Rayte [la raie1La raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est
l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à
travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et
notamment la disposition si particulière de son orifice buccal,
situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947,
93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.] et raha [la torpille2La torpille (Raja torpedo Linné, 1758) est
souvent assimilée à la famille des rajidés (on parle ainsi de « raie
électrique »), mais relève d’une catégorie distincte, les
torpédinidés ; des muscles électrogènes, situés autour de ses ouïes,
sont capables d’émettre une décharge électrique (pouvant atteindre
jusqu’à 220 volts), qui paralyse ses proies. Pour les références aux
textes anciens, on se reportera à De Saint-Denis 1947, 115.]
[+][VB 17, 84 De raithe et raha [-]][+]
Rayte et raha [+][VB 17, 84 De raithe et raha [-]][+]
Renvois internes : Rayte : cf. Ryachae, ch. 78.
Raha : cf. Narcos, ch. 63 ; Torpedo, ch. 92.
Lieux parallèles : Rayte dans TC, De raithis
(7, 68) ; AM, [Raythae] (24,
103 (50)).
[1] [•] VB 17, 84, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 7, 68La raie, qui est appelée rahis en français, est un
poisson de mer mis au rang des espèces de qualité. C’est pourtant
une espèce tout à fait bon marché, et notamment là où le poisson
est abondant. Elle est à peu près ronde, et presque aussi longue
que large. Elle a des yeux horribles. Sa bouche livide est elle
aussi affreuse et ne se trouve pas au même endroit que chez les
autres poissons, mais sur le ventre : elle n’est pas là où se
trouvent sa tête et ses yeux. Elle possède une queue très longue,
comme la couleuvre, avec dessus des épines très acérées. Elle a
aussi parfois une pierre dans la tête, et on ne croit pas que la
nature a fait cela sans raison3Sur cet élément de description, voir Amnis, ch. 9.. Ses chairs sont
difficiles à digérer, comme la viande de bœuf. Selon Aristote,
elle engraisse quand souffle le vent du sud4Cette caractéristique a déjà été attribuée à la
Botha, ch. 13 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali
et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur
septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in
estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains
poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres,
quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par
vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en
été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de
sud »..
[1] [•] VB 17, 84, 1Ex Libro2libris 1491 Prüss1. de naturis rerum3Vincent de Beauvais
suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré : s’il est un
peu plus concis, il reprend tous les aspects retenus par sa
source. Il corrige cependant la leçon impregnantur en impinguantur.. [•] TC 7, 68Rayte4raithe
VB., quae rahis5rais VB. gallice dicuntur6dicitur VBd., est piscis maris inter pisces
nobiles reputatus, admodum vilis, et hoc ubi est piscium
copia7post copia add. et 1536.. Propemodum rotundus est, et in
longitudine et latitudine fere aequalis. Oculos habet horribiles.
Os quoque deformitate lividum8On trouve luridum, de
sens voisin, chez Thomas de Cantimpré., et hoc non eo loco
quo pisces ceteri, sed loco ventris ; ubi vero caput et oculi
sunt, os non habet9habent
1491 VB2..
Caudam habet praelongam ut coluber et in ea spinulas quasdam acutas valde. Habet et
quandoque in capite lapidem, nec credimus quod natura creaverit
eum inutilem. Hujus carnes indigestibiles sunt ut carnes bovinae.
Impinguatur, ut dicit Aristoteles, vento meridionali
flante.
[2] [•] VB 17, 84, 2Iorach. [•] AS 2, 8,
27aIl existe un poisson du nom de la torpille qui paralyse, au point que, lorsqu’on le porte
dans un filet, l’engourdissement gagne la main du porteur. Il se
dissimule dans le sable et dans la vase. Il capture tous les
poissons qui s’approchent <de lui> et, parce qu’il les
paralyse au point que ceux-ci ne peuvent pas bouger, il s’en
empare et les dévore.
[2] [•] VB 17, 84, 2Jorath. [•] AS 2, 8,
27a
— Qui est piscis, qui nominatur Rahas. Et est iste
piscis stupefaciens ; quia, cum portatur in rete, pervenit stupor
eius ad manum qua portatur. Et iste piscis occultatur in harena et
luto. Et venatur totum quod appropinquat ei ex piscibus, quia
stupefacit ipsos et non possunt moveri, ipse ergo consequitur et
comedit eos (Iorach est cité d’après Arnold de Saxe). Voir
Draelants 2000, 263.Est autem piscis nomine rahas stupefaciens, ita quod, cum rete10reti 1491
VB. portatur, pervenit stupor ejus ad manum qua
portatur. Hic occultatur in arena et luto. Venaturque totum quod
ex piscibus appropinquat11post appropinquat hab.
ei VB. et, quia stupefacit eos
ita quod non possunt moveri, ipseque consequitur illos et comedit
eos.
~
1La raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est
l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à
travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et
notamment la disposition si particulière de son orifice buccal,
situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947,
93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.
2La torpille (Raja torpedo Linné, 1758) est
souvent assimilée à la famille des rajidés (on parle ainsi de « raie
électrique »), mais relève d’une catégorie distincte, les
torpédinidés ; des muscles électrogènes, situés autour de ses ouïes,
sont capables d’émettre une décharge électrique (pouvant atteindre
jusqu’à 220 volts), qui paralyse ses proies. Pour les références aux
textes anciens, on se reportera à De Saint-Denis 1947, 115.
3Sur cet élément de description, voir Amnis, ch. 9.
4Cette caractéristique a déjà été attribuée à la
Botha, ch. 13 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali
et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur
septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in
estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains
poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres,
quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par
vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en
été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de
sud ».
~
1caput 74 1536.
2libris 1491 Prüss1.
3Vincent de Beauvais
suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré : s’il est un
peu plus concis, il reprend tous les aspects retenus par sa
source. Il corrige cependant la leçon impregnantur en impinguantur.
4raithe
VB.
5rais VB.
6dicitur VBd.
7post copia add. et 1536.
8On trouve luridum, de
sens voisin, chez Thomas de Cantimpré.
9habent
1491 VB2.
10reti 1491
VB.
11post appropinquat hab.
ei VB.