M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
180 Les
Célibat Comme tous les grands changemens
Changemens dangereux infr. 175 Borner le monachisme L’education paternelle
Education paternelle Prevenir le cours de la maladie veneriene en faisant faire une espece de quaranteine et de visite aux a ceux qui viennent des Indes
Le nombre de Dans les pais ou il y a des esclaves il faudroit qu’ils pussent esperer la liberté par le nombre de leurs enfans
Il faudroit bien se donner de garde[6] de doner com̃e les Romains le privilege des trois enfans a ceux qui ne les avoint pas, a moins qu’ils ne les eussent perdus à la guerre[7]
Le nombre des gens vivant dans le celibat multiplie a proportion le nombre des filles de joye
Celibataires Regle generalle il n’y a que les mariages qui peuplent[8].
Les femelles des animaux ont a peu pres une foecondité constante de facon qu’on peut a {p.167} peu pres juger ce qu’une femelle fera de petits dans toutte sa vie mais dans les fames l’espece humeine les passions les fantaisies les caprices l’embaras de la grossesse celui d’une famille trop nombreuse la creinte de perdre ses charmes pre troublent la multiplication de l’espece[9]
Ainsi on ne scauroit trop travailler a faire prendre un tour d’esprit du coté de la foecondité
Si les peuples naissans multiplient beaucoup
Peuples naissans multiplient beaucoup |
Passage de la main D à la main M |
181
{p.170}
Grans biens de l’Eglise Il n’y a guere de petitte ville qui n’ait un ou deux petits chapitres[1] dans lesquels il y a depuis dix jusques a vint et trente places d’un tres petit revenu et qui par consequant ne peuvent estre enviées que par des gens de peu elles font l’embition des principaux artisans ou laboureurs qui tachent de faire etudier leurs enfans pour les obtenir de maniere que chaque toutes ces places derrobent autant de bons sujets a l’industrie et a l’agriculture[2].
Si les places estoint plus considerables elles {p.171} regarderoint[3] la noblesse qui est le seul corps oisif du royaume et le seul aussi qui ait besoin de biens etrangers pour se soutenir
Il n’y a rien de si ridiculle que d’engager pour cinquante ecus un home a un breviaire et a une continence æternelle.
Les gens de cette trempe sans education sans lettres sans consideration sont la honte de l’eglise et le sujet æternel des railleries des seculiers.
Il seroit facille de remedier a cet inconveniant par des unions ou par des reductions[4] en et on formeroit des benefices qui pourroint estre possedés avec quelque dignité
On n’auroit pas meme besoin d’une authorité {p.172} etrangere parce que celle du roy et du diocesain[5] suffiroit pour cela.
Ces sortes de gens sont obliges d’aller vivre ches des artisans ou ils ne scauroint mener une vie fort eclesiastique
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Main principale M |
182 Le pape Innocent X detruisit touts les petits couvents de l’estat eclesiastique et en fit vendre les maisons et les biens il en supprima environ mille cinq cens et s’il n’avoit pas esté prævenu par la mort il auroit invité touts les princes catholiques d’en faire autant dans leurs estats[1].
On scait que les petits couvents ne servent qu’a entretenir le relachement de la discipline monastique
{p.173} Ils entretiennent d’ailleurs le nombre prodigieux des moines qui rependus jusques dans les plus petittes bicoques[2] ont des relations par tout et qui cherchant dans chaque enfant un le premier cart d’heure de chagrin de caprice ou de devotion s’en saisissent aussi tost
On pourroit unir les biens de ces petits monasteres a d’autres monasteres ou a des benefices et en ce cas on pourroit favoriser plusieurs benefices de nomination royalle[3] qui par la succession des temps ont perdu leurs biens et n’ont presque conservé que leur nom.
Si l’on les unissoit aux grands autres monasteres il ne faudroit pas creindre qu’ils devinsent trop riches car 1º l’objectio l’objection ne peut concerner les mandians et les moines {p.174} rentés[4] seroint plus en estat de supporter les charges de l’estat
D’ailleurs come ils auroint plusieurs biens eloignés ils seroint portes a les donner en censive[5] ce qui seroit un tres grand avantage pour l’estat.
On pourroit ne laisser qu’une seule maison du meme ordre dans la meme ville voy extrait du journ. des scav. 1689 un concile qui deffend d’augmenter le nombre des moines[6].
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Main principale M |
183 Un
Demi colleges Bien loin que ceci soit favorable aux sciances cela entretient l’ignorance, car {p.175} autant qu’il est utille qu’il y ait de bones academies dans les principalles villes ou une certeine junesse soit instruite aux belles lettres autant est il dangereux de souffrir dans des petittes villes des demi colleges qui eloignent les artisans et petits negotians de leur estat sans les mettre en chemin d’en remplir bien un autre.
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Main principale M |
184 Machiavel dit qu’il est dangereux de faire dans un estat de grands changemens
Grans changemens nuisibles
Il y a J’ay encore une autre raison a donner c’est qu’ils servent d’exemple et authorisent {p176} la fantaisie de celui qui voudra boulverser tout en ottant le respect que l’on doit avoir pour les choses establies.
Et en effet il y a bien des choses qui ne subsistent parce que l’on ne les a pas attaquées come les grands biens du
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Main principale M |
180 |
n1. |
Cet article ébauche une réflexion poursuivie plus loin (nº 233), qui aboutira au vingt-troisième livre de L’Esprit des lois, consacré aux lois en rapport avec la propagation de l’espèce. Montesquieu y précise les dispositions destinées à favoriser les mariages et la natalité à Rome (XXIII, 21). Sur la critique du célibat comme facteur de dépopulation, voir LP, 113 (117). |
180 |
n2. |
En 458, l’empereur d’Occident Majorien, suivant un ordre du pape Léon Ier (Liber pontificalis, abbé Duchesne (éd.), Paris, de Boccard, 1955, XLVII, Leo, t. I, p. 239), promulgue une constitution ou novelle (et non « nouvelle ») interdisant de consacrer à Dieu les filles de moins de 40 ans ; voir Claude Fleury, Histoire ecclésiastique, Paris, P. Emery, 1718, t. VI, p. 528. En 1560, l’article XIX de l’ordonnance d’Orléans fixait à vingt-cinq ans pour les hommes et vingt ans pour les femmes l’âge des vœux de religion, qui fut abaissé à seize ans pour tous (dispositions du concile de Trente) par l’ordonnance de Blois de 1579. Le retour aux dispositions de l’ordonnance d’Orléans était un argument de la critique gallicane des vœux monastiques, encouragée par Colbert, comme chez Roland Le Vayer de Boutigny (De l’Autorité du Roi touchant l’âge nécessaire à la Profession solennelle des Religieux [1669]) : voir Catherine Maire, « La critique gallicane et politique des vœux de religion », Les cahiers du Centre de recherches historiques, 24, 2000, § 18-22 [article en ligne à l’adresse suivante : http://ccrh.revues.org/2052]. |
180 |
n3. |
Innocent X, pape de 1644 à 1655 (voir nº 661), soutint, à partir de 1649, un vaste mouvement de réforme de la vie monastique, qui aboutit au regroupement ou à la suppression des petits couvents (Emanuele Boaga, La soppressione innocenziana dei Piccoli conventi in Italia, Rome, Ed. di Storia e Letteratura, 1971). |
180 |
n4. |
Cf. nº 183. |
180 |
n5. |
La législation royale, depuis la fin du XVIe siècle, renforçant les dispositions contre les mariages clandestins, avait cependant renoncé, suivant la position de l’Église (décret Tamestsi de 1563), à ordonner la nullité des unions contractées sans consentement des parents. La pratique jurisprudentielle des parlements utilisa le crime de rapt, qui rendait le mariage impossible aux yeux de l’Église, pour imposer cette nullité et lutter contre les mésalliances (DAR, art. « Mariage »). |
180 |
n6. |
« […] Donnez-vous de garde que cela n’arrive, pour dire, Ayez soin, & empechez que cela n’arrive » (Académie, 1694, art. « Garde »). |
180 |
n7. |
Le jus trium liberorum conférait des avantages aux pères et mères d’au moins trois enfants (loi Papia Poppaea, 9 av. J.-C.), privilèges que Montesquieu explicitera dans L’Esprit des lois (XXIII, 21 : Derathé, t. II, p. 116-117 ; XXVII, 1 : Derathé, t. II, p. 204-205), et qui avaient été accordés à d’autres catégories par faveur impériale (Martial, Épigrammes, IX, 98 ; Pline, Epîtres, X, 2, 95). |
180 |
n8. |
« Remplir un lieu d’habitants par la voye de la generation » (Académie, 1694, art. « Peupler »). La formule est reprise au nº 233. |
180 |
n9. |
Cf. EL, XXIII, 2. |
180 |
n10. |
Cf. EL, XXIII, 10. |
181 |
n1. |
La France compte environ six cents chapitres sous l’Ancien Régime, corps de chanoines à fonction orante, dotés de la personnalité juridique ; à côté des plus importants, les cathédraux, aux effectifs nombreux et aux ressources importantes, les collégiaux, réduits à quelques membres, survivent difficilement (DAR, art. « Chapitres »). |
181 |
n2. |
Cette réflexion sur les inconvénients des grands biens de l’Église sera développée dans L’Esprit des lois à propos de l’oisiveté encouragée par le monachisme (XIV, 7). L’addition figurant à la fin du nº 181 et signalée sur le manuscrit par un appel est à lire ici. |
181 |
n3. |
« On dit fig. […] qu’une charge regarde quelqu’un pour dire, qu’Elle luy doit venir, ou qu’il peut y pretendre » (Académie, 1694, art. « Regarder »). |
181 |
n4. |
Comprendre : par des réunions ou des suppressions de chapitres. |
181 |
n5. |
L’évêque du diocèse (voir Richelet, 1680 ; et Académie, 1740, art. « Diocésain »). |
182 |
n1. |
Voir nº 180, note 3. |
182 |
n2. |
« Ville de peu de considération » (Académie, 1694, art. « Bicoque »). |
182 |
n3. |
Il s’agit des bénéfices consistoriaux, ou majeurs, les plus riches et les plus importants de l’Église, archevêchés, évêchés et abbayes, pour lesquels le souverain nommait le candidat (DAR, art. « Bénéfices ecclésiastiques ») |
182 |
n4. |
Les ordres religieux mendiants vivent d’aumône et ne peuvent avoir de rentes (carmes, jacobins, cordeliers, augustins), par opposition aux moines qui disposent des revenus de fonds de terre (voir Furetière, 1690, art. « Renter »). |
182 |
n5. |
Les biens de l’Église sont exempts de toute imposition royale. Un propriétaire qui concède en censive touche une rente ou cens en renonçant à la propriété de la terre, qui, de ce fait, redevient imposable : voir DAR, art. « Domaine direct : censives et fiefs ». |
182 |
n6. |
Le compte rendu de l’ouvrage intitulé Clypeus nascentis Fontebraldensis Ordinis, contra priscos et novos ejus calomniatores […], (Salmarii, 1688), fait état du treizième canon du concile de Latran, « tenu en 1215, par lequel il est défendu d’instituer de nouveaux ordres, et ordonné que ceux qui voudront être religieux choisiront un ordre déjà établi » (Journal des savants du 6 juin 1689, p. 375). |
183 |
n1. |
Après la naissance des gros établissements, collèges de plein exercice offrant toutes les classes, furent créés au XVIIe siècle dans les petites villes françaises des demi-collèges ou « petits » collèges qui, avec deux ou trois régents, offraient un cursus restreint. Cette prolifération, due à l’action de notables, provoqua la vaine résistance de l’Église et de l’État, dont témoigne toute une critique administrative déjà présente dans le Testament politique de Richelieu (Amsterdam, Desbordes, 1688, p. 117-120 – Catalogue, nº 2430, 2431 ; voir DAR, art. « Collèges »). |
184 |
n1. |
Machiavel, Discours politiques sur les décades de Tite-Live, N. Amelot de La Houssaye (trad.), Amsterdam, H. Desbordes, 1692, I, 16, p. 12 – Catalogue, nº 2400. L’idée sera réutilisée à propos de la corruption de la monarchie et de la critique de l’absolutisme (EL, VIII, 6). |