitur loco manus in omnibus. Per ipsum enim
eradicat quod vult et6post et hab. per 1491 Prüss1 1536. cibaria per eum accipit7accipitur 1491 Prüss1. eaque
ori suo reddit. Et cum natat in aqua, spirat in ea. Sed spirando
anhelitu suo aquam in corpus suum attrahit8trahit VBd.. Qua cum repletus fuerit, ad aerem
recurrens eam rejicit et sic respirat.
[2] [•] VB 17, 103, 1 Nota HSLe même. [•] TC 6, 13Le chien de mer est un monstre marin redoutable,
s’attaquant à tous les êtres vivants, lesquels tombent sous ses
coups. Il a des dents puissantes en forme de clous. Ces animaux
chassent dans la mer les bancs de poissons, comme les chiens chassent, sur la terre ferme, les bêtes sauvages,
à ceci près qu’ils ne peuvent aboyer ; mais ils émettent, en guise
d’aboiement, un souffle terrifiant. Quand ils poursuivent un banc
de poissons, ils l’acculent dans des passages étroits et, quand
ils l’ont acculé, ils l’attaquent et tuent cruellement leurs
proies. Les pêcheurs, qui connaissent les endroits où les poissons
se tiennent cachés au terme de leur fuite, les enferment dans
leurs filets et les attrapent. Il est difficile de tuer ces
monstres ; on y parvient en leur assénant de nombreux coups de
trident.
[2] [•] VB 17, 103, 1 compil.Idem9idem non hab. VB.10Vincent de
Beauvais suit de près Thomas de Cantimpré.. [•] TC 6, 13Canis11post canis add. marinus
1536. est marina12marina del.
1536. belua terribilis et hostilis omni animanti,
quod ejus verberibus caedit. Robustissimos13robustissimos… bronchos (bronchos correximus : branchos 1491
Prüss1 1536 VB2 )…
formatos : robustissimas… branchias… formatas VBd. habet bronchos
clavorum modo formatos. Hi venantur per mare greges piscium instar
canum in terra feras venantium, excepto quod latrare
nequeunt ; [1491/vue 11] sed pro
latratu afflatum horribilem habent. Insequentes ergo piscium
greges ad loca angusta[Prüss1/vue 9]
coartant14coarctant VBd., et sic in
coartatos15coarctatos VBd. crudeli morte
grassantur. Piscatores vero, loca notantes in quibus absconditi
pisces a fuga latebant, retibus capiunt circumclusos. Hae vero
beluae difficulter multis tridentibus confici possunt.
[3] [•] VB 17, 103, 2Le même. [•] Isid. orig. 12, 6, 5Le chien de mer doit son nom à la ressemblance de ses mœurs
avec celles du chien terrestre : il mord.
[3] [•] VB 17, 103, 2Item16isidorus VB.. [•] Isid. orig. 12, 6, 5
— Nomina
instituta sunt […] ex moribus terrestrium,
ut canes in mari a terrenis canibus nuncupati, quod mordeant.Canis marinus a similitudine morum canis terrestris dicitur, eo scilicet quod
mordeat.
Propriétés et
indications
Operationes
[4] [•] VB 17, 103, 3Avicenne. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 14On dit que le fiel Nota HSdu chien de mer ou [•] Avic. canon 4, 6, 2,
14du chien d’eau est un poison : si quelqu’un en absorbe
l’équivalent d’une lentille, il meurt en une semaine. Mais le
remède à cet empoisonnement est de boire du beurre de vache cuit avec de la gentiane romaine et de la
cinnamome, puis, à nouveau, la présure de lièvre.
[4] [•] VB 17, 103, 3Avicenna17Comme chez Vincent de Beauvais, la
citation d’Avicenne est lacunaire dans l’Hortus sanitatis, et la phrase commençant
par et iterum coagulum est incomplète.
Nous traduisons cependant le texte tel qu’il
est.. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 14
— Dixerunt quidam si comederit homo de felle canis
aquae, quantitatem lentis unius, interficit post hebdomadam. Cura.
Detur in potu butyrum coctum vaccinum cum gentiana Romana et
cinamomo et iterum coagulum leporis et iungatur cum oleo aromatico
et subtiliet regimen.Fel compil.canis18canis —
vel non hab. VB. marini vel [•] Avic. canon 4, 6, 2, 14canis aquae dixerunt esse venenum. De quo si quis
comederit quantitatem lentis unius, interfit19interficit 1491 Prüss1 1536 VB. post hebdomadam20hebdomodam 1536 ebdomedam VB2.. Sed cura ejus est ut bibatur
butyrum coctum vaccinum cum gentiana Romana et cinnamomo et iterum
coagulum leporis.
~
1Il semble bien que le caab,
dont la description pourrait certes évoquer le dugong, ne soit qu’un
monstre littéraire tiré d’une mauvaise interprétation des
informations délivrées par Aristote sur l’éléphant terrestre en Arist. HA 497 b 23-31.
2L’appellation « chien de mer » recouvre plus de
cent espèces de squales, par exemple Mustelus mustelus Linné, 1758.
Kitchell & Resnick 1999, 1677, n. 131, proposent de voir dans
cet animal un phoque, hypothèse que nous ne retenons pas. Dans ce
passage, Vincent de Beauvais (VB 17, 103) a repris un contresens de
Thomas de Cantimpré (TC 6, 13) sur Pline (Plin. nat. 9, 92) qui décrit des chiens
attaquant un poulpe monstrueux venu à terre.
3La traduction de Michel Scot emploie très
régulièrement le terme d’origine arabe cahab pour désigner la cheville, ou plus
précisément l’astragale, l’os qui, chez l’homme, articule le tarse
avec le tibia et le péroné. C’est en particulier le cas dans la
description de l’éléphant terrestre en Arist. HA 497 b 23-31 MS, qui est la source
du passage : Et pedes eius anteriores sunt
maiores posterioribus multum, et habet quinque digitos in pedibus
posterioribus, et habet duo cahab parva respectu magnitudinis
corporis sui. Et habet calceum longum, magnum, et utitur loco
manus in hominibus, quantum per ipsum accipit cibaria et reddit
ipsa ori eius et per ipsum etiam domino suo, quod voluerit. Et per
ipsum erradicat arbores, et cum natat in aqua, inspirat eo et
eicit aquam. Et ille calceus creatur ex cartillagine, « Et
ses pattes avant sont beaucoup plus grandes que ses pattes
arrière ; il a cinq doigts aux pattes arrière et il a deux cahab [chevilles] qui sont courtes par rapport
à sa taille ; il a une trompe, longue, grande, et il l’utilise
comme les hommes utilisent leurs mains ; elle est telle qu’elle
lui permet de prendre sa nourriture, de la porter à sa bouche et
qu’il peut même apporter à son maître ce qu’il désire ; avec elle,
il arrache les arbres, et lorsqu’il nage dans l’eau, elle lui sert
à respirer et à rejeter l’eau ; et cette trompe est faite de
cartilage ». Une lecture rapide a fait de cahab / caab, mot
inconnu, le sujet du verbe habet et un nom
d’animal ; la même lecture rapide a déduit des observations sur
les capacités respiratoires de l’éléphant le fait que le caab était un animal marin.
~
1caput 16 1536.
2et om. 1536.
3isidorus non hab.
VB.
4Marqueur erroné. La notice de Vincent de
Beauvais ne comporte pas de marqueur introducteur, le chapitre
précédent se concluant sur une citation de Thomas de
Cantimpré : comme déjà à plusieurs reprises, le compilateur de
l’Hortus sanitatis a attribué le
passage à Isidore de Séville sans s’imposer de vérifier
l’exactitude de cette assertion. Vincent de Beauvais suit ici
de très près Thomas de Cantimpré.
5marinus 1536.
6post et hab. per 1491 Prüss1 1536.
7accipitur 1491 Prüss1.
8trahit VBd.
9idem non hab. VB.
10Vincent de
Beauvais suit de près Thomas de Cantimpré.
11post canis add. marinus
1536.
12marina del.
1536.
13robustissimos… bronchos (bronchos correximus : branchos 1491
Prüss1 1536 VB2 )…
formatos : robustissimas… branchias… formatas VBd.
14coarctant VBd.
15coarctatos VBd.
16isidorus VB.
17Comme chez Vincent de Beauvais, la
citation d’Avicenne est lacunaire dans l’Hortus sanitatis, et la phrase commençant
par et iterum coagulum est incomplète.
Nous traduisons cependant le texte tel qu’il
est.
18canis —
vel non hab. VB.
19interficit 1491 Prüss1 1536 VB.
20hebdomodam 1536 ebdomedam VB2.