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Pensées 1681 à 1685

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1681

{f.32v} J’ay lu une traduction de l’Odyssé d’Homere

Homere

par Mr de la Valterie[1], je ne l’ay point comparée a celle de Me Dacier, il me semble que cette traduction est faite avec plus de feu, et j’avoue qu’en la lisant j’ay senti un charme infini, et tel que je ne me souviens pas que la traduction de Me Dacier m’ait fait sentir le même[2], mais je les compareray, on m’a dit que la traduction de Mr de la Valterie n’etoit pas exacte[3], on ne dit rien par la contre Homere car si en ottant la gesne litteralle, et en donnant a Homere du geni et de l’expression francaise, on l’a rendu plus agreable, on l’a rendu plus semblable a luy même, puisque personne n’a jamais dit qu’Homere n’ait emploié dans son poëme tous les agremens {f.33r} de la langue grecque, lesquels [deux débuts de mots biffés non déchiffrés] ne sçauroient etre transportés dans une autre langue, reste donc que le fond du pöeme est admirable, on auroit beau mettre de pareils agremens dans un mauvais poeme le pöeme sera toujours mauvais

- - - - -

Main principale P

1682

L’esprit de conversation

Conversation

est ce qu’on appelle de l’esprit[1] parmi les Français il consiste à un dialogue ordinairement gay dans lequel chacun sans s’ecouter beaucoup parle et répond, et ou tout se traite d’une maniere coupée prompte et vive, le stile de la con et le ton de la conversation s’aprennent c’est a dire le stile de dialogue, il y a des nations ou l’esprit de conversation est entierement inconnu telles sont celles ou l’on ne vit point ensemble, et celles dont la gravité fait le fondement {f.33v} des moeurs, ce qu’on appelle esprit chez les Francais n’est donc pas de l’esprit mais un genre particulier d’esprit l’esprit en luy même est le bon sens joint à la lumiere, le bon sens est la juste comparaison des choses, et la coun distinction des mêmes choses dans leur etat positif et dans leur etat relatif

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Main principale P

1683

[Passage à la main M] Je mettray toujours au nombre de mes comendemens de ne parler jamais de soy en vain :

- - - - -

Passage de la main P à la main M

1684

[Passage à la main P] Un homme qui entendoit un vieux plaideur raconter ses faits et gestes luy dit, je comprend de tout cecy Monsieur que si vous me demandez la moitié de mon bien, je vous le laisseray ; si vous me le demandez tout je vous turay * cet homme etoit un grand philosope[1] et raisonnoit parfaitement bien.

- - - - -

Passage de la main M à la main P

1685

{f.34r} Materiaux qui n’ont pu entrer dans l’Esprit des loix

Main principale P


1681

n1.

L’« Odyssée » d’Homère. Nouvelle traduction par le sieur de La Valterie, Paris, C. Barbin, 1681. Montesquieu possède une édition de 1709 (Paris, M. Brunet – Catalogue, nº 2060).

1681

n2.

Voir Pensées, nº 116 et nº 2252. L’admiration de Montesquieu pour la traduction de La Valterie semble n’avoir guère été partagée : selon Noémi Hepp, cette traduction « ne fit jamais l’objet d’aucune critique élogieuse et semble avoir été ignorée de tous les esprits cultivés de son temps » (Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 463). L’engouement de Montesquieu est toutefois durable : c’est de cette traduction qu’il se servira pour ses extraits et notes de lecture de l’Iliade et de l’Odyssée, après 1751 ; voir BM Bordeaux, ms 2526/2a et ms 2526/2b, dans OC, t. 17, à paraître, et Salvatore Rotta, « L’Homère de Montesquieu », dans Homère en France après la Querelle, 1715-1900, F. Létoublon et C. Volpilhac-Auger (éd.), Paris, H. Champion, 1999, p. 144.

1681

n3.

Dans la préface de sa traduction de l’Iliade, La Valterie l’annonçait sans ambages : « pour prévenir […] le dégoût que la délicatesse du temps aurait peut-être donné de ma traduction j’ai rapproché les mœurs des Anciens autant qu’il m’a été permis » (Paris, C. Barbin, 1681, [p. VII]). Selon Françoise Berlan, cette traduction est « peut-être la plus conforme à un certain goût d’époque, non contrarié par le souci d’exactitude » (« Fénelon traducteur et styliste : réécritures du chant V de l’Odyssée », Littératures classiques, nº 13, 1990, p. 34).

1682

n1.

Avant les voyages, Montesquieu semblait partager le point de vue des moralistes et romanciers de son temps à l’égard de la conversation à la française, jugée futile et décousue (nº 107). Dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], il souligne que la fausseté et la singularité sont nécessaires à l’esprit qui convient à la conversation enjouée (OC, t. 9, p. 253, l. 604-609). La réflexion sur l’esprit général de la nation française met en valeur un jeu de rapports (légèreté, gaieté, luxe et commerce, galanterie, etc.) qui intègre esprit et conversation dans un système de mœurs cohérent neutralisant la critique (EL, XIX, 5). Sur l’esprit, voir nº 685-686 ; sur la conversation, nº 1274, 1277.

1684

n1.

Lire : philosophe.