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Pensées 139 à 143

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

139

{p.125} Sabis est un fleuve qui se jette dans le Danube selon Justin p. 232. l. 32. je ne l’ai trouvé ni dans Baudran ni Etienne de Byzance, Holstenius, Moreri, Bayle, ni Corneille[1].

- - - - -

Main principale D

140

Il

J’ay mis cela dans le Journal

seroit difficile de trouver dans l’histoire deux princes qui se soient si fort ressemblés que le roi de Suede Charles 12. et le dernier duc de Bourgogne

Journal ouvrage de l’auteur

même courage même suffisance

Parallelle de Charles XII et du der duc de Bourgogne

, même ambition même temerité même succés mêmes malheurs mêmes desseins executés dans la fleur de l’age et dans le tems que les autres princes sont encor regentés par leur gouverneur[1]. Charles 12[2]. a entreprits de detrôner le roi Auguste[3] comme il le Charolois entreprit de detrôner Loüis 11e et lorsqu’il etoit [un mot biffé non déchiffré] couvert de gloire il va perdre toute son armée devant Pultovat comme l’autre perdit la sienne devant Morat[4].

Main principale D

141

{p.126} Du 22 xbre 1722.
Il paroit ici une piece qu’on apelle la Fagonnade : une violente taxe a donné a l’auteur le feu et le fiel de Rousseau[1] ; le poëme de Racine sur la grâce est i est ici infiniment admiré et meprisé[2].

- - - - -

Main principale D

142

Contradiction

Examinés cela

de Marsham qui fonde son livre sur un passage de Sincelle qui est un auteur ancien et qui une page aprés dit que le Sincelle est un homme sans foi et sans jugement[1]. Cet article n’est pas de moi

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Main principale D

143

J’ai

Inés de Castro

entendu la premiere representation de la tragedie d’Inés de Mr de la Mothe[1], j’ai bien vû qu’elle n’a reussi qu’a force d’etre belle et qu’elle a plu aux spectateurs malgré eux, on peut dire que la grandeur de la tragedie le sublime, le beau y regnent par tout : il y a un second acte qui a mon goût est au dessus de tous les autres, j’y ay trouvé un art souvent caché et qui {p.127} ne se devoile pas a la premiere representation et je me suis plus senti touché les dernieres fois que les premieres. Au cinquieme acte il y a une scene des enfans qui a paru ridicule a bien des gens et l’auditoire etoit partagé, les uns rioient et les autres pleuroient ; je suis persuadé que cette scene feroit un effet etonnant sur un peuple dont les moeurs seroient moins corrompuës que les nôtres, nous sommes parvenus a une trop malheureuse delicatesse.

Suite

Tout ce qui a quelque rapport a l’education des enfans aux sentimens naturels nous paroit quelque chose de bas et peuple ; nos moeurs sont qu’un pere et une mere mere n’eleve plus ses enfans, ne les voit plus, ne les nourrit plus, nous ne sommes plus attendris à leur vuë, ce sont des objets qu’on derobe a tous les yeux, une femme ne seroit plus du bel air si elle paroissoit {p.128} s’en soucier : quel moyen que des esprits ainsi preparés puissent goûter sur la scene de pareils objets, Racine qui l’auroit pu faire plus impunément ne l’a pas hazardé et n’a pas osé montrer Astianax ; le petit Regulus[2] plut autrefois parce que les moeurs n’etoient pas si perverties, a present on ne les souffriroit plus : il y a une injustice etonnante dans les jugemens des hommes, nous accusons de peu d’esprit nos peres parce qu’ils ont pleuré en voyant le petit Regulus, nous croyons qu’ils pleuroient parce qu’ils n’avoient pas le sens commun ; non ils avoient autant d’esprit que nous ni plus ni moins, mais leurs moeurs etoient differentes, leur coeur autrement disposé ; c’est pour cela qu’ils pleuroient et que nous ne pleurons pas. On peut en dire de même de presque toutes les tragedies.

Main principale D


139

n1.

Justin mentionne la Save (« Sabi »), rivière de Pannonie, affluent du Danube (Justini historiarum ex Trogo Pompeio Lib. XLIV. Cum notis Isaaci Vossii, Leyde, Elzevir, 1640, XXXII, 3, p. 220-221 – Catalogue, nº 2845). Le Dictionnaire géographique de Baudrand comporte deux articles « Sabis », l’un pour la Sambre, l’autre pour un fleuve de Perse (Geographia ordine litterarum disposita, Paris, S. Michalet, 1682 – Catalogue, nº 2452). Montesquieu possédait une édition du fragment du dictionnaire géographique d’Étienne de Byzance, grammairien ayant vécu de la fin du Ve siècle au début du VIe siècle apr. J.-C. (Stephani Bysantini De urbibus […], [éd. grec-latin], Leyde, [F. Haaring], 1694 – Catalogue, nº 2645), sur lequel Holstenius (Lucas Holste ou Holstein, 1596-1661) a composé des remarques (Holstenii Lucae Notae et castigiones in Stephanum Bysantinum de urbibus, Leyde, [J. Hackium], 1684 – Catalogue nº 2625). Il a consulté le Grand Dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane de Moreri (Paris, J.-B. Coignard, 1704 – Catalogue, nº 2504), le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697), le Dictionnaire universel géographique et historique de Thomas Corneille (Paris, J.-B. Coignard, 1708 – Catalogue, nº 2468).

140

n1.

Cf. le premier paragraphe des Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie (env. 1731-1733, OC, t. 9, p. 51). Cet article transcrit par le secrétaire D, antérieur à avril 1728 et à sa réutilisation dans les Réflexions, est la première trace d’un projet de recueil ou d’ouvrage désigné par divers titres : Journal (nº 140, 162, 194, 318, 478), Journal espagnol (nº 472), Journaux de livres peu connus (nº 1692), Bibliothèque (nº 173), Bibliothèque espagnole (nº 524-526), Princes (nº 540, 610) ou Prince (nº 628, 640, 1565, 1631 bis), ou Traité du prince (nº 1253). Des Princes est aussi le titre d’un morceau de deux pages autographes [1725], partie de l’annexe au Traité des devoirs intitulée De la politique (OC, t. 8, p. 521-522).

140

n2.

Voir OC, t. 9, p. 51. Le personnage de Charles XII, roi de Suède, a alimenté une importante littérature dans la première moitié du XVIIIe siècle (voir l’introduction à l’Histoire de Charles XII de Voltaire, dans Œuvres complètes, G. von Proschwitz (éd.), Oxford, Voltaire Foundation, 1996, t. IV, p. 5-6 et 11-19), avant même l’ouvrage que Voltaire lui consacre (1731). En 1728, Montesquieu a pu se documenter dans la Gazette d’Amsterdam (LP, 122 [127]), dans les Voyages du sr de La Motraye en Europe, Asie et Afrique (La Haye, T. Johnson et J. Van Duren, 1727 – Catalogue, appendice 5, p. 421). Sa bibliothèque ne contient ni les livres publiés anonymement par Daniel Defoë (The History of the Wars of his Late Majesty Charles XII […] by a Scots Gentleman in the Swedish Service, Londres, A. Bell, 1715 ; Some Account of the Life […] of Georges Henry Baron of Görz, Londres, T. Bickerton, 1719), qui avaient contribué à la légende du souverain, ni l’Histoire de Suède sous le règne de Charles XII […] de Limiers (Amsterdam, Jansons, 1721), utilisée par Voltaire ; voir Diego Venturino, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Charles XII, roi de Suède » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=260]. Sur la lutte entre Louis XI et le duc de Bourgogne, Montesquieu possède les Mémoires de Philippe de Commynes (Mémoires sur les principaux faits et gestes de Louis 11e et de Charles 8e, Paris, P. Le Mur, 1615 – Catalogue, nº 2920-2922).

140

n3.

Auguste II de Pologne (1670-1733), allié du tsar, chassé du trône par Charles XII, s’y rétablit après la défaite du roi de Suède à Poltava ou Pultawa (Ukraine) devant l’armée de Pierre le Grand (8 juillet 1709), étape décisive de la guerre du Nord, qui met fin aux conquêtes fulgurantes du souverain suédois.

140

n4.

Morat (canton suisse de Fribourg), où Charles le Téméraire perd une bataille décisive devant les Suisses (22 juin 1476).

141

n1.

Selon Mathieu Marais, cette satire, attribuée par certains à Jean-Baptiste Rousseau, dont Montesquieu apprécie le style épigrammatique (voir nº 1530), serait de Guillaume Plantavit de La Pause, abbé de Margon. Elle concernait l’action de Louis Fagon (1680-1744), fils du médecin de Louis XIV, intendant des finances du Régent depuis le 27 mars 1722, qui présidait le bureau des taxes (Journal et mémoires de Mathieu Marais […] sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-1737), M.-F.-A. Lescure (éd.), Paris, Firmin-Didot, 1864, t. II, p. 381, 388-393, décembre 1722 [voir en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57244886/f398.image.r=.langFR]). Le président Barbot avait transcrit cette satire dans son Sottisier (Correspondance I, p. 48-49n).

141

n2.

Louis Racine est l’auteur d’un Poème sur la Grâce (s. l. n. d. [Paris, J.-B. Coignard, 1720]), qui défend la notion janséniste de délectation victorieuse.

142

n1.

John Marsham, chronologiste anglais (1602-1683), attribue à la chronographie de Georges le Moine, dit le Syncelle (Spicilège, nº 312), qui s’appuie sur de nombreux passages de Manéthon, l’essentiel de ce qu’on pouvait connaître sur l’origine des Égyptiens (Canon Chronicus Aegyptiacus, Ebraicus, Graecus (Francqueræ, L. Strick, 1696 – Catalogue, nº 2692, p. 1 ; 1re éd. Londres, T. Roycrost, 1672)). Dans le même ouvrage, Marsham soupçonne le Syncelle de ne connaître Manéthon que d’après Eusèbe ou Panodorus (ibid., p. 2-3).

143

n1.

Inès de Castro, tragédie d’Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), créée par la Comédie-Française le 6 avril 1723, rencontra un immense succès (Théâtre du XVIIIe siècle, J. Truchet (éd.), Paris, Gallimard, 1972, notice p. 1393-1398). L’auteur se justifie lui-même dans la préface de sa pièce d’avoir représenté des enfants sur scène (ibid., p. 517-518), et, dans son Troisième Discours sur la tragédie à l’occasion de la tragédie d’Inès, d’avoir utilisé comme ressort l’amour conjugal et l’amour paternel (Œuvres de M. Houdar de La Motte, Paris, Prault, 1754, t. IV, p. 271). Montesquieu reprend ici cette justification d’un tragique fondé sur le pathétique, contre les critiques faites au nom du bon goût, comme celle de Desfontaines (Paradoxes littéraires au sujet de la tragédie d’Inès de Castro, Paris, N. Pissot, 1723).

143

n2.

Régulus, tragédie de Pradon (1644-1698), représentée vingt-sept fois de suite en 1688, que le comédien Baron remit à l’honneur en 1722 et que le public honora alors « de beaucoup de larmes » (Le Mercure, juin 1722, p. 111). Le « petit Regulus » désigne le jeune Attilius, fils du héros éponyme et personnage de la pièce.