Chapitre 33

[Prüss1/vue 17] Capitulum XXXIII1caput 31 1536.

Effimerion [l’éphémère1L’auteur a commis ici une grave erreur de taxinomie, puisque le poisson ainsi désigné n’est autre que l’insecte appelé éphémère, dont la principale caractéristique est de ne vivre que le temps de se reproduire.] et escarus [le scare2Le scare (Labris cretensis Linné, 1758), appartenant à la famille des scaridés, est couramment appelé « poisson perroquet » en raison des couleurs chatoyantes de ses écailles. La conformation très particulière de ses mâchoires, en forme de bec, lui permet de « brouter » les algues et les herbes marines. Il tirait son nom, en grec, du verbe σκαίρω, « bondir », la force de sa queue lui permettant de s’échapper en se débattant des nasses qui l’emprisonnaient (De Saint-Denis 1947, 100-102).] [+][VB 17, 52 De ephemero et escaro [-]][+]

Effimerion2ephimerion 1536 ut semper. et escarus3scarus 1536. [+][VB 17, 52 De effimerone4ephemero VBd ut semper. et escaro5scaro VBd. [-]][+]

Renvois internes : Effimerion : cf. Dies, ch. 28.
Escarus : cf. Staurus, ch. 80.

Lieux parallèles : Escarus dans TC, De scauro (7, 81) ; AM, [Scaurus] (24, 116 (54)).

poisson

[1] [] VB 17, 52, 1Iorach. [] AS 2, 7, 26cL’éphémère est un poisson qui n’est pas issu d’un accouplement, et après trois heures de vie, il meurt.

[1] [] VB 17, 52, 1Jorath6post jorath hab. ubi supra VB2.. [] AS 2, 7, 26cet mugilis piscis, nisi gravidus fuerit, cum senserit piscatorum retia, volatu suo evadit ea (Iorach cité d’après Arnold de Saxe). Voir aussi Etzkorn 2005, 433.Effimerion piscis est qui sine coitu nascitur, et cum per tres horas diei vixerit, moritur.

[2] [] VB 17, 52, 2Isidore. [] Isid. orig. 12, 6, 30Le scare est nommé de ce qu’il est seul, dit-on, à ruminer sa nourriture. Il est ingénieux, à ce qu’on rapporte : en effet, pris dans une nasse, il ne sort pas, Nota HSdit-on, [] Isid. orig. 12, 6, 30de front et n’introduit pas sa tête dans la vannerie ennemie, mais tournant le dos, il élargit l’ouverture par de fréquents coups de queue et se retire ainsi à reculons. S’il arrive qu’un autre scare le voie de l’extérieur se débattre, il lui saisit la queue entre les dents afin de seconder les efforts qu’il fait pour sortir.

[2] [] VB 17, 52, 2Isidorus. [] Isid. orig. 12, 6, 30Escarus dictus eo quod solus escam ruminare perhibetur ; denique alii pisces non ruminant. Tradunt autem hunc ingeniosum esse ; namque inclusum nassis non fronte erumpere nec infestis uiminibus caput inserere, sed auersum caudae ictibus crebris laxare fores atque ita retrorsum redire ; quem luctatum eius si forte alius escarus extrinsecus uideat, adprehensa mordicus cauda adiuuare nisus erumpentis.Escarus dictus est eo quod solus7salsus 1491 Prüss1 1536. escam ruminare perhibetur. Tradunt autem hunc ingeniosum esse : inclusum quippe nassis, non fronte erumpere nec infestis viminibus caput inserere, sed aversum caudae ictibus crebris laxare fores8fore 1491 Prüss1., et ita retrorsum redire compil.fertur9fertur non hab. VB.. [] Isid. orig. 12, 6, 30Quem luctatum10luctarum 1491 Prüss1. ejus si forte alius escarus extrinsecus11intrinsecus 1491 Prüss1 1536 VB2. videat, apprehensa mordicus cauda, nisus erumpentis adjuvare dicitur12Voir aussi Plin. nat. 32, 11 : […] scarum inclusum nassis non fronte erumpere nec infestis uiminibus caput inserere sed auersum caudae ictibus crebris laxare fores atque ita retrorsum repere, quem luctatum eius si forte alius scarus extrinsecus uideat, adprehensa mordicus cauda adiuuare nisus erumpentis..

Propriétés et indications

Operationes

[3] [] VB 17, 52, 3A. Pline, livre 9. [] Plin. nat. 9, 62On accorde aujourd’hui le premier rang au scare3Sur les qualités gustatives de ce poisson, voir notamment Petr. 93, 2 : Vltimis ab oris / attractus scarus […] probatur : / mulus iam grauis est, « Le scare, venu des rives les plus lointaines […] voilà qui est en honneur. Le mulet paraît désormais grossier » (Ernout 1990, 97). Le scare est ici présenté comme un mets de choix, par opposition au mulet, trop commun. Voir De Saint-Denis 1947, 102. ; c’est le seul poisson, dit-on, qui rumine et qui se nourrisse d’herbes, et non d’autres poissons.

[3] [] VB 17, 52, 3A. Plinius libro nono13La citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.. [] Plin. nat. 9, 62Nunc principatus scaro datur, qui solus piscium dicitur ruminare herbisque uesci atque non aliis piscibus, […].Escaro – vel14escaro vel non hab. 1536 VBd.15Seules les éditions princeps et Prüss1 portent la précision escaro vel, témoignant du passage de scarus (Pline) à escarus (Isidore de Séville). scaro – principatus nunc datur, qui solus piscium ruminare dicitur herbisque vesci, non aliis piscibus16Les informations données par Pline sont empruntées à Aristote (Arist. HA 591 b 18). Voir aussi Ov. hal. 119..

[4] [] VB 17, 52, 3B. [] Plin. nat. 9, 62Il est très commun dans la mer de Carpathos, ne dépassant jamais de lui-même le promontoire de Lecte en Troade. L’empereur Tiberius Claudius en fit apporter de là et Optatus Elipertus4Il faudrait lire « sous le règne de Tiberius Claudius, un affranchi du nom d’Optatus […] » : Vincent de Beauvais (que reproduit intégralement le texte de l’Hortus sanitatis) a hérité de la tradition manuscrite un nom propre fantaisiste, Elipertus, en même temps que la préposition a qui fait de Tiberio Claudio un complément d’agent., préfet de la flotte, en ensemença la mer entre les rivages d’Ostie et de Campanie. Pendant près de cinq années, on veilla à ce que les poissons qu’on avait capturés fussent remis à la mer. Depuis, on les trouve en grand nombre sur les côtes d’Italie, où on n’en avait jamais pris auparavant.

[4] [] VB 17, 52, 3B. [] Plin. nat. 9, 62[…] Carpathio maxime mari frequens. Promunturium Troadis Lectum numquam sponte transit. Inde aduectos Tiberio Claudio principe Optatus e liberti<s e>ius praefectus classis inter Ostiensem et Campaniae oram sparsos disseminauit, quinquennio fere cura adhibita, ut capti redderentur mari. Postea frequentes inueniuntur Italiae litore, non antea ibi capti.Carpathio mari maxime frequens, promontorium Troadis Lectum17lecton 1536. numquam sponte transit. Inde autem advectos a Tiberio [1491/vue 21] Claudio principe Optatus Elipertus18elipartius VB., praefectus classis, inter Ostiensem et Campaniae oram sparsos disseminavit. Quinquennio fere cura est adhibita ut capti redderentur mari. Postea frequentes inveniuntur in litoribus Italiae, non ante ibi capti.

[5] [] VB 17, 52, 4C. Le même, dans le livre 11. [] Plin. nat. 11, 162Tous les poissons ont les dents serratiles, excepté le scare, qui est le seul parmi les poissons à avoir les dents planes5Voir aussi Arist. HA 505 a 28-30 ; Arist. PA 662 a 7-8 et Arist. PA 675 a 2-4.. [] Plin. nat. 11, 245Ce poisson se sert de ses pattes antérieures comme de mains pour porter la nourriture à sa bouche6Vincent de Beauvais a confondu le scarus avec le sciurus, « l’écureuil » de Plin. nat. 11, 245 : « Quelques animaux se servent de leurs pattes de devant comme de mains, et, assis, portent avec elles les aliments à leur bouche, par exemple les écureuils [ut sciuri] » (Ernout & Pépin 1947, 106). Il faut reconnaître que la paronymie a pu l’induire en erreur, d’autant plus qu’une remarque du même genre et en des termes très proches, retenue par Vincent de Beauvais et l’Hortus sanitatis, a été faite par Pline (Plin. nat. 9, 83) à propos de la seiche et du calmar : Sepiae et lolligini pedes duo ex his longissimi et asperi, quibus ad ora admouent cibos […], « La seiche et le calmar ont deux de ces pieds très longs et rugueux, au moyen desquels ils portent à leur bouche leur nourriture […] » (De Saint-Denis 1955, 64) (voir Loligo, ch. 51, 3). La notice se termine donc de façon incohérente..

[5] [] VB 17, 52, 4C. Idem in libro undecimo. [] Plin. nat. 11, 162Piscium omnibus serrati praeter scarum ; huic uni aquatilium plani.Omnibus piscibus sunt dentes serrati praeter escarum19scarum 1536 VB., cui scilicet uni aquatilium pleni. [] Plin. nat. 11, 245Animalium quaedam ut manibus utuntur priorum ministerio pedum sedentque ad os illis admouentia cibos, ut sciuri.Hic utitur prioribus pedibus ut manibus cibum20cibos 1536. ori admoventibus.

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1L’auteur a commis ici une grave erreur de taxinomie, puisque le poisson ainsi désigné n’est autre que l’insecte appelé éphémère, dont la principale caractéristique est de ne vivre que le temps de se reproduire.

2Le scare (Labris cretensis Linné, 1758), appartenant à la famille des scaridés, est couramment appelé « poisson perroquet » en raison des couleurs chatoyantes de ses écailles. La conformation très particulière de ses mâchoires, en forme de bec, lui permet de « brouter » les algues et les herbes marines. Il tirait son nom, en grec, du verbe σκαίρω, « bondir », la force de sa queue lui permettant de s’échapper en se débattant des nasses qui l’emprisonnaient (De Saint-Denis 1947, 100-102).

3Sur les qualités gustatives de ce poisson, voir notamment Petr. 93, 2 : Vltimis ab oris / attractus scarus […] probatur : / mulus iam grauis est, « Le scare, venu des rives les plus lointaines […] voilà qui est en honneur. Le mulet paraît désormais grossier » (Ernout 1990, 97). Le scare est ici présenté comme un mets de choix, par opposition au mulet, trop commun. Voir De Saint-Denis 1947, 102.

4Il faudrait lire « sous le règne de Tiberius Claudius, un affranchi du nom d’Optatus […] » : Vincent de Beauvais (que reproduit intégralement le texte de l’Hortus sanitatis) a hérité de la tradition manuscrite un nom propre fantaisiste, Elipertus, en même temps que la préposition a qui fait de Tiberio Claudio un complément d’agent.

5Voir aussi Arist. HA 505 a 28-30 ; Arist. PA 662 a 7-8 et Arist. PA 675 a 2-4.

6Vincent de Beauvais a confondu le scarus avec le sciurus, « l’écureuil » de Plin. nat. 11, 245 : « Quelques animaux se servent de leurs pattes de devant comme de mains, et, assis, portent avec elles les aliments à leur bouche, par exemple les écureuils [ut sciuri] » (Ernout & Pépin 1947, 106). Il faut reconnaître que la paronymie a pu l’induire en erreur, d’autant plus qu’une remarque du même genre et en des termes très proches, retenue par Vincent de Beauvais et l’Hortus sanitatis, a été faite par Pline (Plin. nat. 9, 83) à propos de la seiche et du calmar : Sepiae et lolligini pedes duo ex his longissimi et asperi, quibus ad ora admouent cibos […], « La seiche et le calmar ont deux de ces pieds très longs et rugueux, au moyen desquels ils portent à leur bouche leur nourriture […] » (De Saint-Denis 1955, 64) (voir Loligo, ch. 51, 3). La notice se termine donc de façon incohérente.

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1caput 31 1536.

2ephimerion 1536 ut semper.

3scarus 1536.

4ephemero VBd ut semper.

5scaro VBd.

6post jorath hab. ubi supra VB2.

7salsus 1491 Prüss1 1536.

8fore 1491 Prüss1.

9fertur non hab. VB.

10luctarum 1491 Prüss1.

11intrinsecus 1491 Prüss1 1536 VB2.

12Voir aussi Plin. nat. 32, 11 : […] scarum inclusum nassis non fronte erumpere nec infestis uiminibus caput inserere sed auersum caudae ictibus crebris laxare fores atque ita retrorsum repere, quem luctatum eius si forte alius scarus extrinsecus uideat, adprehensa mordicus cauda adiuuare nisus erumpentis.

13La citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.

14escaro vel non hab. 1536 VBd.

15Seules les éditions princeps et Prüss1 portent la précision escaro vel, témoignant du passage de scarus (Pline) à escarus (Isidore de Séville).

16Les informations données par Pline sont empruntées à Aristote (Arist. HA 591 b 18). Voir aussi Ov. hal. 119.

17lecton 1536.

18elipartius VB.

19scarum 1536 VB.

20cibos 1536.

Annotations scientifiques

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