Spinachia [l’épinoche1Le latin spinachia a
probablement été pris par les nomenclateurs à Jean de Cuba, si l’on
en croit Peter Artedi, Synonymia nominum
piscium, 1738, p. 80 (voir s. v.
Pungitivus), pour désigner l’épinoche de mer (Spinachia spinachia Linné, 1758).
Mais il n’est pas sûr que Vincent de Beauvais (VB 17, 94), puis
l’auteur de l’Hortus sanitatis aient
distingué ce poisson de l’épinoche commune. En effet, la taille du
poisson et la présence des épines dorsales sont des caractéristiques
déjà évoquées dans le chapitre Pungitivus
(épinoche commune, Gasterosteus aculeatus Linné,
1758).] et squatina [l’ange de mer2Les squatinidés ou anges de mer, dont fait partie
l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758),
appartiennent, comme la raie, avec laquelle ils partagent certaines
similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires
pectorales), à la famille des squales. La forme particulière de
leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur
nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être
ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve
les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. Voir De
Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.] [+][VB 17,
94 De
spinachia et squatina [-]][+]
Spinachia et squatina [+][VB 17, 94 De spinachia et squatina [-]][+]
Renvois internes : Spinachia : cf. Ficis, ch. 39 ; Pungitivus, ch. 73.
Squatina : cf. Monachus
marinus, ch. 62 ; Scuamis, ch. 87.
Lieux parallèles : Squatina dans TC, De scatina
(7, 76) ; AM, [Scuatina] (24,
111 (52)).
[1] [•] VB 17, 94, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC ? L’épinoche a un corps minuscule ; mais, très efficacement
défendue par les piquants dont elle est hérissée, elle ne risque
jamais d’être mordue par un autre poisson, quel qu’il
soit.
[1] [•] VB 17, 94, 1Ex Libro de naturis rerum2Thomas de Cantimpré ne
dit rien de la spinachia. Nous n’avons
pas identifié la source de Vincent de Beauvais.. [•] TC ? Spinachia corpore quidem est pusilla, sed utilissime
undique spinis extantibus munita3minuta VB., a
morsu cujuslibet alterius piscis est tutissima4acutissima 1491 Prüss1..
[2] [•] VB 17, 94, 2Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 37L’ange [squatinus] est ainsi nommé
parce qu’il est rendu piquant par ses écailles [squamis]. C’est pourquoi sa peau sert à polir
le bois.
[2] [•] VB 17, 94, 2Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 37
— Squatus
dictus quos sit squamis acutus. Vnde et eius cute lignum
politur.Squatinus5squatina 1536 squatus
VB.6Le nom masculin squatinus est une singularité de 1491 et de
Prüss1 : Vincent de Beauvais avait conservé le
nom squatus donné par Isidore de Séville,
et qui, selon De Saint-Denis 1947, 108 (citant Plin. nat. 9, 162 ; Plin. nat. 32, 150), désigne le même
poisson que son diminutif féminin squatina,
adopté par 1536. dictus7dicta 1536. eo
quod squamis sit acutus8acuta 1536..
Unde et ejus cute lignum politur9Voir aussi Plin. nat. 9, 40 : […] squatina, qua lignum et ebora poliuntur..
[3] [•] VB 17, 94, 3Pline, livre 11. [•] Plin. nat. 9,
78L’ange appartient à l’espèce des poissons qui ont des
cartilages à la place des arêtes. Ce sont tous des poissons plutôt
charnus, et ils se mettent sur le dos pour manger. [•] Plin. nat. 9, 161Les poissons d’espèces différentes ne s’accouplent pas
ensemble, sauf l’ange et la baudroie3Il faut
sans doute lire ici raia (selon la
correction de 1536, sans doute d’après Pline), apparentée, comme
nous l’avons dit, à la squatina et non rana, la baudroie. Voir Plin. nat. 9, 161 : « Les poissons
d’espèces différentes ne s’accouplent pas, sauf l’ange et la raie,
qui donnent naissance à un poisson semblable à la raie par sa
partie antérieure, et recevant chez les Grecs un nom composé des
deux autres » (De Saint-Denis 1955, 89)., qui donnent
naissance à un poisson semblable, dans sa partie antérieure, à la
baudroie ; et celui-ci reçoit, chez les Grecs, une
appellation tirée des noms de l’un et de l’autre. [•] Plin. nat. 9, 162Parmi les poissons, certains fraient trois fois par an,
certains deux fois, au printemps et en automne. Parmi les poissons
plats, seul l’ange s’accouple deux fois, en automne et au coucher des
Pléiades. [•] Plin. nat. 9,
165L’ange4Vincent de
Beauvais a attribué à la squatina des
propriétés que Pline avait affectées à la torpedo. Voir la même citation au chapitre Torpedo, ch. 92, 3. produit à
l’intérieur de son corps des œufs mous, qu’il fait se déplacer
dans une autre partie de sa matrice, où il les fait éclore. Tous
les animaux que l’on dit cartilagineux font aussi de même. Ainsi,
ce sont les seuls parmi les poissons à donner naissance à un
animal et à concevoir des œufs.
[3] [•] VB 17, 94, 3Plinius libro undecimo. [•] Plin. nat. 9, 78
— Planorum
piscium alterum est genus quod pro spina cartilaginem habet, ut
raiae, pastinacae, squatinae […]. Omnia
autem carniuora sunt talia et supina uescuntur.Squatina est ex10est ex : ex 1536 est
Prüss1. piscium
genere qui pro spina cartilaginem habent. Omniaque talia
carnosiora sunt, et supina vescuntur. [•] Plin. nat. 9, 161
— Piscium diuersa genera non coeunt praeter squatinam
et raiam, ex quibus nascitur priore parte raiae similis, et nomen
ex utroque conpositum apud Graecos trahit.Diversa piscium genera non coeunt insimul11insimul om.
1536. praeter squatinam et ranam12raiam 1536.. Ex quibus nascitur piscis parte
priori ranae13raiae 1536. similis. Et nomen ex utroque
compositum apud Graecos trahit14Voir aussi Arist. HA 566 a 27.. [•] Plin. nat. 9, 162
— […] [piscibus] squatina [parit] bis sola, autumno, occasu Vergiliarum.Piscium quidam ter in anno pariunt, quidam bis, vere et
autumno ; ex planis sola squatina bis, autumno occasuque
Vergiliarum15Voir encore
Arist. HA 543 a 14.. [•] Plin. nat. 9, 165
— Torpedo octogenos fetus
habens invenitur eaque intra se parit ova praemollia in alium
locum uteri transferens atque ibi excludens. Simili modo omnia
quae cartilaginea appellavimus. Ita fit ut sola piscium et animal
pariant et ova concipiant.Squatina vero intra se parit ova praemollia in alium
locum uteri transferens ibique excludens. Simili modo et omnia
quae appellavimus cartilaginea. Ita fit ut sola piscium et animal
pariant et ova concipiant.
[4] [•] VB 17, 94, 4D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 7, 76L’ange est un poisson de mer, dont le corps mesure cinq
coudées5 Selon Thomas de
Cantimpré le poisson mesure cinq pieds, ce qui fait environ
1,47 m, tandis que cinq coudées font environ 2,20 m. La taille de
l’ange de mer peut atteindre 2,50 m pour 80 kg (voir Muus et al. 1998, 61). de long, et la queue
un pied. Caché dans la vase, il s’empare des poissons par
surprise6Pline comparait
le mouvement de leurs nageoires à celui de petits vers ; Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas
exertas mouent specie uermiculorum, « De même l’ange et le
turbot, lorsqu’ils sont cachés, agitent hors du sable leurs
nageoires, semblables à des vermisseaux » (De Saint-Denis 1955,
83). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33..
Il a une peau si rugueuse qu’on s’en sert pour polir le bois et
les ivoires. Le poil sur sa peau est court et noir. La nature a
fait ce poisson si dur qu’on parvient à peine à l’entailler avec
la pointe d’un instrument de fer ou d’acier.
[4] [•] VB 17, 94, 4Ex Libro de naturis rerum16Le texte de Vincent de
Beauvais reprend pour le sens celui de Thomas de
Cantimpré.. [•] TC 7, 76Squatina piscis est in mari quinque cubitos habens
longitudinis et caudam pedalem. Hic absconditus in limo pisces
corripit subito. Cutem tam asperam habet ut ex ea lignum et ebora
poliantur. Pilus ipsius cutis brevis et niger est.
Hunc adeo durum natura creavit ut ferri vel chalybis17calibis 1491
Prüss1 1536 VB2. acumine vix incidi18inscidi VBd. possit.
~
1Le latin spinachia a
probablement été pris par les nomenclateurs à Jean de Cuba, si l’on
en croit Peter Artedi, Synonymia nominum
piscium, 1738, p. 80 (voir s. v.
Pungitivus), pour désigner l’épinoche de mer (Spinachia spinachia Linné, 1758).
Mais il n’est pas sûr que Vincent de Beauvais (VB 17, 94), puis
l’auteur de l’Hortus sanitatis aient
distingué ce poisson de l’épinoche commune. En effet, la taille du
poisson et la présence des épines dorsales sont des caractéristiques
déjà évoquées dans le chapitre Pungitivus
(épinoche commune, Gasterosteus aculeatus Linné,
1758).
2Les squatinidés ou anges de mer, dont fait partie
l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758),
appartiennent, comme la raie, avec laquelle ils partagent certaines
similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires
pectorales), à la famille des squales. La forme particulière de
leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur
nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être
ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve
les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. Voir De
Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.
3Il faut
sans doute lire ici raia (selon la
correction de 1536, sans doute d’après Pline), apparentée, comme
nous l’avons dit, à la squatina et non rana, la baudroie. Voir Plin. nat. 9, 161 : « Les poissons
d’espèces différentes ne s’accouplent pas, sauf l’ange et la raie,
qui donnent naissance à un poisson semblable à la raie par sa
partie antérieure, et recevant chez les Grecs un nom composé des
deux autres » (De Saint-Denis 1955, 89).
4Vincent de
Beauvais a attribué à la squatina des
propriétés que Pline avait affectées à la torpedo. Voir la même citation au chapitre Torpedo, ch. 92, 3.
5 Selon Thomas de
Cantimpré le poisson mesure cinq pieds, ce qui fait environ
1,47 m, tandis que cinq coudées font environ 2,20 m. La taille de
l’ange de mer peut atteindre 2,50 m pour 80 kg (voir Muus et al. 1998, 61).
6Pline comparait
le mouvement de leurs nageoires à celui de petits vers ; Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas
exertas mouent specie uermiculorum, « De même l’ange et le
turbot, lorsqu’ils sont cachés, agitent hors du sable leurs
nageoires, semblables à des vermisseaux » (De Saint-Denis 1955,
83). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33.
~
1caput 83 1536.
2Thomas de Cantimpré ne
dit rien de la spinachia. Nous n’avons
pas identifié la source de Vincent de Beauvais.
3minuta VB.
4acutissima 1491 Prüss1.
5squatina 1536 squatus
VB.
6Le nom masculin squatinus est une singularité de 1491 et de
Prüss1 : Vincent de Beauvais avait conservé le
nom squatus donné par Isidore de Séville,
et qui, selon De Saint-Denis 1947, 108 (citant Plin. nat. 9, 162 ; Plin. nat. 32, 150), désigne le même
poisson que son diminutif féminin squatina,
adopté par 1536.
7dicta 1536.
8acuta 1536.
9Voir aussi Plin. nat. 9, 40 : […] squatina, qua lignum et ebora poliuntur.
10est ex : ex 1536 est
Prüss1.
11insimul om.
1536.
12raiam 1536.
13raiae 1536.
14Voir aussi Arist. HA 566 a 27.
15Voir encore
Arist. HA 543 a 14.
16Le texte de Vincent de
Beauvais reprend pour le sens celui de Thomas de
Cantimpré.
17calibis 1491
Prüss1 1536 VB2.
18inscidi VBd.