M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
174
{p.154}
Esclavage Il n’y a que deux sortes de dependances qui ne lui soyent point contraires celle des enfans envers leurs peres celle des cytoyens envers les magistrats, car come l’anarchie est contraire au droit naturel le genre humein ne pouvant subsister en socie par elle il faut bien que la puissance des magistrats qui est opposée a l’anarchie y soit conforme.
Anarchie Esclavage
{p.155} La
D’ailleurs il ne pouvoit y avoir de prix l’esclave se [...] La seconde estoit lors qu’un home estoit pris dans la guerre car disoint ils come il estoit libre au veinqueur de le tuer il lui a esté libre de le faire esclave, mais il est faux qu’il soit permis dans la guerre meme de tuer que dans le cas de nêcessité mais des qu’un home en fait un autre esclave on ne peut pas dire qu’il ait esté dans la necessité de le tuer puis qu’il ne l’a pas fait[2]
Mis dans les loix Tout le droit que la guerre peut doner sur les captifs est de s’assurer tellement de leurs {p.156} persone qu’ils ne puissent plus nuire au veinqueur
Nous regardons come des assasinats les meurtres faits de sans froit par les soldats et apres la chaleur de l’action.
La 3e maniere estoit la naissance celle cy tombe avec les deux autres car si un home n’a pas pu se vendre encore moins a t’il pu vendre son fils qui n’estoit pas né si un prisonier de guerre ne peut pas estre reduit a l’esclavage encore moins ses enfans
Mis dans les loix La raison pourquoy la mort d’un criminel est une chose licitte c’est que la loy qui le punit a esté faitte en sa faveur
La loy civile qui a permis aux homes le partage des biens [...] Mis dans les loix Que si l’on dit qu’elle lui est a pu lui estre utile parce que le maitre l’a nourri lui a donne la nourriture il faudroit donc reduire l’esclavage aux persones incapables de gagner leur vie mais on ne veut point de ces sortes d’esclaves la.
Mis dans les loix Un esclave peut donc se rendre libre il lui est permis de fuir ; come il n’est point de la societé les loix civilles ne le concernent point
Mis dans les loix En vin les loix civiles forment des chaines la loy naturelle les rompera toujours
Droit de vie & de mort Condanner a l’esclavage un home né d’une certeine fame est une chose aussi injuste que la loy des Egiptiens qui condannoit a mort touts les homes roux[4] injuste en ce qu’elle estoit deffavorable a un certein nombre de gens sans pouvoir leur estre utille et coment a t’on pu penser
Mis dans les loix. Guerre de Spartacus Violer les loix - - - - - |
Main principale M |
175 On
Esclavage - - - - - |
Main principale M |
176
Esclavage establissement d’un droit qui rend un home tellement propre a un autre home qu’il est le maitre absolu de sa vie et de ses biens[1]
Mis dans les loix - - - - - |
Main principale M |
177
[Passage à la main D] Personne n’i
Sicile Quand la Sicile devint une province romaine elle fut avec l’Egyp[t]e le grenier de Rome et de l’Italie, et par consequent {p.160} une des principales parties de l’empire, il faut donc que des causes etrangeres ayent mis ce beau pays dans l’etat de decadence ou il est ; je crois qu’il n’en faut point chercher d’autre origine que celles que je vais donner ; l’absence de ses souverains qui ont toujours tiré l’or et l’argent du pays, la depopulation arrivée par le grand nombre de prêtres et de moines, ce qui se fait plus sentir dans les pays du midy qui se depeuplent toujours plus que ceux du Nord parce qu’on y vit beaucoup moins : voici ce q l’usage ce qu’il faudroit faire pour obvier a ces inconveniens
L’empereur Dom Carlos[2] tireroit un grand parti de la Sicile
Parti à tirer de la Sicile Pour mettre la Sicile en etat d’entretenir cette flotte il a des moyens en ses mains que les autres souverains n’ont pas, comme il exerce la puissance pontificale[4] dans la Sicile il pourroit a son gré diminuer le nombre des moines, retrancher leurs biens et en grossir les revenus publics, un pretexte suffit pour ces sortes de choses, il pourroit obliger les ecclesiastiques a cultiver ou donner a cens leurs terres incultes ; il faudroit se conduire de maniere que l’on fit paroitre beaucoup de respect pour les superstitions indifferentes pendant qu’on detruiroit les superstitions nuisibles ; on pourroit mettre en Sicile les invalides des troupes imperiales royales {p.162} qui serviroient a la garder et y appliquer les revenus des principaux benefices, il faudroit y faire des loix qui favorisassent les mariages et entretenir une exacte severité dans la police, il faut faudroit y appeller et favoriser les juifs et les etrangers, il faudroit employer les soyes qui y viennent en manufactures[5], voici on pourroit encourager le labourage en deux manieres ; 1º en favorisant la sortie des grains de Sicile et trouvant un debouché pour les vendre aux Hollandois, Marseillois et même dans l’Archipel qui en manque quelquefois, 2º en entretenant le prix du bled un peu haut ce qu’on pourroit faire tres facilement : or rien n’entretient plus l’ardeur du maitre et du colone[6] pour le travail que l’esperance d’un prix du bled raisonable pour son bled : il y a toujours un raport naturel entre ldes le prix des fruits de la terre et le salaire que l’on donne aux gens qui la travaillent, si les fruits qui en viennent valent peu {p.163} on leur donne peu, s’ils valent beaucoup on leur donne beaucoup, or on voit bien que dans u ce dernier cas ils sont plus en etat de payer les tributs, de la politique des princes d’Italie qui entretiennent toujours le bled a un prix tres bas il resulte la misere pour le maitre et la faineantise pour le colone.
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Passage de la main M à la main D |
178 Plus un pays est peuplé plus il est en etat de fournir du bled aux etrangers.
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Main principale D |
174 |
n1. |
Justinien, Institutes, liv. I, titre 3, § 2-4 (Catalogue, nº 710-718 ; EL, XV, 2, note (a)). Cet article constitue un état préparatoire d’un chapitre de L’Esprit des lois (De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, p. 377-379 [secrétaire H, 1741-1742]), auquel renvoient les notes de régie en marge (« Mis dans les loix »), transcrites par la même main. Sur les arguments des jurisconsultes, voir Céline Spector, « “Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes” : la théorie de l’esclavage au livre XV de L’Esprit des lois », Lumières, nº 3, 2004, p. 15-51 ; Jean Ehrard, Lumières et Esclavage, Paris, André Versaille, 2008, p. 145 et 154-155. |
174 |
n2. |
Montesquieu reviendra sur cette conséquence mal fondée : il est faux de tirer du droit d’anéantir une société celui de tuer et d’asservir les hommes qui la composent (EL, X, 3 ; voir aussi la lettre à Grosley du 8 avril 1750, Masson, t. III, p. 1293). Sa position tranche avec celle de nombreux philosophes modernes, comme Grotius, Hobbes et Pufendorf, qui admettaient un esclavage fondé sur la convention ou le droit de tuer pendant la guerre (Robert Derathé, Jean-Jacques Rousseau et la science politique de son temps, Paris, J. Vrin, 1988, chap. IV, § 3, p. 192-207). |
174 |
n3. |
Justinien, Institutes, liv. I, titre 8, § 1. |
174 |
n4. |
Cf. EL, XV, 5. |
174 |
n5. |
Cf. nº 2194 ; EL, XV, 13. |
175 |
n1. |
Le fait, repris dans L’Esprit des lois pour illustrer l’une des origines de l’esclavage (XV, 4), est évoqué par Jean-Baptiste Labat dans ses Nouveaux voyages aux îles de l’Amérique […] (Paris, G. Cavelier, 1722, t. IV, chap. 7, p. 114 – Catalogue, nº 2746). |
176 |
n1. |
Cf. De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, p. 376, l. 1-3 (secrétaire H, comme la note ici en marge) ; EL, XV, 1. |
177 |
n1. |
Ce passé glorieux est celui des cités fondées par les Grecs (VIIIe-IIIe siècles av. J.-C.), comme Agrigente, Géla, Syracuse, où la tyrannie a stimulé l’activité économique et repoussé les invasions carthaginoises. La Sicile, devenue première province romaine en 241 av. J.-C., fournissait Rome en blé. |
177 |
n2. |
Au moment de la rédaction de cet article, la Sicile appartient à l’empereur d’Autriche, Charles VI, échangée en 1718 par Victor Amédée II, duc de Savoie, contre la Sardaigne. À la suite de la guerre de Succession de la Pologne, elle revient en 1735 à Don Carlos, fils de Philippe V d’Espagne, « roy de Naples », ce qui explique les corrections apportées par le secrétaire E (1734-1739). |
177 |
n3. |
« L’Archipel » désigne la mer Égée, séparant l’Europe de la partie asiatique de la Méditerranée (« l’Asie ») ; voir Olfert Dapper, Description exacte des îles de l’Archipel et de quelques autres adjacentes […], Amsterdam, G. Gallet, 1703 – Catalogue, nº 2615 ; la Barbarie « est renfermée entre le mont Atlas, l’Ocean atlantique, la Mer Méditerranée & les déserts de Lybie & d’Egypte » (Olfert Dapper, Description de l’Afrique contenant les noms, la situation et les confins de toutes ses parties, leurs rivières, leurs villes et leurs habitations, leurs plantes et leurs animaux, les mœurs, les coutumes, la langue, les richesses, la religion et le gouvernement de ses peuples, Amsterdam, Wolfgang, Waesberge, Boom & Van Someren, 1686, p. 116). |
177 |
n4. |
Après la conquête normande contre les Arabes, sous le pontificat d’Urbain II, les rois de l’île ont été déclarés légats du Saint-Siège et juges des causes ecclésiastiques (1098) par l’intermédiaire d’un tribunal dit de la Monarchie : sur ce privilège, voir le compte rendu du Journal des savants de 1689 (nº 182, note 5), p. 292 et l’article nº 214. |
177 |
n5. |
Introduite par les Normands, la fabrication de la soie est une des principales activités de Messine (Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 997-998). |
177 |
n6. |
Lire ici et plus bas : colon. Voir nº 45, note 4. |