Chapitre 89
Capitulum LXXXIX1caput 88 1536.
Sturio [l’esturgeon1Le sturio est l’esturgeon
(Acipenser sturio Linné, 1758).
Voir Kitchell & Resnick 1999, 1698.] [+][VB 17,
95 De stella
et sturione [-]][+] [+][AM 24, 105
(51) [-]][+]
Sturio [+][VB 17, 95 De stella et sturione [-]][+] [+][AM 24,
105 (51) [-]][+]
Renvois internes : Sturio : cf. Accipender, ch. 1 ; Eriox vel
erox, ch. 35 ; Ezox, ch. 37.
Lieux parallèles : TC, De
sturione (7, 70).
[1] [•] VB 17, 95, 3D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 7, 70L’esturgeon est un grand poisson, qui habite dans les eaux
fluviales étendues et abondantes. Il ne peut vivre très longtemps
dans les étangs s’il n’a pas accès aux eaux douces des fleuves. Il
n’ingère que peu ou pas de nourriture, car à soi seul l’air libre
et serein lui suffit pour se nourrir ; c’est pourquoi son ventre
est de petite taille et sa chair presque ferme à l’emplacement du
ventre comme dans le reste de son corps. Il a des intestins,
quoique petits en comparaison de sa grande taille. Mais son foie
est très gros et si douceâtre qu’on peut difficilement le manger
sans avoir l’estomac qui se révulse. D’où l’habitude de frire son
foie dans son fiel, que l’on trouve à côté, afin que la saveur
extrêmement douceâtre du foie soit tempérée par celle, extrêmement
amère, du fiel. Il n’a pas de bouche, et la partie que la bouche a
coutume d’occuper chez tous les autres animaux est pleine, si ce
n’est qu’il y a un orifice sous la gorge, ouvert à l’air libre,
qu’il ferme quand il le veut2L’esturgeon a évidemment une bouche, située sur
sa face ventrale, dont la lèvre inférieure est fendue.. Il
engraisse plus rapidement sous l’Auster. Quand l’Aquilon souffle,
il séjourne dans les profondeurs. Plongé dans le lait, ce poisson
y vit longtemps, comme s’il était dans l’eau3Dans le chapitre consacré à l’ezox, compagnon de jeu du sturio et souvent pêché avec lui, on lit qu’on
peut le garder en vie quelques jours si on lui donne à boire du
lait (voir ch. 37)..
[1] [•] VB 17, 95, 3Ex Libro de naturis2natura VB.
rerum3Le texte de
Vincent de Beauvais suit très fidèlement celui de Thomas de
Cantimpré.. [•] TC 7, 70Sturio est piscis magnus, habitans in aquis fluvialibus
quae magnae sunt et diffusae4divisae 1536. : vivere diutius non potest in stagnis nisi ad dulces
fluviorum aquas transitum habuerit. Cibi parum aut nihil admittit
in corpore, cui quippe cibus in nutrimentum sufficiens est ipsa
sola aeris serena tranquillitas ; quapropter et modicum habet
ventrem ac propemodum solidus in loco ventris [1491/vue 52] sicut in reliqua corporis parte. Habet5habent VBd. intestina licet parva respectu
suae magnitudinis, hepar vero satis magnum et adeo dulce quod vix
comedi sine stomachi abominatione possit : unde ejus felle, quod
contiguum est, hepar fri[Prüss1/vue 43] cari6fricare
1536. solet ut excessus dulcoris in
hepate temperetur excessu amaritudinis in felle. Ore caret et illa
pars integra est quae in ceteris animalibus os occupare solet, nec
nisi modicum sub gutture foramen habet, clausum cum voluerit,
apertum aeris serenitati7serenicat 1491 Prüss1 1536.. Austro citius impinguescit.
Aquilone vero flante, subsidet in profundis. Idem in lacte positus
diu sicut in aqua vivit8vivis VBd..
[2] Albert dans le De
animalibus. [•] AM 24, 105
(51)L’esturgeon est un poisson renommé, que les Anciens
appelaient stora4Stora est le nom donné
par les barbares, selon Thomas de Cantimpré (TC 7, 70, 1)..
C’est un poisson au long nez et de grande taille, qui fait neuf
pieds de long quand il est adulte. Et il est arrondi comme une
massue. Il a, sur la peau, trois rangées de denticules, qui
saillent sur la longueur de son corps. Sa bouche est faite pour
sucer plutôt que pour mâcher. Et c’est pourquoi on ne trouve pas
d’aliments solides dans son ventre, mais une humeur visqueuse,
qu’il absorbe par succion. Ses chairs sont blanches et
savoureuses. Et il n’a pas d’os, sauf dans la tête. Sa graisse est
jaune. Et il a un gros foie, si douceâtre qu’il provoque
l’écœurement si cette saveur douceâtre n’est pas atténuée par son
fiel.
[2] Albertus in libro De naturis
animalium. [•] AM 24, 105
(51)Sturio piscis notus est, quem antiqui storam9storiam
Prüss1.
vocaverunt. Est autem piscis longi nasi et magnus, ad longitudinem
novem pedum quando completus est. Et est rotundus in modum
clavae10clavi AM.. Et tres habet <ordines11ordines addidimus ex apparato ed.
Stadlerianae.> denticulorum12testiculorum 1491 Prüss1 1536.13Nous avons adopté la conjecture ordines proposée par Stadler dans son apparat
critique, pour combler la lacune du texte d’Albert le Grand, qui
écrit : Et tres habet denticulorum in pelle
pungentium. La correction de Vincent de Beauvais est entachée
par une confusion dans le vocabulaire, puisqu’il a substitué au
génitif denticulorum d’Albert le Grand
l’accusatif testiculos. Kitchell &
Resnick 1999, 1698, et n. 272, y voient les trois rangées de
crêtes osseuses, dorsale, latérale et ventrale. in pelle
pungentium per corporis longitudinem. Os habet ad sugendum potius
quam ad manducandum. Et ideo in ventre ejus nihil cibi invenitur
grossi, sed humor viscosus, quem sugendo accipit. Carnes14cranes Prüss1. habet albas
et dulces. Et non habet ossa, nisi in capite. Pinguedinem habet
croceam. Et hepar habet magnum et adeo dulce quod, nisi felle suo
temperetur, prae dulcedine generat abominationem.
~
1Le sturio est l’esturgeon
(Acipenser sturio Linné, 1758).
Voir Kitchell & Resnick 1999, 1698.
2L’esturgeon a évidemment une bouche, située sur
sa face ventrale, dont la lèvre inférieure est fendue.
3Dans le chapitre consacré à l’ezox, compagnon de jeu du sturio et souvent pêché avec lui, on lit qu’on
peut le garder en vie quelques jours si on lui donne à boire du
lait (voir ch. 37).
4Stora est le nom donné
par les barbares, selon Thomas de Cantimpré (TC 7, 70, 1).
~
1caput 88 1536.
2natura VB.
3Le texte de
Vincent de Beauvais suit très fidèlement celui de Thomas de
Cantimpré.
4divisae 1536.
5habent VBd.
6fricare
1536.
7serenicat 1491 Prüss1 1536.
8vivis VBd.
9storiam
Prüss1.
10clavi AM.
11ordines addidimus ex apparato ed.
Stadlerianae.
12testiculorum 1491 Prüss1 1536.
13Nous avons adopté la conjecture ordines proposée par Stadler dans son apparat
critique, pour combler la lacune du texte d’Albert le Grand, qui
écrit : Et tres habet denticulorum in pelle
pungentium. La correction de Vincent de Beauvais est entachée
par une confusion dans le vocabulaire, puisqu’il a substitué au
génitif denticulorum d’Albert le Grand
l’accusatif testiculos. Kitchell &
Resnick 1999, 1698, et n. 272, y voient les trois rangées de
crêtes osseuses, dorsale, latérale et ventrale.
14cranes Prüss1.