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Pensées 300 à 304

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

300

N’allons point chercher les merveilles dans l’antiquité

J’ay mis cela dans les Romains[1]

, celles de Babylone et de ces autres villes qui contenoient un monde d’habitans, c’etoit une seule ville dans un etat, on avoit employé l’art et un travail immense a faire des murailles qui pussent empêcher l’escalade, cette ville faisoit la force de l’etat, tout le reste n’étoit rien, c’est ce qui faisoit que chés les anciens vous voïés les expeditions et jamais des guerres, et il n’etoit pas possible qu’un prince qui avoit perdu plusieurs batailles ne vit son pays envahi, le merveilleux c’est la France, la Flandre, la Hollande &c, nous avons vû[2] sous Loüis 13 et sous Loüis 14 des choses qui ne se trouvent que dans notre histoire, sous Louis 13e les Espagnols pendant 20 ou 25 campagnes presque toujours malheureux sans perdre cependant un qu’une petite partie d’un petit pays qu’on attaquoit[3]. Loüis 14 dans {p.323} la derniere guerre accablé des plus cruelles playes qu’un prince peut recevoir, Hostecht, Turin, Ramilly, Barcelona, Oudenarde, Lisle[4], soutenir la superiorité continuelle et les foudres des ennemis sans avoir presque rien perdu de sa grandeur, c’est ce qui ne se trouve point chés les anciens, et il n’y a rien de comparable a cela chés eux que la guerre du Peloponese, encore ne dura t’elle ainsi que parce que la victoire fut tres longtems partagée, et dés qu’elle se determina contre un parti il fut soudain aneanti.
Les villes d’Asie pouvoient etre plus grandes 1º parce que il faut beaucoup moins de choses pour la subsistance des Asiatiques que pour celle des Européens, car ce qui peut empêcher l’accroissement des villes c’est la necessité d’y faire subsister un peuple, ce sont les mortalités, les pestes &c, c’est la difficulté des communications, la cherté presque inevitable par les transports d’un quartier a un autre.
Je trouve qu’il y a plus de merveille au roi de France d’avoir deux cens places bien fortifiées sur les frontieres de ses etats et {p.324} d’y en avoir trois rangs[5] qu’il n’y en avoit au roi de Babylone d’en avoir une au centre, dans laquelle il avoit employé toute sa puissance.

Main principale M

301

Moyen de payer les capitaux des rentes
V. p. 297

Voici come je payerois touts les capitaux des rentes que le roy doit[1] et supprimerois les tailles dans le royaume laissant la capitation je suppose que les rentes montent a 48 milions les tailles a une quarantaine de autant
Dans ces 48 milions il en a unze ou environ de viageres
On supprimeroit les monasteres inutiles c’est a dire touts et on en vendroit les maisons et fonds en rentes perpetuelles
Ce que le roy gagneroit de rentes perpetuelles serviroit a augmenter le fonds pour creation de rentes viageres[2]
Touts les doubles emplois qui sont dans le royaume toutes pensions non militaires supprimées non retablies a mesure qu’elles viendroint a vaquer tout cela pour augmenter le fonds des rentes viageres.
{p.325} Enfin les 48 milions seroint toujours payés tout ce qui seroit diminution des viag perpetuelles seroit augmentation des viageres les rentes perpetuelles cessant on diminueroit les tailles a mesure que les viagers mourroint jusques a suppression.
Ou bien je ferois des retranchemens sur certeines parties qui ne sont pas d’absolue nec[e]ssité come plusieurs depenses de la cour et cela pour dix neuf ans je suprimerois pour dix neuf ans par ex les tables des officiers un tiers des pensions et de sur ce fonds je creerois des rentes viageres par ex si lae suppression retranchement estoit de 2 milions je creerois pour autant de rentes viageres ce qui m’eteindroit pour un milion de rentes perpetuelles je diminuerois presque autant d’un milion les aides et la gabelle idem dans les autres parties et come au bout des dix neuf ans il resteroit encore quelques parties de rentes viageres je laisserois dans les ancienes rentes viageres de la place en ne remplacant rien par ex rien les derniers trois ans pour que ceux qui auroint survecu les dix neuf ans eussent un fonds certein.

Main principale M

302

{p.326} Un athée Bacchatur vates magnum si pectore possit excussisse deum[1]

Voir si cet articl application n’est pas dans Baisle

Main principale M

303

Sire[1] l’academie francoise ne parle gueres sembleroit ne devoir parler aux roix ses protecteurs qu’avec cette eloquence qui... est l’object de son etablissement mais elle paroitra a votre majesté plus simple et plus naive l’esprit ne pase montre point quand le coeur scait parler elle vient vous tenir le langage

Permetes Sire que nous fassions part a votre m. de nos creintes  [...]

de touts vos sujets, elle vous aime l’esprit ne’a se montre paroit point rien a dire quand le cœur scait parler peut si bien parler elle est ose dire qu’elle n’est point touchée

Excusez sire si parmi tant de vertus royales nous ne pouvons nous empecher de r [...]

de l’eclat et de la majesté qui vous environe elle ne voit elle ne trouve son roy que dans rien ne lui montre son roy que votre seule personne gloire grandeur majesté elle trouve tout en elle en elle. Nous ne pouvons nous empecher de faire part a v. m. des creintes que nous avons eues nous tremblions pour les jours d’un roy, d’un ami, d’un pere pour les jours d’un roy, d’un citoyen d’un ami d’un pere car sire parmi[2] tant de vertus royales nous ne pouvons nous empecher de relever celles somes surtout frapés de celles…[3]

Chacun creignoit de perdre le chef de sa famille. il sembloit que dans le royau [...]

- - - - -

Main principale M

304

Je trouve que ceux q la plus part des gens ne travaillent a faire une grande fortune que pour estre au desespoir lors qu’ils l’ont faitte de ce qu’ils ne sont pas d’une illustre naissance

- - - - -

Main principale M


300

n1.

Voir nº 271, note 1.

300

n2.

Les lignes qui suivent sont une ébauche du chapitre VI des Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (OC, t. 2, p. 345).

300

n3.

Malgré une série de défaites, de Avein (1635) à Rocroi (1643), contre la France alliée aux Provinces-Unies, l’Espagne, à l’issue de la guerre de Trente Ans, conserva l’essentiel des Pays-Bas.

300

n4.

Noms des défaites françaises intervenues pendant la guerre de Succession d’Espagne : Höchstädt (1704), Ramillies et Turin (1706), Oudenarde et Lille (1708). Cf. nº 555, 557 et 562.

300

n5.

La « ceinture de fer » ou « pré carré », mise en place par Vauban après les traités de Nimègue (1678-1679), formait un ensemble de places fortifiées installées sur les frontières du royaume pour fermer toutes les entrées à l’ennemi.

301

n1.

Poursuite de la réflexion sur la dette publique de la France : cf. nº 274.

301

n2.

Sur les rentes viagères et les rentes perpétuelles, voir nº 274, note 6.

302

n1.

« La prophétesse se débat comme une […] bacchante et cherche à secouer de sa poitrine le dieu tout puissant » (Virgile, Énéide, VI, v. 78-79, A. Bellessort (trad.), Paris, Les Belles Lettres, 1967). La citation tronquée figure en tête de la rubrique « Judaici, impii et antichristiani » du Catalogue (p. 95).

303

n1.

Ébauche de harangue, autographe et donc difficilement datable.

303

n2.

La suite de cette phrase est placée en marge mais elle s’inscrit dans la continuité syntaxique du début. Pour la lisibilité nous avons choisi de placer l’addition qui suit dans le texte principal.

303

n3.

Rédaction inachevée : des éléments remplacés n’ont pas été biffés et des additions marginales ne s’insèrent pas dans la continuité syntaxique de la phrase où se trouve l’appel d’intercalation.

303

n4.

Passage difficile, dans lequel certains membres de phrase remplacés par des corrections n’ont pas été biffés et des ajouts en marge ne peuvent pas s’insérer dans la continuité syntaxique de la phrase.