Contours du corpus
Le corpus inclut :
- les actes suscrits par un évêque d’Évreux seul, dont le texte est conservé en totalité ou en partie, même s’il ne reste qu’un lambeau de texte ;
- les actes suscrits conjointement par un évêque d’Évreux et un ou plusieurs autres personnages, qu’il s’agisse de l’archevêque de Rouen, d’autres évêques, d’abbés, de dignitaires de chapitres cathédraux ou de grands laïcs ;
- les deperdita, c’est-à-dire les actes suscrits par un évêque d’Évreux, dont le texte est perdu mais dont l’existence est connue avec assurance. N’ont été retenues que les mentions pour lesquelles il est certain qu’un écrit donné au nom de l’évêque a existé. Ces actes perdus sont mentionnés dans d’autres actes postérieurs, dans des inventaires anciens ou dans des travaux d’érudits notamment. L’analyse en français propose, autant que possible, une reconstitution du contenu de ces actes.
- Les actes sont classés dans l’ordre chronologique, au terminus ad quem en cas de fourchette de datation, et dans l’ordre décroissant de précision de la date, du n° 1 au n° 257. Les actes posant des problèmes de compatibilité entre l’auteur annoncé et la date fournie (souvent par des mentions modernes), ceux dont la date demeure très incertaine (peut-être ou probablement postérieure à 1223) et un acte dont le nom de l’auteur est assurément erroné sont regroupés du n° 258 au n° 266.
Le corpus n’inclut pas :
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- les notices narratives dans lesquelles un évêque d’Évreux est en position de disposant ;
- les mentions d’actions épiscopales pour lesquelles l’existence d’un acte écrit donné au nom de l’évêque n’est pas assurée (ces mentions sont nombreuses notamment dans la Gallia christiana, t. XI, et le recoupement avec les fonds d’archives existant montre que les actions épiscopales signalées ne se trouvent pas toujours dans des écrits donnés au nom de l’évêque) ;
- les lettres des évêques d’Évreux. La distinction entre une lettre et une charte peut s’avérer difficile à faire, compte tenu de la forme épistolaire que revêtent souvent les chartes (jusqu’à l’apprécation en Valete). Le critère retenu ici pour faire cette distinction n’est pas formel mais relatif au contenu du texte. La charte confère un droit ou pose une obligation à caractère normatif. Les textes qui n’entrent pas dans cette catégorie, parce qu’ils se contentent de donner des informations, de formuler des demandes ou de rappeler des événements, sont considérés comme des lettres.
Les documents suivants ne figurent donc pas dans le corpus :
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- lettre de Gilles, évêque d’Évreux, au pape Alexandre III concernant l’Église de Cantorbéry (original conservé à la Bibliothèque de la Cathédrale de Cantorbéry, Dean and Chapter Library, Cartae anticae, A 62 = RHGF, XV, p. 961 et PL, CC, col. 1411). L’Église de Cantorbéry peut certes utiliser cette lettre de Gilles, rapportant des faits anciens, comme élément d’information à caractère probatoire dans le différend qui l’oppose à l’abbaye Saint-Augustin, mais le document ne confère en lui-même aucun droit ;
- lettre de Gilles, évêque d’Évreux, au pape Alexandre III concernant l’affaire Thomas Becket (Londres, Lambeth Palace Library ms 96, fol. 1). Il s’agit d’un document uniquement informatif ;
- lettre de Luc, évêque d’Évreux, Jean, abbé de Saint-Taurin, et Guillaume de Pacy, archidiacre d’Évreux, à l’abbé et aux moines de Montebourg. Les auteurs vidiment une bulle d’Innocent III les informant qu’il a été saisi d’une plainte des moines de Saint-Père de Chartres contre ceux de Montebourg à propos des dîmes du moulin du Ham, et les mandatant pour régler l’affaire. Les juges délégués convoquent les moines de Montebourg à Évreux (Cartulaire de Montebourg, BnF, ms lat. 10087, p. 248, n° 782 = H. Müller, Päpstliche Delegationsgerichtsbarkeit in der Normandie…, II, p. 318, n° 180) ;
- lettre de Luc, évêque d’Évreux, aux côtés de l’archevêque de Rouen et des cinq autres évêques de Normandie, adressée au roi Philippe Auguste demandant que les procès relatifs aux questions de patronage d’églises soient tranchés par quatre prêtres et quatre chevaliers choisis par l’évêque et le bailli locaux (original conservé aux Arch. nat., J 213 = Dom Bessin, Concilia Rotomagensis provinciae, p. 105 ; L. Delisle, Cartulaire normand…, n° 146 ; T. Bonnin, Cartulaire de Louviers, n° 115).
- En revanche, le n° 158, qui se présente comme une lettre, est intégré dans le corpus dans la mesure où il confère un droit (celui de représenter l’évêque) au procureur désigné par Luc.
- Les mentions d’actes perdus qualifiés de lettres par les inventaires anciens ont toutes, sauf élément particulier, été considérées comme des mentions de chartes et donc intégrées au corpus, le terme « lettres » n’ayant pas habituellement, à l’époque moderne, l’acception qui est ici retenue mais un sens plus large pouvant recouvrir aussi bien les chartes que les lettres.