Effimerion [l’éphémère1L’auteur a commis ici une grave erreur de
taxinomie, puisque le poisson ainsi désigné n’est autre que
l’insecte appelé éphémère, dont la principale caractéristique est de
ne vivre que le temps de se reproduire.] et escarus [le scare2Le scare (Labris cretensis Linné, 1758),
appartenant à la famille des scaridés, est couramment appelé
« poisson perroquet » en raison des couleurs chatoyantes de ses
écailles. La conformation très particulière de ses mâchoires, en
forme de bec, lui permet de « brouter » les algues et les herbes
marines. Il tirait son nom, en grec, du verbe σκαίρω, « bondir », la
force de sa queue lui permettant de s’échapper en se débattant des
nasses qui l’emprisonnaient (De Saint-Denis 1947, 100-102).]
[+][VB 17, 52 De ephemero et escaro [-]][+]
Effimerion2ephimerion 1536 ut
semper. et escarus3scarus 1536. [+][VB 17, 52 De effimerone4ephemero VBd ut semper. et escaro5scaro VBd. [-]][+]
Renvois internes : Effimerion : cf. Dies, ch. 28.
Escarus : cf. Staurus, ch. 80.
Lieux parallèles : Escarus dans TC, De scauro
(7, 81) ; AM, [Scaurus] (24,
116 (54)).
[1] [•] VB 17, 52, 1Iorach. [•] AS 2, 7,
26cL’éphémère est un poisson qui n’est pas issu d’un
accouplement, et après trois heures de vie, il meurt.
[1] [•] VB 17, 52, 1Jorath6post jorath hab. ubi supra VB2.. [•] AS 2, 7,
26c
— et mugilis piscis, nisi gravidus fuerit, cum
senserit piscatorum retia, volatu suo evadit ea (Iorach cité
d’après Arnold de Saxe). Voir aussi Etzkorn 2005, 433.Effimerion piscis est qui sine coitu nascitur, et cum
per tres horas diei vixerit, moritur.
[2] [•] VB 17, 52, 2Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 30Le scare est nommé de ce qu’il est seul, dit-on, à ruminer
sa nourriture. Il est ingénieux, à ce qu’on rapporte : en effet,
pris dans une nasse, il ne sort pas, Nota HSdit-on, [•] Isid. orig. 12, 6, 30de front et n’introduit
pas sa tête dans la vannerie ennemie, mais tournant le dos, il
élargit l’ouverture par de fréquents coups de queue et se retire
ainsi à reculons. S’il arrive qu’un autre scare le voie de l’extérieur se débattre, il lui saisit
la queue entre les dents afin de seconder les efforts qu’il fait
pour sortir.
[2] [•] VB 17, 52, 2Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 30
— Escarus
dictus eo quod solus escam ruminare perhibetur ; denique alii
pisces non ruminant. Tradunt autem hunc ingeniosum esse ; namque
inclusum nassis non fronte erumpere nec infestis uiminibus caput
inserere, sed auersum caudae ictibus crebris laxare fores atque
ita retrorsum redire ; quem luctatum eius si forte alius escarus
extrinsecus uideat, adprehensa mordicus cauda adiuuare nisus
erumpentis.Escarus dictus est eo quod solus7salsus 1491 Prüss1 1536. escam ruminare perhibetur.
Tradunt autem hunc ingeniosum esse : inclusum quippe nassis, non
fronte erumpere nec infestis viminibus caput inserere, sed aversum
caudae ictibus crebris laxare fores8fore 1491 Prüss1., et ita retrorsum redire compil.fertur9fertur non hab. VB.. [•] Isid. orig. 12, 6, 30Quem luctatum10luctarum 1491 Prüss1. ejus si forte alius escarus extrinsecus11intrinsecus 1491 Prüss1 1536 VB2.
videat, apprehensa mordicus cauda, nisus erumpentis adjuvare
dicitur12Voir aussi Plin. nat. 32,
11 : […] scarum inclusum nassis non fronte
erumpere nec infestis uiminibus caput inserere sed auersum caudae
ictibus crebris laxare fores atque ita retrorsum repere, quem
luctatum eius si forte alius scarus extrinsecus uideat, adprehensa
mordicus cauda adiuuare nisus erumpentis..
Propriétés et
indications
Operationes
[3] [•] VB 17, 52, 3A. Pline, livre 9. [•] Plin.
nat. 9, 62On accorde aujourd’hui le
premier rang au scare3Sur les
qualités gustatives de ce poisson, voir notamment Petr. 93, 2 : Vltimis ab
oris / attractus scarus […] probatur : / mulus iam grauis
est, « Le scare, venu des rives les plus lointaines […] voilà
qui est en honneur. Le mulet paraît désormais grossier » (Ernout
1990, 97). Le scare est ici présenté comme un mets de choix, par
opposition au mulet, trop commun. Voir De Saint-Denis 1947,
102. ; c’est le seul poisson, dit-on, qui rumine et qui se
nourrisse d’herbes, et non d’autres poissons.
[3] [•] VB 17, 52, 3A. Plinius libro nono13La citation de Pline trouvée chez
Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.. [•] Plin. nat. 9, 62
— Nunc
principatus scaro datur, qui solus piscium dicitur ruminare
herbisque uesci atque non aliis piscibus, […].Escaro – vel14escaro vel non hab. 1536
VBd.15Seules les éditions princeps et Prüss1 portent la précision escaro vel, témoignant du passage de scarus (Pline) à escarus
(Isidore de Séville). scaro – principatus nunc datur, qui solus piscium
ruminare dicitur herbisque vesci, non aliis piscibus16Les informations données
par Pline sont empruntées à Aristote (Arist. HA 591 b 18). Voir aussi
Ov. hal.
119..
[4] [•] VB 17, 52, 3B. [•] Plin. nat. 9, 62Il
est très commun dans la mer de Carpathos, ne dépassant jamais de
lui-même le promontoire de Lecte en Troade. L’empereur Tiberius
Claudius en fit apporter de là et Optatus Elipertus4Il faudrait lire « sous le
règne de Tiberius Claudius, un affranchi du nom d’Optatus […] » :
Vincent de Beauvais (que reproduit intégralement le texte de l’Hortus sanitatis) a hérité de la tradition
manuscrite un nom propre fantaisiste, Elipertus, en même temps que la préposition a qui fait de Tiberio
Claudio un complément d’agent., préfet de la flotte,
en ensemença la mer entre les rivages d’Ostie et de Campanie.
Pendant près de cinq années, on veilla à ce que les poissons qu’on
avait capturés fussent remis à la mer. Depuis, on les trouve en
grand nombre sur les côtes d’Italie, où on n’en avait jamais pris
auparavant.
[4] [•] VB 17, 52, 3B. [•] Plin. nat. 9, 62
— […] Carpathio maxime mari
frequens. Promunturium Troadis Lectum numquam sponte transit. Inde
aduectos Tiberio Claudio principe Optatus e liberti<s e>ius
praefectus classis inter Ostiensem et Campaniae oram sparsos
disseminauit, quinquennio fere cura adhibita, ut capti redderentur
mari. Postea frequentes inueniuntur Italiae litore, non antea ibi
capti.Carpathio mari maxime frequens,
promontorium Troadis Lectum17lecton 1536.
numquam sponte transit. Inde autem advectos a Tiberio [1491/vue 21] Claudio principe Optatus
Elipertus18elipartius VB., praefectus classis, inter Ostiensem
et Campaniae oram sparsos disseminavit. Quinquennio fere cura est
adhibita ut capti redderentur mari. Postea frequentes inveniuntur
in litoribus Italiae, non ante ibi capti.
[5] [•] VB 17, 52, 4C. Le même, dans le livre 11. [•] Plin. nat. 11,
162Tous les poissons ont les dents serratiles,
excepté le scare, qui est le seul parmi les poissons à avoir les
dents planes5Voir aussi
Arist. HA
505 a 28-30 ; Arist. PA 662 a 7-8 et Arist. PA 675
a 2-4.. [•] Plin.
nat. 11, 245Ce poisson se sert de
ses pattes antérieures comme de mains pour porter la nourriture à
sa bouche6Vincent de
Beauvais a confondu le scarus avec le sciurus, « l’écureuil » de Plin. nat. 11,
245 : « Quelques animaux se servent de leurs pattes de devant
comme de mains, et, assis, portent avec elles les aliments à leur
bouche, par exemple les écureuils [ut
sciuri] » (Ernout & Pépin 1947, 106). Il faut reconnaître
que la paronymie a pu l’induire en erreur, d’autant plus qu’une
remarque du même genre et en des termes très proches, retenue par
Vincent de Beauvais et l’Hortus sanitatis,
a été faite par Pline (Plin. nat. 9,
83) à propos de la seiche et du calmar : Sepiae
et lolligini pedes duo ex his longissimi et asperi, quibus ad ora
admouent cibos […], « La seiche et le calmar ont deux de ces
pieds très longs et rugueux, au moyen desquels ils portent à leur
bouche leur nourriture […] » (De Saint-Denis 1955, 64) (voir Loligo, ch. 51, 3). La notice se termine donc
de façon incohérente..
[5] [•] VB 17, 52, 4C. Idem in libro undecimo. [•] Plin. nat. 11, 162
— Piscium
omnibus serrati praeter scarum ; huic uni aquatilium
plani.Omnibus piscibus sunt dentes serrati
praeter escarum19scarum 1536 VB.,
cui scilicet uni aquatilium pleni. [•] Plin. nat. 11, 245
— Animalium quaedam ut manibus utuntur priorum
ministerio pedum sedentque ad os illis admouentia cibos, ut
sciuri.Hic utitur prioribus pedibus ut manibus
cibum20cibos 1536. ori admoventibus.
~
1L’auteur a commis ici une grave erreur de
taxinomie, puisque le poisson ainsi désigné n’est autre que
l’insecte appelé éphémère, dont la principale caractéristique est de
ne vivre que le temps de se reproduire.
2Le scare (Labris cretensis Linné, 1758),
appartenant à la famille des scaridés, est couramment appelé
« poisson perroquet » en raison des couleurs chatoyantes de ses
écailles. La conformation très particulière de ses mâchoires, en
forme de bec, lui permet de « brouter » les algues et les herbes
marines. Il tirait son nom, en grec, du verbe σκαίρω, « bondir », la
force de sa queue lui permettant de s’échapper en se débattant des
nasses qui l’emprisonnaient (De Saint-Denis 1947, 100-102).
3Sur les
qualités gustatives de ce poisson, voir notamment Petr. 93, 2 : Vltimis ab
oris / attractus scarus […] probatur : / mulus iam grauis
est, « Le scare, venu des rives les plus lointaines […] voilà
qui est en honneur. Le mulet paraît désormais grossier » (Ernout
1990, 97). Le scare est ici présenté comme un mets de choix, par
opposition au mulet, trop commun. Voir De Saint-Denis 1947,
102.
4Il faudrait lire « sous le
règne de Tiberius Claudius, un affranchi du nom d’Optatus […] » :
Vincent de Beauvais (que reproduit intégralement le texte de l’Hortus sanitatis) a hérité de la tradition
manuscrite un nom propre fantaisiste, Elipertus, en même temps que la préposition a qui fait de Tiberio
Claudio un complément d’agent.
5Voir aussi
Arist. HA
505 a 28-30 ; Arist. PA 662 a 7-8 et Arist. PA 675
a 2-4.
6Vincent de
Beauvais a confondu le scarus avec le sciurus, « l’écureuil » de Plin. nat. 11,
245 : « Quelques animaux se servent de leurs pattes de devant
comme de mains, et, assis, portent avec elles les aliments à leur
bouche, par exemple les écureuils [ut
sciuri] » (Ernout & Pépin 1947, 106). Il faut reconnaître
que la paronymie a pu l’induire en erreur, d’autant plus qu’une
remarque du même genre et en des termes très proches, retenue par
Vincent de Beauvais et l’Hortus sanitatis,
a été faite par Pline (Plin. nat. 9,
83) à propos de la seiche et du calmar : Sepiae
et lolligini pedes duo ex his longissimi et asperi, quibus ad ora
admouent cibos […], « La seiche et le calmar ont deux de ces
pieds très longs et rugueux, au moyen desquels ils portent à leur
bouche leur nourriture […] » (De Saint-Denis 1955, 64) (voir Loligo, ch. 51, 3). La notice se termine donc
de façon incohérente.
~
1caput 31 1536.
2ephimerion 1536 ut
semper.
3scarus 1536.
4ephemero VBd ut semper.
5scaro VBd.
6post jorath hab. ubi supra VB2.
7salsus 1491 Prüss1 1536.
8fore 1491 Prüss1.
9fertur non hab. VB.
10luctarum 1491 Prüss1.
11intrinsecus 1491 Prüss1 1536 VB2.
12Voir aussi Plin. nat. 32,
11 : […] scarum inclusum nassis non fronte
erumpere nec infestis uiminibus caput inserere sed auersum caudae
ictibus crebris laxare fores atque ita retrorsum repere, quem
luctatum eius si forte alius scarus extrinsecus uideat, adprehensa
mordicus cauda adiuuare nisus erumpentis.
13La citation de Pline trouvée chez
Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.
14escaro vel non hab. 1536
VBd.
15Seules les éditions princeps et Prüss1 portent la précision escaro vel, témoignant du passage de scarus (Pline) à escarus
(Isidore de Séville).
16Les informations données
par Pline sont empruntées à Aristote (Arist. HA 591 b 18). Voir aussi
Ov. hal.
119.
17lecton 1536.
18elipartius VB.
19scarum 1536 VB.
20cibos 1536.