Chapitre 21
Capitulum XXI1caput 19 1536.
Chilon [le muge (morveux)1Le terme chilon vient sans
doute du grec χελλών qui désigne le mulet ou muge. Chez les Anciens,
cette catégorie comporte six poissons différents, dont le μύξων,
« morveux » (peut-être, selon D’Arcy Thompson 1947, 287, le Chelon labrosus Risso, 1827). La
source du passage est Aristote : Et omne fastaroez
cibatur ex herbis et harena. Et kakaloz, quod dicitur a quibusdam
hominibus khilon, est prope terram. Et quoddam karahez non pascitur
sed cibatur ab humiditate viscosa quae exit ab eo et propter hoc est
semper ieiunus (Arist. HA 591 a 22 MS), « et tous
les fastaroz se nourrissent d’herbe et de
sable et le kakaloz, que certains appellent
khilon, vit près de la terre. Et il existe
une catégorie de karahez, qui ne paît pas,
mais se nourrit d’une humidité visqueuse qu’il produit, et pour
cette raison, il est toujours à jeun ». Dans le texte grec, ce
poisson s’appelle περαίας ; Louis 1969, 11, traduit ce nom par
« hauturier » et précise en note : « Si περαίας est bien le mot
utilisé par Aristote, il paraît être en relation avec l’adjectif
περαῖος (situé au-delà), par opposition au muge lippu, qui se tient
près du rivage. C’est en tout cas un autre nom du muge appelé μύξων
ou σμύξων, “morveux” ».] et circhos
[le bernard-l’ermite2Cet animal est le bernard-l’ermite (Pagurus bernhardus Linné, 1758).
Pline en dit quelques mots dans le livre 9 (Plin. nat. 9, 98 ; Plin. nat. 9,
142) ; mais les informations de ce chapitre viennent d’Aristote : Et aliud genus huiusmodi animalis, quod dicitur
brita, habet fissuras duas in extremitate pedum. Et pes dexter est
parvus et sinister magnus, et propter hoc fert totum corpus super
ipsum sinistrum cum ambulat. Et testa huius animalis est lenis,
nigra, rotunda, et assimilatur in aspectu animali, quod dicitur
kiroket. Et non habet nigrum illud membrum, quod dicitur mathoz, set
rubrum, et est applicatum teste applicatione forti. Cum ergo fuerit
aer clarus, erit hoc animal absolutum et ambulabit ; et cum
movebuntur venti, applicabitur petris et quiescit et non
movetur (Arist. HA 530 a 8 MS), « Et un
autre animal appartenant à cette espèce, appelé brita, a les deux pieds fissurés à leur
extrémité. Le pied droit est petit, le pied gauche est grand, et
pour cette raison, quand il marche, il fait porter tout le poids de
son corps sur le pied gauche. Et la coquille de cet animal est
lisse, noire et ronde, et il ressemble, par son aspect, à l’animal
qu’on appelle kiroket. L’organe qu’on appelle
mathoz [hépatopancréas] n’est pas noir chez
lui, mais rouge. Il reste fixé à sa coquille en s’y accrochant
fermement. Quand l’air est serein, cet animal quitte son rocher et
se promène ; et quand les vents se lèvent, il se colle aux pierres,
reste immobile et ne bouge pas ». La traduction de Michel Scot n’a
cependant pas été bien comprise par Thomas de Cantimpré (TC 6, 10)
qui fut la source de Vincent de Beauvais (VB 17, 105) pour la
rédaction de la notice correspondant au circhos. Le fragment de citation coupé des
informations qui précèdent ne permet plus d’identifier l’animal.
Aristote distingue en fait deux types de bernard-l’ermite selon
qu’ils logent dans des coquilles en spirale ou dans des tritons.
C’est cette deuxième catégorie qui est ici décrite et à laquelle
sont mêlées des informations propres au triton. Et la forme de
celui-ci, dit encore Aristote, rappelle celle du buccin. C’est sans
doute à partir du nom grec du buccin, κήρυξ, υκος, qu’a été créé
celui du circos, par l’intermédiaire de kiroket.] [+][VB 17, 105 De chilone et circho [-]][+]
Chilon et circhos [+][VB 17, 105 De chilone et circho2cricho VBd. [-]][+]
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Propriétés et indications
Operationes
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1Le terme chilon vient sans doute du grec χελλών qui désigne le mulet ou muge. Chez les Anciens, cette catégorie comporte six poissons différents, dont le μύξων, « morveux » (peut-être, selon D’Arcy Thompson 1947, 287, le Chelon labrosus Risso, 1827). La source du passage est Aristote : Et omne fastaroez cibatur ex herbis et harena. Et kakaloz, quod dicitur a quibusdam hominibus khilon, est prope terram. Et quoddam karahez non pascitur sed cibatur ab humiditate viscosa quae exit ab eo et propter hoc est semper ieiunus (Arist. HA 591 a 22 MS), « et tous les fastaroz se nourrissent d’herbe et de sable et le kakaloz, que certains appellent khilon, vit près de la terre. Et il existe une catégorie de karahez, qui ne paît pas, mais se nourrit d’une humidité visqueuse qu’il produit, et pour cette raison, il est toujours à jeun ». Dans le texte grec, ce poisson s’appelle περαίας ; Louis 1969, 11, traduit ce nom par « hauturier » et précise en note : « Si περαίας est bien le mot utilisé par Aristote, il paraît être en relation avec l’adjectif περαῖος (situé au-delà), par opposition au muge lippu, qui se tient près du rivage. C’est en tout cas un autre nom du muge appelé μύξων ou σμύξων, “morveux” ».
2Cet animal est le bernard-l’ermite (Pagurus bernhardus Linné, 1758). Pline en dit quelques mots dans le livre 9 (Plin. nat. 9, 98 ; Plin. nat. 9, 142) ; mais les informations de ce chapitre viennent d’Aristote : Et aliud genus huiusmodi animalis, quod dicitur brita, habet fissuras duas in extremitate pedum. Et pes dexter est parvus et sinister magnus, et propter hoc fert totum corpus super ipsum sinistrum cum ambulat. Et testa huius animalis est lenis, nigra, rotunda, et assimilatur in aspectu animali, quod dicitur kiroket. Et non habet nigrum illud membrum, quod dicitur mathoz, set rubrum, et est applicatum teste applicatione forti. Cum ergo fuerit aer clarus, erit hoc animal absolutum et ambulabit ; et cum movebuntur venti, applicabitur petris et quiescit et non movetur (Arist. HA 530 a 8 MS), « Et un autre animal appartenant à cette espèce, appelé brita, a les deux pieds fissurés à leur extrémité. Le pied droit est petit, le pied gauche est grand, et pour cette raison, quand il marche, il fait porter tout le poids de son corps sur le pied gauche. Et la coquille de cet animal est lisse, noire et ronde, et il ressemble, par son aspect, à l’animal qu’on appelle kiroket. L’organe qu’on appelle mathoz [hépatopancréas] n’est pas noir chez lui, mais rouge. Il reste fixé à sa coquille en s’y accrochant fermement. Quand l’air est serein, cet animal quitte son rocher et se promène ; et quand les vents se lèvent, il se colle aux pierres, reste immobile et ne bouge pas ». La traduction de Michel Scot n’a cependant pas été bien comprise par Thomas de Cantimpré (TC 6, 10) qui fut la source de Vincent de Beauvais (VB 17, 105) pour la rédaction de la notice correspondant au circhos. Le fragment de citation coupé des informations qui précèdent ne permet plus d’identifier l’animal. Aristote distingue en fait deux types de bernard-l’ermite selon qu’ils logent dans des coquilles en spirale ou dans des tritons. C’est cette deuxième catégorie qui est ici décrite et à laquelle sont mêlées des informations propres au triton. Et la forme de celui-ci, dit encore Aristote, rappelle celle du buccin. C’est sans doute à partir du nom grec du buccin, κήρυξ, υκος, qu’a été créé celui du circos, par l’intermédiaire de kiroket.
3On retrouve l’exemple du chilon dans un autre chapitre d’Albert le Grand, consacré à l’alimentation (AM, 7, 1, 3 (23)), en des termes très proches de ceux de Michel Scot, cité s. v. Chilon.
4L’appellation « chien de mer » désigne un petit requin, voir Canis marinus, ch. 17. Cette phrase, qui ne se trouve que dans l’Hortus sanitatis, est une absurdité. L’illustrateur, cependant, a veillé à reproduire le détail du texte.
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1caput 19 1536.
2cricho VBd.
3Vincent de Beauvais suit assez fidèlement Thomas de Cantimpré, jusque dans le parallèle avec les êtres humains.
4ita 1536.
5in VBd.
6in — supra non hab. VB.
7Vincent de Beauvais reprend les idées exprimées chez Thomas de Cantimpré, mais le texte diffère sensiblement de l’édition de Boese.
8circhos alias non hab. VBd.
9Il y a eu confusion, au fil de la transmission, entre levis, avec e long, « lisse », levis, avec e bref, « léger » et lenis, « doux ».
10commotus VBd.
11post cuicumque hab. vero VB.
12est om. 1536.
13post potestatem hab. suam VBd.
14habeat 1536.
15tempestuosa 1536 per errorem.
16caput — canis marinus non hab. VB.
Annotations scientifiques
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