Chapitre 39

Capitulum XXXIX1caput 37 1536.

Fastaleon [le muge1Il s’agit sans doute du muge (Mugil cephalus Linné, 1758), en grec κεστρεύς. C’est en effet à ce poisson qu’Aristote attribue la caractéristique de ne pas manger ses congénères, mentionnée dans l’Hortus sanitatis (ch. 39, 1). Sur cette caractéristique et les autres, voir D’Arcy Thompson 1947, 110.], fastem [non identifié2Il n’est pas certain qu’il faille chercher derrière cette appellation un poisson réel. Selon Marcus d’Orvieto (Liber de moralitatibus, livre 4, ch. 5 et livre 4, ch. 57), qui cite Iorach et traite du fastem dans deux chapitres différents, ce poisson est soit l’image des flatteurs qui captivent malhonnêtement les esprits de leurs auditeurs, soit celle des prédicateurs dont les paroles laissent entrevoir le royaume des cieux (Etzkorn 2005, 433 ; 474). On peut ainsi rapprocher le fastem de l’aspidochelon, traité au chapitre 5 de l’Hortus sanitatis, dont la bouche dégage de suaves parfums qui attirent les autres poissons. On pourrait cependant trouver une origine zoologique au comportement du fastem dans l’attitude des femelles de certains cichlidés qui gardent leurs œufs dans la bouche, dans une poche, jusqu’à l’éclosion, et dont les petits, pendant leur croissance, regagnent la bouche maternelle en cas d’alerte.] et ficis [le labre ? le gobie ? l’épinoche de mer3Le phycis, dont le nom est diversement orthographié, appartient à la catégorie des labridae, courants dans la Méditerranée. D’Arcy Thompson 1947, 276-278, pense qu’il s’agit d’une des nombreuses sortes de labre, poisson saxatile qui se nourrit d’algues et de petits crustacés. Sa principale caractéristique est qu’il fait un nid pour y pondre ses œufs : atque auium dulces nidos imitata sub undis (Ov. hal. 122), « [le poisson] qui construit sous les eaux des nids douillets ressemblant à ceux des oiseaux » (De Saint-Denis 1975, 38). Selon D’Arcy Thompson, cette caractéristique a contribué à entretenir une confusion avec le gobie : ainsi, De Saint-Denis 1947, 86, voit dans le phycis le gobie commun (Pomatoschistus microps Kroyer, 1836) ou l’épinoche marine (Spinachia spinachia Linné, 1758). ?] [+][VB 17, 54 De fastaleo et fasten et fice [-]][+]

Fastaleon, fastem et ficis [+][VB 17, 54 De fastaleone2fastaleo VBd. et fastem3fasten VBd. et fice [-]][+]

Renvois internes : Fastaleon : cf. Ahuna, ch. 11 ; Chilon, ch. 21 ; Corez, ch. 24 ; Kalaoz, ch. 45 ; Mugilus, ch. 56.
Ficis : cf. Pungitivus, ch. 73 ; Spinachia, ch. 84.

Lieux parallèles : Fastaleon dans TC, De fastaleon (6, 24) ; AM, [Fastaleon] (24, 54 (34)).

poisson

[1] [] VB 17, 54, 1Aristote. [] Arist. HA 591 a 18-19 MSLe muge est le seul poisson, parmi toutes les espèces, qui ne mange pas ses congénères. Tous les poissons en effet se mangent entre eux sauf le muge4Albert le Grand et Thomas de Cantimpré ajoutent que le caractère pacifique de ce poisson provient de ce qu’il se nourrit exclusivement de plantes..

[1] [] VB 17, 54, 1Aristoteles. [] Arist. HA 591 a 18-19 MSEt omnes pisces comedunt se preter fastaleoz.Fastaleon est genus piscis quod solum inter cetera genera genus suum non comedit. Nam omnes pisces sese comedunt praeter fastaleon.

[2] [] VB 17, 54, 2Iorach dans le De animalibus. [] AS 2, 8, 27aLe fastem est un poisson qui absorbe de l’eau par la bouche et la recrache à l’état d’eau douce. Aussi des poissons plus petits suivent-ils cette eau jusque dans sa bouche ; c’est ainsi qu’il les attrape et les avale.

[2] [] VB 17, 54, 2Jorath in libro De animalibus. [] AS 2, 8, 27aPiscis fastech, cum coarctat in ore suo aquam, fit dulcis ex eo. Pisces ergo minores secuntur ipsum in os ipsius. Ille uero capit sic eos et deglutit (Iorach cité d’après Arnold de Saxe).Fastem piscis est qui, cum in ore suo coartat aquam, fit ex eo dulcis. Unde pisces minores sequuntur illam in os ipsius. Ille vero sic eos capit atque deglutit.

[3] [] VB 17, 54, 3Pline, dans le livre 9. [] Plin. nat. 9, 81Le ficis est un poisson qui change de couleur : blanc pendant toute l’année, il devient bigarré au printemps. C’est le seul poisson à faire un nid d’algues et à pondre dans ce nid.

[3] [] VB 17, 54, 3Plinius, libro IX. [] Plin. nat. 9, 81Mutat [colorem] et phycis, reliquo tempore candida, uere uaria. Eadem piscium sola nidificat ex alga atque in nido parit.Ficis est piscis qui colorem suum mutat : reliquo tempore candida, vere autem varia. Eadem sola piscium ex alga nidum facit atque in ipso nido parit4La source de Pline sur ce poisson est Aristote (Arist. HA 568 b 14-17)..

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1Il s’agit sans doute du muge (Mugil cephalus Linné, 1758), en grec κεστρεύς. C’est en effet à ce poisson qu’Aristote attribue la caractéristique de ne pas manger ses congénères, mentionnée dans l’Hortus sanitatis (ch. 39, 1). Sur cette caractéristique et les autres, voir D’Arcy Thompson 1947, 110.

2Il n’est pas certain qu’il faille chercher derrière cette appellation un poisson réel. Selon Marcus d’Orvieto (Liber de moralitatibus, livre 4, ch. 5 et livre 4, ch. 57), qui cite Iorach et traite du fastem dans deux chapitres différents, ce poisson est soit l’image des flatteurs qui captivent malhonnêtement les esprits de leurs auditeurs, soit celle des prédicateurs dont les paroles laissent entrevoir le royaume des cieux (Etzkorn 2005, 433 ; 474). On peut ainsi rapprocher le fastem de l’aspidochelon, traité au chapitre 5 de l’Hortus sanitatis, dont la bouche dégage de suaves parfums qui attirent les autres poissons. On pourrait cependant trouver une origine zoologique au comportement du fastem dans l’attitude des femelles de certains cichlidés qui gardent leurs œufs dans la bouche, dans une poche, jusqu’à l’éclosion, et dont les petits, pendant leur croissance, regagnent la bouche maternelle en cas d’alerte.

3Le phycis, dont le nom est diversement orthographié, appartient à la catégorie des labridae, courants dans la Méditerranée. D’Arcy Thompson 1947, 276-278, pense qu’il s’agit d’une des nombreuses sortes de labre, poisson saxatile qui se nourrit d’algues et de petits crustacés. Sa principale caractéristique est qu’il fait un nid pour y pondre ses œufs : atque auium dulces nidos imitata sub undis (Ov. hal. 122), « [le poisson] qui construit sous les eaux des nids douillets ressemblant à ceux des oiseaux » (De Saint-Denis 1975, 38). Selon D’Arcy Thompson, cette caractéristique a contribué à entretenir une confusion avec le gobie : ainsi, De Saint-Denis 1947, 86, voit dans le phycis le gobie commun (Pomatoschistus microps Kroyer, 1836) ou l’épinoche marine (Spinachia spinachia Linné, 1758).

4Albert le Grand et Thomas de Cantimpré ajoutent que le caractère pacifique de ce poisson provient de ce qu’il se nourrit exclusivement de plantes.

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1caput 37 1536.

2fastaleo VBd.

3fasten VBd.

4La source de Pline sur ce poisson est Aristote (Arist. HA 568 b 14-17).

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