Chapitre 91
Capitulum XCI1caput 90 1536.
Sfungia [l’éponge1Sfungia désigne ici, de
manière très générale, l’éponge (Spongia Linné, 1758), mais cette
appellation recouvre plus de 5 000 espèces différentes. Voir De
Saint-Denis 1947, 108 ; D’Arcy Thompson 1947, 249-250 ; Serbat 1972,
183-184. André 1986, 220, n. 429-430, reprend les distinctions de
Cotte 1944, 246, selon lequel l’espèce femelle serait l’Hippospongia equina Schmidt, 1862 ; l’espèce
appelée « bouc » serait l’Euspongia zimocca Schmidt, 1862,
la chimousse ou fine dure, et enfin l’espèce la plus molle serait
l’Euspongia officinalis Linné, 1759,
appelée fine douce du Levant.] [+][VB 17, 91 De sfungia sive
spongia [-]][+] [+][VB 17, 92 De medicinis ex ea [-]][+]
Sfungia2spongia 1536. [+][VB 17, 91 De sfungia
sive3sfungia sive om. VBd.
spongia [-]][+] [+][VB 17, 92 De medicinis ex ea [-]][+]
Renvois internes : Sfungia : cf. Albirem, ch. 1 ; Nubes,
ch. 63 ; Spongia, ch. 87.
Lieux parallèles : TC, De
spongiis (7, 71) ; AM, [Spongia] (24,
106 (51)).
[1] [•] VB 17, 91, 1Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 60-62Sfungia [l’éponge] vient de fingere,
c’est-à-dire « laver » et « nettoyer ». Aussi Cicéron : « On
essuyait le sang avec des éponges », c’est-à-dire : on le nettoyait. Le sang
adhérant aux rochers montre que c’est un animal. Aussi saigne-t-il
quand on le détache en l’arrachant. Il est en effet des animaux
vivant dans les eaux qui se déplacent, comme les poissons,
d’autres qui sont fixés, comme les huîtres, les oursins et les éponges. De ces dernières, les unes sont dites mâles,
parce qu’elles ont des pores plus petits et plus serrés ;
d’autres, femelles, parce qu’elles ont des pores plus larges et
continus2Arist. HA 548
a 34-35, oppose le « tissu lâche » (μάννος) et « le tissu serré »
(πυκνός) (Louis 1968, 30). ; d’autres, plus dures, que les
Grecs appellent tragi [« boucs »] et que
nous pourrions dire hircosae [« de bouc »]
à cause de leur rugosité. Celles de l’espèce la plus molle sont
nommées peniculi [les « pinceaux »], parce
qu’elles conviennent pour le gonflement des yeux et sont bonnes
pour nettoyer les ophtalmies. Les éponges ne blanchissent qu’avec un traitement : on les
étend au soleil pendant l’été et elles s’imprègnent de blancheur
comme la cire punique.
[1] [•] VB 17, 91, 1Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 60-62
— Sfungia a fingere, id est nitidare et extergere,
dicta. Afranius : « Accedo ad te, ut tibi ceruicem fingam
linteo », id est extergam. Cicero : « Effingebatur sfungiis
sanguis », id est extergebatur. Animal autem esse docetur cruore
inhaerente petris. Vnde et dum absciditur sanguinem remittit. Nam
alia sunt uiuentia in aquis et discurrunt, ut pisces ; alia, quae
stant fixa, ut ostreae, echini, sfungiae. Ex his alias mares dici,
eo quod tenues sint fistulae spissioresque ; alias feminas, quae
maioribus fistulis sunt ac perpetuis ; alias duriores, quas Graeci
appellant tragos, et nos hircosas dicere possumus ob asperitatem
sui. Mollissimum genus earum penicilli uocantur, eo quod aptae
sint ad oculorum tumores et ad extergendas lippitudines utiles.
Candidae sfungiae cura fiunt ; per aestatem enim ad solem
sternuntur, et sicut cera Punica candorem bibunt.Sfungia4spongia
VBd ut saepe.
dicta est a fingere5C’est en fait la transcription latine du grec
σπογγιά., id est nitidare vel extergere. Unde Cicero6D’après Cic. Sest. 77 : Meministis tum, iudices […] e
foro spongiis effingi sanguinem. Les commentateurs de
l’Antiquité tardive, Isidore de Séville et Servius, ont employé le
verbe simple fingere avec le sens classique
du verbe composé effingere
(nettoyer). : « et fingebatur sfungiis sanguis », id est extergebatur. Animal autem
esse docetur cruore petris inhaerente. Unde et7et om. Prüss1 1536. dum abscinditur sanguinem
remittit8remitti 1536.. Nam alia sunt viventia in aquis
quae discurrunt, ut pisces, alia quae stant fixa, ut ostreae, icinus, sfungiae. Ex his aliae mares dicuntur, eo quod tenues
sunt9sint VB. fistulae spissioresque, [1491/vue 53] aliae feminae, quae
majoribus fistulis ac perpetuis sunt, aliae duriores10post
duriores hab. sunt VBd., quas Graeci appellant tragos et nos hircosas11hucosa
1491 hucosas Prüss1 1536. dicere possumus ob
asperitatem sui. Mollissimum12nouissimum VB.
genus earum peniculi13penicilli VB.
vocantur14vocatur VBd., eo quod aptae
sunt ad oculorum tumores et ad tergendas15extergendas VB2. lippitudines utiles. Candidae
sfungiae cura fiunt : per aestatem enim ad solem
sternuntur et sicut cera Punica candorem bibunt16Ce passage d’Isidore de
Séville est emprunté à Plin. nat. 31, 123-125, cité par
André 1986, 220, n. 429-430 : Quidam ita
distingunt : alias ex his mares tenui fistula spissioresque,
persobentes, quae et tinguntur in deliciis, aliquando et purpura ;
alias feminas maioribus fistulis ac perpetuis ; maribus alias
duriores, quas appellant tragos, tenuissimis fistulis atque
densissimis. Isidore de Séville reprend à Pline la
distinction entre trois sortes d’éponges, déjà énoncée dans Plin. nat. 9,
148 : Spongearum tria genera accepimus : spissum
ac praedurum et asperum tragos [id]
vocatur, spissum et mollius manos, tenue
densumque, ex quo penicilli, Achillium. Cependant, la
particularité de la troisième espèce n’apparaît pas clairement
dans la description faite par Isidore de Séville, car il omet,
avant alias, l’ablatif maribus, complément du comparatif duriores, et l’ablatif de qualité de Pline :
tenuissimis fistulis atque densissimis.
« D’autres, plus dures que les mâles, qu’on appelle tragi (boucs), à trous très ténus et très
rapprochés » (Serbat 1972, 77)..
[2] [•] VB 17, 91, 4Pline au livre 32. [•] Plin. nat. 32,
17Dans la mer qui baigne la Campanie, elles
attrapent le pain qu’on leur jette, tout en ne s’approchant
d’aucun aliment dans lequel il y a un hameçon.
[2] [•] VB 17, 91, 4Plinius17idem in VB.18Il s’agit bien
d’une citation de Pline, mais à propos d’un autre poisson, le
mélanure. libro XXXII. [•] Plin. nat. 32, 17
— In
Stabiano Campaniae ad Herculis petram melanuri in mari panem
abiectum rapiunt, idem ad nullum cibum in quo hamus sit
accedunt.In mari Campaniae vicino panem
abjectum rapiunt et ibidem ad nullum cibum in quo hamus sit
accedunt.
Propriétés et
indications
Operationes
[3] [•] VB 17, 92, 2A. Pline au livre indiqué ci-dessus. [•] Plin. nat. 31,
124On préfère à toutes les autres éponges celles qui sont produites du côté de l’Aquilon,
et les médecins assurent qu’en aucun être la vie ne se maintient
plus longtemps.
[3] [•] VB 17, 92, 2A. Plinius in libro19in libro om.
VB. ut20ubi VB.
supra21La
citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été
recopiée sous forme fragmentée.. [•] Plin. nat. 31, 124
— Eas quae ab
aquilone sint genitae praeferunt ceteris, nec usquam diutius
durare spiritum medici adfirmant.Aquilonares22aquilae nares 1536 post aquilonares hab.
ut dictum est VB. sfungias ceteris praeferunt nec usquam diutius durare
spiritum medici asserunt.
[4] [•] VB 17, 92, 2B. [•] Plin. nat. 31, 125Constituant la variété d’éponge la plus souple, les peniculi [« pinceaux »], imprégnés de vin
miellé et appliqués sur les yeux, en font disparaître le
gonflement ; ils sont très utiles aussi pour nettoyer les
ophtalmies.
[4] [•] VB 17, 92, 2B. [•] Plin. nat. 31, 125
— Mollissimum genus earum
penicilli. Oculorum tumores sedant ex mulso inpositi, iidem
abstergendae lippitudini, utilissime ex aqua ; tenuissimos et
mollissimos esse oportet.Harum genus
mollissimum23nobilissimum
VBd., peniculi24penicilli 1536 VB. tumores oculorum sedant25sedat 1536. ex
mulso impositi ; abstergendae quoque lippitudini
utilissimi.
[5] [•] VB 17, 92, 2C. [•] Plin. nat. 31, 125On applique encore les éponges avec de l’oxycrat3Il s’agit d’un mélange d’eau et de
vinaigre. dans les cas de fluxions oculaires, et imprégnées
de vinaigre chaud pour les maux de tête.
[5] [•] VB 17, 92, 2C. [•] Plin. nat. 31, 125
— Inponuntur et spongeae
ipsae epiphoris ex posca et ex aceto calido ad capitis
dolores.Imponuntur et ipsae sfungiae epiphoris26epyforas 1491 Prüss1 epiphoras 1536
epyforis VB2.
ex posca27ex posca :
exposita 1491 Prüss1
1536. et ad dolores capitis ex aceto
calido.
[6] [•] VB 17, 92, 2D. [•] Plin. nat. 31, 125Fraîches, elles sont résolutives, émollientes,
adoucissantes ; vieilles, elles cicatrisent les plaies4Pline indiquait « vieilles,
elles ne cicatrisent pas les plaies ». La négation contenue dans
le texte de Pline a disparu de celui de Vincent de Beauvais, et
par conséquent de l’Hortus sanitatis, qui
se trouve de ce fait dire le contraire de Pline..
[6] [•] VB 17, 92, 2D. [•] Plin. nat. 31, 125
— De cetero recentes
discutiunt, mitigant, molliunt, ueteres non glutinant
uulnera.Recentes discutiunt, molliunt,
mitigant. Veteres autem vulnera glutinant.
[7] [•] VB 17, 92, 2E. [•] Plin. nat. 31, 126En application, elles assèchent encore les ulcères humides
et anciens.
[7] [•] VB 17, 92, 2E. [•] Plin. nat. 31, 126
— Vlcera quoque umida et
senilia inpositae siccant.Ulcera quoque28quoque om.
1536. humida et senilia29senilia correximus ex Plin. :
similia 1491 Prüss1 1536
VB. impositae siccant.
[8] [•] VB 17, 92, 2F. [•] Plin. nat. 31, 126Les éponges servent très utilement à soigner les fractures
et les plaies : en absorbant le sang dans les incisions, elles
permettent d’observer le traitement.
[8] [•] VB 17, 92, 2F. [•] Plin. nat. 31, 126
— Fracturae et uulnera
spongeis utilissime fouentur. Sanguis rapitur in secando, ut
curatio perspici possit.Fracturae et vulnera
sfungiis30stangiis VBd. utilissime foventur quia sanguis
rapitur in secando31secundo VBd., ut perspici possit cu[
[9] [•] VB 17, 92, 3G. [•] Plin.
nat. 32, 138On traite aussi la siriasis5En grec σειρίασις, un type de céphalée pouvant
provenir d’une insolation ou être lié à la méningite (voir De
Saint-Denis 1966a, 128, § 138, n. 1). des jeunes enfants,
c’est-à-dire des maux de tête6Pour l’utilisation des éponges par les médecins
de l’Antiquité, voir le commentaire de Serbat 1972,
183-184., en humectant le crâne avec une éponge trempée
d’eau froide.
[9] [•] VB 17, 92, 3G. [•] Plin. nat. 32, 138
— Siriasim infantium spongea frigida cerebro umefacto
rana inuersa adalligata efficacissime sanat.Infantium quoque siriasim32syriasim VBd., id est capitis ulcera, sfungia33fungia
1536. frigida cerebro humefacto
sanat.
~
1Sfungia désigne ici, de
manière très générale, l’éponge (Spongia Linné, 1758), mais cette
appellation recouvre plus de 5 000 espèces différentes. Voir De
Saint-Denis 1947, 108 ; D’Arcy Thompson 1947, 249-250 ; Serbat 1972,
183-184. André 1986, 220, n. 429-430, reprend les distinctions de
Cotte 1944, 246, selon lequel l’espèce femelle serait l’Hippospongia equina Schmidt, 1862 ; l’espèce
appelée « bouc » serait l’Euspongia zimocca Schmidt, 1862,
la chimousse ou fine dure, et enfin l’espèce la plus molle serait
l’Euspongia officinalis Linné, 1759,
appelée fine douce du Levant.
2Arist. HA 548
a 34-35, oppose le « tissu lâche » (μάννος) et « le tissu serré »
(πυκνός) (Louis 1968, 30).
3Il s’agit d’un mélange d’eau et de
vinaigre.
4Pline indiquait « vieilles,
elles ne cicatrisent pas les plaies ». La négation contenue dans
le texte de Pline a disparu de celui de Vincent de Beauvais, et
par conséquent de l’Hortus sanitatis, qui
se trouve de ce fait dire le contraire de Pline.
5En grec σειρίασις, un type de céphalée pouvant
provenir d’une insolation ou être lié à la méningite (voir De
Saint-Denis 1966a, 128, § 138, n. 1).
6Pour l’utilisation des éponges par les médecins
de l’Antiquité, voir le commentaire de Serbat 1972,
183-184.
~
1caput 90 1536.
2spongia 1536.
3sfungia sive om. VBd.
4spongia
VBd ut saepe.
5C’est en fait la transcription latine du grec
σπογγιά.
6D’après Cic. Sest. 77 : Meministis tum, iudices […] e
foro spongiis effingi sanguinem. Les commentateurs de
l’Antiquité tardive, Isidore de Séville et Servius, ont employé le
verbe simple fingere avec le sens classique
du verbe composé effingere
(nettoyer).
7et om. Prüss1 1536.
8remitti 1536.
9sint VB.
10post
duriores hab. sunt VBd.
11hucosa
1491 hucosas Prüss1 1536.
12nouissimum VB.
13penicilli VB.
14vocatur VBd.
15extergendas VB2.
16Ce passage d’Isidore de
Séville est emprunté à Plin. nat. 31, 123-125, cité par
André 1986, 220, n. 429-430 : Quidam ita
distingunt : alias ex his mares tenui fistula spissioresque,
persobentes, quae et tinguntur in deliciis, aliquando et purpura ;
alias feminas maioribus fistulis ac perpetuis ; maribus alias
duriores, quas appellant tragos, tenuissimis fistulis atque
densissimis. Isidore de Séville reprend à Pline la
distinction entre trois sortes d’éponges, déjà énoncée dans Plin. nat. 9,
148 : Spongearum tria genera accepimus : spissum
ac praedurum et asperum tragos [id]
vocatur, spissum et mollius manos, tenue
densumque, ex quo penicilli, Achillium. Cependant, la
particularité de la troisième espèce n’apparaît pas clairement
dans la description faite par Isidore de Séville, car il omet,
avant alias, l’ablatif maribus, complément du comparatif duriores, et l’ablatif de qualité de Pline :
tenuissimis fistulis atque densissimis.
« D’autres, plus dures que les mâles, qu’on appelle tragi (boucs), à trous très ténus et très
rapprochés » (Serbat 1972, 77).
17idem in VB.
18Il s’agit bien
d’une citation de Pline, mais à propos d’un autre poisson, le
mélanure.
19in libro om.
VB.
20ubi VB.
21La
citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été
recopiée sous forme fragmentée.
22aquilae nares 1536 post aquilonares hab.
ut dictum est VB.
23nobilissimum
VBd.
24penicilli 1536 VB.
25sedat 1536.
26epyforas 1491 Prüss1 epiphoras 1536
epyforis VB2.
27ex posca :
exposita 1491 Prüss1
1536.
28quoque om.
1536.
29senilia correximus ex Plin. :
similia 1491 Prüss1 1536
VB.
30stangiis VBd.
31secundo VBd.
32syriasim VBd.
33fungia
1536.