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Pensées 1736 à 1740

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1736

Une preuve de ce que je dis c’est que les nations chez lesquelles l’ignorance est etablie par un tribunal particulier sont aussi celles qui ont fait les plus grandes fautes en fait de politique et cela ne peut pas etre autrement. Quand ceux qui sont gouvernés sont dans l’ignorance, il fauderoit[1] que ceux qui gouvernent eusent à chaque instant une inspiration particuliere pour n’y etre pas eux mêmes, puisqu’ils sont du corps de la nation ; et qu’ils ne sont pas ce que Caligula pretendoit etre, des bergers qui ont de l’intelligence qui conduisent des troupeaux qui n’en n’on pas[2]. {f.53v} Quand on considere la pluspart des hommes de notre nation, on est toujours dans l’admiration de voir tant d’esprit et si peu de lumieres, des bornes si etroites avec tant de force pour les passer.

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1737

Je lisois dans la Ciropedie que Cyrus rejetta l’usage des ces chariots venus de Troye dont on se servoit dans les combats parce que pour un seul combatant il falloit… hommes et… chevaux[1]. En lisant cecy je faisois cette reflexion, sans ces chariots de Troye nous n’aurions pourtant pas eu le poeme d’Homere qui consiste tout dans les actions et les discours de ces heros sur ces chariots par le moyen desquels ils sont toujours {f.54r} distingués de la populace de l’armée. Pour un bon poëme epique il est indiferent que l’armure generale soit bonne pourveu que celle des personnages principaux le soit.
De même le sistheme de la chevalerie

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1738

Des brebis pour monoye comme firent d’abord les Romains

D’ou viennent les mots de peculium et de peculatus[1].

, mais depuis que les mahometans ont fondé des empires, [lettre biffée non déchiffrée] cette loy y detruit le commerce qui s’y trouve ruiné par la relligion et par la constitution de l’etat.
La loy de Mahomet qui confond le prest avec l’usure etoit bonne pour les pays d’Arabie, et etoit bonne comme la loy des juifs qui fut donnée dans ce pays. Les Arabes ne connoissoient connoissent guêres l’argent, ils font leurs payemens en bestiaux comme font encore les Tartares.

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1739

{f.54v} Sur le credit public dans le gouvernement populaire

Ceux qui gouvernent sont ordinairement plus menagers de l’argent public, parce qu’ils le sont plus du leur, ils ont moins de passions, moins de phantaisies, et par consequant moins de besoins.
Dans le gouvernement d’un seul la ruine du credit public peut venir d’une action imprudente, d’un avantage momentané, ou d’un mauvais conseil. Dans le gouvernement populaire elle vient du desespoir de ceux qui voient la chute de la republique. On se sauve dans l’esquif parce que le navire va perir.

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1740

{f.55r} Du superbe ouvrage des Romains.

Si l’on pouvoit douter des malheurs qu’une grande conquête apporte apres soy, il n’y auroit qu’à lire l’histoire des Romains.
Les Romains ont tiré le monde de l’etat le plus florissant ou il peut etre, ils ont detruit les plus beaux etablissemens pour en former un seul qui ne pouvoit se soutenir. Ils ont eteint la liberté de l’univers, et abusé ensuite de la leur, affoibli le monde entier comme usurpateurs, et comme depouillés, comme tirans et comme esclaves

Francois d’aujourd’hui[1]

.

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1736

n1.

Lire : faudrait.

1736

n2.

Caligula avait fait mourir ceux qui, comme Macron et Silanus, prétendaient l’éduquer et le conseiller et il déclara, selon Philon d’Alexandrie, dans son traité Légation à Caïus, ou Des vertus : « Tout ainsi que les pastoureaux des animaux, comme bouviers, chevriers, bergers, ne sont ny bœufs, ny chevres ny agneaux : ains sont hommes, d’une meilleure condition & qualité ; aussi faut penser que moy, qui suis le gouverneur de ce tresbon trouppeau d’hommes, suis different des autres, & que je ne tien point de l’homme, mais d’une part plus grande et plus divine » (Œuvres de Philon, P. Bellier (trad.), Paris, C. Chappellain, 1612, p. 1049 – Catalogue, nº 367).

1737

n1.

Xénophon, Cyropédie, VI, 1, 27-29 : Cyrus comptait, pour un combattant par char troyen, un conducteur et quatre chevaux. Il mit en usage des chariots à tour.

1738

n1.

Festus explique l’étymologie de pecunia, peculatus et peculum (du lat. pecus, troupeau) par l’usage du paiement en bétail, en particulier pour s’acquitter d’une amende punissant un vol commis aux dépens du Trésor public (peculatus), avant l’usage de la monnaie métallique (M. Verrii Flacci quae extant. Sex. Pompei Festi de verborum significatione libri XX. Et in eos Josephi Scaligeri Jul. Caesaris filii castigationes nunc primum publicatæ, [Genève], P. Santandreanum, 1575, p. CLIV – Catalogue, nº 1873-1874, rééd. de 1593) ; Montesquieu a mentionné la fixation de la valeur du sou en bétail dans la loi des Saxons (EL, XXII, 2).

1740

n1.

Commentaire de la main de Joachim Laîné (T), qui semble concerner un passage désigné par une ligne verticale en marge gauche : voir, dans cette édition, les parties introductives « Le manuscrit » et « L’écriture des manchettes ».