M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume II
1340 [Passage à la main P] Changemens des moeurs dans une certaine nation[1]- - - - - A mesure que la puisance politique se fortifia la noblesse quitta ses terres, ce fut la principale cause du changement qui arriva dans la nation
Mœurs changemens Le desordre ne vint qu’insensiblement il commaenca sous François 1er, il continua sous {f.188r} Henry 2, le luxe et la molesse des Italiens l’augmenta sous les regences de la reyne Catherine. Sous Henry 3. un vice qui n’est malheureusement inconnu qu’aux nations barbares se montra a la cour mais la corruption et l’independance continua dans un sexe qui sçait tirer avantage des mepris mêmes. Jamais le mariage ne fut plus insulté que sous Henry 4. La devotion de Louis 13 : laissa le mal ou il etoit jamais prince ne fut moins propre a donner le ton a son siecle. La galanterie grave d’Anne d’Autriche ne put rien changer. La jeunesse de Louis 14 acrût le mal, la severité de sa viellesse le suspendit ; les digues furent rompües à sa mort.
{f.188v} a sa mort.
Les filles n’ecouterent plus les traditions des meres, les femmes qui ne venoient que par degrés a une certaine liberté l’obtinrent des les premiers jours du mariage, dans la crainte de rougir des jalousies on rougit des attentions, on ne connut plus les vices, on ne sentit que les ridicules, et l’on mit au nombre de ces ridicules une modestie genante, ou une vertu timide, l’ignorance des moeurs fut une espece de religion persecutée.
Les conventions furent suiviës des conventions, a peine le secret d dura t il le tems qu’il falloit pour le conclure, dans un changement continuel le goust fut lassé, on le perdit a force de chercher les plaisirs. {f.189r} La moitié de la nation commenca le jour ou l’autre le finissoit, l’oisiveté fut appellée liberté, et l’on apella occupation l’usage immoderé des plaisirs, on voulut porter dans la vie cette joye qui s’anonce dans les festins.
[f.189v et 190r et v] Trois pages blanches
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Passage de la main M à la main P |
1341
{f.191r} [Passage à la main E] Mr Chiselden ayant abatu la cataracte à un aveugle né[1]
Aveugle né On sait que quoique l’ame voye d’abord le côté gauche
Ame comment voit Un tableau ne representoit point a l’homme de Mr Chiselden une figure une figure en bosse[3].
Il y a bien de l’aparence que l’ame ne raporte les sons aux corps sonores que par des observations reiterées dans l’enfance dans lesquels elle lie le sentiment {f.191v} du son a la cloche qui le produit[4].
Le sentiment du toucher ne donna pas à l’homme
Toucher L’ame est donc une philosophe qui commence à s’instruire qui apprend a juger de ses sens mêmes et de la nature des avertissemens qu’ils doivent lui donner.
Elle reçoit d’abord un sentiment et ensuite elle en juge ; elle ajoute ; elle se corrige, elle regle un de ses sens par un autre, et sur ce qu’ils lui disent elle aprend ce qu’ils ont voulu lui dire.
L’ame ayant formé ces jugemens naturels elle forme de meme tous ceux qu’elle peut faire avec la même facilité et {f.192r} qui sont tels la plupart qu’elle ne peut s’empêcher de les former.
Elle voit un quarré elle ne le voit pas tout seul, mais d’autres choses : les voyant toutes ensemble, elle peut les comparer[6]
Raports Ces choses sont encore des especes de jugemens naturels l’ame n’en aura qu’un sentiment, elle ne les developera pas elle ne saura pas en quelque façon qu’elles les sait parce qu’elles ne les aura pas apprises par réflexion.
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Passage de la main P à la main E |
1342
{f.193r} [Passage à la main M] * Dans les rep les ch monarchies les choses qui sont en commun
Choses en com̃un - - - - - |
Passage de la main E à la main M |
1343 Je disois a un homme qui atta parlloit mal de mon ami, attaqués moy et laissés mes amis :
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Main principale M |
1344 Ma fille[1] disoit tres bien les mauvaises manieres ne sont dures que la premiere fois.
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Main principale M |
1340 |
n1. |
Cf. nº 1272. |
1341 |
n1. |
William Cheselden (1688-1752) réalisa cette opération en 1728 à Londres ; voir William Cheselden, « An Account of some Observations Made by a Young Gentleman, Who was Born Blind, or Lost his Sight so Early, that he Had No Remembrance of Ever having Seen, and was Couch’d between 13 and 14 Years of Age », dans Philosophical Transactions of the Royal Society, Londres, Royal Society, 1729, années 1727-1728, t. 35, p. 447-450 et les Observations sur la vue, tirées de cet écrit, provenant du fonds de La Brède (BM Bordeaux, ms 2532). |
1341 |
n2. |
La question de Molyneux passionna les philosophes des Lumières. Cette hypothèse d’un aveugle-né qui recouvre la vue est reproduite par Locke dans la deuxième édition anglaise de l’Essai philosophique concernant l’entendement humain (liv. II, chap. IX, § 8), traduite pour la première fois en français par Coste en 1700 (Catalogue, nº 1489). Voir Gareth Evans, « The Molyneux Question », Collected Papers, Oxford, Clarendon Press, 1985, p. 364-399 ; Marc Parmentier, « Le problème de Molyneux de Locke à Diderot », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, nº 28, 1, 2000, p. 13-23. |
1341 |
n3. |
La bosse désigne, en sculpture, le relief (Furetière, 1690, art. « Bosse »). |
1341 |
n4. |
L’habitude est essentielle à la constitution de l’expérience (voir nº 1187, note 6). Sur le sensualisme de Montesquieu exposé à partir de l’opération de Cheselden, voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 762-768. |
1341 |
n5. |
Si l’aveugle-né est incapable de reconnaître par un seul sens les figures (globe ou cube – ce qui explique les carrés et cercles que Montesquieu utilise dans la suite du fragment), c’est qu’il n’a pas d’idées innées, et que c’est par l’association des idées dans la répétition des expériences sensibles que l’entendement forme ses jugements. L’observation de Cheselden semble confirmer la conclusion de Locke, comme le souligne Voltaire dans ses Éléments de la philosophie de Newton paru en 1738 (Oxford, Voltaire Foundation, 1992, 2e partie, chap. VII, p. 319), dans la période de transcription de cet article : voir nº 1380. |
1341 |
n6. |
Sur l’aperception des vérités géométriques, la formation des jugements, le rôle de la comparaison et la double référence à Locke et à Malebranche, voir nº 1187. |
1344 |
n1. |
Montesquieu eut deux filles : Marie-Catherine de Secondat (1717-1784), mariée en 1738 à Vincent Guichanères d’Armajan, et Marie-Josèphe-Denise de Secondat (1727-1800), qui épousa son cousin Godefroy de Secondat en 1745. |