MOTTEAU 1995 : Motteau J. — Étude du verre du presbytère (bâtiment 11), in ZADORA-RIO, GALINIÉ 1995 : 226-227.
THEUREAU, SHIESSER 1995 : Theureau C., Schiesser P. — Catalogue des monnaies (1986-1995) in ZADORA-RIO, GALINIÉ et al. 1995 : 227-228.
ADIL : Archives départementales d’Indre-et-Loire
Section 4 – Le presbytère de Rigny et ses dépendances (milieu 15e-milieu 19e s.)
4.1 Le bâtiment 11
État 1, datation et fonction
P0/1. Le bâtiment 11 est un bâtiment de pierre, avec de larges fondations, construit à l’emplacement du bâtiment 12 (cf. Section 3).
Commentaire :
Le bâtiment 11 mesure environ 13 x 8 m et les murs est, nord et sud ont des fondations d’1,20 m de large, en maçonnerie à bain de mortier.
Le mur ouest (M42) est un ancien mur de terrasse, lié à l’argile, construit au 11e s. dans le cimetière, et réutilisé ensuite pour les fondations du mur ouest du bâtiment 22 (cf. Section 3, P0/4).
Le mur sud est construit sur le tracé de la clôture du cimetière (M81) (cf. Section 3, P0/2).
P0/2. Le bâtiment 11, dont le mur sud oblitère le mur de clôture du cimetière (M81), possède une nouvelle clôture qui empiète au sud sur la zone d’inhumation.
P0/3. Un escalier en vis, situé dans une tour polygonale hors-œuvre, est accolé au milieu de la façade sud du bâtiment 11.
P0/5. La présence de tessons de verre plat indique que les fenêtres étaient vitrées.
Commentaire :
Le verre à vitre, de couleur vert pâle, est représenté par des tessons assez épais (3 à 4 mm) (MOTTEAU 1995).
P0/6. Un conduit de latrines est ajouté au cours de l’État 1 contre le mur pignon ouest du bâtiment 11.
Commentaire :
La mise en place du conduit de latrines entraîne une modification du tracé de la clôture.
Le comblement des latrines, conservé sur environ 0,80 m de hauteur, est stratifié et contient beaucoup de mobilier (céramique, verre, ossements animaux et graines).
La présence de dépôts brunâtres caractéristiques sur les tessons de céramique indique que les latrines ont conservé leur fonction primitive tout en servant de dépotoir.
P0/7. Les tours d’escalier hors-œuvre sont une caractéristique des manoirs seigneuriaux des 15e et 16e s.
P0/8. Les tessons de céramique associés à l’État 1 du bâtiment 11 sont datés du milieu du 15e s. au milieu du 17e s.
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P0/9. La vaisselle de verre associée à l’État 1 est datée de la seconde moitié du 15e s. et du 16e s.
Commentaire :
De nombreux fragments de vaisselle de verre ont été retrouvés dans les latrines. La plupart appartiennent à des gobelets apodes de type Tours 1 ou à des flacons de couleur vert pâle, décorés de côtes en spirale. Ils représentent très probablement une production régionale.
Un gobelet de type Tours 4, en verre incolore cristallin, est la seule attestation de vaisselle « de luxe », de provenance plus lointaine (Italie ou sud de la France).Une lampe est représentée par quelques fragments (MOTTEAU 1995).
État 2, datation et fonction
P0/10. La tour polygonale abritant l’escalier en vis est détruite vers le milieu du 17e s.
Commentaire :
La datation repose sur la céramique et sur une monnaie (double tournois daté de 1632 provenant des couches de destruction de l’escalier (THEUREAU, SCHIESSER 1995 : nº 18).
P0/11. Un plan d’ensemble de 1821 représente le presbytère à l’emplacement du bâtiment 11.
Commentaire :
Un plan dressé en 1821, accompagné d’un descriptif (A.D.I.L., série D, liasse an 12-1826) représente le presbytère et ses dépendances. Le « bâtiment principal » (a) correspond au bâtiment 11.
P1/2. Le plan de 1821 représente le bâtiment 11 (État 2) après destruction de la tour d’escalier.
Commentaire :
Un plan détaillé et un dessin de l’élévation du presbytère accompagnent le plan d’ensemble de 1821, et nous informent sur les aménagements intérieurs et la partition de l’espace. Les sources écrites, notamment un état des lieux établi en 1811, complètent aussi les informations (A.D.I.L., série E, dépôt M : État du presbytère de Rigny, 18 octobre 1811).
Le presbytère représenté sur le plan a les mêmes dimensions que le bâtiment 11. L’emplacement du foyer de la cuisine et de la cheminée de la chambre ont été identifiés lors de la fouille, ainsi que des traces de partition. Cependant, aucune trace de l’escalier intérieur n’a été trouvée.
Proposition P1/2 basée sur
P2/2. L’occupation de l’État 2 du bâtiment 11 s’étend du milieu du 17e s. à 1821.
Commentaire :
L’État 2 a laissé peu de traces archéologiques, parce qu’il a été en grande partie arasé. L’occupation de l’État 2 s’étend du milieu du 17e s. d’après le mobilier (destruction de la tour d’escalier hors-œuvre de l’État 1), jusqu’à la reconstruction qui accompagne la mise en place de l’État 3, laquelle intervient en 1822 d’après les sources écrites et planimétriques.
Proposition P2/2 basée sur
P3/1. Le bâtiment 11 est le presbytère de Rigny du milieu du 15e s. à 1821.
Commentaire :
La fonction de presbytère du bâtiment 11 est attestée par le plan de 1821 et les sources écrites du 18e s., notamment l’inventaire après décès du curé Guillaume Drouin daté du 31 octobre 1727 (A.D.I.L., 3E17 447).
On considère que le bâtiment 11 remplissait cette fonction de presbytère dès sa construction au milieu du 15e s.
Proposition P3/1 basée sur
État 3, datation et fonction
P0/12. Dans l’État 3, le mur pignon ouest (M42) et le mur nord (M35) sont détruits : le bâtiment 11 devient plus long et plus étroit.
Commentaire :
Le nouveau mur nord (M36) du bâtiment 11 est construit en retrait de l’ancien, dans le prolongement du mur nord (M85) du bâtiment 22. Le four construit à l’ouest, sur l’emprise du bâtiment 22, prend appui sur le conduit des anciennes latrines du bâtiment 11 et scelle la tranchée de destruction de l’ancien mur pignon M42.
P0/13. D’après un procès-verbal de 1824, le bâtiment 11 sert de cuisine au nouveau presbytère construit plus au nord en 1822 (bâtiment 5).
Commentaire :
« Le conseil… a reconnu que la réclamation de M. le desservant était juste… et a examiné que le four qui est en dehors est en très mauvais état sans pouvoir cuire le pain attendu qu’il reçoit toute l’eau de la toiture… Le conseil a aussi remarqué que le plancher de ladite cuisine est très vieux, qu’il fond de toutes parts et qu’il est urgent de la refaire à neuf » (A.D.I.L., série D, conseil municipal du 8 mai 1824).
P1/3. L’étage du bâtiment 11 est supprimé.
Commentaire :
Cette hypothèse repose sur le remaniement du plan (destruction du mur ouest M42 et du mur nord M35).
Le mur nord M36, construit sans mortier et sans fondations, est étroit (0,50 m) et moins porteur que le mur M35 : il n’est pas conçu pour supporter le poids d’un étage. La reconstruction a été faite à l’économie.
Proposition P1/3 basée sur
P0/14. L’État 3 du bâtiment 11 est une reconstruction postérieure à la réalisation du plan de 1821.
Commentaire :
Les dimensions et les caractéristiques du bâtiment 11 sur le plan de 1821 sont celles de l’État 2 et non celles de l’État 3.
P0/15. Le bâtiment 11 est définitivement abandonné en 1856.
Commentaire :
A cette date, une nouvelle église paroissiale a été construite à Ussé, et un nouveau presbytère a été édifié à proximité (ZADORA-RIO, THOMAS, JOUQUAND 1992 : 37-38).
P2/3. Après 1822 et jusqu’en 1856, l’ancien presbytère (bâtiment 11, État 3) devient une dépendance du nouveau presbytère.
Commentaire :
Une série de rapports et de délibérations du conseil municipal documente l’état de délabrement du bâtiment qui a rendu sa reconstruction nécessaire. Ils indiquent que l’ancien presbytère (bâtiment 11 État 3) devient alors une annexe du nouveau presbytère (bâtiment 5).
Proposition P2/3 basée sur
4.2 Le bâtiment 9
État 1, datation et fonction
P0/16. Le bâtiment 9 est un bâtiment en pierre sèche, sans fondation, construit au nord du bâtiment 11.
Commentaire :
Seul l’angle sud-est du bâtiment 9 est situé dans l’emprise de la fouille : il est constitué de deux murs construits en pierre sèche avec des moellons de tuffeau et des blocs de perrons, d’une largeur de 0,50 et 0,70 m.
P0/17. L’État 1 du bâtiment 9 est représenté par un sol de terre, avec des charbons de bois et des tessons de céramique.
P0/18. Les tessons de céramique associés à l’État 1 du bâtiment 9 sont datés de la fin du 15e s. ou du début du 16e s.
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P1/5. À la fin du 15e ou au début du 16e s., dans l’État 1, le bâtiment 9 est un bâtiment à usage domestique.
Commentaire :
Seule une très petite partie du bâtiment a été fouillée, mais la présence d’une couche d’occupation contenant de la céramique implique une fonction domestique.
Proposition P1/5 basée sur
État 2, datation et fonction
P0/20. Sur le plan d’ensemble de 1821, un bâtiment situé à l’emplacement du bâtiment 9, mais plus long que lui, est désigné par le terme de grange-écurie.
Commentaire :
Sur le plan de 1821, la grange-écurie est située contre la limite nord de la cour du presbytère qui était fermée par une clôture partiellement mise au jour par la fouille.
On suppose que la grange-écurie figurée sur le plan était constituée de deux bâtiments accolés dont l’un a été oblitéré par la construction du bâtiment 5 (cf. ci-dessous).
4.3 Le bâtiment 5
P0/21. Le bâtiment 5 est situé au nord du bâtiment 11, à l’emplacement de la « grange-écurie » figurée sur le plan d’ensemble de 1821.
P0/22. Le bâtiment 5 est un bâtiment d’habitation en pierre de taille, avec une terrasse devant la façade au sud et des cloisons délimitant deux pièces de part et d’autre d’un corridor.
Commentaire :
La terrasse est constituée d’une assise unique de très gros blocs de grès quadrangulaires (M73).
Les murs M84 et M72, d’une épaisseur de 0,50 m environ, divisent l’espace intérieur en deux, voire trois pièces. Le bâtiment 5 a été arasé jusqu’aux fondations. Il ne subsiste plus aucun vestige de sol d’occupation.
P0/23. Les sources écrites indiquent que le nouveau presbytère, construit après la réalisation du plan de 1821 et achevé en 1822, est situé au nord de l’ancien.
Commentaire :
D’après le « Rapport sur la reconstruction du principal bâtiment du presbytère de la commune de Rigny, 20 décembre 1820 », le nouveau presbytère doit être construit « en l’emplacement d’une ancienne grange qui tombe de vétusté ensuite des communs au nord » (A.D.I.L., série E., dépôt M).
P1/7. En 1822 le bâtiment 5 est le nouveau presbytère de Rigny construit au nord de l’ancien.
Commentaire :
Il est situé dans la cour du presbytère, contre la clôture nord, à l’emplacement de la « grange-écurie » du plan de 1821.
Selon la description donnée par l’abbé Ruzé en 1867, « tout le presbytère se comportait en bas d’une salle à manger assez petite et d’un salon qui est absolument le même que celui qui existe aujourd’hui au presbytère d’Ussé ; en haut, de deux chambres et d’un petit cabinet de travail. Le tiers de la maison était occupé par l’escalier et les corridors. » (Archives diocésaines de Tours, cote 1Z, p. 72).
Proposition P1/7 basée sur
4.4 Le bâtiment 8
P0/24. Le bâtiment 8 est formé par la réunion des bâtiments 5 et 9.
Commentaire :
Les bâtiments 5 et 9 étant alignés, le mur sud du bâtiment 9 (M 76) a été prolongé par un mur de tuffeau sans fondation jusqu’au mur sud du bâtiment 5 (M71). L’intervalle entre les deux édifices a été remblayé avec de l’argile.
P0/25. Le sol de la nouvelle pièce à l’emplacement du bâtiment 9 est recouvert d’un carrelage.
Commentaire :
Le lit de pose du carrelage recouvre le pignon oriental arasé du bâtiment 9 et vient buter contre l’ancien pignon ouest du bâtiment 5, transformé en mur de cloison du bâtiment 8.
P0/26. La réunion des bâtiments 5 et 9 intervient à une date inconnue entre 1822 (construction du bâtiment 5) et 1856 (date du transfert du presbytère à Ussé).
Commentaire :
Les matériaux du presbytère de Rigny et de ses dépendances ont été récupérés pour être utilisés à la construction du nouveau presbytère dans le bourg d’Ussé.
P1/8. La nouvelle pièce ajoutée au presbytère remplace l’ancienne cuisine (bâtiment 11, État 3).
Commentaire :
Un document rédigé en 1867 par l’abbé Ruzé, curé de Rigny-Ussé, décrit ainsi le nouveau presbytère de Rigny, avant son transfert à Ussé : “Cette maison était comme l’ancienne regardant le nord et le midi ; le pignon du levant donnait sur la route qui conduit à l’église ; dans celui du couchant se trouvait une porte donnant communication dans une petite chambre basse de vieille construction qui servait de cuisine. » (Archives diocésaines de Tours ; cote 1Z., p. 72). Cette « petite chambre basse de vieille construction » désigne assurément le bâtiment 9 qui, après son intégration au nouveau presbytère, a été utilisé comme cuisine à la place du bâtiment 11 (État 3).