Chapitre 102
Capitulum CII1caput 101 1536.
Uranoscopus [l’uranoscope1L’uranoscope (Uranoscopus scaber Linné, 1758)
est aussi appelé rat de mer ou rascasse blanche. Le nom est emprunté
au grec οὐρανοσκόπος, signifiant « qui regarde le ciel » ; voir
D’Arcy Thompson 1947, 98-99, s. v.
Kallionymos ; De Saint-Denis 1947, 118.], urtica [l’« ortie » : l’anémone de mer2L’ortie est aussi appelée anémone de mer, ou
actinie (ordre des Actiniaria von Ternate, 1897) ;
voir De Saint-Denis 1947, 119 ; D’Arcy Thompson 1947, 5-6. Le mot
grec est κνίδη (voir Plin. nat. 32, 147 : cnide, quam nos urticam uocamus).] et vulpes marinae [« le renard marin » : le requin renard3Selon Kitchell & Resnick 1999, 1705 et
n. 319, le vulpes marinus est le requin
renard commun (Alopias vulpinus Bonnaterre,
1788), un requin de taille moyenne (6 m environ) qui doit son nom à
la grande taille de son appendice caudal. C’est le même animal que
le renard marin (Squalus vulpes Linné, 1758),
identifié par De Saint-Denis 1947, 119.] [+][VB 17,
99 De
uranoscopo et urtica et vulpe [-]][+]
Uranoscopus2uranoscupus Prüss1., urtica et vulpes marinae [+][VB 17, 99 De uranoscopo et urtica et vulpe [-]][+]
Renvois internes : Uranoscopus : cf.
Granus, ch. 41 ; Kylon,
ch. 46 ; Milvus, ch. 55.
Urtica : cf. Kylok, ch. 45.
Lieux parallèles : Uranoscopus dans TC, De
uranoscopo (7, 87).
Vulpes marinae dans TC,
De vulpibus maris (7, 86) ;
AM, [Vulpes marinae] (24, 131 (59)).
[1] [•] VB 17, 99, 1Pline au livre 32. [•] Plin. nat. 32,
69L’uranoscope tire son nom de l’œil qu’il a sur la tête
[•] VB 17, 99,
1et avec lequel il regarde en dessous et
au-dessus. On le désigne encore du nom de gallio.
[1] [•] VB 17, 99, 1Plinius libro XXXII3Vincent de Beauvais, suivi par le
compilateur de l’Hortus sanitatis, a
inversé l’ordre des phrases de Pline.. [•] Plin. nat. 32, 69
— Idem piscis
et uranoscopos uocatur ab oculo quem in capite habet.Uranoscopus vocatur ab oculo quem habet in capite,
[•] VB 17, 99,
1a quo subter et supra intendit4Cette précision apportée
par Vincent de Beauvais est absurde. Pour le granus (ch. 41, 3), le texte est plus clair :
unum oculum in summo capitis habet, quo
superintendens semper insidias cavet. En réalité,
l’uranoscope a bien deux yeux, au sommet de la tête, comme
l’indique l’origine grecque du nom.. Alio nomine gallio5galliae
Prüss1 1536.6Le terme gallio vient sans doute d’une mélecture ou
d’une mécoupe du nom grec de ce poisson : καλλιώνυμος. Le nom a
été tronqué – comme le confirme Vincent de Beauvais (VB 17, 99,
1) : Alio nomine gallio nuncupatur –, et le
nom du poisson se trouve réduit à la première partie du nom grec,
tandis que la seconde partie est devenue un substantif.
nuncupatur.
Propriétés et
indications
Operationes7operationes om. 1536.
[2] [•] VB 17, 99, 1A. [•] Plin.
nat. 32, 69Son fiel guérit les
cicatrices et résorbe les excroissances des yeux, comme le dit
Ménandre dans ses comédies.
[2] [•] VB 17, 99, 1A. [•] Plin. nat. 32, 69
— Callionymi fel
cicatrices sanat et carnes oculorum superuacuas consumit. Nulli
hoc piscium copiosius, ut existumauit Menander quoque in
comoediis.Hujus fel cicatrices sanat et
carnes oculorum supervacuas consumit, ut dicit Menander8meander 1491
Prüss1. in comediis9Comme le montre le texte de
Plin.
nat. 32, 69, la référence à Ménandre doit être mise en relation
avec une autre particularité de ce poisson, l’abondance de son
fiel. Men. frgm 31 ; Ael. NA 13, 4..
[3] [•] VB 17, 99, 2B. Le même au livre 9. [•] Plin. nat. 9,
146L’ortie voyage et déménage pendant la nuit. Elle a la
propriété de causer une démangeaison, comme l’ortie
terrestre.
[3] [•] VB 17, 99, 2B. Idem10item 1536.
in11in om. Prüss1 1536. libro IX. [•] Plin. nat. 9, 146
— Vrticae
noctu uagantur locumque mutant. Carnosae frondis hiis natura, et
carne uescuntur. Vis pruritu mordax eademque quae terrestris
urticae.Urtica noctu vagatur noctuque mutatur. Vis ejus pruritu
mordax eadem quae12eadem
quae correximus ex Plin. : eademque 1491 Prüss1 1536 eademque
quae VB. terrestris
urticae.
[4] [•] VB 17, 99, 3C. Aristote. [•] Arist. HA 531 a 31 - b 7 MSL’animal est de l’espèce qui se dit en grec akalabia, et on suppose qu’il s’agit de
l’ortie de mer : au reste il est énorme, urticant et il
n’a pas de coquille. Mais sa substance est comme de la
chair.
[4] [•] VB 17, 99, 3C. Aristoteles13La citation d’Aristote présente chez
Vincent de Beauvais se trouve fractionnée dans l’Hortus sanitatis.. [•] Arist. HA 531 a 31 - b 7 MS
— Et
genus animalis quod dicitur grece akaleki. Est unum genus per se
et applicatur lapidibus sicut animal cuius testa est aspera,
similis est testae vasis. Et non habet testam, set creatio sui
corporis est similis creationi carnis.Animal
genus quod Graece dicitur akalabia et creditur esse urtica maris : est ingens14jungens 1491 Prüss1 VB. alias, inurens per se, nec
habet15habent VBd. testam. Sed
ejus creatio16curatio VBd. est sicut
carnis.
[5] [•] VB 17, 99, 3D. [•] Arist. HA 531 a 31 - b 7 MSEt cette espèce
sent et attrape tout ce qui s’approche de ses mains et s’attache
aux pierres avec ses pieds comme un animal à tentacules. Et son
corps enfle quand d’aventure elle s’applique à quelque chose4Le contresens vient de la
traduction de Michel Scot. Le texte grec (Arist. HA 531 b 5-7) dit
qu’« elles saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme
le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair
qui se met à enfler » (Louis 1964, 136). On trouve le même texte
pour l’anémone de mer (voir Kilok,
ch. 45).. Elle a un orifice au milieu de son corps et
chasse tout ce qui passe à sa portée parmi les petits poissons, et
elle mange des oursins et des « peignes de mer »5Voir Plin. nat. 9, 147 : Eadem noctu pectines et echinos perquirit. Sur
l’identification probable du pecten avec la
coquille Saint-Jacques, voir s. v. Pecten
et ch. 67. Mais le pecten désigne aussi la
plie ou carrelet (voir Rubus et ryachae,
ch. 78, 1, note de commentaire zoologique), ce que vient confirmer
ici l’addition de Vincent de Beauvais : voir aussi ch. 70, Pinna et plays., [•] VB 17, 99, 3c’est-à-dire des plais.
[5] [•] VB 17, 99, 3D. [•] Arist. HA 531 a 31 - b 7 MS
— Et hoc genus sentit et
rapit quicquid appropinquat manibus, et applicatur lapidibus cum
suis pedibus sicut animal multorum pedum. Et fortasse tumescit
corpus eius quando applicatur alicui rei. Et habet orificia in
medio corporis eius, et venatur quicquid transit per ipsum ex
piscibus parvis. Et quoddam genus ipsius conmedit iricium et
pecten, et non invenitur in suo corpore superfluitas omnino.Et hoc genus sentit et rapit quicquid appropinquat
manibus et applicatur lapidibus cum suis pedibus, sicut
animal multorum pedum. Et forte17fortasse 1491 Prüss1 1536 VB2.
tumescit corpus ejus quando applicatur alicui rei. Habet autem
orificium in medio corporis ejus, et venatur quicquid transit per
ipsum ex piscibus parvis et comedit iricium18yricium
1491 Prüss1 tricium VBd. et pecten, [•] VB 17, 99, 3id est plais19La
précision id est plais, ajoutée par Vincent
de Beauvais au texte, se comprend grâce à la manchette qui
l’accompagne : Pecten, id est Plais gallice
(« Le peigne, c’est-à-dire, en français, le plais »). Il ne faut pas confondre cet animal
avec son homonyme, plais ou plays, la plie (voir ch. 70)..
[6] [•] VB 17, 99, 4E. Pline au livre 9. [•] Plin. nat. 9,
145Les renards marins, quand ils risquent d’être capturés,
avalent non seulement l’hameçon, mais la ligne jusqu’à une partie
faible qu’ils puissent facilement ronger, Nota HSsi bien qu’on ne
peut les attraper. Ils ressemblent aux renards terrestres.
[6] [•] VB 17, 99, 4E. Plinius libro IX. [•] Plin. nat. 9, 145
— Volpes
marinae simili in periculo gluttiunt amplius usque ad infirma
lineae quae facile praerodant.Vulpes marinae in periculo capturae glutiunt non tantum
hamum sed amplius usque ad infirma lineae quae facile praerodant,
compil.sic20sic — assimiles non hab.
VB. quod capere non possunt. Vulpium terrestrium assimiles21assimilantur 1491 Prüss1..
~
1L’uranoscope (Uranoscopus scaber Linné, 1758)
est aussi appelé rat de mer ou rascasse blanche. Le nom est emprunté
au grec οὐρανοσκόπος, signifiant « qui regarde le ciel » ; voir
D’Arcy Thompson 1947, 98-99, s. v.
Kallionymos ; De Saint-Denis 1947, 118.
2L’ortie est aussi appelée anémone de mer, ou
actinie (ordre des Actiniaria von Ternate, 1897) ;
voir De Saint-Denis 1947, 119 ; D’Arcy Thompson 1947, 5-6. Le mot
grec est κνίδη (voir Plin. nat. 32, 147 : cnide, quam nos urticam uocamus).
3Selon Kitchell & Resnick 1999, 1705 et
n. 319, le vulpes marinus est le requin
renard commun (Alopias vulpinus Bonnaterre,
1788), un requin de taille moyenne (6 m environ) qui doit son nom à
la grande taille de son appendice caudal. C’est le même animal que
le renard marin (Squalus vulpes Linné, 1758),
identifié par De Saint-Denis 1947, 119.
4Le contresens vient de la
traduction de Michel Scot. Le texte grec (Arist. HA 531 b 5-7) dit
qu’« elles saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme
le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair
qui se met à enfler » (Louis 1964, 136). On trouve le même texte
pour l’anémone de mer (voir Kilok,
ch. 45).
5Voir Plin. nat. 9, 147 : Eadem noctu pectines et echinos perquirit. Sur
l’identification probable du pecten avec la
coquille Saint-Jacques, voir s. v. Pecten
et ch. 67. Mais le pecten désigne aussi la
plie ou carrelet (voir Rubus et ryachae,
ch. 78, 1, note de commentaire zoologique), ce que vient confirmer
ici l’addition de Vincent de Beauvais : voir aussi ch. 70, Pinna et plays.
~
1caput 101 1536.
2uranoscupus Prüss1.
3Vincent de Beauvais, suivi par le
compilateur de l’Hortus sanitatis, a
inversé l’ordre des phrases de Pline.
4Cette précision apportée
par Vincent de Beauvais est absurde. Pour le granus (ch. 41, 3), le texte est plus clair :
unum oculum in summo capitis habet, quo
superintendens semper insidias cavet. En réalité,
l’uranoscope a bien deux yeux, au sommet de la tête, comme
l’indique l’origine grecque du nom.
5galliae
Prüss1 1536.
6Le terme gallio vient sans doute d’une mélecture ou
d’une mécoupe du nom grec de ce poisson : καλλιώνυμος. Le nom a
été tronqué – comme le confirme Vincent de Beauvais (VB 17, 99,
1) : Alio nomine gallio nuncupatur –, et le
nom du poisson se trouve réduit à la première partie du nom grec,
tandis que la seconde partie est devenue un substantif.
7operationes om. 1536.
8meander 1491
Prüss1.
9Comme le montre le texte de
Plin.
nat. 32, 69, la référence à Ménandre doit être mise en relation
avec une autre particularité de ce poisson, l’abondance de son
fiel. Men. frgm 31 ; Ael. NA 13, 4.
10item 1536.
11in om. Prüss1 1536.
12eadem
quae correximus ex Plin. : eademque 1491 Prüss1 1536 eademque
quae VB.
13La citation d’Aristote présente chez
Vincent de Beauvais se trouve fractionnée dans l’Hortus sanitatis.
14jungens 1491 Prüss1 VB.
15habent VBd.
16curatio VBd.
17fortasse 1491 Prüss1 1536 VB2.
18yricium
1491 Prüss1 tricium VBd.
19La
précision id est plais, ajoutée par Vincent
de Beauvais au texte, se comprend grâce à la manchette qui
l’accompagne : Pecten, id est Plais gallice
(« Le peigne, c’est-à-dire, en français, le plais »). Il ne faut pas confondre cet animal
avec son homonyme, plais ou plays, la plie (voir ch. 70).
20sic — assimiles non hab.
VB.
21assimilantur 1491 Prüss1.