Chapitre 28
Capitulum XXVIII1caput 26 1536.
Dentrix [le denté1Il doit s’agir du denté (Dentex dentex Linné, 1758, ou
Sparus dentex Linné, 1758), qui
est de la même famille que le pagre (Sparidae) et au sujet duquel Isidore de Séville
écrit : Dentix pro multitudine et granditate
dentium dictus (Isid. orig. 12, 6, 23), « Le dentix doit son nom au nombre et à la taille de
ses dents ». Tous deux se nourrissent de mollusques qu’ils cassent
effectivement de leurs fortes molaires. André 1986, 195, n. 361,
relève l’identification de De Saint-Denis (le denté vulgaire), mais
renvoie aussi à Capponi 1972, 2, 463-464, selon lequel dentix est un synonyme de pagrus. La description du denté suit
immédiatement celle du pagre chez Isidore de Séville, selon lequel
ces poissons doivent leur nom à leurs dents : la lecture successive
de la description de deux poissons dotés d’une caractéristique
commune a pu expliquer leur assimilation chez les encyclopédistes
médiévaux (voir infra, ch. 28, 1). Vincent de
Beauvais (VB 17, 47) réitère la remarque dans la description du pagrus. Kitchell & Resnick 1999, 1680,
n. 148, d’après l’identification que fait Albert le Grand entre le
dentix et le pagrus,
graphié peagrus chez Albert le Grand (AM 24,
42 (29)), montrent que le nom latin est une corruption du grec
φάγρος qu’ils identifient comme « la brème » (Sparus cantharus Linné, 1758). Sur
une confusion possible entre ce poisson et le Sparus sargus Linné, 1758, voir
D’Arcy Thompson 1947, 101.] et dies
[l’éphémère2Le nom dies est la
traduction du grec ἐφήμερον, insecte décrit par Aristote (cité en
note de commentaire zoologique, ch. 28, 3). Kitchell & Resnick
1999, 1680, n. 147, expliquent que le dies
est intégré au groupe des poissons « parce qu’on a observé que
ses œufs flottaient en masse sur les cours d’eau ». Cependant,
malgré ce qu’en dit Aristote, l’insecte ne sort pas de l’œuf posé à
la surface de l’eau : de l’œuf naît une larve aquatique, pourvue de
branchies et qui se nourrit d’algues. Une fois arrivée à maturation,
celle-ci vient sur le bord du ruisseau et se transforme en insecte
pour ne vivre que quelques heures ; après l’accouplement, la femelle
laisse ses œufs à la surface de l’eau, et ceux-ci se déposent au
fond.] [+][VB 17, 47 De dentrice et die [-]][+]
Dentrix et dies [+][VB 17, 47 De dentrice et die [-]][+]
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1Il doit s’agir du denté (Dentex dentex Linné, 1758, ou Sparus dentex Linné, 1758), qui est de la même famille que le pagre (Sparidae) et au sujet duquel Isidore de Séville écrit : Dentix pro multitudine et granditate dentium dictus (Isid. orig. 12, 6, 23), « Le dentix doit son nom au nombre et à la taille de ses dents ». Tous deux se nourrissent de mollusques qu’ils cassent effectivement de leurs fortes molaires. André 1986, 195, n. 361, relève l’identification de De Saint-Denis (le denté vulgaire), mais renvoie aussi à Capponi 1972, 2, 463-464, selon lequel dentix est un synonyme de pagrus. La description du denté suit immédiatement celle du pagre chez Isidore de Séville, selon lequel ces poissons doivent leur nom à leurs dents : la lecture successive de la description de deux poissons dotés d’une caractéristique commune a pu expliquer leur assimilation chez les encyclopédistes médiévaux (voir infra, ch. 28, 1). Vincent de Beauvais (VB 17, 47) réitère la remarque dans la description du pagrus. Kitchell & Resnick 1999, 1680, n. 148, d’après l’identification que fait Albert le Grand entre le dentix et le pagrus, graphié peagrus chez Albert le Grand (AM 24, 42 (29)), montrent que le nom latin est une corruption du grec φάγρος qu’ils identifient comme « la brème » (Sparus cantharus Linné, 1758). Sur une confusion possible entre ce poisson et le Sparus sargus Linné, 1758, voir D’Arcy Thompson 1947, 101.
2Le nom dies est la traduction du grec ἐφήμερον, insecte décrit par Aristote (cité en note de commentaire zoologique, ch. 28, 3). Kitchell & Resnick 1999, 1680, n. 147, expliquent que le dies est intégré au groupe des poissons « parce qu’on a observé que ses œufs flottaient en masse sur les cours d’eau ». Cependant, malgré ce qu’en dit Aristote, l’insecte ne sort pas de l’œuf posé à la surface de l’eau : de l’œuf naît une larve aquatique, pourvue de branchies et qui se nourrit d’algues. Une fois arrivée à maturation, celle-ci vient sur le bord du ruisseau et se transforme en insecte pour ne vivre que quelques heures ; après l’accouplement, la femelle laisse ses œufs à la surface de l’eau, et ceux-ci se déposent au fond.
3Aristote (Arist. HA 552 b 20) décrit non pas un poisson mais un insecte, doté de quatre pattes et de quatre ailes : « Sur les eaux de l’Hypanis (fleuve de la Samartie d’Asie), le fleuve de la région du Bosphore Cimmérien, on voit au moment du solstice d’été, emportés au fil du courant, des espèces de sachets plus gros que des grains de raisin d’où sort, quand ils se déchirent, un animal ailé à quatre pattes. Il vit et il vole jusqu’au soir, mais à mesure que le soleil décline, il s’affaiblit, et il meurt quand le soleil se couche, après n’avoir vécu qu’une seule journée, d’où son nom d’éphémère » (Louis 1968, 43). Voir aussi Arist. HA 490 a 34 : « Les non sanguins à pieds multiples, qu’ils volent ou marchent, ont plus de quatre points d’appui pour se mouvoir, par exemple l’animal appelé éphémère a quatre pieds et quatre ailes : il se singularise non seulement par la durée de sa vie, qui lui vaut son nom, mais encore par cette particularité qu’il est ailé tout en étant quadrupède » (Louis 1964, 13). La description de cet animal par Aristote a aussi inspiré Cic. Tusc. 1, 94.
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1caput 26 1536.
2natura VBd.
3Vincent de Beauvais a recopié la première moitié du texte de Thomas de Cantimpré, qui rapproche aussi le dentrix et le pagrus, graphié cependant peagrus comme chez Albert le Grand. Thomas de Cantimpré précise qu’il tient ses informations d’Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 22-23). En outre, Albert le Grand (AM 24, 100 (49)), dans la description du polipus, ajoute que le dentrix est aussi appelé le dentatus.
4dentrix… dentix : dentix… dentrix VB.
5crassatur VBd.
6autor 1536 auctor VBd.
7dentrix Prüss1.
8ex — supra non hab. VB.
9Vincent de Beauvais a résumé le texte de Thomas de Cantimpré, en ne retenant que les morceaux de phrase purement descriptifs et en retirant le commentaire théologique.
10hoc — animalium non hab. VB.
Annotations scientifiques
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