M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
26 23Suicide Les Romains devoint se tuer plus aisement que les Anglois a cause d’une relligion qui ne laissoit presque aucun conte a rendre
Les Angl Anglois sont riches, ils sont libres mais ils sont tourmentes par leur esprit, ils se donnent bien des mouvemens pour ils quittent avec plaisir les emplois qu’ils ont le plus desires
Mis cela - - - - - |
Main principale M |
27 24
{p.20}
Voy p 397 Humilité chrétienne - - - - - |
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28 25S’attacher aux grands disgraciés - - - - - |
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29 26Vengeance v. p 397 Il y a encor un autre plaisir qui est celui {p.23} de l’honneur que l’on croit obtenir pour l’avantage que l’on a pris sur son ennemy
L’Italien qui fait faire un peche mortel a son ennemi avant de le tuer aime la vangeance par elle meme et independament du point d’honneur il veut que pendant toutte l’æternité il scache se repente de l’avoir outrage.
Rien ne racourcit plus les grands homes que l’attention qu’ils donnent a de certeins procedes personels j’en conois deux qui y ont esté entierement insensibles Cæsar et le dernier duc d’Orleans.
Lors que celui cy cy parvint au gouvernement il recompensa ses amis et soulagea ses ennemis de leurs justes creintes ils se trouverent tranquiles a l’ombre de son authorité[1].
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30
{p.24} Le bonheur[1] ou le malheur consistent dans une certeine disposition d’organes favorable ou deffavorable
Dans une disposition favorable les accidens come les richesses les honneurs la senté les maladies augmentent ou diminüent le bonheur dans au contraire dans une disposition deffavorable les accidents augmentent ou diminuent le malheur.
Quand nous parlons
Bonheur et malheur Retranchons
On dit que tout le monde se croit malhureux il me semble au contraire que tout [...] Ottons de meme du nombre des gens hureux les grands quoy qu’ils soyent charges de tittres, les financiers quoy qu’ils soyent riches les gens de robe quoy qu’ils soyent fiers, les gens de guerre quoy qu’ils parlent souvent d’eux memes, les jeunes gens quoy qu’on leur done croye qu’ils ont des bones fortunes, les fames quoy qu’on les cajole enfin les ecclesiastiques quoy qu’ils puissent obtenir de la reputation par leur opiniatreté ou des dignités par leur ignorance les vrais delices ne sont pas toujours dans le coeur des rois mais ils peuvent aisement y estre. Ce que je dis ne scauroit guere estre dispute. Cependant si cela est vray de quoy que deviendront toutes les refflections morales ancienes et modernes {p.27} on ne s’est guere jamais trompé plus grossierement que lors qu’on a voulu reduire en sistheme les sentimens des homes et sans contredit la plus mauvaise copie de l’home est celle qui se trouve dans les livres qui sont un amas de propositions generalles presque toujours fausses.
Voyes les galeriens fort guais alles apres cela chercher un cordon bleu pour votre bonheur[3] Un malhureux autheur qui ne se sent pas propre aux plaisirs qui est accable de tristesse et de degouts qui par sa fortune ou son esprit ne peut ne peut pas joüir des comodites de la vie ou par son esprit des comodites de celles de sa fortune a cependant l’orgueil de pretendre estre hureux et s’etourdit {p.28} des mots de souverein bien de prejuges de l’enfance et d’empire sur les passions.
Il y a deux sortes de gens malhureux. Les uns ont une certeine deffaillance d’ame qui fait que rien ne la remüe elle n’a pas la force de rien desirer et tout ce qui la touche n’eveille que des sentimens sourds le proprietaire de cette ame est toujours dans la langeur la vie lui est a charge touts les momens lui pesent il n’aime pas la vie mais il hait creint la mort.
L’autre espece de gens malhureux opposée a ceux cy est de ceux qui désirent impatiament tout ce qu’ils ne peuvent pas avoir et qui sechent sur l’esperance d’un bien qui recule toujours
{p.29} Je ne parle icy que d’une phrenesie de l’ame et non pas d’un simple mouvement ainsi un home n’est pas malhureux parce qu’il a
J’ay mis quelque part dans ce [lettres biffées non déchiffrées] combien l’embition done de plaisirs Mais le simple desir de faire fortune bien loin de nous rendre malhureux est au contraire un jeu qui nous egaye par mille esperances mille {p.30} routes paroissent nous y conduire et quand a peine l’une se trouve t’elle fermée que l’autre semble s’ouvrir :
Il y a aussi deux sortes de gens hureux les uns sont vivement ebranlés excit excittés par des objects accessibles a leur ame
La chasse le jeu qu’on peut suporter Il me semble que la nature a travaillé {p.31} pour des ingrats nous somes hureux et nous ne le soubsonnons presque et nos discours sont tels qu’il semble que nous ne le soubconnions pas cependant nous trouvons partout des plaisirs ils sont attachés a notre estre et les peines ne sont que des accidents les objets sont ornes de touts les objects semblent toujours partout preparés pour nos plaisirs lors que nous nous couchons les le sommeil va nous apelle les tenebres nous plaisent et lors que nous nous eveillons la lumiere du jour nous ravit la nature est parée de mille couleurs nos oreilles sont flatées par les sons les mets ont des gouts agreables et come si ce n’estoit {p32} ce n’est pas assés du bonheur de l’existance il faut encor que notre machine ait besoin d’estre reparée sans cesse pour nos plaisirs
Notre ame qui a la faculté de recevoir par les organes des sentimens agreables ou douleureux a l’industrie de se procurer les uns et d’en ecarter les autres et en cela l’art supplée sans cesse a la nature ainsi nous corrigeons sans cesse les objects exterieurs nous en ottons ce qui nous pourroit nuire et y adjoutons ce qui peut les rendre agreables
Il y a plus c’est que les peines des sens nous ramenent par l necessairement aux plaisirs je vous deffie de faire jeuner un anachorete sans doner en meme temps un nouveau gout a ses {p.33} legumes, il n’y a meme, que les peines vives qui puissent nous blesser les peines moderées sont tres pres des plaisirs et au moins elles ne nous ottent point celui de l’existance d’exister quand aux peines de l’esprit elles ne scauroint estre comparées avec les satisfactions que notre orgeuil perpetuel nous done, et il y a tres peu de carts d’heures ou nous ne soyons a quelque egart contents de nous l’orgeuil est un miroir toujours favorable il diminue nos deffauts augmente nos vertus c’est un nouveau sens de l’ame qui lui donne a touts les instants des satisfactions nouvelles les passions agreables nous servent bien {p.34} plus exactement que les tristes si nous creignons des choses qui n’arriveront pas nous en esperons un bien plus grand nombre qui n’arriveront pas aussi et ce sont autant de bons quart d’heures hureux de gagnés. Une fame espera hier qu’elle se feroit un amant si elle ne reussit pas elle espere que celu qu’un autre qu’elle a vu prendra la place et ainsi elle passe sa vie ou a jouir ou a esperer come nous passons plus notre vie dans l’esperance que dans la jou possession nos esperances sont bien autrement plus no multipliées que les creintes. Tout ceci est une affaire de calcul et par la il est facile de voir combien ce qui est pour nous est va au dela de ce qui est contre.
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26 |
n1. |
La relation de Boureau-Deslandes (État présent d’Espagne, l’origine des Grands, […] avec un voyage d’Angleterre, Villefranche, E. Le Vray, 1717) et surtout les Lettres sur les Français, les Anglais et les voyages de Béat de Muralt [1725], ont contribué à répandre les lieux communs sur la mélancolie des Anglais, dont ce dernier ouvrage évoque aussi la prospérité et l’attachement à la liberté (C. Gould et C. Oldham (éd.), Paris, H. Champion, 1933, texte de 1728, p. 103, 133-136). Montesquieu attribuera à des causes physiques leur tendance suicidaire dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 236, l. 272-282) et dans L’Esprit des lois qui approfondit la distinction entre Romains et Anglais (XIV, 12). |
29 |
n1. |
Selon Plutarque, César refusa d’accuser Clodius, soupçonné d’être l’amant de sa femme Pompéia, sauva la vie des partisans de Pompée après la mort de celui-ci, pardonna à Cicéron, Brutus, d’autres, qui avaient porté les armes contre lui (Vie de César, X, XLVIII, LIV). Sur la clémence du Régent, voir Pensées, nº 173 ; Lettres de Xénocrate à Phérès, OC, t. 8, p. 301 ; Correspondance I, p. 79. |
30 |
n1. |
Sur ce thème, outre les fragments signalés en marge, cf. nº 1661 et 1631 bis, 1662, 1675, 2010 ; voir Philip Stewart, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Bonheur » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=384]. |
30 |
n2. |
Les Lettres persanes opposaient ainsi l’heureux naturel de Rica, à la disposition d’Usbek au malheur (LP, 25 [27], p. 202, l. 9-13). Sur ces interactions, voir Sur la différence des génies (nº 6, note 1), l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 242-243) et L’Esprit des lois dans le livre sur le rapport des lois avec la nature du climat (XIV, 2) ; dans les Pensées, Montesquieu nuance cette idée du rôle de la « disposition d’organes » ou « machine » (nº 58) et évoque sa propre disposition au bonheur (nº 213). |
30 |
n3. |
Cf. nº 31. Le « cordon bleu » (ruban portant une croix de Malte) est réservé aux chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit, premier ordre de la monarchie. |